Le Conteur ou les Deux postes

Le Conteur ou les Deux postes, comédie en trois actes en prose, de Picard, 4 février 1793.

Théâtre de la Nation

Titre :

Conteur (le), ou les Deux postes

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

en prose

Musique :

non

Date de création :

4 février 1793

Théâtre :

Théâtre de la Nation

Auteur(s) des paroles :

L. B. Picard

Almanach des Muses 1794.

Vieux militaire, qui n'a de plaisir qu'à raconter, et qui n'est heureux que lorsqu'il trouve des gens assez complaisans pour l'écouter. C'est en suivant ce penchant irrésistible qu'il laisse enlever sa fille, et qu'en courant après elle, elle lui échappe sur la route, parce que, dès la première poste, il s'obstine à raconter, et qu'à la seconde, après avoir éloigné par l'ennui de l'entendre, sa sœur et son gendre futur, qui l'accompagnent dans sa recherche, il raconte à la fille de l'auberge qui aime la guerre, les détails de la bataille de Fontenoi.

Ensuite un embroglio plaisant, mais qui a peu de rapport avec le caractère du Conteur.

Point d'intrigue suivie ; de la gaieté : du succès.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Maradan, 1793 :

Le Conteur, ou les deux postes, comédie en trois actes, en prose, Représentée, pour la première fois, au théatre de la Nation, le 4 février 1793. Par L. B. Picard, Auteur des Visitandines.

L'Esprit des journaux français et étrangers, vingt-deuxième année (1793), tome V (mai 1793), p. 343-345 :

[Un vieux militaire devenu aveugle se console en racontant sans cesse ce qu'il a fait et vu. Quand il s'agit de marier sa fille, il souhaite lui voir épouser Melcourt, mais sa tante lui préfère un Parisien/ Melcourt enlève alors la jeune fille, et tout le monde, le père aveugle, la tante, le Parisien qui vient d'arriver, se lance à la poursuite du couple. Dans une première auberge, un quiproquo leur fait croire qu'ils ont rattrapé les fuyards, mais c'est un couple d'anglais. Les amoureux gardent leur avance, jusqu'à ce qu'un accident les oblige à revenir à l'auberge où ils retrouvent leurs poursuivants. Mais Melcout fait croire qu'il a sauvé la jeune fille de son séducteur en le tuant. Et il est récompensé : il épouse. La pièce est jugée de façon positive : l'intrigue est bien conduite, l'acte 2 est très drôle. Seul le style devrait être plus soigné, et il faudrait aussi que le dialogue montre plus de vivacité et d'esprit. Les interprètes ont « joué avec beaucoup d'ensemble ». L'acteur principal a été remarquable, et l'actrice qui joue une Anglaise a bien imité l'accent anglais.]

Théâtre de la Nation.

Le Conteur ou les deux Postes, comédie en trois actes, en prose, de M. Picard, auteur des Visitandines.

Duflos, vieux militaire, a quitté le service après avoir perdu l'usage de la vue ; cet. accident, tout cruel qu'il est, n'altere pas sa gaîté ; il se console de ne plus voir, en racontant ce qu'il a fait & ce qu'il a vu. C'est un conteur éternel de combats, de sieges & de victoires. Sa fille a écouté favorablement Melcourt. Le pere consentiroit à leur union ; mais une vieille tante préfere un Parisien dont elle a beaucoup- vanté les talens : il doit arriver le soir même, & le mariage est prêt de se conclure.

Melcourt, pour conjurer l'orage, forme le projet d'enlever Mlle. Duflos : il se déguise en vieux, militaire, prend le nom de Ducastel, & se présente chez M. Duflos. Celui-ci, trompé par le nom, & ne pouvant voir la personne, témoigne la plus grande joie de recevoir chez lui un ancien compagnon d'armes. Il profite de cette occasion pour conter à toute la famille une ancienne histoire-qu'il a répétée vingt sois. Pendant qu'il conte, la tante, les domestiques s'endorment, les amans prennent la poste & s'en vont.

