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Amour et mystere, ou Quel est mon cousin ?

Amour et mystere, ou Quel est mon cousin ? comédie-vaudeville en un acte ; 10 janvier 1807.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Amour et mystère, ou Quel est mon cousin ?

Genre

comédie-vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

10 janvier 1807

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Joseph Pain

Almanach des Muses 1808.

Courrier des spectacles, n° 3622 du 11 janvier 1807, p. 3 :

La comédie-vaudeville qu’on a jouée hier au Vaudeville sous le titre d’Amour et mystère, ou Quel est mon cousin ? a eu beaucoup de succès. Le sujet en est agréable, les couplets sont bien tournés, le dialogue est vif et spirituel, les airs sont agréablement choisis Quoique tous les personnages se réduisent à trois, la scène n’a jamais paru vuide. Mad. Herrvey a joué avec un talent très aimable ; Julien et Henri l'ont bien secondée. La pièce est de M. Pain ; nous en reparlerons avec plus d'étendue.

Courrier des spectacles, n° 3623 du 12 janvier 1807, p. 2-3 :

[Un premier paragraphe du compte rendu est consacré à développer l'idée, peut-être polémique, d'un « privilège particulier » du vaudeville, genre ou théâtre, celui de traiter comme purs accessoires ce qui sont « les parties principales de toute pièce de théâtre », « le plan, l'intrigue, les caractères » : il suffit d'un dialogue animé, de scènes contenant « quelques traits d'esprit et surtout de jolis couplets » : seuls comptent « les détails ». C'est dans cette catégorie que le critique place la pièce dont il doit rendre compte; même si elle a une intrigue qui n'est pas « dénuée d'invention et de conduite » : elle est « plus romanesque que vraisemblable ». Le résumé de l'intrigue montre bien cet excès de romanesque, l'histoire d'une femme qui, entre deux charmants jeunes gens, ne sait pas qui est son cousin qu'elle souhaite épouser pour une affaire d'héritage : elle ne peut obtenir que celui qui est son cousin se nomme, et elle doit recourir à une ruse – se travestir en officier et provoquer un duel – pour savoir enfin qui est son cousin, et constater comme le critique que « le sort est toujours fidèle à l'amour », son cousin est bien celui des deux jeunes gens qu'elle préfère. Si la pièce est « un peu romanesque », elle est aussi bien construite, rapide, bien dialoguée, et accompagnée de bons couplets. Les interprètes ont bien joué, l'une « avec un talent charmant, les deux autres « avec un ensemble parfait ». La fin de l'article revient toutefois sur le contenu de la pièce. Elle comporte une scène de discussion entre deux personnages. Le critique considère que cette scène « est une scène parasite », « un joli remplissage » Il vaudrait mieux « une scène liée à l'action et bien conçue »... Idée confirmée par une belle citation d'Horace : une telle scène est un chiffon qu'on agite pour éblouir le public.]

Théâtre du Vaudeville.

Amour et Mystère, ou Quel est mon Cousin ?

Le Vaudeville jouit d’un privilège particulier. Le plan, l’intrigue, les caractères qui sont les parties principales de toute pièce de théâtre ne sont ici que des accessoires. Un auteur qui connoît ses privilèges peut se mettre fort à l’aise sur ce point. Son succès est assuré pourvu qu’il sache animer son dialogue, jeter dans chaque scène quelques traits d’esprit et sur-tout de jolis couplets. L’auditoire complaisant lui fait grâce de tout le reste, et voilà pourquoi tant de pièces sont citées comme des modèles d’esprit, sans avoir le sens commun. Cela s’appelle réussir par les détails.

C'est aussi un peu par les détails que la pièce nouvelle vient d’obtenir sou succès, quoique l’intrigue ne soit pas  ; mais elle est plus romanesque que vraisemblable.

