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L'Entremetteur de mariages

L'Entremetteur de mariages, comédie en trois actes, en vers, de Depuntis, 2 juillet 1811.

Théâtre de l'Impératrice.

Titre :

Entremetteur de mariages (l’)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

en vers

Musique :

non

Date de création :

2 juillet 1811

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

F. J. Depuntis

Almanach des Muses 1812.

Sujet qui n'offre presque rien à l'analyse, et qui rappelle un peu trop la jolie comédie des Projets de Mariage. Du naturel dans le dialogue, et quelques scènes bien filées. Du succès.

Sur l'auteur, F. J. Depuntis, on peut lire une biographie parue dans la Biographie du Tarn-et-Garonne, première série (Montauban, 1860), de E. Forestié Neveu, p. 460-467. Il était bien de Montauban.

Forestié y présence l'Entremetteur de mariages comme l'exploitation d'une négociation à propos du mariage d'un proche à laquelle Depuntis a été mêlé : il y aurait vu « le sujet d'uen piquante étude de moeurs.

L'auteur y présente la pièce comme l'exploitation

Sur la page de titre de la brochure, Paris, de l'Imprimerie de Laurens aîné, 1811 :

L'Entremetteur de mariages. Comédie en trois actes, en vers, Par F. J. Depuntis. Représentée pour la première fois sur le théâtre de l'Odéon, le 2 juillet 1811.

Journal de Paris, n° 184 du 3 juillet 1811, p. 5 :

[Un succès, une anecdote étonnante d'une pièce arrivée par la poste, mais aussi des critiques sur le style  l'auteur, qui a « de l'esprit et de la gaieté », doit travailler sa versification.]

Odéon. — La première représentation de l'Entremetteur de mariages, obtint hier un grand succès. Cette pièce en 3 actes et en vers, manque de fonds et d’intérêt ; elle prête beaucoup à la critique par l’extrême négligence du style ; mais des détails assez gais, des mots spirituels, un dénouement ingénieux et surtout le jeu de Perroud, qui remplit le rôle de 1'Entremetteur, ont entièrement fait pencher la balance des juges en faveur de l’ouvrage, et l’auteur a été demandé au milieu des applaudissemens. Perroud est venu dire que cette comédie avoit été envoyée de Montauban , par M. de Pontis ( ou de Fontis) dont elle est 1a première production. Il faut encourager ce jeune poëte, qui annonce de l’esprit et de 1a gaieté ; mais on doit en même temps lui conseiller d’apprendre, suivant l’expression de Boileau, à faire des vers difficilement. — A demain 1'analyse du sujet.

Journal de Paris, n° 18(5du 4 juillet 1811, p. 5 :

[L'analyse de la pièce promise la veille. C'est une affaire matrimoniale bien emmêlée, puisque l'entremetteur ne rend pas plus facile le mariage qu'il souhaite réaliser entre la fille d'un ami et un jeune homme de La Rochelle, mariage qui ne le concerne pas (il n'est ni le père, ni l'oncle, ni le tuteur). Comme on pouvait le prévoir, le mariage envisagé se célèbre, et il renforce le goût prononcé de l'entremetteur pour le mariage des autres. Le jugement porté sur la pièce souligne l'inadéquation du titre : l'entremetteur ne s'occupe que d'un mariage, et il ne rencontre guère d'obstacle pour arriver à ses fins, ce qui fait que « le public ne prend aucun intérêt à une situation commune, si uniformément prolongée » : trois actes, c'est trop long pour si peu de matière. L'écriture de la pièce est jugée de façon plutôt positive : si la versification y est « très négligée », elle est aussi « facile et agréable », et le dialogue est jugé spirituel, le caractère du médecin gai, « et le dénouement fait grand plaisir » (il paraît proutant prévisible). Félicitations aux deux principaux interpètes masculins.]

L’Entremetteur de Mariages, par M. de Pontis (de Montauban).

