A tout Péché miséricorde, parodie de Misanthropie et Repentir, par les Cs Chazel et de Mautort. Germinal an 7.
Théâtre du Vaudeville
Almanach des Muses 1800
Ouvrage moins agréable que celui qui a pour titre Comment faire, et qui n'a pas obtenu le même succès.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 4e année (an vii, 1799), tome VI, p. 409-411 :
Les auteurs du Vaudeville n'avoient pas été heureux dans leur dernière parodie. On peut reprocher à celle qui a été donnée à ce théâtre le 22 germinal [ 11 avril 1799] par les CC. Chazet et de Mautort, le même défaut qu'à celle d'Ophis ; c'est d'avoir imité plutôt que parodié le sujet.
Voici le-couplet d'annonce , qui a été applaudi.
Air d'Arlequin afficheur.
Nous offrons à nos spectateurs
Une légère parodie
D'un fameux drame où les acteurs
Entraînent la foule attendrie.
Nous ne possédons pas, comme eux,
L'art de pleurer pour vous séduire ;
Mais nous nous croirons trop heureux
Si nos larmes font rire.
Arlequin a été abandonné de Rosalie sa femme, qui, sous le nom de madame Belair, vit inconnue dans un château où elle a été reçue après avoir quitté son séducteur, et où elle pleure sa faute. C'est dans ce même château que vit Arlequin, sans que le mari et la .femme se soient rencontrés. Arlequin, trompé par sa femme, ne veut plus voir les hommes et les fuit par-tout. On nomme cela de la misanthropie, dit il en faisant allusion au drame et à l'excellente comédie de Molière ; Je suis cependant bien loin du Misanthrope. Les maîtres du château, qui en étoient absens depuis trois ans, y reviennent ; ce qui chagrine madame Belair, qui aime la solitude. Le major devient amoureux d'elle ; Arlequin sauve la vie au comte, qui tombe de dessus le pont chinois ; enfin, le drame est exactement suivi jusqu'à la fin, et les défauts en sont relevés l'un après l'autre à leur place. Arlequin dit, en voyant paroître la comtesse, dont on avoit critiqué la plume qui se trouvoit sur sa coiffure : Passons- lui cette coiffure, car elle a su nous faire aimer sa plume. On n'a pas pu s'empêcher de rire à la scène, où Arlequin et madame Belair s'étonnent de ne s'être jamais rencontrés, et où. ils sortent et reparoissent l'un après l'autre deux ou trois fois. A la dernière scène, Arlequin est prêt à se séparer de sa femme sans cependant vouloir faire divorce, lorsque leurs enfans, que le major et la comtesse leur présentent, les attendrissent tous deux. Arlequin reçoit Rosalie dans ses bras, en lui disant : Rosalie, embrasse ton mari. Alors une petite toile tombe devant eux : elle représente un temple, et on lit dessus : Secondes noces. Qu'est-ce que c'est que cela ? demande le major. C'est le dénouement, répond la comtesse.
On peut reprocher à cette parodie, beaucoup de longueurs et peu d'originalité. Il étoit difficile, d'ailleurs, de faire du drame nouveau une critique meilleure et plus fine que celle qui en avoit été faite dans les Effets de Misanthropie et Repentir , ou Comment faire ? comédie donnée au même théâtre avec le plus grand succès. Nous citerons un couplet qui a été redemandé au milieu dès applaudissemens universels. Arlequin dit que ce sont les mauvaises lectures qui ont gâté sa femme ; qu'elle lisoit sans cesse des romans ou de la Mythologie ; alors le major lui dit :
Air du Vaudeville des deux Veuves.
La jeunesse ne devroit pas
Connoître la lutte immorale,
Où tous ces dieux, par leurs combats,
Donnent l'exemple du scandale.
Le désordre qui règne aux cieux
Est toujours nuisible à la terre ;
En un mot, la guerre des dieux,
Aux mœurs, au goût livre la guerre.
Paris, pendant l’année 1799, volume 22, Londres, 1799, p. 61-62 :
A tout péché miséricorde, (nouvelle parodie de Misantropie & Repentir,) par Demautort & Chazet, n’a point eu de succès. On a fait répéter à la première représentation un couplet dirigé contre le Poëme de la Guerre des Dieux de Parny*. On a supprimé ce couplet à la seconde représentation, par ordre de la police.
* M. de Parny vient de publier une seconde édition de cet infâme poëme, dans laquelle il a supprimé les gravelures les plus choquantes. Cela ne rend ni l’auteur ni l’ouvrage moins méprisables.
[Evariste de Parny (1753-1814) est l’auteur d’une œuvre populaire au début du XIXe siècle, en particulier de Poésies érotiques, dont ce poème en 10 chants très critiqué par son contenu anti-religieux (on soupçonne Parny d’être franc-maçon).]
[César : la pièce, donnée comme étant d'auteur inconnu, a connu trois représentations (les 11, 13 et 30 avril 1799) et n'a pas survécu au mois d'avril 1799.]
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