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Adele et Paulin, ou la Prévention paternelle

Adele et Paulin, ou la Prévention paternelle, comédie nouvelle, en deux actes & en vers, de Delrieux, 29 août 1792.

Théâtre de la rue de Richelieu.

Titre :

Adèle et Paulin, ou la Prévention paternelle

Genre

comédie

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

en vers

Musique :

non

Date de création :

29 août 1792

Théâtre :

Théâtre de la rue de Richelieu

Auteur(s) des paroles :

M. Delrieux

Mercure universel, tome XIX, n° 550, Du Dtmanche 2 Septembre 1792, p. 31 :

[« Une agréable comédie », mais «  des défauts d’échaffaudage, les entrées et les sorties ne sont pas toujours motivées, le fonds n’en est pas très neuf ». Défauts compensés par « le style [...] agréable et soigné ». Deux acteurs sont mis en avant, tant pis pour les autres.]

THEATRE DE MADEMOISELLE MONTENSIER.

La Prévention Paternelle, ou Adèle et Pailin, donnée mercredi avec succès pour la première fois, est une agréable comédie.

Destival a deux fils, l'ainé, joueur, libertin sans pudeur, a su captiver l'esprit de son père ; le cadet sage, économe et vertueux, habitant Bordeaux, écrit souvent à son père ; mais par l'intrigue de son frère ses lettres sont interceptées, ainsi que celles de son père. Coupable d'indifférence aux yeux de Destival, ce fils a fait place dans le cœur paternel à une prévention aveugle en faveur de Destival. Bellemont, ami de Destival, s'efforce en vain de désiller les yeux d'un père trompé, les soins de l'amitié sans l'éclairer davantage ne servent qu'à l'irriter. Mais Paulin doit arriver, parce que Destival recherche avec ardeur en mariage Adele, qu'il aime dès la plus tendre enfance, et dont il est aimé éperdument. Comme Paulin a quitté son frère à l'âge de 9 ans, ses traits sont méconnus, il envoie un valet dire, qu'il est très malade, et se présente comme l'ami du fils de la maison. Tout le monde s'y trompe, excepté son amante et Bellemont. Paulin voit son frère, vivement pressé par un créancier, il paie sa dette que Destival a eu l'effronterie de dire contractée pour son cadet : ce trait de générosité ouvre les yeux d'un père trop crédule, qui reconnoît enfin sa funeste erreur, et pardonne à Destival à la sollicitation de son frère, d’Adele et de Bellemont, après avoir ratifié l’hymen des deux amans.

Cette comédie renferme des défauts d’échaffaudage, les entrées et les sorties ne sont pas toujours motivées, le fonds n’en est pas très neuf ; mais le style est agréable et soigné. On a demandé l’auteur, il se nomme Delrieux. MM. Paillardelle et Damas ont joué avec chaleur les rôles de Bellemont et de Paulin.

Réimpression de l’ancien moniteur, tome quatorzième (Paris, 1840), Gazette nationale, ou le Moniteur universel, n° 284, mercredi 10 octobre 1792, p. 164 :

[Le compte rendu adopte ici un angle d’attaque particulier : ce qui paraît essentiel au critique, c’est la question du droit d’aînesse, dont la pièce illustre à ses yeux les méfaits, et dont il dénonce la survivance « sous le règne de l’égalité ». Pour lui, la pièce a un « but très moral ». Sinon, même jugement qu’ailleurs : « Au mérite de l'intention, l'auteur a joint celui de l'exécution. Il y a bien dans son plan quelques défauts de conduite ; mais son dialogue est vif et d'une chaleur soutenue. La pièce est attachante, bien écrite et semée de vers heureux. » Rien sur l’interprétation.

THÉATRE DE Mlle MONTANSIER.

On donne à ce théâtre une nouveauté intéressante. C'est une comédie en deux actes et en vers, intitulée Adele et Paulin, ou la Prévention paternelle.

Le but très moral de cette pièce est de combattre l'absurde préjugé, passé en forme de loi dans nos pays, qu'on appelait de droit écrit, préjugé qui voulait qu'un père fit un aîné, c'est à dire que, pour enrichir un fils, il réduisît tous les autres à une légitime modique ; et sous le règne de l'égalité cette loi n'est pas abrogée ! et l'ainesse testamentaire subsiste encore ! sans doute ce n'est pas pour longtemps.