Madame de Rigny, jeune femme vive et enjouée, vient de recueillir une succession considérable. Mais elle doit la partager avec un cousin qu’elle ne connoît pas et qui s'obstine à cacher son nom. Elle doit même l’épouser s’il lui convient, car telles sont les intentions du testateur. On sait seulement que le jeune de Rigny voyage avec un de ses amis, qu’ils sont fort amateurs des beaux-arts, vivent libres, indépendans et contens d’une situation souvent fort médiocre. L’un s’annonce sous le nom de Félix et l’autre sous celui de Victor. Une amie de Madame de Rigny qui les connoît, qui sait qu’ils doivent dans le cours de leurs voyages passer devant le château de la belle légataire, prend ses mesures pour les y faire rester quelque tems. Elle s’arrange avec le cocher de la voiture et les fait verser à la porte du château. L’un et l’autre n’étoient point inconnus à Madame de Rigny ; elle les avoit vus à Lyon ; un d’eux lui plaisoit beaucoup. Mais celui qui plaisoit étoit-il le cousin ? Voilà ce qu’elle ne pouvoit deviner, car l’un et l’autre s’obstinoient à cacher leur nom. Pour obtenir le secret qui la tourmente, Madame de Rigny prend le parti d’exercer l’imagination de ses jeunes hôtes. Elle ne se montre point, leur fait servir un souper excellent, sans y paroître, leur fait donner des lits délicieux et les tient enfermés pendant quelque tems dans l’intérieur du château ; les jeunes gens, surpris de ce qui leur arrive, cherchent à en pénétrer le mystère. Quelle est la belle dame à qui appartient cette belle maison ? Une voix qui se fait entendre à quelque distance d’eux, dit à l’un Angelina, et à l’autre Juliette. Les portes s’ouvrent, et voilà les deux étourdis qui se mettent en quête pour découvrir Angelina et Juliette. Tous leurs efforts sont inutiles. Angelina ne se montre point, et Juliette se perd dans les bosquets du parc, sans qu’il soit possible de la retrouver. Ils rentrent excédés de fatigue.

On annonce un voyageur dont la voiture vient aussi de verser. C’est un jeune capitaine de hussards qui feint de reconnoître Victor et Félix, et qui les somme, au nom de l’honneur de déclarer lequel des deux est de Rigny; car| il annonce qu’il vient venger la mort de son ami Derville , que de Rigny a tué en duel. Les deux amis déclarent que dans toute affaire d’honneur chacun d’eux porte toujours le nom de celui qui doit se battre. Ils acceptent le défi do capitaine. Il s’élève ici un combat de générosité entre Victor et Félix, et l’on décide enfin que le sort prononcera. Félix est désigné ; il se rend au lieu du combat, et n'y trouve point d'adversaire : car le prétendu capitaine n’est autre que Madame de Rigny, qui a tenté ce déguisement pour arracher le secret de ses hôtes. Les deux jeunes gens conçoivent alors qu’ils sont dupes d’une mystification, et se disposent à partir sans rien dire. Madame de Rigny se montre alors, et, désespérée de ne pouvoir vaincre leur discrétion, elle déclare qu’elle donnera sa main à sou cousin, quel qu’il soit. On sent combien cette détermination coûte à son cœur, puisque, des deux amis, il en est un à qui elle donne une douce préférence. Mais dans ces occasions, le sort est toujours fidèle à l’amour. Le vrai de Rigny se nomme, et c’est précisément celui que la belle cousine desire.

Ce cadre, un peu romanesque, est très-bien rempli. Les scènes sont bien liées, l'intrigue marche rapidement, le dialogue est piquant, quoiqu’un peu maniéré, et les couplets sont bien tournés.

Mad. Hervey, qui joint à beaucoup de naturel et d’expression un jeu très-sémillant, a rempli le rôle de Madame de Rigny avec un talent charmant ; celui de Félix est confié à Julien, et celui de Victor à Henri. Ils les ont joué [sic] l’un et l’autre avec un ensemble parfait.

On a beaucoup applaudi une scène où les deux voyageurs lisent leur journal. Il y a de l’esprit dans la manière dont ce journal est rédigé ; mais ce n’en est pas moins une scène parasite, un de ces morceaux que les auteurs de vaudeville cousent trop souvent à leur sujet, pour avoir occasion de dire des bous mots. C’est un joli remplissage, mais ce n’est qu’un remplissage. Une scène liée à l’action et bien conçue, vaut mieux que ces brillaus lambeaux qu’on étale uniquement pour éblouir l’auditoire :

Assuitur pannus late qui splendeat unus et alter.

Horace.          

La citation latine est empruntée à l'Art poétique d'Horace, vers 15-16 et peut se traduire par : « on attache l'un et l'autre chiffon qui puisse briller de loin » (miroir aux alouettes en version textile).

