Ah ! ah ! c’est inconcevable

Ah ! ah ! c’est inconcevable, drame comique, mêlé de chants, danses, féeries; combats, etc., parodie de C’est le diable, ou la Bohémienne [de J.-G.-A. Cuvelier, musique arrangée par Othon Vander Brock, ballets de la composition de Richard], par Hector Chaussier et Rousseau, 16 frimaire an 6 [6 décembre 1797].

Théâtre d’Emulation.

Le même jour, le Théâtre des Jeunes Artistes présentait une autre parodie de C'est le diable, due à Périn et Hector Chaussier, Bah ! C'est singulier. On note que Chaussier est impliqué dans les deux parodies.

Courrier des spectacles, n° 289 du 17 frimaire an 6 [7 décembre 1797], p. 2 :

[L’analyse de la pièce occupe l’essentiel de l’article, résumant pas à pas une intrigue modelée sur celle de la pièce parodiée. Pour une fois, le jugement porté sur une parodie est plutôt positif : joli divertissement final, saillies fort plaisantes, critique très fine, parfois un peu triviale. Elle suit bien la pièce originale. Et la représentation s’est achevée par la demande des auteurs : c’est donc un succès.]

Théâtre d'Émulation.

Ah, ah ! c’est inconcevable, tel est le titre de la parodie de C'est le Diable, donnée hier à ce théâtre.

Voici l’analyse de cette pièce :

Sauter, boucher, a fait mourir son père et sa mère ; les remords le poignardent. Inconcevable, son premier garçon, cherche tous les moyens de le rendre à la gaité ; il lui offre à boire. Bientôt Sauter s’endort, et voit en songe les ombres de son père et de sa mère. Ce rêve terrible le réveille en sursault il se lève avec effroi. Inconcevable vient lui proposer d’épouser une charmante ravaudeuse, nommée Ramaille. On la lui présente ; elle est suivie de son amant Dupeigne, perruquier, qui ne veut pas la céder à Sauter. Celui-ci les fait séparer, et fait conduire Ramaille dans son grenier. Dupeigne, à la tête d’une troupe de perruquiers, vient pour délivrer sa chère Ramaille. Le grenier est défendu par des garçons bouchers, mais ils sont bientôt mis en fuite par les perruquiers, qui leur jettent de la poudre aux yeux. Sauter est enchaîné, Inconcevable vient briser ses fers, et lui promet la main de Ramaille, s’il veut signer l’engagement dans le tombeau de son père. Sauter y consent, et signe l’engagement. Alors Inconcevable paroit à la tête d’une troupe nombreuse de garçons bouchers, qui portent Sauter en triomphe ; ils surprennent Dupeigne et Ramaille dormant paisiblement sur un banc de gazon ; ils les enlèvent sans les réveiller.

Bientôt on amène Ramaille ; elle se réveille, et frémit en voyant Sauter à ses pieds. Celui-ci lui offre sa main, elle la refuse ; furieux, il lui ordonne de choisir ou d’être sa femme, ou d'être témoin du supplice de son amant ; Ramaille consent à épouser Sauter, pour sauver la vie à son cher Dupeigne, mais l’ombre du père de Sauter apparoit, et lui apprend que Ramaille est sa sœur. Alors le scélérat les condamne l’une, à être jettée dans un puits, et l’autre à être écorché vif : Une fée bienfaisante sauve les deux amans des mains de ce monstre, et les unit tous deux à la Courtille. Pour Sauter, il est furieux contre lnconcevable ; celui-ci jette ses vêtemens, et on reconnaît Lucifer. Des démons poursuivent Sauter, et en lui présentant les ombres de son père et de sa mère, ils le précipitent dans les Enfers.

Un très-joli divertissement termine cette parodie, où il y a souvent des saillies fort plaisantes, et une critique très-fine, mais quelquefois un peu triviale. Le sujet de la pantomime C'est le Diable est très-bien suivi. Les auteurs ont été demandés, ce sont les cit. Hector Chaussier et Rousseau.

La base César ne connaît pas les auteurs de cette parodie, jouée 12 fois sur le Théâtre de l'Émulation (salle Louvois) du 6 au 19 décembre 1797.

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