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Washington, ou les Représailles

Washington, ou les Représailles, drame en trois actes, d'Henri [Verdier de La Coste], 6 janvier 1813.

Théâtre de l'Impératrice.

Titre :

Washington, ou les Représailles

Genre

fait historique (drame dans l’Almanach des Muses)

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

prose

Musique :

non

Date de création :

5 janvier 1813

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Henri de Lacoste

Almanach des Muses 1814.

Asgill jeune officier anglais, est prisonnier de Washington, général des Américains ; l'amour a pris soin d'adoucir sa captivité. Il est aimé de Betty, et il est près de l'épouser, lorsqu'on apprend qu'un capitaine anglais a fait pendre un de se sprisonniers. Washington se voit forcé, par le vœu de son armée, d'user du terrible droit de représailles ; un de ses prisonniers doit périr ; Asgill est désigné par le sort. Washington consent cependant à différer son supplice, sur la prière des compagnons d'Asgill, qui s'engagent à faire livrer à la juste vengeance des Américains le capitaine coupable de cet acte de cruauté. L'heure s'écoule ; Asgille va être conduit au supplice. Déjà le roulement des tambours se fait entendre, lorsqu'on apprend que le capitaine anglais vient d'être conduit à Washington, qui rend la liberté à Asgill et l'unit à Betty.

De l'intérêt ; dénoûment heureux quoique un peu trop prévu ; du succès.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Laurent-Beaupré, 1813 :

Washington, ou les Représailles, fait historique e, trois actes et en prose, Représenté pour la première fois sur le Théâtre de l’Impératrice, le 5 janvier 1813. Par le chr Henri de Lacoste, Membre de la Légion d’Honneur et de l’Ordre impérial de la Réunion.

Liste des personnages :

PERSONNAGES.

ACTEURS.

WASHINGTON, général de l'arméeaméricaine.

Mr Vigneaux.

ASGILL, pair anglais, prisonnier de guerre.

Mr Clozel.

GUI CARLETON, général anglais.

Mr Rosambeau.

PENN, colon américain, quaker.

Mr Perroud.

SCOT, chirurgien en chef des Américains.

Mr Mars.

BETTI, fille de Penn.

Mlle Fleury.

Un officier anglais.

Mr Edouard.

GATTES, officier américain.

Mr Azema.

Officiers et soldats américains.

 

Officiers et soldats anglais prisonniers de guerre.

 

 

La scène est dans la Pensylvanie.

A l'acte premier, « le Théâtre représente une habitation située au milieu d'un bois ».

Pas d'indication au début de l'acte second, mais Washington entre en scène au début, « sortant d'un appartement voisin ».

Au début de l'acte troisième, « le Théâtre représente la même habitation. On voit à la porte extérieure deux factionnaires : Asgill est assis à une table où il écrit ; Penn, à une autre table, lit dans sa Bible : il y a une lampe sur chaque table. (Le jour est prêt à paraître.)

Mercure de France, journal littéraire et politique, tome cinquante-quatrième, n° DXCIX (samedi 9 Janvier 1813), p. 88-89 :

[Dès le début, c’est au récit de l’anecdote racontée dans la pièce que le critique s’applique. Et il insiste sur la réalité de ce qu’il raconte (il en donne même une source, un ancien numéro du Mercure).Si la pièce est bien fidèle à l’histoire, elle « a un air étranger qui la ferait prendre pour une traduction », et il souligne que le personnage de Penn, fidèle à ce que sont les quakers, a quelque chose d’étonnant, tout comme il faut voir sa fille comme conforme à ce que sont les membres de cette secte. Les acteurs sont jugés efficaces. Et après l’échec du dernier drame à l’Odéon (Bathilde, ou le Mariage fatal), on peut prédire le succès à la pièce nouvelle, parce qu’elle offre « des scènes fortes, des situations attachantes ». Débarrassée de ses longueurs, elle fera honneur à son auteur, connu seulement par un pseudonyme.]

Spectacles. — Théâtre de l'Odéon. Washington, ou les Représailles, drame en trois actes et en prose.

