Le Camp de Boulogne

Le Camp de Boulogne, à propos militaire (représenté au camp, en septembre 1804-inédit), de Charles-Guillaume Étienne.

La pièce a été composée en 1804, à l'occasion de la visite de Napoléon Bonaparte au Camp de Boulogne. Il a été publié dans les Œuvres de Charles Guillaume Etienne tome 1, parues en 1846. Elle y est précédée d'une notice très favorable à la pièce, à son auteur, et à l'empereur :

LE CAMP DE BOULOGNE,

A-PROPOS MILITAIRE.

(Représenté au camp, en septembre 1804. – Inédit.)

NOTICE

SUR

LE CAMP DE BOULOGNE.

L'empereur, après avoir solennellement distribué les croix de la Légion d'honneur au camp de Boulogne, alla visiter le camp d'Ostende. C'est pour célébrer cette visite que M. Étienne composa un à-propos plein du plus vif enthousiasme. Ce n'étaient point des flatteries assurément ; c'étaient les sincères et libres accents d'un peuple entier, qui voyait dans Napoléon le gardien de l'ordre public et de la gloire nationale.

L'empereur avait marqué son avénement par une munificence vraiment populaire. Il avait fait distribuer des dots aux jeunes garçons et aux jeunes filles les plus recommandables de chaque canton. Voilà l'intrigue toute trouvée , et naturellement fournie par le héros même de la pièce. Le jeune invalide de Marengo, qui obtient le prix et épouse sa maîtresse, grâce aux témoignages de ses anciens compagnons d'armes, a quelque chose d'héroïque et de touchant. Cette figure est bien placée à côté du grenadier qui ne pense qu'à se battre avec les Anglais. On remarque un petit rôle habilement jeté, ce jeune mousse hollandais passionné pour l'empereur. L'éloge naïf et simple de Napoléon, dans la bouche d'un enfant et d'un étranger, est une invention ingénieuse et délicate.

La figure de l'opposition du temps n'est pas oubliée dans ce petit tableau : c'est un nouvelliste, un habitué du café de Foy, qui la représente. M. Ondit est un lecteur infatigable des journaux anglais et des pamphlets contre-révolutionnaires que le parti de l'étranger et de l'émigration répandait à Paris, Le bon homme croit à toutes ces sottises imprimées comme à l'Évangile : il en fabrique même quelquefois pour son compte. Sa duperie malveillante, son esprit de dénigrement ridicule, font très-bien valoir les éloges simples et francs que tous ces braves soldats donnent à la gloire de Bonaparte.

On remarquera que la pièce finit par une citation du Moniteur :« L'empereur ne se mêle pas des affaires de ses voisins ; « il ne veut la guerre avec personne, mais il ne la craint avec qui que ce soit. » Cette phrase était de l'empereur lui-même, qui, comme on sait, ne dédaignait pas d'écrire dans le Moniteur. Et cette citation était conseillée à M. Étienne par le duc de Bassano, sans doute en vertu d'une inspiration toute-puissante, comme étant apparemment le meilleur résumé d'une pièce en l'honneur du nouveau monarque. Ainsi, c'est dans un vaudeville que nous trouvons la pensée, la politique de Napoléon en 1804, une réponse enfin à ceux qui l'accusent de n'avoir jamais voulu la paix.

Cet impromptu fut, comme le précédent [Une matinée du camp], représenté par une troupe d'acteurs ambulants : il eut dans l'armée un succès dont nos vieux généraux ont gardé la mémoire ; et la plupart des couplets retenus et chantés par les soldats ont égayé longtemps les bivouacs et les chambrées. Cependant, cette petite pièce n'a jamais été imprimée. C'est encore un monument littéraire et historique qui a une place nécessaire dans les œuvres de M. Étienne.

Cet à-propos a encore un intérêt particulier ; il est l'origine de la fortune politique de l'auteur.

Après la représentation, l'empereur fit appeler M. Étienne pour le complimenter ; il lui demanda quelles étaient ses fonctions au camp. « J'ai, dit le jeune poëte, un petit emploi dans l'administration militaire auprès de M. le maréchal Davoust. – Mais après la levée du camp, quel emploi aurez-vous ? – Celui qu'il plaira à votre majesté de me donner. – Eh bien! répliqua Napoléon s'adressant à M. Maret, le ministre qui l'accompagnait, il faut placer M. Étienne auprès de nous. » Peu de temps après, le duc de Bassano lui confia la direction des travaux de la secrétairerie d'État. Et voilà l'écrivain devenu homme politique.

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