Créer un site internet

Les Deux frères à l'épreuve

Les Deux frères à l'épreuve, drame en 3 actes, de Pelletier-Volméranges, 6 septembre [1806].

Théâtre de la Porte Saint-Martin.

Almanach des Muses 1807 (qui qualifie la pièce de comédie).

La première représentation annoncée dans le Courrier des spectacles n ° 3499 du 6 septembre 1806 donne bien comme titre à la pièce les Deux frères à l’épreuve.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, au Café Marolet, 1806 :

Les Frères à l'épreuve, drame en trois actes et en prose, Représentée, pour la première fois, sur le Théâtre de la Porte Saint-Martin, le 6 septembre 1806. Par M. Pelletier-Volméranges.

Une seule larme que j'aurai fait verser à un lecteur sensible, un seul remords que j'aurai arraché à l'ennemi de la morale, voilà le but de mes travaux et leur récompense.

Déf. de la Philosophie de la Nature.

Le titre donné par la brochure n’est pas exact...

Courrier des spectacles, n° 3501 du 8 septembre 1806, p. 2-3 :

[La pièce traite d’un drame familial courant au théâtre, l’oncle à héritage qui doit choisir entre ses neveux lequel sera son légataire universel et organise une ruse un peu macabre pour savoir ce que sont véritablement ses héritiers présomptifs. Le critique renvoie d’ailleurs vers deux pièces plus ou moins récentes sur le même sujet. Il montre l’originalité dont l’auteur a su faire preuve en créant une opposition nouvelle entre les personnages. L’article ensuite donne un résumé très précis de l’intrigue, avant de porter un jugement très positif sur la pièce : elle a du succès, parce qu’elle est pathétique, sensible. On y sent la compétence de l’auteur, capable de captiver l’attention avec un sujet au dénouement prévisible dès le début. Ce succès a été rendu possible aussi par la qualité de l’interprétation, faisant preuve d’un ensemble qu’on voit rarement, « même aux grands Théâtres ».]

Théâtre de la Porte St-Martin.

Les deux Frères à l’epreuve.

Quoique ce sujet ne soit pas neuf, qu'il ait été traité, il y a cinq ans, au Théâtre de Louvois, sous le titre de l’Homme à sentiment, et il y a un an et demi an Théâtre Français sous celui de Valsain et Florville, M. Volmeranges, auteur de la pièce nouvelle, a trouvé encore le moyen de le présenter d’une manière intéressante ; son personnage principal ressemble à celui des deux autres pièces, mais il lui a opposé un antagoniste d'un caractère tout-à-fait différent ; il en a fait un de ces maris bénins qui n’ont d’yeux que ceux de leurs femmes. qui n’ont de volontés que les Volontés de Madame, et qui, en se laissant sottement conduire à la lisière, se targuent néanmoins de leur liberté et de leur pouvoir Ce personnage est un peu outré, celui de la femme un peu chargé ; mais il en résulte des effets plus forts et plus propres à faire impression sur un auditoire qui a besoin d’être remué. La pièce appartient plus au drame qu’à la comédie ; il y règne un intérêt assez puissant, plusieurs situations en sont attendrissantes, et le dénouement est une leçon frappante pour ces riches insensibles qui dédaignent de jeter sur les malheureux un regard de pitié qui pourroit rendre ces infortunés à l'espérance et au bonheur.

Monsieur de Montval, ayant amassé une fortune immense aux Indes, revient en France ; et mécontent de Gerval son neveu, qu’il soupçonne de lui avoir dérobé une somme considérable, obsédé d’ailleurs par Charles Gerval de la Rapière son autre neveu, il déclare ce dernier sou légataire universel. Il veut qu’à sa mort, son testament soit ouvert par son ami le Colonel d’Ernouville, en présence des deux freres. Le Colonel avoit déjà plaidé, mais en vain, la cause du jeune Gerval ; l’Oncle qui l’avoit comblé autrefois de bienfaits, demeure inflexible. Cependant il veut bien, pour plaire à d’Ernouville, se prêter à une épreuve qui lui fera connoître si ses préventions sont fondées. Le Colonel écrit aux deux frères que leur oncle vient de mourir, et qu’en qualité d’exécuteur testamentaire, il ne peut ouvrir le testament qu’en leur présence. M. de Montval passe pour mort, et reste dans le château avec le titre d’intendant. Un vieux domestique est admis dans la confidence. Les deux freres ne tardent pas à arriver. Charles de la Rapière, suivi de son orgueilleuse moitié, entre en maître dans le château ; il tranche, il ordonne ; il se prépare déjà à donner congé à tous les serviteurs de son oncle, et à l’Intendant lui-même qui garde jusqu’à la fin l’incognito.

Les procédés des nouveaux venus sont loin de lui plaire ; il commence à croire que Charles et sa femme sont indignes du bien qu’il avoit voulu leur faire, et déjà il se dispose à revenir sur ses premières volontés, lorsqu’une jeune paysanne arrive au château. Ses grâces, son ingénuité, le titre d’épouse de Gerval, la fatigue qu’elle vient d’essuyer, en faisant à pied une longue route avec son mari, tout dispose en sa faveur le cœur de Montval ; mais il veut pousser l’épreuve plus loin. Il se cache dans un cabinet d’où il peut entendre ce qui se passera entre les deux frères : tout lui confirme la dureté, l’insensibilité de celui qui avoit fixé son choix. Il est témoin invisible de l’ouverture du codicile ; il entend le Colonel demander vainement à l’héritier une modique pension pour son frère. Enfin ne pouvant plus retenir son indignation, il sort du cabinet. Sa vue pétrifie Charles et sa femme ; Gerval et sa jeune compagne sont à ses pieds ; il les relève affectueusement, déchire son premier testament, et les déclare seuls ses légataires universels, en chassant de sa présence ceux qui avoient si cruellement abuse de sa bonne-foi.

Celle pièce doit avoir un grand succès ; elle est riche en morceaux pathétiques, en tirades de sensibilité qui manquent rarement leur effet. L’auteur connoît le théâtre, et il lui a fallu beaucoup de ces moyens qui captivent l’attention pour soutenir l'intérêt dans un ouvrage dont le dénouement est prévu dès les premières scènes. Ce drame a encore le mérite d’être joué d'une manière distinguée par MM. Dugrand , Adnet, Bourdais, Fusil et Philippe, et par mesd. Pothier et Rose. Ou voit rarement, même aux grands Théâtres, plus d'en semble à une premiere représentation.

M. Volmeranges a été demandé unaniment [sic], et amené sur le Théâtre.

Ajouter un commentaire

Anti-spam