Dans la guerre d'Amérique, lord Asgill, officier anglais, blessé sur le champ de bataille et fait prisonnier, doit la vie aux soins d'un quaker et de sa fille Betzy, dont il parvient à se faire aimer et qu'il veut épouser. Il a écrit en Angleterre pour donner sa démission et conjurer sa mère et sa sœur de venir en Amérique être témoins de son bonheur. Sur ces entrefaites, on apprend qu'un officier américain, commandant d'un fort, après s'être rendu sur parole, a été condamné par un général anglais à périr sur un échafaud ; le général Washington demande que le général coupable de cette violation du droit des gens lui soit livré ; le général Clinton, commandant en chef des forces britanniques, refuse, et le congrès ordonne que par une juste représaille, un officier anglais que le sort désignera parmi les prisonniers, périsse du même supplice, si le coupable n'est abandonné aux Américains. Washington permet que les prisonniers aillent sur parole auprès du lord Clinton lui annoncer cet arrêt ; celui qui sera désigné par le sort doit seul rester en ôtage : lord Asgill amène le billet fatal, et ses compagnons d'infortune se rendent au camp anglais.

Mais le terme accordé par Washington va expirer ; lord Asgill prêt à périr demande pour grâce unique au général Washington de ne pas mourir d’une mort infamante : Washington voudrait en vain accorder le devoir et la pitié ; le signal fatal se fait entendre, Asgill va marcher à la mort, lorsque ses compagnons se précipitent sur la scène en annonçant que lord Clinton accorde l'extradition du général coupable.

Le trait historique qui a fourni le fonds de cet ouvrage, est rapporté dans un ancien Mercure ; on y voit même qu'à la paix le jeune Anglais vint à Versailles remercier le roi à la puissante recommandation duquel il devait la vie.

Cette courte analyse donnera quelque idée de la conduite, mais non des détails de l'ouvrage. Cette pièce a un air étranger qui la ferait prendre pour une traduction : le rôle du quaker rappelle très-bien les mœurs, le caractère des hommes de cette secte ; il cite un peu trop souvent la Bible ; l'auteur, pour se faire pardonner ces éternelles citations, aurait dû prévenir le public, par le moyen d'un des interlocuteurs, que cette manière de s'exprimer est un des caractères distinctifs des quakers. Le caractère de Betzy a de la grâce et de l'ingénuité ; la franchise des quakers motive fort bien la facilité avec laquelle elle avoue son amour pour lord Asgill ; ce joli rôle est bien rendu par Mlle Fleurv. Washington est représenté avec talent par Vigneaux ; Clozel est bien placé dans celui du lord Asgill.

Le dernier drame donné à ce théâtre n'avait pu obtenir une représentation toute entière; mais, par une juste représaille, nous pouvons en prédire un bon nombre à Washington. On y trouve des scènes fortes, des situations attachantes, et lorsqu'on l'aura débarrassé de quelques longueurs, je ne doute pas qu'il ne fasse honneur à l'auteur qui ne s'est fait connaître que sous le nom de Henri. Ce n'est pas son véritable nom.

B.          

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1813, tome I, p. 176-178 :

[Après une longue analyse de l’intrigue, un jugement expéditif : la pièce a failli tomber, parce qu’elle a de graves défauts : caractères mal dessinés, style emphatique, ouvrage pas amusant, mais de l’intérêt et un dénouement réussi.]

Odéon. Théâtre de l'Impératrice.

Washington , ou les Représailles, drame en trois actes.

