La Clef forée, ou la Première représentation

La Clef forée, ou la Première représentation, anecdote en vaudevilles et en un acte, de Léger et Creuzé. 26 vendémiaire an 8 [18 octobre 1799].

Théâtre des Troubadours.

Ne pas confondre avec la Clef forée, ou les Quatre auteurs, comédie anecdotique en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles, de Jacquelin, créée sur le Théâtre des jeunes artistes le 16 Thermidor an 7 [3 août 1799].

Titre :

La Clef forée, ou la Première représentation

Genre

anecdote en vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

26 vendémiaire an 8 (18 octobre 1799)

Théâtre :

Théâtre des Troubadours

Auteur(s) des paroles :

Léger et Creusé

Almanach des Muses 1801

Valère attend au foyer que l'on commence la première représentation de sa pièce. Il entend de nombreux applaudissemens, puis des murmures, puis des sifflets ; il se désole. Un jeune homme vient lui emprunter une clef forée. Valère la lui prête, et bientôt la toile se baisse au bruit perçant des sifflets. Le jeune homme revient au foyer : il est enchanté ; mais dès que l'auteur est reconnu, il a peine à cacher son embarras. On parle de vers : il avoue qu'il en fait quelquefois ; on le prie d'en réciter ; il chante deux couplets, à la fin desquels Valère lui observe malicieusement qu'il a oublié de lui rendre sa clef forée.

De la gaîté.

A défaut de la brochure, on a l'annonce de sa publication, en même temps que d'autres pièces, dans le Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome IV, p. 562 :

LA CLEF FORÉE, OU LA PREMIÈRE REPRÉSENTATION, anecdote en Vaudevilles et en un acte, par les CC. LÉGER et CREUZÉ, représentée pour la première fois au théâtre des Troubadours, le 25 vendémiaire an 8. Ces pièces se trouvent à Paris, chez le libraire au théâtre des Troubadours, rue de Louvois, et à son imprimerie, rue des Droits de l'Homme, N.° 44. An 8.

Courrier des spectacles, n° 969 du 26 vendéimaire an 8 [18 octobre 1799], p. 2 :

[Résumé de l'intrigue, présentée comme une histoire vraie, déjà racontée au théâtre. Le résultat est jugé plutôt positivement, « de la gaîté et des couplets agréablement tournés », mais c'est une « bluette », un « vaudeville sans prétention ». Les auteurs sont nommés.

Théâtre des Troubadours.

L'aventure du citoyen Dumoutier a déjà fourni le sujet d'une petite pièce en vaudevilles donnée au théâtre des Jeunes-Artistes. L’auteur avoit transporté la scène au lendemain de l’action. Mais la bluette donnée hier sur ce théâtre sous le titre de la Première Représentation, ou la Clef Forée, nous représente l’évènement lui-même, au moment où l'auteur prête sa clef forée à un jeune homme acharné contre sa pièce.

Valère attend au foyer qu’on lève le rideau ; on va jouer sa pièce. En vain ses amis le rassurent. Il tremble : enfin la toile se lève ; il entend les bravos, les applaudissemens auxquels succède un long silence, puis des murmures, puis enfin des sifflets. Eperdu, il se désole. Un jeune homme accourt à lui : N'auriez-vous pas, lui dit-il, une clef forée. Notre auteur lui en prête une, et bientôt le bruit aigu des sifflets a fait baisser la toile. Le jeune homme revient triomphant. On nomme l’auteur ; il reste confus, puis il avoue que lui-même il compose quelque fois. On le prie de lire ses productions, il chante deux couplets à la fin desquels Valère lui observe qu’il a oublié de lui rendre sa clef forée. Il y a dans cette bluette de la gaîté et des couplets agréablement tournés qui font honneur à la plume des cit. Léger et Creuzé, auteurs de ce vaudeville sans prétention.

G.          

