Beaufils, ou Petit Bon-Homme vit encore

Beaufils, ou Petit Bon-Homme vit encore, parodie-vaudeville d’Ophis, de Népomucène-Louis Lemercier , de Piis, 18 nivôse an 7 [7 janvrier 1799].

Théâtre du Vaudeville.

Le nom de l'auteur n'est pas sûr : on cite aussi Radet (la base César, qui ne cite pas Piis), voire le trio Barré, Radet et Desfontaines devenant quatuor avec Piis.

Dans la Gazette de France de 1799, en nivôse et pluviôse, on trouve la carrière de la pièce de Piis :

  • première le 18 nivôse an 7 [7 janvier 1799],

  • deuxième le 19 [8 janvier],

  • puis les 20 et 22 nivôse [9 et 11 janvier],

soit quatre représentations (mêmes dates dans la base César).

Un compte rendu est publié le 1er pluviôse [20 janvier 1799].

La Biographie universelle, ancienne et moderne de Michaud, tome 77 (supplément), p. 208, cite Arlequin beau fils, ou Petit Bonhomme vit encore (1799) parmi les nombreuses œuvres de Piis.

Titre :

Beaufils, ou Petit Bon-homme vit encore

Genre

parodie-vaudeville

Nombre d'actes :

 

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

18 nivôse an 7 [7 janvrier 1799]

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Piis

Louis-Abel Beffroy de Reigny, Dictionnaire néologique des hommes et des choses, tome premier, p. 457 :

Beaufils ou Petit-Bonhomme vit encore, mauvaise Parodie de la Tragédie d'Ophis, jouée au Vaudeville ; peu d'esprit et beaucoup de méchanceté; rien de saillant.

Courrier des spectacles, n° 686 du 19 nivôse an 7 [8 janvier 1799], p. 2 :

[La parodie n'a pas eu de succès. Le critique en fait un résumé très détaillé qui permet d'en apprécier le comique assez peu raffiné et les rebondissements fort nombreux. On suit bien l'intrigue de la tragédie, que les parodistes ont pris soin de ridiculiser. Le bilan est ensuite très négatif : « froid », « longueurs », « trivialités », « inconvenances », à quoi s'ajoute « très-peu de saillies et de couplets piquans ». Cette liste ne représente que « les défauts essentiels de cette parodie ». L'article s'achève par une récapitulation des principaux points de la tragédie auxquels les parodistes ont fait un sort.]

[Un fantasmagorien (ou fantasmagore), c'est quelqu'un qui utilise les ressources de la lanterne magique pour projeter des images à partir de tableaux miniatures peints sur des plaques de verre ou gravés sur un support opaque. En agrandissant ou rapetissant une image, le fantasmagorien arrive à créer une illusion de mouvement. Il pouvait utiliser deux techniques qu'on retrouve au cinéma, des fondus enchaînés et des travellings avant ou arrière. La lanterne magique, connue depuis le 17e siècle, est devenue de plus en plus populaire au cours du 18e siècle.]

Théâtre du Vaudeville.

Beaufils ou Petit bon-homme vit encore, parodie d'Ophis, donnée hier pour la première fois à ce théâtre, n’a pas eu de succès.

Drolus, afin de s’emparer du fond de commerce de son père Ramponneau, le tient renfermé dans sa cave, et le fait passer pour mort ; mais craignant que Beaufils, son frère aîné, ne vienne réclamer ses droits à l’héritage  ; il a résolu de le faire ennivrer [sic] jusqu’à ce que mort s’ensuive. En conséquence il a chargé de ce complot un allumeur de réverbères, qui se trouve être entièrement dévoué à Beaufils, et qui vient révéler le perfide projet à un fantasmagorien. Celui-ci pour prévenir un tel crime, donne à l’allumeur une petite fiole, contenant une potion somnifère,

Et qui donne au sommeil tous les traits de la mort.

Beaufils a pris le breuvage, et déjà, sans perdre un seul instant, Drolus vient offrir sa main à la veuve de son frère. Cette déclaration déplacée éveille le soupçon de Babiche, et la pâleur de Drolus la confirme dans son idée. Cependant une troupe de cuisiniers dépose le corps de Beaufils à la porte du fantasmagorien. Babiche vient rendre les derniers devoirs à son époux ; elle veut le presser dans ses bras, Beaufils se réveille de sa léthargie ; et se sentant toucher il s’écrie :

Finissez-donc, madame Beaufils,
        Ça me chatouille,                 (
bis)

Enfin, le fantasmagorien lui apprend le complot de sou frère, et il l’engage à passer la nuit dans son cabinet. Bientôt Beaufils en sort, effrayé par les spectres, les hiboux et les chauve-souris. Drolus réveillé par des rêves affreux, vient se rassurer auprès du lit de mort de son frère. Beaufils se retire à l’écart, et l’entendant s’accuser de ses crimes, il court pour se venger ; mais son sabre de bois lui échape [sic] des mains, et il sort en s’écriant :

Jamais, jamais Beaufils ne rossera son frère.

Drolus trouve à ses pieds le sabre de Beaufils, il veut entrer dans le cabinet du fantasmagorien ; celui-ci lui en défend l’entrée. La troupe des cuisiniers poursuit Drolus en lui demandant son frère. Beaufils paroît, fait la paix avec Drolus, et consent à lui abandonner le fond de commerce ; mais le père Ramponeau parvient à sortir de sa retraite, et ne veut pas abdiquer aussi complaisamment un poste qu’il représente avec tant d’honneur et de réputation.