Le quaker Penn dirige un hôpital militaire situé à quelques lieues de Philadelphie, et non loin d'un fort qui, sous le commandement du brave Hudy, défend le passage du Tom. Ce fort résiste depuis longtemps à toutes les attaques de l'armée angloise. Le jeune Asguill, prisonnier blessé, a reçu chez le quaker Penn tous les secours de l'humanité ; l'amour lui-même a mêlé ses soins à ceux de la bienfaisance ; Betty, la fille de Penn, s'est éprise, sans le savoir, d'un amour violent pour Asguill ; et le noble lord, frappé du même trait, ne souhaite plus que d'abandonner la carrière des armes, et d'épouser sa Betty. Il la demande à son père qui la lui accorde ; le mariage va se faire, lorsque Washington vient visiter l'hospice de Penn. A son arrivée, il apprend que le fort défendu par Hudy s'est rendu au capitaine Lepincott, et que ce cruel vainqueur a fait pendre le brave Hudy, pour le punir de lui avoir résisté aussi longtemps. Washington dépêche aussitôt vers le général de l'armée angloise, pour qu'il lui fasse raison de cette atrocité ; il demande que Lepincott lui soit livré ; et, en attendant la réponse du général, il fait garder à vue tous les prisonniers anglois rassemblés dans l'hospice.

Milord Carleton, envoyé par le général anglois, vient répondre à Washington qu'il n'est pas moins indigné que lui de la férocité de Lepincott ; mais qu'il n'est pas en son pouvoir de le lui livrer, son conseil de guerre et les menaces de son armée s'y sont opposés. Eh bien, les représailles ! s'écrie l'état-major américain. A ce cri, tous les prisonniers anglois sont amenés. Il faut mourir, leur dit Washington, mais son humanité parvient à modifier la vengeance. Une victime suffira, le sort va la nommer. Asguill, après avoir réclamé contre cet horrible droit de représailles, obtient du héros que la victime désignée par le sort restera en ôtage, tandis que ses frères iront tenter par la voie des larmes et de la persuasion, un dernier effort auprès du général anglois. Je vous donne douze heures, dit Washington. L'urne fatale est apportée. Asguill en retire la mort ; Betty survient ; les prisonniers veulent parler. Partez, partez, leur crie Asguill, et il fuit dans l'intérieur de la maison.

Le médecin de l'hospice ne tarde pas à annoncer que les tentatives des compagnons d'Asguill ont été inutiles. Washington, pénétré de douleur, se détermine alors à favoriser la fuite de l'infortuné ; mais Asguill refuse ce secours ; il tombe aux pieds de Washington, pour lui demander le plomb des braves, au lieu du gibet qui l'attend. La tendre Betty, qui ne sait encore rien, et qui voit son amant aux pieds du héros, s'y précipite elle-même. Accordez, dit-elle , à mon ami la grâce qu'il implore. – Eh ! malheureuse , lui crie son père, c'est sa mort que tu demandes. Ce mot a produit un grand effet : cependant un roulement lointain se fait entendre. Voici l'heure du courage, dit Washington ; Asguill presse dans ses bras Betty évanouie ; le bruit, en approchant, semble changer de nature : Washington espère ; il retient à peine Asguill prêt à lui échapper. Grâce ! s'écrie-t-on de toutes parts ; les compagnons d'Asguill annoncent que le général anglois s'est laissé fléchir, que le féroce Lepincott est livré.

Plusieurs défauts essentiels ont pensé faire tomber la pièce. Les caractères sont mal dessinés ; le style est emphatique et plein de déclamations. Au total, l'ouvrage n'est pas amusant, mais il y a de l'intérêt, et le dénouement a tout sauvé.

L'auteur s'est fait nommer M. Henry.

[M. Henry, c'est le chevalier Henri de Lacoste, selon la page de titre de la brochure.]

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome II, février 1813, p. 288-293 :

