Le Divorce (Demoustier 1791)

Le Divorce, comédie en deux actes et en vers, de Demoustier, 11 juillet 1791.

Théâtre de la rue Feydeau.

Titre :

Divorce (le)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

en vers

Musique :

non

Date de création :

11 juillet 1791

Théâtre :

Théâtre de la rue Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Demoustier

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Maradan, l’an troisième de la République :

Le Divorce, comédie, en deux actes, en vers. Par le citoyen Demoustier.

Mercure universel, tome 5, n° 145 du samedi 23 juillet 1791, p. 568 :

[Le compte rendu d'une pièce sur une question d'actualité adopte un point de vue presque moral : les personnages de la pièce conviennent que le divorce, autorisé aux couples sans enfants, devrait être interdit aux couples ayant un enfant, « gage de leur amour ». La pièce est ensuite jugée sur le plan de la forme (elle est « très-bien versifiée »), sur le côté moral (« elle respire la plus douce sensibilité », mais a le tort de plagier une autre pièce. Si les acteurs sont nommés et félicités, l'auteur n'est pas nommé. Sanction contre son plagiat ?]

Theatre de la rue Feydeau.

Un homme de cour, fourbe, selon la coutume, et dont les maximes sont de choisir tous les jours, parce que selon lui, les femmes doivent circuler, parvient à désunir deux époux, qui, malgré les querelles de ménage, s'aiment tendrement. Il convoite Thérèse, (la jeune femme) et lui persuade d'user du divorce ; un juge de paix, mandé pour consommer la séparation, remplit les devoirs de son ministère, de manière à prouver qu'il sent toute la dignité de son état. Il cherche à ranimer l'amour conjugal, et à prouver que, « L'époux n'a plus raison, dus que le père a tort ». Le traître adroit, en lâche suborneur, soustrait et enfer me le fruit de l'amour conjugal ; cet enfant obligé de choisir entre son pere et sa mere, préfere de rester avec tous les deux. Vaincus par ce tableau touchant, et persuadés par les raisons du juge de paix, les époux resserent plus étroitement les nœuds de leur union, apprécient les services du voisin démasqué, et conviennent que s'il étoit permis aux époux dont l'hymen a été stérile, de se séparer, cela doit être impossible parmi ceux qui se doivent au gage de leur amour.

Cette pièce intitulée : le Divorce est très-bien versifiée, elle respire la plus douce sensibilité, et ne laisseroit rien à désirer, si elle ne reproduisoit une scène toute entière du Doyen de Killerinne, draine en trois actes, de M. Mercier, qui a été joué au théâtre, alors du Palais-Royal, et ensuite à 1'ambigu comique.

Cette comédie est fort bien rendue par MM. Pailliardeille, Chevalier; Pêlioier [?], Melle. Mignac.

La pièce de Mercier, qui emprunte son titre à un roman de l'abbé Prévôt, s'intitule le Nouveau doyen de Killerine. Créée en société le 17 octobre 1788, elle a été ensuite jouée en 1790, d'abord au Théâtre du Palais Royal, puis au Théâtre de l'Ambigu-Comique où elle est abondamment jouée jusqu'au 29 janvier 1791.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 10 (octobre 1791), p. 332-334 :

[La pièce prend clairement position sur la question du divorce (l'auteur est partisan du divorce s'il n'y a pas d'enfant), et le critique partage son point de vue. Le sujet est original parce qu’il applique un moyen classique pour sauver les ménages (l’enfant) à une situation nouvelle (le divorce). Voilà qui « augmente son intérêt, & donne un mérite de plus à l'ouvrage, qui est écrit avec beaucoup de graces & de facilité. On y rencontre des idées très-plaisantes ».]

THÉATRE DE LA RUE FEYDEAU.

Le 11 juillet, on a donné, pour la premiere fois, le Divorce, comédie en deux actes & en vers, de M. Dumoustier.

Cette jolie comédie offre un but moral qui ne sauroit être trop médité par tous ceux qui ont écrit pour ou contre le divorce. C'est par un exemple frappant qu'elle répond aux premiers, c'est par des exemples aussi qu'elle entre dans les vues des derniers : c'est-à-dire, que le divorce est praticable, tant qu'il n'existe point d'enfans ; mais qu'il est en même-tems barbare & destructeur de toute félicité, lorsqu'il retombe sur les fruits innocens d'un hymen orageux. A l'application : deux époux habitent une petite maison dans un village : la vivacité de la femme, le peu de complaisance du mari, altérant l'amour violent qu'ils ressentent l'un pour l'autre, amenent des crises violentes, dont un voisin perfide profite adroitement, dans l'espoir d'épouser Thérese, qu'il aime éperduement, en l'amenant à une rupture avec son mari. La loi du divorce, qu'il leur fait voir décrétée dans un journal, autorise ces époux malheureux à en profiter. Le juge de paix est mandé. Cet honnête homme, après avoir employé en vain toutes les voies de conciliation qui sont en son pouvoir, consent enfin à rompre leur chaîne : mais il survient un débat entre eux pour savoir à qui restera le fils, unique fruit de leur hymen, & ce n'est que sur la réponse de l'enfant, qu'il veut appartenir à tous deux, que les. jeunes époux, oubliant leurs torts réciproques, prient le juge de paix de vouloir bien les remarier. Le méchant voisin est confondu ; le juge, au comble de la joie, leur prouve que son ministere n'auroit pas suffi seul pour rompre leurs nœuds, & la paix renaît dans le petit ménage.

Cet ouvrage, qui offre des situations touchante, a bien une ressemblance frappante avec les époux réunis, le nouveau doyen de Killerine, & plusieurs autres pieces, où l'on trouve de même le moyen de l'enfant : mais l'application du divorce donne ici, à ce moyen, un air de nouveauté qui augmente son intérêt, & donne un mérite de plus à l'ouvrage, qui est écrit avec beaucoup de graces & de facilité. On y rencontre des idées très-plaisantes, telles que celles-ci sur les avantages du divorce :

Le sexe enfin circulera ;
Et bientôt, pour ces effets-là,
Nous aurons des agens-de-change.

D’après la base César, l'auteur se nomme Demoustier (c'est le bon nom). Date de première représentation : le 10 juillet 1791 (la page de titre de la brochure ne donne pas de date). Pièce qui a connu un vif succès : elle est jouée souvent jusqu'au 21 mars 1792 (22 fois en 1791, 1 fois en 1792), puis, reprise en septembre 1794, elle connaît une grande série de représentations dans divers théâtres jusqu'en juin 1795 (8 fois en 1794, 20 fois en 1795) et réapparaît moins régulièrement de 1796 à 1799 (1 fois en 1796, 4 fois en 1797, 3 fois en 1798, 5 fois en 1799).

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