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C'est le Diable, ou la Bohémienne

C'est le Diable, ou la Bohémienne, drame en 5 actes, à grand spectacle, mêlé de pantomime, évolutions, combats, chants et danses, de J.-G.-A. Cuvelier, musique arrangée par Othon Vander Brock, ballets de la composition de Richard, 28 brumaire an VI [18 novembre 1797].

Théâtre de l’Ambigu-Comique.

La première représentation est annoncée dans le Journal de Paris du 28 brumaire (18 novembre), présentée comme « pantomime magique en 5 actes avec costumes et décorations nouvelles ».

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an sixième de la République :

C’est le diable, ou la Bohémienne, drame en cinq actes, A grand spectacle, mêlé de pantomime, évolutions, combats, chants et danses. Paroles et combats de G. A. Cuvelier. Représenté pour la première fois sur le Théâtre de l’Ambigu Comique, à Paris, le 28 Brumaire, an VI de la République Française.

En dessous de la liste des personnages :

La musique est arrangée par Othon Vander Brock. Les decorations sont peintes par Moënch pere et fils ; & les ballets de la composition de Richard, du Théâtre des Arts.

Courrier des spectacles, n° 271 du 29 brumaire an 6 [19 novembre 1797], p. 2-3 :

[La pièce nouvelle était fort attendue, tant les diables et les bohémiennes sont à la mode, et l’impatience du public a été fatale à la première pièce au nom prédestiné de Mal entendu. Le critique renonce à faire une analyse complète du drame, en raison de sa complexité. Mais le lecteur ne gagne pas en clarté : ce qui est résumé apparaît bien peu clair. Le jugement qui suit souligne le succès, lié pour le critique à la qualité des décors et des costumes. Le spectacle est total : danses et combats, attaque du château. On assiste même à une innovation : des coups de canon tirés sur la scène, mais le critique souligne que cette habitude nouvelle de tirer des coups de feu dans un espace clos n’est pas sans inconvénient pour le public, enfumé et assailli par l’odeur de la poudre.]

Théâtre de l'Ambigu comique.

Malgré le mauvais temps, il y eut hier une très-grande affluence à ce théâtre. Il ne s’agit plus que d’annoncer des Diables ou des Bohémiennes pour attirer le public, aussi la plus grande partie des loges étoient louées pour la première représentation de C'est le Diable ou la Bohémienne. On donnoit avec cette pantomime le Mal entendu, ouvrage qui ne mérita jamais mieux son titre qu’hier. Soit impatience de voir la piece nouvelle, soit..... le public ne voulut point l’entendre jusques à la fin, et l’on fut obligé de baisser la toile.

Je ne donnerai pas une analyse bien détaillée de la pantomime nouvelle ; car pour le coup, ce seroit le Diable, tant elle est compliquée.

Le comte de Munster, prince souverain de Westphalie, a commis les plus grands forfaits par les conseils d’Ulric, son intendant. Sigismond, son pere, est tombé sous ses coups ; il a fait empoisonner sa mere, et a livré sa sœur aux bêtes féroces. Les remords sont le fruit de tant de crimes, UIric pour le dissiper l'engage dans toutes sortes de plaisirs ; il assemble près de lui des Bohémiens et leurs femmes. Parmi ces dernières est Elvina, qui inspire au comte l'amour le plus vif. Il veut l'enlever à Ciprino, son amant ; mais celui-ci se fait reconnoître pour Venceslas, fils du duc de Juliers. Munster n'en persiste pas moins dans ses desseins, ce qui lui attire la haine de Venceslas, qui vient attaquer et détruire son château. Le comte, fait prisonnier, est délivré par Ulric qui, l’on ne sait pourquoi, paroit dès le commencement de la pièce vouloir le trahir, et cependant lui devient toujours utile. On ne peut deviner ce qu’est cet Ulric, auquel les Bohémiens et les Magiciens obéissent, qui fait tomber les chaînes de son maître , fait sortir des armées de dessous terre.

C'est un intendant des plus utiles pour un maître méchant et vindicatif. Aussi le comte s’en sert-il pour vaincre à son tour son rival, qui, sans une certaine Sophœia, divinité très-puisséante, succomberoit avec Elvina, que l'ombre de Sigismond est venu faire reconnoitre à son fils pour sa sœur qu’il avoit fait périr. Venceslas et Elvina sont condamnés, l'un à être enrhainésur un rocher, et l’autre à être précipitée dans un torrent aux yeux de son amant, mais graces à Sophœia, le oomte de Munster ne peut achever son crime. Cet Ulrik, qui étoit si difficile à deviner, c’est le Diable qui lâche tous ses satellites sur le coupable comte qu’ils entraînent dans les Enfers. Elvina et sou amant sont transportés dans les jardins du père de celui-ci, et ils y sont unis.

Cette pièce a été très-applaudie, et méritoit de l'être parla beauté des costumes, la fraicheur et l’élégance des décorations en géneral très-jolies. Celles du quatrième acte ont sur-tout généralement plu. Cet ouvrage présente tout ce qui peut séduire les yeux ; danses agréables, combats fort bien exécutés ; un des mieux est au premier acte, où Elvina fait des armes avec Ciprino. L’attaque du château de Munster présente au second acte un spectacle que je crois nouveau : je ne me rappelle pas d’avoir encore vu, comme dans cette pièce, tirer le canon sur le théâtre. Depuis quelque temps , on y fait des décharges de fusil, fort incommodes pour les spectateurs, qui se voyent engloutis par la fumée qui suit une odeur de poudre fort déplaisante.

L. P.

La base César donne une longue liste de représentations : première le 18 novembre 1797. 25 représentations en 1797 (sur un mois et demi), 56 en 1798 (jusqu’au 26 juin, avec une forte concentrations sur janvier et février), 5 en octobre 1799. Total pour 1797-1799 : 90 représentations.

Le succès de la pièce a entraîné l’apparition d’une parodie, Ah ! ah ! c’est inconcevable, jouée au Théâtre d'Émulation dès le 16 frimaire an 6 [6 décembre 1797] pour une série de 12 représentations jusqu’au 19 décembre.

C’est le diable, ou la Bohémienne a fait l’objet en 1800-1801 d'une reprise au Théâtre de la Cité, dirigée par Camaille, transfuge du Théâtre de l’Ambigu Comique.

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