Wenzel ou le Magistrat du peuple

Wenzel ou le Magistrat du peuple, opéra en trois actes, de Fabien Pillet. Musique d'Ignace-Antoine Ladurner, 21 germinal an 2 [10 avril 1794].

[Pas de date donnée par l'Almanach des Muses, où la pièce est intitulée Venzel ou le Magistrat du peuple ; la brochure parue l'an 2 donne comme date de création le 21 germinal an 2, soit le 10 avril 1794.].

Théâtre national de la Loi

Titre :

Venzel ou le magistrat du peuple

Genre

opéra

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

21 germinal an 2 [10 avril 1794]

Théâtre :

Théâtre National

Auteur(s) des paroles :

Fabien Pillet

Compositeur(s) :

Ignace-Antoine Ladurner

Almanach des Muses 1795.

Venzel, magistrat d'une petite ville, sur les frontières d'Allemagne, est partisan de la liberté, et par conséquent suspect dans son pays. On l'enferme dans une prison, et il est condamné à perdre la tête, comme ennemi de l'empereur. Mais Sophie, sa fille, aime un jeune officier français, se déguise, et va lui apprendre le danger que court son père. Valcourt, son général, et toute l'armée brûlent d'arracher cette victime au trépas. On attaque la ville ; ils y entrent victorieux, au moment où le malheureux Venzel alloit perdre la vie. On arbore le drapeau tricolore. Venzel est rendu à sa famille, et Sophie réunie à son amant.

Ouvrage très-bien conduit. De la chaleur, du succès.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Maradan, an II :

Wenzel ou le Magistrat du peuple, opéra en trois actes, Présenté à la Convention Nationale le 2 Germinal de la deuxième année Républicaine, joué sur le Théâtre National le 21 du même mois. Paroles de Pillet : musique de la Durner.

Journal de Paris national, n° 467 du 23 germinal an 2 de la République Françoise une & indivisible. (Le Samedi 12 avril 1794, v. st.), p. 4 :

[Le critique accorde une très large place au caractère patriotique de la pièce. S'il croit peu utile la place accordé aux amours de la fille de Wenzel et du commandement des Troupes françaises, il reconnaît qu'elle donne au musicien l'occasion de « multiplier ses tableaux & [de] donner à ses compositions les différentes couleurs propres à varier les effets ». Il fait ensuite le résumé de l'intrigue : dans une « ville libre », le sénateur Wenzel ose s'opposer au Commandant autrichien qui veut introduire ses troupes dans la ville. Le sénat est disposé à laisser entrer une garnison ennemie. Wenzel est arrêté, mais « le Peuple » s'insurge et réussit à faire entrer les Français dans la ville : Wenzel est délivré. La pièce est jugée très patriotique, elle est bien construite, riche de détails « piquans & bien soignés », bien écrite. Le compositeur a composé une musique d'excellente qualité. Le critique donne l'exemple de l'originalité de cette composition. Le dernier paragraphe félicite enfin les auteurs, des débutants pour les paroles comme pour la musique. Ils ont paru.]

La 1re représentation de Wenzel ou le Magistrat du Peuple, Pièces en 3 actes en prose, mêlée de chant, a eu le plus grand succès. Le titre de Magistrat du Peuple annonce un sujet purement patriotique, aussi l’amour de la fille de Wenzel pour le Commandant des Troupes françoises est il presque nul & n'a-t-il aucune influence ni sur la marche, ni sur le dénouement de cette Comédie Cet amour cependant n’y est pas inutile, il jette sur les événemens un double intérêt, il offre au Musicien de grandes ressources pour multiplier ses tableaux & pour donner à ses compositions les différentes couleurs propres à varier les effets.

Une ville libre est sollicitée par le Gouvernement Autrichien de s'unir à lui contre la France, & de consentir à recevoir dans ses murs des troupes étrangères pour la défendre. Le Sénat & le Peuple intimidés par la présence & les menaces du Commandant chargé de la proposition, tremblent devant ce despote. Wendel, seul Sénateur, & Sénateur estimé, a le courage de marquer de l'opposition. Il déclaré & publie hautement que recevoir des troupes autrichiennes est un acte impolitique & doublement contraire aux véritables intérêts de la ville. Donner entrée chez soi à un despote, c’est s'engager d'avance à recevoir la loi qu'il lui plaît à imposer, & cette loi est toujours relative à ses intérêts tyranniques. Les François n’ont pris les armes que pour recouvrer leur liberté, on ne peut supposer qu'ils veuillent attenter à celle des autres : leurs principes les rendent nécessairement les amis des autres Peuples, pourquoi dans ce cas craindre leur approche?

Malgré les efforts de ce vertueux & courageux Magistrat, le Sénat consent à recevoir la garnison. Wenzel bientôt est arrêté, conduit en prison, condamné à mort & conduit sur le lieu de l'exécution. Cependant le Peuple, éclairé par la résistance même de Wenzel & connoissant mieux ses droits, s’assemble ; & quoique sans armes, il prend la terrible résolution d'aller s'en procurer dans les rangs des ennemis. Les François, de leur côté, excités par le danger que court Wenzel leur ami & dont ils ont eu connoissance par sa fille qui a pu sortir de la ville à la faveur d'un déguisement, attaquent, combattent & entrent victorieux : bientôt la garnison entière est désarmée, le Commandant Autrichien tué d’un coup de pistolet & Wenzel délivré.

Cette pièce ne prouve pas seulement le patriotisme de l'Auteur, les actes & les scènes sont bien coupés, & les détails en sont piquans & bien soignés. Les vers lui font honneur, & plusieurs couplets ont été généralement applaudis.

La musique , partie si essentielle dans ce genre, brille généralement soit par 1 orchestre, soit par le chant. L’Auteur y paroît nourri des excellons modèles, &, quoique jeune, son goût épuré est le fruit d’une longue expérience raisonnée. La ronde chantée dans le camp par un Sapeur, le verre à la main, a un caractère original qui honore l’esprit du Composteur.

Nous croyons que cette Pièce est le premier ouvrage donné au Théâtre par les deux Auteurs ; leur début ne pouvoit être ni plus heureux ni plus encourageant. Tous deux ont été demandés, tous deux ont paru, tous deux sont fort jeunes, l’Auteur du Poème est le C. Pillet, & le Musicien le C. Ladurner.

Annales dramatiques, ou dictionnaire général des théâtres, tome IX, Paris, 1812, p. 298-299 :

VENZEL, ou Le Magistrat Du Peuple, opéra en trois actes , par M. F. Pillet, musique de Ladurner, 1795.

Venzel, magistrat d'une petite ville sur les frontières d'Allemagne, est partisan de la liberté, et, comme tel, suspect dans son pays. On le traîne en prison ; bientôt il est condamné à mort, comme ennemi de l'Empereur. Dans cette conjoncture, Sophie, fille de Venzel, amante aimée d'un jeune officier français, se déguise, et va lui faire part du danger que court son père. Valcourt, c'est le nom de l'amant de Sophie, son général, et toute: l'armée française, brûlent d'arracher cette victime au trépas. On marche, on attaque la ville, qui est prise en un instant : les Français y entrent au moment où le malheureux Venzel allait recevoir le coup mortel. On arbore le drapeau tricolor [sic] ; Venzel est rendu à sa famille, et Sophie réunie à son amant.

Cette pièce patriotique obtint du succès.

D’après la base César, la pièce a été jouée 9 fois au Théâtre National, du 21 mars (date qui correspond au 1er germinal an 2) au 8 août 1794.

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