Un habitant de Toulouse avait deux fils ; toutes ses complaisances se sont rassemblées sur l'aîné, dont il compte faire son héritier en le mariant à la fille d'un de ses vieux amis ; le cadet a été éloigné dès son enfance de la maison paternelle, et élevé chez cet ami dont il aime la fille ; l'aîné des deux frères, perdu de vices et noyé de dettes, mais hypocrite et flatteur, a l'art de feindre toutes les vertus que son jeune frère possède ; celui-ci revient d'un long voyage avec des trésors qu'il a amassés par sa bonne conduite et son travail. Il se présente dans la maison paternelle sans y être reconnu de son père ni de son frère ; il confond ce dernier, l'accable de bons procédés et de bienfaits, se fait enfin reconnaître quand il a regagné tous les cœurs, et s'unit à sa maîtresse.

Au mérite de l'intention, l'auteur a joint celui de l'exécution. Il y a bien dans son plan quelques défauts de conduite ; mais son dialogue est vif et d'une chaleur soutenue. La pièce est attachante, bien écrite et semée de vers heureux ; elle est du citoyen Delrieu. A la troisième représentation, que les événements avaient retardée, il a été demandé avec empressement; il a paru et a reçu de justes et nombreux applaudissements.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 11 (novembre 1792), p. 353-354 :

[D’abord une erreur assez cocasse sur le titre : si l’ordre titre/sous-titre est sans importance, la confusion « paternelle/maternelle » est plus gênante. Le compte rendu essaie de garder l’équilibre entre éloge et critique : la pièce n’a pas un fonds très neuf, mais cette faiblesse est compensée par le piquant et l’intérêt des détails ; le plan et la liaison des scènes (deux points très importants) se sont pas satisfaisants, mais ces graves défauts sont compensés par la qualité de l’écriture, pleine« de grace, de facilité & de sensibilité » : l’auteur semble n’avoir pas « beaucoup de connoissance du théatre », mais « le style & les détails » font oublier ces faiblesses.. Une phrase de conclusion souligne la qualité de l’interprétation.

La prévention maternelle, ou Adele & Paulin, comédie nouvelle, en deux actes & en vers, par M. Delrieux.

Cette comédie, donnée .avec succès sur ce théatre, est une de ces pieces dont le fonds, sans être neuf, devient piquant & intéressant par les détails. D'Estival a abandonné son fils Paulin, dont il est tendrement aimé, pour donner toute son affection & tous ses soins à son fils aîné, jeune homme perdu de dettes, & qui mene la conduite la plus condamnable. Ce méchant frere a tout fait pour perdre Paulin dans l'esprit de son pere : il espere épouser Adele ; mais Adele aime Paulin dès l'enfance ; Adele a la promesse de Belmont, son pere ; elle doit épouser son amant dès qu'il sera de retour des Isles. Paulin arrive en effet ; mais il ne se présente que sous un nom supposé : il oublie tous les mauvais traitemens que lui a fait éprouver son frere, paie ses dettes, sans en être connu, & finit par reconquérir le cœur d'un pere trop prévenu en faveur de son aîné. Celui-ci avoue ses torts, & Paulin obtient son pardon. Cet ouvrage pourroit bien mériter quelques reproches du côté du plan & de la liaison des scenes, qui n'annoncent pas toujours beaucoup de connoissance du théatre ; mais il est écrit avec tant de grace, de facilité & de sensibilité, que le style & les détails ont fait oublier les défauts du plan : le public l'a accueillie de la maniere la plus encourageante pour l'auteur qu'on a demandé, & qui s'est présenté. C'est le premier ouvrage dramatique de M. Delrieux, professeur de rhétorique à Versailles. Cette jolie piece est très-bien jouée par MM. Paillardelle, Caumont, Damas , Crettu, & par Mlle. Bourgneuf.

D’après la base César, le titre est Adèle et Paulin ou la Prévention paternelle (ce qui est plus logique que la Prévention maternelle de l’Esprit des journaux !). L'auteur est Étienne-Joseph-Bernard Delrieu. La pièce a connu 21 représentations, du 29 août 1792 au 7 janvier 1794.

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