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L'Amante sans le savoir

L'Amante sans le savoir, opéra-comique en un acte, paroles de M. Creuzé de Lesser, musique de M. Solié ; 10 août 1807.

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Titre :

Amante sans le savoir (l’)

Genre

opéra-comique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

10 août 1807

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra Comique

Auteur(s) des paroles :

Creuzé de Lesser

Compositeur(s) :

Solié

Almanach des Muses 1808.

Une jeune personne bien naïve, bien indifférente, aime sans le savoir. Son pere la force à lire dans son cœur, et à faire le bonheur de son amant.

Sujet un peu romanesque, aujourd'hui sur-tout où l'on chercherait long-temps une fille aussi novice et un pere aussi complaisant.

Ouvrage très-faible ; musique à laquelle on a paru reprocher les mêmes défauts qu'au poëme. Peu de succès.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 12e année, 1807, tome IV, p. 433 :

[Compte rendu sobre ! Raccourcir sa pièce, ça ne marche pas toujours.]

L’Amante sans le savoir.

Cette pièce est tombée en deux actes, à la première représentation, et en un acte à la quatrième.

Archives littéraires de l'Europe, tome quinzième, gazette littéraire, août 1807, p. xliv :

L'amante sans le savoir, tombée en deux actes à sa première représentation, et retombée en un acte à la quatrième, n'est qu'une mauvaise contre-épreuve de ma Tante Aurore. L'auteur des paroles n'a point été nommé ; celui de la musique est M. Solié. Quelques airs agréables dont il a semé les scènes ennuyeuses de son collaborateur pourront se soutenir sur les pupitres de nos dames, mais ne pouvoient sauver le petit drame que le parterre a justement condamné.

L'Esprit des journaux, année 1807, tome IX, septembre 1807, p. 280-284 :

[Une chute donc, mais une chute douce, sans beaucoup de bruit, malgré les amis de l’auteur, qui n’ont pas réussi à créer un courant de sympathie pour une pièce que le critique décrit ensuite comme une sorte de compilation, une pièce faite avec des pièces, et l’auteur donne des exemples d’emprunts légèrement modifiés à d’autres pièces. L’ensemble est donné comme une leçon de cuisine théâtrale, qui s’achève sur la façon aussi peu maladroite que possible d’amener un dénouement, lui aussi riche en ces ficelles que toutes les pièces utilisent. Seule la musique a pu faire supporter la pièce jusqu’à la fin, mais ce n’est pas suffisant pour assurer la survie de la pièce. Pour un opéra (comique, bien sûr), « le public veut ou un joli poëme, ou une musique originale et brillante ». Les acteurs ont fait ce qu’ils ont pu pour sauver la pièce, et ont réussi à ne pas être sifflés (la « musique importune qui insulte trop souvent aux vaincus »).]

Théâtre de l'Opéra– Comique.

L'Amante sans le savoir, ou la Leçon d'un père, comédie en deux actes, mêlée d'ariettes.

La chute de cette pièce a été extrêmement douce. La salle n'était pas très-pleine ; le public impartial s'est ennuyé avec une patience exemplaire. Les amis ont fait leur devoir en conscience ; ils n'ont laissé entrer ni sortir aucun acteur, ils n'ont laissé finir aucune ariette sans applaudir. Quelques murmures ont éclaté vers le milieu du second acte ; quelques sifflets ont fait assez de bruit pour dire qu'ils étaient là. On a demandé l'auteur avant que la toile eût été baissée ; mais la salle se vidait en même temps, et les acteurs n'ont nommé personne. Quand on est tombé d'une manière aussi bénigne, il est difficile de se relever