[Le Théâtre de l’Impératrice, qui ne va pas très bien, tente de se concilier les bonnes grâces du public. Après les drames que le parterre siffle systématiquement, il essaie cette pièce qui n’est ni drame ni comédie, un « fait historique », genre qui « offre presque toujours des situations nobles, des sentimens naturels et un véritable intérêt » surtout si le sujet, bien choisi, met en scène des personnages illustres en proie à des passions. Le critique analyse ensuite le sujet de ce Washington, qui lui paraît correspondre à ces critères. Ce récit émouvant s’achève heureusement, et l’auteur a eu le bon goût de suivre « le fait historique, autant que le permettaient les convenances théâtrales », comme le montrent les relations de ce fait dans les journaux du temps. Le jugement porté alterne compliments (conduite habile de l’intrigue, nombre limité d’incidents, caractères bien tracés dans l’ensemble) et reproches (que de longueurs, surtout en lien avec l’intrigue sentimentale, personnage de Penn bavard et sentencieux). Le bilan est largement positif : scènes applaudies, succès d’une pièce qui comporte toutefois des incorrections : l’auteur a été nommé (on n’a su que son prénom). Les interprètes sont inégaux. Deux sont particulièrement mal jugés : celui qui joue Penn lui donne un « ton d’impiété » étrange pour un quaker, et celle qui joue la fille de Penn porte un costume très éloigné de celui de cette secte. Et les acteurs ne pouvaient pas porter une décoration, le « ruban de Cincinnatus »,  qui n’a été créée qu’après le moment de la pièce (le critique a le souci de la vérité historique, jusque dans les costumes).]

THÉÂTRE DE L'IMPERATRICE.

Washington, fait historique en trois actes.

Il s'était établi, depuis quelque temps, une espèce de lutte entre le public et l'administration de l'Odéon. Le public sifflait impitoyablement tous les drames qu'on lui présentait ; l'administration, qui en avait plusieurs en magasin, ne voulait pas perdre tant de richesses. Enfin,on a transigé, et la pièce qui vient d'être donnée sur ce théâtre, sous le titre de fait historique, n'est pas précisément un drame, quoique ce ne soit pas non plus une véritable comédie.

Un fait historique mis au théâtre peut bien, quelquefois, ne pas remplir toutes les conditions prescrites par les maîtres de l'art, mais du moins il offre presque toujours des situations nobles, des sentimens naturels et un véritable intérêt. Cet intérêt augmente, lorsque l'auteur a eu l'art ou le bonheur de bien choisir son sujet, de mettre en scène des personnages qui rappellent de grands souvenirs, et lorsque le fait principal se prête sans contrainte au développement des passions. La pièce nouvelle, dont le sujet est tiré de l'Histoire de l'Amérique, réunit, jusqu'à un certain point, ces divers avantages.

Pendant la guerre de l'indépendance, un officier anglais, pour se venger de la longue résistance d'un capitaine américain, l'avait fait pendre. Washington, indigné de cette violation du droit des gens, exige qu'on lui livre le coupable. Sur le refus du général anglais, il veut user de représailles et sacrifier tous les prisonniers qui sont en son pouvoir. Un envoyé du lord Clinton proteste que le capitaine Huddy a été sacrifié au ressentiment d'un seul homme, et que le reste de l'armée désavoue cet attentat. Il observe d'ailleurs que plusieurs Américains sont prisonniers, et que ce serait prononcer leur arrêt. Washington consent à ce que le sort désigne une seule victime, et le sort désigne le lord Asgill.

Ce jeune officier, dangereusement blessé dans un combat, a reçu, ainsi que plusieurs de ses compatriotes, la plus généreuse hospitalité chez le quaker Penn. La fille de Penn, nommée Betty, lui a prodigué de tendres soins, et bientôt l'amour a succédé dans sou cœur à la pitié. Le jeune lord, non moins épris que Betty, l'a demandée en mariage, et Penn, qui sait apprécier le mérite et la bravoure de lord Asgill, est disposé à approuver cette union, pourvu toutefois que la mère du lord ne s'y oppose point.

