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Comment faire, ou les Epreuves de Misanthropie et Repentir

Comment faire, ou les Épreuves de Misanthropie et Repentir, comédie en un acte mêlée de vaudevilles, de Jouy, Longchamps et Dieulafoy, 26 ventôse an 7 [16 mars 1799].

Théâtre du Vaudeville

Titre :

Comment faire, ou les Épreuves de Misanthropie et Repentir

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d’actes

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

26 ventôse an 7 (16 mars 1799)

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Jouy, Longchamps et Dieulafoy

Almanach des Muses 1800

Bonneval veut marier ses deux nièces. Il destine Agathe à Delville, et Adèle à Lenoir. Leur hymen est arrangé ; mais on donne une représentation de Misanthropie et Repentir, et il faut voir cette pièce. Agathe y pleure, Adèle y rit. La sensibilité d'Agathe déplaît à Delville, et la gaîté d'Adèle plaît à Lenoir. Comment faire ? Les caractères vont s'assortir ; Lenoir épouse Agathe, et Delville épouse Adèle.

Des scènes semées de mots piquans, et des couplets spirituels, ont décidé le succès de ce joli ouvrage.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez le libraire au Théâtre du Vaudeville,  :

Comment faire, ou les Épreuves de Misanthropie et Repentir, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, représentée, pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le 26 ventôse an 7 [16 mars 1799]. Par les CC. Dejouy et Longchamps.

Sur la brochure mise en ligne dans Gallica, une mention manuscrite ajoute comme auteur Dieulafoy, en renvoyant à Goizet,

Courrier des spectacles, n° 754 du 27 ventôse an 7 [17 mars 1799], p. 2 :

[En plein succès de Misanthropie et repentir dont le compte rendu détaille les effets que cette pièce provoque, le théâtre du Vaudeville propose une pièce qui reprend ces effets. Elle a rencontré un vif succès, et les auteurs ont été nommés. Le couplet d'annonce, qui a été redemandé, montre que la pièce nouvelle veut sécher les pleurs que la pièce de l'Odéon a fait couler. L'intrigue que le critique résume ensuite montre cette perturbation que provoque la pièce de l'Odéon dans une famille. Les deux nièces réagissent de façon opposée à la pièce, l'une pleure, l'autre rit, et leur fiancé réagit à l'inverse de leur prétendue. La sagesse est de faire un échange, et de marier la pleureuse avec le pleureur, et la rieuse avec la rieur. Quant à l'oncle, qui a cru voir dans la réaction très forte de sa femme (elle a dû quitter le théâtre) le signe d'une ancienne infidélité, il se rend compte de ses torts et s'excuse auprès de sa femme. Le jugement porté sur la pièce est très positif : « Beaucoup d’esprits, de fort jolis couplets, et des traits mordans et satyriques » ont compensé la faiblesse du fonds. Sans commentaire, le critique cite un dernier couplet, qui manifeste le regret de ce qu'est devenu l'art contemporain, clairement marqué par l'idée de déclin.]

Théâtre du Vaudeville.

Depuis trois mois tout Paris afflue au théâtre de l’Odéon pour voir Misanthropie et Repentir ; tout le monde s’empresse d’aller pleurer à ce drame allemand ; les hommes y sont vivement affectés, les femmes y sanglottent et s’y trouvent mal ; des mariages rompus, des divorces demandés, des raccommodemens d'époux ; enfin, que n’a point fait la piece de Misanthropie et Repentir ? C’est d’après ces différentes anecdotes que nous avons insérées dans notre journal, que l’on a tracé le plan de la bluette donnée hier au théâtre du Vaudeville, sous le titre de Comment faire, ou les épreuves de Misanthropie et Repentir. Cette piece a obtenu un brillant succès. Les auteurs ont été demandés ; ce sont les citoyens Jouy et Longchamp, déjà connus par l'Arbitre ou les Consultations de l'an 7.

Couplet d'annonce, redemandé.

Air : D'Arlequin afficheur.

De l’Odéon le drame noir,
A désole toute la ville,
Avec nous puissiez-vous ce soir
Sécher vos pleurs au Vaudeville.
Sur ce drame on pardonnera
Quelques légers traits de satyre,
Malgré lui l'auteur y pleura,
Sa vengeance est d’en rire.

