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Zoflora ou la Tour magique

Zoflora ou la Tour magique, mélodrame héroïque en trois actes, de Béraud, musique de Leblanc, ballets d'Eugène Hus 8 brumaire an 10 [30 octobre 1801].

Théâtre de la Gaîté.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an 10 :

Zoflora, ou la Tour magique, mélodrame héroïque en trois actes, Mêlé de Pantomime, ois, Combats, Changemens à vue, Costumes Gaulois, etc. Paroles de L. F. G. Béraud (de la Rochelle.) Musique nouvelle de Leblanc. Ballets d'Eugène Hus. Représenté, pour la première fois, sur le théâtre de la Gaîté, le 8 brumaire an 10.

Courrier des spectacles, n° 1705 du 9 brumaire an 10 [31 octobre 1801], p. 2 :

[Le peu de succès de Zoflora signe la fin de la mode des féeries, ces pièces où la magie empêche qu'on s'intéresse aux personnages, dont on sait d'avance qu'il ne craint rien. Pour montrer le caractère arbitraire et artificiel des intrigues de ce genre de pièce, le critique choisit l'ironie : tout au long du résumé de l'intrigue, l'emploi de l'italique souligne cet arbitraire. Et la richesse des décors qui ne s'adresse qu'aux yeux ne compense pas la pauvreté du contenu, de ce qui pourrait parler à l'âme. Il faut que les sujets soient choisis pour leur intérêt, ce qui ferait d'ailleurs faire des économies au théâtre. Et il faut aussi des acteurs « capables de faire sentir au public ce qu'ils représentent », ce qui est loin d'être le cas de tous les acteurs du Théâtre de la Gaîté, plus aptes à montrer ce qui flatte la vue – en particulier les combats : « il faut moins de bruit et plus d'intérêt. La pièce a été mal reçue, les ballets n'ont pas pu la sauver, pas plus que les décors, et le public n'a pas demandé les auteurs.

Théâtre de la Gaieté.

Zoflora, ou la tour magique, pantomime en trois actes, représentée hier à ce théâtre, n'a eu que peu de succès. On est revenu de ces ouvrages de féerie , où rien n’attache, du moment qu’on sait que le personnage pour lequel on devroit s’intéresser, est protégé par un Génie qui veille sur ses jours, du moment que l’on sait qu’un coup de baguette va le tirer d’embarras, transformer sa prison en un palais magnifique, et enfin le faire triompher de son rival.

Le chevalier Artus aime Zoflora, fille d’un roi des Gaules, mais elle est promise au vaillant Arrodiant, qui vient réclamer sa main au moment où elle achève de peindre le portrait de son amant. Le roi son père soupçonne qu’elle s’est occupée d’Artus, et veut découvrir le tableau, mais par la volonté d’une fée qui est là, y il ne voit au lieu d’un portrait qu’un vase rempli de fleurs. Arrodiant charmé, saisit et baise la main de la princesse.

Un inconnu se disant chevalier, le provoque au combat, et ce chevalier est Artus lui-même. Il accepte le défi et revient victorieux ; il fait enfermer le vaincu dans une tour située au milieu des eaux ; mais l’amour conduit Zoflora auprès de cette tour, elle chante pour être reconnue de son amant, qui trouve que les grilles des fenêtres de sa prison se détachent d’elles-mêmes. Ainsi, sans effort il s’échappe et s’embarque avec elle.

Arrodiant arrive, il s’apperçoit que son rival n’est plus en son pouvoir. Furieux il monte à la tour, qui d'un coup de sifflet se transforme en un pavillon très-agréable, et lui présente Artus entre les bras de Zoflora, et sous la protection de la Fée. Désespérant de vaincre un guerrier si bien protégé, il s’enfuit et abandonne à son rival la main de la princesse, que le père, quoiqu’ennemi déclaré d’Artus, lui accorde sans répugnance.

Quelque brillans que soient les changemens de décorations, cela ne parle qu’aux yeux, et l’expérience de tous les jours prouve actuellement que les spectateurs qui fréquentent ces spectacles tiennent davantage à ce qui parle à l’ame ; Nous conseillons donc à l’administration de choisir des sujets plus intéressaos si elle veut attirer la foule  ; elle aura moins, de dépenses à faire, et c’est un grand point pour un directeur. Il faudroit aussi, pour ces sortes d'ouvrages, des acteurs capables de faire sentir au, public ce qu’ils représentent, et à l’exception de Mlle. Julie-Pariset et de mad. Joigny, à l'exception du mari de cette dernière, il n’y a point à ce théâtre de sujet capable de jouer le drame. Squelques-uns savent parfaitement exécuter ce qui flatte la vue, les combats, mais cela ne suffit pas, il faut moins de bruit et plus d'intérêt ; avec cela, on est sur de réussir.

Nous sommes fâchés do dire que le mécontentement .du public s’est plusieurs fois manifesté durant cette représentation. Les ballets n’avoient pu soutenir l'ouvrage, et les décorations n’avoient eu que les applaudissemens du moment. On a vu peu de choses, on attendoit davantage, et l’on a sifflé. La pièce a cependant fini, mais dans un calme désagréable pour les auteurs, car ils n’ont pas été demandés.

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