Il y a des compilateurs au théâtre comme dans les autres branches de la littérature. On fait des pièces avec des pièces, comme des livres avec des livres. Mais une compilation scientifique peut avoir quelque utilité, sans que son auteur ait beaucoup de mérite ; une compilation dramatique n'a jamais le moindre intérêt. L'Amante sans le savoir est une composition de ce genre ; c'est un de ces ouvrages dont on peut donner la recette, et que le premier venu est ensuite en état d'exécuter. Ainsi l'on aurait pu dire à l'auteur : prenez une Tante Aurore mitigée, qui, au lieu de la Princesse de Trébisonde, lira l'Histoire de Grandisson ; donnez-lui un frère raisonnable et doué de cette finesse qu'il est d'usage de prêter aux oncles et aux pères, depuis l'Opéra-Comique de M. de Ségur, et la Cloison de M. Belin. Que votre amoureuse soit une ingénue qui aime sans le savoir, comme on en trouve dans un grand nombre de comédies ; que votre amoureux ressemble à tous les amoureux qui ne sont que cela ; et joignez à tous ces personnages un vieux valet, honnête et sentimental, comme ils le sont tous depuis que les valets plaisans et un peu fripons sont passés de mode. Vos rôles ainsi arrêtés, voici comment vous mettrez vos acteurs en action : ma Tante Aurore ne croit pas que sa nièce soit amoureuse, parce qu'elle fait ses quatre repas ; chez vous ce sera la nièce qui ne se croira point anoureuse, parce qu'elle aura appris de sa tante qu'on ne peut l'être lorsque l'on se porte bien ; elle refusera donc Dulis, quoiqu'elle l'aime, ce qui n'est pas très-naturel, mais ce qui fera le nœud de votre pièce. Ce Dulis, en effet, est trop connu dans la maison pour se conduire comme l'amant dans ma Tante Aurore ; et d'ailleurs imiter toujours la même pièce, ce serait se trahir mal-adroitement. Votre amant voudra s'éloigner et sera retenu par le père, et c'est ce même père qui conduira l'intrigue comme dans l'Opéra-Comique et dans la Cloison. Quant à cette intrigue, elle sera fort simple, et vous pouvez en trouver l'idée dans la Métromanie. Nous y voyons Damis refuser un établissement avantageux, pour s'attacher à une prétendue beauté qu'il ne connaît que par sa correspondance, et qui se trouve n'être qu'un financier métromane âgé de quelques 6o ans. Eh bien ! le père de votre Sophie entamera avec elle, sous un nom supposé, une correspondance dont il dictera les lettres à son valet. Sophie, sage comme toutes les jeunes filles le sont aujourd'hui au théâtre, communiquera les lettres à sa tante ; celle-ci, fidelle à son humeur romanesque, se déclarera pour l'amant inconnu, et Sophie, conseillée par elle, refusera de nouveau Dulis. Lorsque ce manége aura duré assez long-temps, vous amenerez le dénouement le moins mal possible. Par exemple, le père de Sophie, pour tenter une dernière épreuve, fera remettre un portrait à sa fille ; elle sera d'abord déterminée à le refuser ; mais un coup-d'œil qu'elle y jettera ébranlera sa résolution ; il lui semblera que les traits du jeune homme ne lui sont pas inconnus, et le valet profitera de son émotion pour lui laisser le portrait entre les mains. Demeurée seule, elle reconnaîtra son imprudence, elle éprouvera des remords : ce sera le moment de faire arriver le père pour la consoler ; car c'est son propre portrait, peint il y a trente ans, qu'il a envoyé à sa fille. Cette découverte équivaudra presque à une reconnaissance, et produira une belle effusion de sentimens. Vous sentez même qu'avec un tel avantage le père de Sophie ferait d'elle tout ce qu'il voudrait ; mais si vous avez envie de la rendre encore plus intéressante, prêtez-lui un de ses traits de générosité qui ne coûtent pas plus à nos personnages de comédie, que l'argent qu'ils prodiguent ne coûte aux auteurs. Au moment où elle consent à épouser Dulis, supposez que ce jeune homme, honnête négociant, a perdu, par une faillite, la moitié de sa fortune, et refuse un mariage devenu trop avantageux pour lui..... Vous devinez le reste, Sophie sera absolument décidée par la délicatesse de son amant, et vous pourrez inviter les spectateurs à la noce. Tels sont, en effet, le plan et la conduite de la pièce nouvelle. Sans la musique, il est à croire qu'on ne l'aurait pas écoutée jusqu'à la fin ; mais il est douteux qu'elle se soutienne même avec la musique. Quelques airs agréables ne suffisent plus aujourd'hui pour faire la fortune d'un opéra. Le public veut ou un joli poëme, ou une musique originale et brillante. Les acteurs qui ont joué dans cette pièce ont défendu avec beaucoup de zèle le mauvais terrain qu'ils occupaient ; ils ont fait leur retraite en bon ordre et sans être assaillis de cette musique importune qui insulte trop souvent aux vaincus. Il semble que le public, satisfait de leurs efforts, se soit plû à leur accorder une capitulation honorable.

Nicole Wild, et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris: répertoire 1762-1972, p. 132, signalent que le registre de l’Opéra Comique donne comme titre L’Amante sans le savoir, alors que le livret porte comme titre la Leçon d’un père. La pièce a connu 5 représentations.

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