Beaucoup de froid et de longueurs, des trivialités choquantes, des inconvenances théâtrales, très-peu de saillies et de couplets piquans,-tels sont les défauts essentiels de cette parodie. Les auteurs se sont attachés principalement à critiquer la longue scène d’Amostris et de Nethos, la foiblesse du caractère d’Ophis, la déclaration déplacée de Tholus, le moyen usé du breuvage et le pathos répandu dans quelques tirades.

Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 121 du 1er pluviôse an 7 (20 janvier 1799), p. 492 :

[Compte rendu de trois pièces à la suite, Beaufils, ou Petit Bonhomme vit encore vient en second. Le jugement est sans appel : la parodie n’est qu’un « un travestissement pénible et servile des personnages » de la tragédie de Lemercier, et l’effet est simple : plus que de l'œuvre originale, c’est de la parodie que le public s’est détourné, parce qu’ « ils ont été moins spirituels que disposés à la satyre » (la distinction est intéressante !). Le sous-titre n’a pas été vrai bien longtemps...]

Beaufils, ou Petit bon-homme vit encore, est la seconde nouveauté dont nous avons eu dessein de parler. C'était la parodie, ou plutôt un travestissement pénible et servile des personnages qui paraissent dans Ophis, tragédie du citoyen Lemercier. Quelques représentations ont été données et déjà le second titre que nous venons d’indiquer ne peut plus être employé en parlant de l’ouvrage. A la premiere représentation, les auteurs ont fait l'épreuve d'un effet assez naturel au théâtre, plutôt qu'ils n'ont essuyé une injustice de la part du public. Lorsqu'il se porte en foule à une parodie annoncée, le public s'est promis d'exercer sa malignité ; c'est sur l'auteur tragique que les traits en sont dirigés, si la critique est ingénieuse et piquante ; mais c’est aussi sur les parodistes eux-mêmes que le sarcasme retombe, s'ils ont été moins spirituels que disposés à la satyre. Voilà ce qui est arrivé.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 4e année, 1799, tome V, p. 255-256 :

[On apprend pas mal de choses sur la parodie dans ce court compte rendu d’une pièce assez peu réussie. D’abord la distinction entre parodie et imitation : il faut que l’écart entre les deux œuvres soit suffisant pour qu’on parle légitimement de parodie. Ici, deux défauts majeurs, « trop de longueur et pas assez de couplets saillans » (avec les mots passe-partout de la critique, trop et pas assez). Les deux défauts sont corrigés à la deuxième représentation, si bien que l’ouvrage, d’abord mal accueilli s’est relevé. La parodie porte aussi sur le décor et les costumes : réussite de la décoration parodique, qui transpose dans un autre univers (celui de la commedia dell’arte) le décor faussement égyptien de l'œuvre originale ; réussite ducostume parodique d’un personnage (mais on n’en sait pas assez). Sinon, deux scènes seulement sont « bien parodiées ». Le compte rendu s’achève sur la mention des principaux acteurs, et l’absence de demande des auteurs (ce n’est pas bon signe !).]

Beaufils, parodie.

Les auteurs du Vaudeville, à qui l'on doit tant de jolies parodies, n'ont pas eu le même succès dans la dernière ; et Beaufils ou petit bon homme vit encore, parodie d'Ophis, a été foiblement accueilli : l'intrigue n'étoit pas parodiée, mais imitée trop exactement ; et quoiqu'on y ait remarqué de jolies choses, il y avoit trop de longueur et pas assez de couplets saillans.

La décoration et le lieu de la scène sont peut-être les seules choses qui ont été bien parodiées. D'un côté, ou voit un cabinet de phantasmagorie ; de l'autre, la cave où Drolus méchant frère de Beaufils, tient enfermé son père Ramponeau ; et au lieu des deux grandes cariatides ægyptiennes qui soutiennent le portique, sont deux grands gilles dont le costume se rapproche assez de celui de ces figures.

La scène où madame Beaufils vient voir son mari sur le lit de mort, et celle où Beaufils apparaît à son frère, sont les deux seules qui soient bien parodiées.

Cependant les auteurs ont fait à la seconde représentation beaucoup de suppressions, et ont ajouté quelques couplets piquants qui ont contribué à relever cet ouvrage. Le costume du citoyen Carpentier, parodiant celui de Tolus, a beaucoup amusé, ainsi que le jeu de cet acteur dont on connoît le talent. La citoyenne Lescaut a fait beaucoup de plaisir dans le rôle de madame Beaufils, ainsi que le citoyen Laporte, dont malheureusement le rôle était fort peu de chose. Les auteurs n'ont pas été demandés.

Dans la base César, c'est à Radet, et non à Piis que Beaufils ou le Petit bonhomme vit encore est attribué. Et elle a bien eu 4 représentations, du 7 au 11 janvier 1799.

Dans le Manteau d'Arlequin (Paris, 1860), Édouard Montagne fait du trio Barré, Radet, Desfontaines les auteurs de la pièce à laquelle il donne le titre d'« Arlequin beaufils, parodie d'Ophis ». Il leur associe Piis (comme pour d'autres pièces : Gilles garnement, ou le Ballon Biron ; le Retour du ballon de Mousseaux ; la Vallée de Montmorency ; Voltaire, ou Une journée à Ferney, etc. Mais on ne prête qu'aux riches...

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