Bonneval est sur le point de marier ses deux nièces, l’une, Agathe, jeune veuve, à Delville, jeune homme fat et suffisant ; et l’autre, Adèle, à Lenoir, homme sombre et mélancolique. On propose d’aller le soir à l’Odéon voir le nouveau drame de Misanthropie et Repentir ; chacun y accede, excepté Bonneval et Sezanne son pupille, qui l’ont déjà vu et qui ne se soucient pas de le revoir une seconde fois. On part, mais bientôt après on ramene la femme de Bonneval ; la situation pénible et déchirante où se trouve Eulalie, ses remords, son véritable repentir, la tendresse que Meinau ressent toujours pour sa coupable épouse, tout a excité la sensibilité de la femme de Bonneval, au point de la faire évanouir. Le mari voyant sa femme dans un pareil état, est persuadé que ce ne peut être que l’effet des remords d’une ancienne infidélité, il crie, il tempête, il fait grand bruit , puis finit par vouloir divorcer avec elle. Delville, Lenoir, Agathe et Adele reviennent de l’Odéon, Agathe est toute en pleurs ; son prétendu Deiville, la persifle sur sa sensibilité. Lenoir a fondu en larmes pendant toute la représentation. Adele, sa maîtresse, n’en a fait que rire  ; enfin, leurs caractères ne pouvant plus sympathiser, Sezanne, pupille de [Bonneval] leur propose de s’accommoder en faisant un échange réciproque. Ils y consentent mutuellement. Delville épouse donc Adele, et Lenoir est uni à Agathe : quant à Bonneval, il reconnaît ses torts, et en demande pardon à sa chère moitié.

Beaucoup d’esprits [sic], de fort jolis couplets, et des traits mordans et satyriques ont fait le succès de cette bluette, dont le fonds ne pouvoit être que foible.

Voici un couplets [sic] qui a été fort applaudi.

Pour le vrai beau dans ma patrie,
La foule a le goût le plus vif ;
La foule a Paul et Virginie,
Préfère un spectre de Radclif.
A David la foule préfère
Les traits grotesques d’un Callot,
La foule abandonne Molière
Pour courir à madame Angot.

[Radclif renvoie à Anne Radcliffe, romancière britannique (1764-1823), pionnière du roman gothique, dont les romans, très populaires, ont souvent servi pour imaginer les intrigues de mélodrames d'une grande noirceur.]

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 4e année, 1799, tome VI, p. 269-271 :

[La pièce part du succès considérable du fameux Misanthropie et Repentir, et montre les effets contraires qu’elle a sur la vie des couples. Le compte rendu, après avoir résumé l’intrigue sous forme d’anecdotes sans lien apparent, juge favorablement la pièce : « critique fine », à la fois à charge et décharge, « beaucoup de couplets spirituels et bien tournés » qui ont eu du succès (le critique en cite deux qui ont été redemandés). Un petit reproche, sur la longueur excessive de la pièce, excusée de façon paradoxale (et ironique). L’interprétation est louée, en particulier pour son ensemble (qui n’est pas une qualité si fréquente).]

Comment faire ou les épreuves de Misanthropie et Repentir.

Cette petite pièce, donnée au Vaudeville le 26 ventôse , a obtenu un succès complet. On y a réuni toutes les aventures qui ont été rapportées dans les journaux, et auxquelles ce drame avoit donné lieu. Un jeune homme sur le point de se marier, rompt avec sa future, parce qu'elle n'y a pas pleuré ; un autre au contraire se brouille avec la sienne, parce qu'elle a été trop vivement affectée. Un vieil époux veut faire divorce, parce que sa femme s'est,trouvée mal à 1a représentation ; et une jeune fille, épouse un jeune homme qui a fait fortune en vendant de l'eau de Cologne et des sels à tous ceux qui s’évanouissent à la pièce de Misanthropie et Repentir.

Une critique fine est répandue dans toute la pièce ; le drame nouveau y est alternativement loué et critiqué, et on a applaudi à beaucoup de couplets spirituels et bien tournés. On auroit pu reprocher à cette pièce quelques longueurs, mais les auteurs apparemment n'ont pas eu le temps de la faire plus courte.

Ils ont été demandés : ce sont les citoyens Joui et Lonchamps , auteurs de l’Arbitre ou les Consultations de l'an 7, comédie donnée avec succès à ce tbéâtre.

Voici un couplet du vaudeville final, qui a été redemandé.

Le Noir.

Long-temps encore, à l’Odéon;
On ira voir Misanthropie ;

Suzanne.

C’est que les graces de Simon
Couvrent les défauts d’Eulalie.

On a fait répéter aussi le couplet suivant.

Air : Si Paulin est dans l’indigence.