Cependant le Parisien arrive ; le-bruit qu'il fait en entrant, réveille tout le monde. On s'apperçoit que Mlle. Duflos est enlevée : sur le champ, le pere, la tante & le nouvel arrivé, montent en voiture & courent après. Ils arrivent à la premiere poste, & s'informent de l'aubergiste, si elle n'a pas dans sa maison une jeune personne qu'un militaire enleve. Mme. Leblanc, aubergiste, répond qu'elle a chez elle une jeune personne avec un militaire, qui veut passer pour Anglois ; mais que leur conduite mystérieuse lui a paru suspecte. Duflos croit avoir retrouvé sa fille ; il résulte de-là un qui pro quo qui fournit plusieurs scenes d'un comique excellent : enfin, tout se découvre, on reconnoît qu'effectivement un Anglois voyage avec sa femme : il a fait courir devant un postillon, pour faire préparer des chevaux & un souper ; mais les amans sont arrivés à l'auberge avant les Anglois, ils ont profité du souper & des chevaux, & sont déjà loin.

Duflos & sa famille prennent le parti de courir encore une poste ; mais comme les jeunes gens ont de l'avance, & que d'ailleurs ils profitent toujours des chevaux qu'un courrier fait préparer pour les voyageurs anglois ; il seroit impossible de les rattraper, si un accident ne les forçoit de revenir sur leurs pas. Il en résulte que tous les voyageurs se rencontrent à la seconde poste. Grand embarras pour les deux amans ! Mais Melcourt, qui n'est plus déguisé, imagine de se faire un mérite auprès de M. Duflos, d'avoir arraché sa fille des bras de son ravisseur ; il dit qu'il a tué celui qui s'étoit présenté sous le nom de Ducastel. Cette supercherie réussit, les amans sont unis, & tel est le sujet du conteur, ou des deux postes, jouée avec beaucoup de succès au théatre de la nation.

Cette comédie est bien conduite ; l'intrigue, quoique très-compliquée, est préparée, nouée & expliquée avec beaucoup d'art ; le second acte est digne de nos meilleurs auteurs comiques. Le style est quelquefois négligé. Il n'y a pas, dans le dialogue, assez d'esprit & de vivacité, mais ces défauts peuvent aisément disparoítre.

La piece a été jouée avec beaucoup d'ensemble par tous les acteurs. Desessart, chargé du rôle de Conteur, l'a joué avec infiniment de talens. Mlle Joly imite les difficultés qu'une angloise éprouve à parler françois, avec une vérité frappante.

(Journal de France ; journal de Paris ; magasin encyclopédique.)

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 9 (septembre 1794), p. 257-258 :

[Nouveau compte rendu, à l’occasion de la reprise de la pièce en septembre 1794. La pièce a connu des changements, dont le remplacement de personnages anglais, des ennemis, par des Américains, amis de la liberté et de la République. Succès, attribué aussi aux acteurs.]

On vient de remettre à ce théatre la jolie comédie de Picard, intitulée : le Conteur ou les deux Postes. L'auteur y a fait des changemens très-heureux. Les deux Anglois qu'on y avoit vus autrefois, font transformés en Bostoniens, en Américains libres & alliés de la république françoise. Ces deux personnages, qui ne perdent rien de leur comique, sont toujours joués de la maniere la plus satisfaisante, par Joly & Larochelle. Joly sur-tout est inimitable par le ton de candeur & de vérité qu'elle met à la diction plaisante de son rôle. Aux couplets du vaudeville de la piece, l’auteur a ajouté celui-ci, que chante Jacques Spleen, & que le public a fait répéter au bruit des plus vifs applaudissement.

Jacques Spleen est un capitaine
Qui, par un bon vent de l'ouest.
Avec la flotte américaine,
Est entré dans le port de Brest.
A la barbe de l'Angleterre,
Il n'est pas un Américain
Qui, pour vous aider dans la guerre,
Ne refît vingt fois le chemin.

(Annonces & avis divers. )

D’après la base César, la pièce de Louis-Benoît Picard a d’abord été jouée 22 fois au Théâtre de la Nation, du 4 février au 12 août 1793 ; reprise l’année suivante au Théâtre Français de la rue de Richelieu, elle a été jouée dans divers théâtres jusqu’au 27 septembre 1799 : 10 fois en 1794, 8 fois en 1795, 28 fois en 1796, 13 fois en 1797, 11 fois en 1798, 9 fois en 1799.

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