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Le Château d’If

Le Château d’If, comédie en un acte mêlée de couplets, de Théaulon, Ménissier et Moreau., 17 juillet 1813.

Théâtre des Variétés.

Titre :

Château d’If (le)

Genre

comédie mêlée de couplets

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

17 juillet 1813

Théâtre :

Théâtre des Variétés

Auteur(s) des paroles :

Théaulon, Ménissier, Moreau

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1813 :

Le Château d’If, comédie en un acte et en vaudevilles, Par M. Constant ; Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés, le 17 juillet 1813.

La brochure attribue la pièce au seul Constant, qui est le pseudonyme de Constant Ménissier. Pour le Magasin encyclopédique cité ci-dessous, elle est de Théaulon et de deux anonymes, Ménissier, cité par la brochure, et Moreau, proposé comme deuxième « anonyme » par Goizet, suivi sur ce point par le catalogue de la Collection Soleinne.

Journal des Arts, des Sciences et de la Littérature, troisième volume (Quatorzième de l’ancienne Collection), n° 236 (Quatrième année), 20 juillet 1813, p. 89-90 :

[Le premier paragraphe donne la clé du compte rendu : la pièce a souffert à la première représentation, mais elle peut se relever... Le résumé de l’intrigue est interrompu par les commentaires du critique, peu favorables (sur le changement de ton : on croyait assister à un mélodrame, mais la piste ouverte n’est pas suivie ; sur le manque absolu d'originalité de cette histoire de père qui refuse sa bru, jusqu’à ce que sa noble naissance soit connue ; sur l’emploi étonnant d’un personnage aussi réel que connu dans un rôle secondaire, le Franc de Pompignan ; sur l’inutilité de certains personnages). Mais il suffirait de la dégager « de quelques détails de remplissage » pour que la pièce puisse « se soutenir quelque temps » (c’est-à-dire pas très longtemps), ses couplets étant estimés « jolis », un de ces couplets étant cité comme preuve. Le compte rendu s’achève par un bref commentaire sur l’interprétation (trois acteurs trouvent plus ou moins grâce aux yeux de l’auteur de l’article, mais ce n’est pas toute la distribution !), et par le nom de l’auteur, donné sans commentaire.]

Le château d'If est, comme on sait, une prison située à deux milles de Marseille. Sans respect pour l'ancienneté de son existence, les spectateurs ont tenté de la renverser samedi aux Variétés, en soufflant sur le château ; mais, à l'aide de quelques réparations indispensables, il est encore sur pied.

Le gouverneur du château d'If, pour punir son fils (SaintAlme), d'avoir contracté un mariage clandestin, le retient prisonnier depuis un mois. Tandis que le pauvre jeune homme conte ses peines à la gentille Marie, nièce du geolier Trois-Tours, on signale l'arrivée du gouverneur et de deux de ses amis, qui viennent de Marseille pour se divertir au château d'If. Bagasse, marin provençal attaché au service du Gouverneur, a amené avec lui un mousse qui passe pour le fils de Trois-Tours, et que celui croit en effet reconnaître, mais qui n'est autre que Julie, l'épouse de Saint-Alme, laquelle a pris ce déguisement pour tenter de délivrer son mari. Jusque là on voyait dans cette pièce une action de mélodrame ; on croyait assister à une représentation de l'Amour conjugal ou de la Forteresse du Danube, et l'on s'attendait à une intrigue compliquée ; mais l'intérêt, à peine excité, ne s'est pas soutenu. On a d'ailleurs remarqué qu'un pareil fonds avait été exploité mille fois : toujours un père qui refuse d'approuver le mariage de son fils, et qui finit par y consentir, lorsqu'il apprend que sa bru appartient à une famille honnête.

On ne sait pourquoi l'auteur a employé comme médiateur, entre le gouverneur et son fils, l'auteur de la tragédie de Didon, le Franc de Pompignan, qui, pour se faire connaître à Saint-Alme, récite niaisement l'épigramme le Voltaire :

Savez-vous pourquoi Jérémie
A tant pleuré toute sa vie ?
C’est qu’en prophète il prédisait
Que Pompignan le traduirait.