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 12e année, 1807, tome I, p. 478-479 :

[Compte rendu d’une pièce à la mode, qui « est un petit tour-de-force dont l'exécution a parfaitement réussi », avec des «  détails [...] pleins d'esprit, de gaieté : c'est du vrai vaudeville ». Trois acteurs la jouent « parfaitement ». Le critique insiste sur le mystère qui entoure l’arrivée des deux jeunes gens chez la cousine de l’un des deux.]

THÉÂTRE DU VAUDEVILLE.

Amour et Mystère, ou lequel est mon Cousin.

Il faut avoir vu les Ricochets et Amour et Mystère : ce sont les deux pièces qui attirent maintenant.

La dernière est un petit tour-de-force dont l'exécution a parfaitement réussi. Deux jeunes voyageurs arrivent dans un château où ils sont servis sans voir personne : tout semble s'y faire par enchantement, Delà naissent des surprises, des énigmes dont le mot est le dénouement de la pièce. Une jeune cousine qui doit épouser l'un des deux jeunes gens, désire connoître son prétendu avant de lui donner sa main; mais le secret est si bien gardé par tous deux, qu'elle est obligée de se découvrir elle- même pour forcer les deux étourdis à en faire autant. Les détails sont pleins d'esprit, de gaieté : c'est du vrai vaudeville. L'auteur est M. Joseph Pain. La pièce a été parfaitement jouée par MM. Julien, Henri, et madame Hervey.

L'Esprit des journaux, 1807, tome III (mars), p. 283-285 :

[Compte rendu qui s’ouvre sur le résumé de l’intrigue, une histoire mêlant amour et héritage, une jeune femme devant partager son héritage (et peut-être sa vie) avec son cousin, mais elle ne sait pas qui il est. Une fois le quiproquo éclairci, elle est très contente d’épouser celui qu’elle a pu identifier comme son cousin. Le jugement porté à la suite est plein d’enthousiasme : on n’a jamais vu au Vaudeville, selon le critique, « une petite comédie mieux ourdie, une action plus gaie, des caractères mieux tracés, des situations mieux enchaînées, un dialogue plus étincelant de saillies de bon goût ». Il suffit ensuite de donner le nom de l’auteur...]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Amour et Mystère, ou lequel est mon cousin ?

Deux jeunes étourdis voyagent ensemble sous leurs prénoms, parce que l'un des deux a eu le malheur de tuer son adversaire dans une affaire d'honneur. Ils font ensemble leur journal de voyage, et ont fait serment de ne pas se quitter. L'un est un jeune fat très-présomptueux en fait de bonnes fortunes, mais très-spirituel et très-gai ; l'autre, très-sensible et moins confiant, mais tous deux pleins d'honneur. La cousine de celui des deux qui s'appelle Thérigni, a reçu tout récemment une succession immense qu'elle doit partager avec son cousin, et même une des clauses du testament lui ordonne de l'épouser s'il est aimable et digne d'elle. Elle a vu les deux amis et ne sait lequel est son cousin : elle les attire mystérieusement dans un château qui lui appartient, prévient leurs moindres désirs comme une fée bienfaisante, et ne veut se montrer que quand elle aura découvert lequel est Thérigni : elle imagine, pour en venir à bout, de se déguiser en officier de hussards, de se dire parent de l'adversaire tué par Thérigni, et venu tout exprès pour le venger : mais tous les deux veulent rendre raison, et nul ne consent dans cette circonstance à ne pas être Thérigni. Enfin la belle invisible du château, voyant que les deux amis se croient mystifiés et veulent repartir, se présente comme une cousine et demande avec instance quel est le Thérigni qu'elle veut et doit épouser. Le jeune fat, qui d'abord s'est cru préféré, commence à s'appercevoir que l'on préfère son ami, et comme son ami est le véritable cousin, il le dévoile lui-même à sa cousine enchantée.

Jamais peut-être on ne fit au Vaudeville, avec trois acteurs, une petite comédie mieux ourdie, une action plus gaie, des caractères mieux tracés, des situations mieux enchaînées, un dialogue plus étincelant de saillies de bon goût. Ce joli ouvrage doit nécessairement croître de succès à mesure qu'on le connaîtra davantage. L'auteur est M. Joseph Pain, déjà connu par ses succès, et sur-tout par sa collaboration de Fanchon la vielleuse.

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