Cependant, les prisonniers anglais veulent tenter un dernier effort pour sauver leur camarade : ils sollicitent et obtiennent la permission d'aller, sur leur parole d'honneur, auprès du général anglais, dans l'espoir de le faire consentir à livrer le coupable. Ils partent ; leur retour doit décider de la vie de lord Asgill. Mais on apprend bientôt que le conseil de guerre anglais a refusé de livrer le capitaine Lippincott. Le congrès ne cédera point, et Asgill n'attend plus que la mort. Washington, dont le caractère noble et généreux ne se prête qu'avec peine à cette rigueur nécessaire, fait entendre au jeune lord qu'il fermera les yeux sur sa fuite. Mais le prisonnier refuse de se soustraire à la mort par un moyen qu'il trouve indigne de lui. Penn approuve cette conduite, et malgré sa tendresse, il aime mieux, dit-il, le pleurer mort que déshonoré. Le genre de mort que doit subir lord Asgill ajoute à l'horreur de son dernier moment; il se jette aux pieds de Washington , et le supplie de le faire fusiller. Mais le droit de représailles n'admet point de modification. Le général refuse. Betty arrive pendant cette scène cruelle, et tombe évanouie en apprenant le danger de son amant. Déjà l'on entend le roulement des tambours, l'instant fatal est arrivé. Le lord ne dément point son noble caractère ; Penn lui fait les plus tendres adieux ; Washington jure de servir de père à Betty, et d'honorer en elle la veuve d'un brave officier. Tout-à-coup les capitaines anglais reviennent; ils annoncent qu'on va faire justice du coupable, et cette péripétie inattendue termine la pièce. Ce dénouement est heureux, et l'auteur a suivi le fait historique, autant que le permettaient les convenances théâtrales.

On lit dans les journaux du temps une relation très-détaillée de cet événement singulier. Le capitaine Asgill fut effectivement désigné pour être pendu en représailles de la mort du capitaine Huddy. Pendant trois mois, il vit la potence dressée sous les fenêtres de sa prison ; trois fois on l'en fit sortir pour le conduire à l'échafaud, et trois fois des sursis furent accordés. Enfin il obtint sa grâce par l'intervention de la cour de France, et vint à Fontainebleau remercier les généreux auteurs de son salut.

La pièce est habilement conduite ; les incidens sont peu nombreux et bien amenés ; mais il y a des longueurs, beaucoup de longueurs ; sur-tout dans le premier acte, où il n'est question que d'un amour auquel ou s'intéresse médiocrement. Le rôle de Betty est d'une ingénuité un peu outrée. On n'a point approuvé qu'elle priât son père de lui promettre de ne pas mourir. Penn est emphatique et déclamateur. On ne s'accoutume point à son langage emprunté de l'Ecriture-Sainte ; ce style serait plus convenable à la chaire qu'au théâtre. Pourquoi l'auteur a-t-il fait un quaker de ce personnage ? En général, les quakers ont été opposés à la cause de l'indépendance et amis des Anglais. Le caractère de Washington est bien tracé. On retrouve eu lui ce mélange de fermeté et de générosité qui distingue le héros de la liberté américaine. Lord Asgill intéresse par sa sensibilité et la noblesse de ses sentimens. Il y a dans cet ouvrage des situations vraiment dramatiques. Plusieurs scènes ont été applaudies avec enthousiasme. La pièce a eu du succès, et méritait d'en avoir, malgré quelques incorrections dans le style. L'auteur a été vivement demandé, on est venu nommer M. Henri.

Vignaux, chargé du rôle de Washington a mis de l'intelligence et de la noblesse dans son jeu. Clozel a mis peu d'expression dans celui de lord Asgill. Perroud a oublié, ou ne savait pas, que le ton d'impiété qu'il a pris ne convenait nullement à un quaker ; que ceux qui suivent cette secte sont les plus flegmatiques des hommes, ne mettant ni véhémence, ni emportement dans leurs discours, et n'élevant jamais la voix au-dessus du ton ordinaire de la conversation.

Quant au personnage de Betty, il exigerait un peu plus de représentation que n'en a Mlle. Fleury. Si son père a mis dans son débit plus d'énergie qu'il ne convenait à un quaker, elle ne s'écartait pas moins, par son costume, des lois de la secte; les filles de quaker ne portent ni plumes, ni rubans, et Mlle. Fleury en avait à profusion. Il a plu aux acteurs de se décorer du ruban de Cincinnatus; mais cet ordre, qui, dans le fond, n'était qu'une espèce d'association, ne fut institué qu'après la paix de 1783.

L'aventure arrivée au lord a fourni le sujet d'une espèce de nouvelle insérée dans la Bibliothèque des Romans, et ce qui est assez extraordinaire, c'est que le capitaine Asgill n'était pas encore délivré, lorsque l'auteur de la nouvelle prophétisa sa délivrance.

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