L'autre ami du Gouverneur est un chevalier qui n'a dit son nom, et dont on pourrait tout aussi bien se passer que de Le Franc de Pompignan.

Dégagée de quelques détails de remplissage, cette petite pièce pourra se soutenir quelque temps. Elle offre de jolis couplets, on a fait répéter celui que chante le marin Bagasse :

AIR de Marianne.

Cette vie est une galère,
Où chacun, la rame à la main,
Cherche, en dépit du vent contraire,
A faire gaîment son chemin.
            Par les orages,
            Par les Naufrages,
        On est sans cesse arrêté,
                Balotté.
            On s’en console,
        Quand pour boussole,
            Franc voyageur,
        On a choisi l’honneur.
Moi, dans ma modeste croisière,
J’ai pour cargaison la santé,
Pour gouvernail j’ai la gaîté :
    Et vogue la galère !

Potier a tiré tout le parti possible du rôle de Trois-Tours ; Mlle. Pauline est charmante sous le costume provençal, mais elle ne baragouine pas fort bien ; Gavaudan s'est bien acquitté du rôle du marin : il a bravé l'orage, pour nommer l'auteur, M. Théaulon, connu par plusieurs succès au Vaudeville.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, 1813, tome IV, p. 429-430 :

[Compte rendu peu favorable à la pièce. Il commence par l’habituel résumé de l’intrigue, interrompu (c’est moins habituel) par la dénonciation (justifiée) de l’inutilité d’un personnage. De cette intrigue conventionnelle, on peut retenir l’utilisation du travestissement (moyen aussi commode que factice). Une fois le dénouement attendu arrivé (et annoncé avec désinvolture), la condamnation : pièce sans vivacité, sans intérêt, avec une moitié de personnages inutiles (il n’y a pas que Le Franc de Pompignan !). Un seul point positif : « quelques couplets agréables ». Un seul des trois auteurs a osé se dénoncer.]

THÉATRE DES VARIÉTÉS.

Le Château d'If, comédie en un acte mêlée de couplets, jouée le 17 juillet.

Le jeune Saint-Alme s'est marié sans le consentement de son père qui l'en punit en le faisant enfermer au château d'If, dont lui-même est gouverneur. Julie, épouse de Saint-Alme, prend les habits d'un mousse, et parvient à plaire au gouverneur qui l'attache à son service. On fait accroire à un vieux geôlier imbécille que ce mousse est son fils qu'il a fait embarquer à l'âge de quatre ans. Julie, si près de son époux, se promet bien de ne rien négliger pour travailler à sa délivrance ; et elle doit être secondée par le brave Bagasse, matelot provençal, qui n'a pu résister aux prières et aux charmes du joli mousse. La cause des deux époux est encore plaidée par un ami du gouverneur, le Franc de Pompignan, personnage parasite dont l'inutilité frappe d'autant plus que son nom sembloit promettre davantage. Il ne paroît que pour réciter une épigramme de Voltaire contre lui. Au surplus, ses bons offices et les entreprises de Julie ne serviroient à rien. Le hasard amène le plus heureux dénouement. Un autre ami du gouverneur, qui ne se fait connoître que sous le nom du Chevalier, et comme un ivrogne de première classe, a découvert le sexe du mousse. Il vient indiscrètement le déclarer au gouverneur qui est fort en colère d'avoir été trompé; mais bientôt on apprend que cette Julie, qu'il croyoit une fille de rien, est Mademoiselle de Luzières, nièce de la marquise de Saint-Luzan, et dont sa tante avoit chargé le Franc de Pompignan de découvrir la retraite. Le mariage est confirmé, et la pièce finie.

Quoique l'action de ce petit vaudeville soit bien romanesque, elle n'en est ni plus vive, ni plus intéressante. La moitié des personnages est absolument inutile. La pièce a été soutenue par quelques couplets agréables. Elle est de M. Théaulon et de deux Anonymes.

Le Mémorial dramatique pour l'an 1814, p. 167-168, reprend l'article du Magasin encyclopédique ci-dessus, mais ajoute une indication intéressante pour le destin de la pièce : « Cet ouvrage n'a eu qu'un très-petit nombre de représentations ».

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