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, cinquième année an VIII, 1799), tome quatrième, p. 250-253 :

[Le récit de l’anecdote qui sert de sujet à la pièce occupe le début du compte rendu. L’ensemble est instructif pour comprendre le fonctionnement d’une première. Puis le critique donne son jugement, favorable : « beaucoup de gaieté et des couplets agréablement tournés dans cette pièce », auteurs demandés, pièce jouée « avec ensemble ». Le compte rendu s’achève sur « quelques-uns des couplets qui ont été vivement applaudis et redemandés ». Ils tournent autour de la question de la première et de al claque.]

Théâtre des Troubadours.

La Première Représentation, ou la Clef forée.

Cette petite pièce, jouée la première fois le 25 Vendémiaire, et dont le sujet a été fourni par une anecdote véritable arrivée au C. Dumoustier, a obtenu beaucoup de succès.

Un jeune auteur, dont une pièce doit être jouée pour la première fois, attend avec inquiétude, au foyer, qu’on lève la toile ; en vain quelques-uns de ses amis s'efforcent de le rassurer. D’abord, il entend quelques applaudissemens, puis un long silence, des murmures et des ah ! ah ! et enfin des sifflets. Un de de ses amis, le C. Claque, lui reproche de n'avoir pas distribué assez de billets, et de n'avoir pas bien placé ses battoirs ; et il va former une contre-cabale en sa faveur, lorsqu'un jeune homme, irrité contre la pièce, survient, et demande avec empressement une clef forée ; il s'adresse aussi à l'auteur, et celui-ci lui en prête une ; à peine rentré dans la salle, le son aigu de sa clef oblige les acteurs de baisser la toile. Il rentre au foyer, triomphant de cet exploit, quand tout-à-coup il reconnoit qu’il est devant l'auteur même qu’il vient de maltraiter. Il veut s’excuser, mais l’auteur lui pardonne sans rancune, et l’invite à déjeûner pour le lendemain. La conversation roule ensuite sur la littérature en général, et notre sévère siffleur avoue alors qu’il est lui-même auteur, mais qu’il n'a fait, jusqu'à-présent, que des chansons et des poésies fugitives. On l'engage à chanter quelques couplets qui sont si détestables, que tout le monde le persiffle. L'auteur tombé, dont il demande l'opinion, se contente de lui dire : Vous avez oublié de me rendre ma clef forée, et la pièce se termine par un vaudeville.

Il y a beaucoup de gaieté et des couplets agréablement tournés dans cette pièce, dont on a demandé les auteurs qui sont les CC. Léger et Creuzé. Elle est jouée avec ensemble par les CC. Frédéric, Belfort, Léger, Bourgeois, et la C.e Sophie Mercier.

Voici quelques-uns des couplets qui ont été vivement applaudis et redemandés. Le C. Claque parle des pièces tombées à la première représentation, qui se relèvent à la seconde par le secours et les applaudissemens des amis:

Air: La Comédie est un miroir.

Si le bruit aigu des sifflets,
Aux bravo impose silence,
Sans m'effrayer, sur nouveaux frais,
Le lendemain on recommence ;
Aussi maint auteur aux abois,
Grâce à notre appui tutélaire,
Joué pour la seconde fois,
Est applaudi pour la première.

L'auteur de la pièce nouvelle refuse le secours des cabaleurs :

Air des Montagnards.

Loin cette source bannale !
Un auteur qui sait s'estimer
Peut bien souffrir d'une cabale,
Mais ne sait jamais en former :
Si son parterre l'encourage,
Son talent seul en a l'honneur,
Et le mérite de l'ouvrage
Est la cabale de l'auteur.

Lorsqu'aucun des moyens que le C. Claque a proposés pour soutenir la pièce ne réussit, il faut, dit-il, y mettre des allusions choquantes qui provoquent une défense de la police.

Air de Pauline.

Une défense est toujours prête,
Pour accroître et faire un succès ;
Car un ouvrage qu'on arrête
Souvent en
va plus vîte après.
La foule au théâtre assidue,
Applaudit l'auteur satisfait ;
Dès qu'une pièce est
défendue,
Tout le public se la permet.

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