Au Parnasse, Apollon préfère
Aux derniers , les premiers venus.
Lç myrthe qui croit à Cythère
Couronne les
premiers venus.
En affaires, tout l'avantage
Appartient au
premier venu.
N'a pas qui veut, en mariage,
L'honneur d'être
premier venu.

La pièce a été jouée avec beaucoup d'ensemble  on a sur-tout applaudi les citoyens Henri, Carpentier, et la citoyenne Aubert dans le rôle de coquette.

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-huitième année, tome VIII, floréal an 7 [mars 1799], p. 206-209 :

[C’est le succès de la pièce de Kotzebue qui a fait naître cette pièce satirique, qui reprend une « anecdote vraie ou feinte » sur les réactions féminines au drame, et sur la réaction de leurs époux à venir sur ces réactions féminines. L’intrigue, jugée « jolie », est rapidement résumée, avant d’insister sur le mérite principal de l’ouvrage, la qualité des couplets, du dialogue, du style et du ton. Il y voit « une censure adroite du drame & de l'engouement qu'il produit ». Il en donne trois exemples, avant de dire que le choix était difficile. Les auteurs sont cités.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Comment faire ! ou les Effets de Misantropie & Repentir.

Le succès soutenu du drame de Kotzebue, comme il arrive de toutes les pièces à grande réussite, a servi plusieurs fois à égayer les plumes facétieuses de nos frondeurs malins : l'anecdote vraie ou feinte d'un mariage rompu par un prétendu qui trouvoit que sa future avoit été trop sensible au malheur de l'épouse coupable, a fait naître celle d'un contradicteur qui refusoit au contraire de s'unir à une jeune personne, parce qu'elle n'avoit pas versé une larme à ce drame touchant : les feuilles du matin ont été les dépositaires de ces plaisanteries qui ne prouvent rien contre personne, mais qui amusent & provoquent le rire dont le Français est avide.

Deux auteurs spirituels & gais ont cru y voir le sujet d'un vaudeville de circonstance, & ne se sont pas trompés ; ils en ont fait une des plus jolies pièces de ce théâtre.

Un philosophe sérieux & sensible est prêt à s'unir à une jeune personne fort gaie, & un petit-maître léger & frivole courtise une veuve sensible. La première ne s'attendrit presque point au drame de Misantropie & Repentir, & l'autre en est vivement affectée : les deux époux en prennent occasion de rompre leur mariage projeté : mais un troisième jeune homme, ami des deux femmes, frondeur aimable & spirituel, qui n'aime pas ce drame, mais qui ne veut pas non plus qu'il soit un empêchement total au mariage des jeunes beautés, conseille au petit-maître de troquer avec le philosophe, & de s'assortir de cette manière.

A cette jolie intrigue, ajoutez une foule de couplets piquans, un dialogue spirituel & fin, d'un style agréable & d'un ton excellent, qui rappelle quelquefois celui de Collé ; enfin une censure adroite du drame & de l'engouement qu'il produit, & vous aurez une idée de l'ouvrage que le public accueille de plus en plus. Voici, entre beaucoup d'autres, quelques couplets qui donneront une idée du faire des deux auteurs :

Air des Visitandines.

Dans nos bals c'est la méthode.
Il faut savoir s'y plier ;
Chacun pour suivre la mode
Veut y venir le dernier,
C'est une loi positive :
Là, sans être-mal-adroit,
Jamais personne n'arrive,
Que tout le monde n'y soit.

Air du Pas redoublé.

Moi je plains le sort d'un époux
    Qui par misantropie,
Va dans les bois avec les loups
    PIeurer son Eulalie ;
Chez nous si toujours même cas
    Entraînoit mêmes suites,
Nos forêts ne suffiroient pas
    Pour loger nos hermites.

Air :

Au Parnasse, Apollon préfére
Aux derniers
les premiers venus ; '
Le mirthe qui croît à Cythère
Couronne
les premiers venus.
En affaires tout l'avantage
Appartient au
premier venu.
N'a pas qui veut en mariage
L’honneur d'être un
premier venu.

On n'est embarrassé que de choisir pour citer des couplets agréables. Enfin on doit rire à ce joli vaudeville autant qu'on pleure au drame qui l’a fait naître. Les auteurs sont les CC. Jouy & Lonchamps, déjà connus par le succès de l'Arbitre.

Dans la base César : les auteurs sont Dieulafoy, dit Bernard, Étienne de Jouy et Charles de Longchamps.

La pièce a été créée le 16 mars 1799 et a été jouée 57 fois jusqu'au 27 octobre 1799.

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