Cet entremetteur est un médecin (dont heureusement le nom ne fait rien à l’affaire); ami d'un riche habitant de Paris, qu'on appelle M. de Marincourt, il veut arranger le mariage de la naïve Betsy, fille de cet honnête homme, avec le jeune Victor, habitant de la Rochelle. Victor est sous la tutelle d'un frère aîné, M. de Florimond, et celui-ci, trop âgé pour se marier, ne songe qu’à faire le bonheur de son pupile. Le médecin mande les deux frères à Paris, en leur vantant beaucoup les avantages de l’alliance qu’il leur propose, et quand ils sont arrivés dans cette capitale, il les introduit auprès de M. de Marincourt, dont il prétend, bon gré malgré, arracher le consentement. Dans son excès de zèle, il a osé donner à Florimond un état exagéré des biens du futur beau-père ; il a même eu l’inconséquence de dire que M. de Marincourt se dépouillerait de toute sa fortune pour enrichir les deux époux; aussi, lorsque Florimond, trompé par cette promesse indiscrète, en parle comme d'une chose positive, M. de Marincourt fait-il éclater une grande surprise, mêlée d'une vive indignation. Il s'emporte contre l’entremetteur et déclare d’un ton impératif qu'il ne fera pas la folie de se mettre à la merci de ses enfans. Florimond déclare de son côté qu’il comptoit sur une riche dot, lorsqu'il parloit de marier Victor avec Betsy, mais que d'après la résolution du beau père, il ne peut plus songer à cet hymen. Tel e$t l’unique nœud de la pièce ; il nécessite de longues discussions au travers desquelles l’officieux docteur se jette avec son ardeur ordinaire. A la fin, les choses vont s’arranger ; Victor aime Betsy, qui le paye d’un tendre retour. Cet amour réciproque donne lieu à de nouvelles explications. Florimond presse Marincourt de céder au moins la moitié de sa fortune à sa fille, « Ce que vous me conseillez de faire pour elle, répond le vieillard, le feriez vous pour votre frère ? — Embrasse ton beau-père, dit aussitôt Florimond à Victor. » Cette réplique vive et indirecte produit le plus heureux effet ; c’est un petit coup de théâtre ménagé avec beaucoup d’art. Victor refuse ensuite de devenir heureux aux dépens de son frère aîné; mais après un combat de générosité qui charme M. de Marincourt, le mariage se conclut à la satisfaction des deux parties ; et le docteur, fier du succès de son entremise , se dispose à en obtenir de nouveaux dans le même genre ; ennemi déclaré du célibat, il veut marier tous ses amis, toutes ses connoissances, et je crois même tous ses malades.

Ce léger fond ne répond que très imparfaitement au titre de la pièce. On attendait d’un entremetteur de mariages plus d’intrigue et de mouvement. Celui-ci ne se mêle en effet que d'un seul mariage, et encore n'employe-t-il pour le faire réussir que des moyens de pauvre invention. Aucun incident imprévu ne le contrarie, car ce n'en est pas un que la discussion d'intérêt survenue entre Marincorr et Florimond, et même cette difficulté toute naturelle s’arrange sans la participation réelle de l’entremetteur ; elle s'aplanit uniquement par la générosité subite de Florimond. Il résulte de cette nullité d'intrigue que le cadre de trois actes paroit beaucoup trop grand pour le sujet, et que le public ne prend aucun intérêt à une situation commune, si uniformément prolongée. Mais nous aimons à le redire, si la versification de cet ouvrage est très négligée, elle est généralement facile et élégante ; il y a de l’esprit dans le dialogue, de la gaieté dans le caractère du docteur, et le dénouement fait grand plaisir.

Péroud joue avec beaucoup de chaleur et d'originalité le rôle de l'Entremetteur. Vigneaux, qui remplit celui de Florimond, affecte un débit trop simple et parle beaucoup trop bas ; il n’est point au diapason de ses interlocuteurs. On ne peut nier cependant qu’il n’ait de l'à plomb et de l'intelligence.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1811, tome IV, p. 156-157 :

[Le compte rendu signale le succès de la pièce, en analyse l’intrigue (encore une histoire de mariage bien embruillée, avec un entremetteur qui »a la fureur de marier les gens », et un père qui se méfie de celui qu’on lui propose comme futur gendre, suspect de rechercher une forte dot, mais heureusement tout s’arrange, bien sûr), et parle de la révélation du nom de l’auteur, qui a pour particularité d’être un provincial qui a envoyé sa pièce « sous enveloppe » (un encouragement pour tous ceux qui n’ont pas d'entrée dans le théâtre parisiens ?). Mais on n’en saura pas plus.]

L'Entremetteur de mariages, comédie en trois actes et en vers, jouée le 2 juillet.

Cette comédie a obtenu beaucoup de succès. L'entremetteur de mariages est un médecin qui , ne s'occupant nullement de ses malades, a la fureur de marier les gens. Il a mis dans sa tête de pourvoir Betzi, fille de M. Marincourt, son ami. Il a en conséquence écrit à ses cousins Victor et Florimond, qui habitent la Rochelle ; il leur a fait un portrait séduisant de Betzi et de la fortune du beau-père. Tous deux se sont mis en route. Victor, le plus jeune des cousins, et qui s'étoit toujours montré l'ennemi du mariage, s'enflamme en voyant Betzi, et plaît également du premier coup-d'œil à cette jeune personne. Le docteur a aplani les difficultés qui pouvoient s'opposer à ce mariage ; mais une conversation entre Marincourt et Florimond, le frère aîné de Victor, est sur le point de tout rompre. Le Docteur avoit indiscrètement annoncé à ses deux cousins que Marincourt donnoit à Betzi une dot considérable, et lorsqu'il est question de cet objet, le père nie qu'il ait rien promis, et accuse d'inconséquence le Docteur, que Florimond ne ménage pas davantage. Fort de l'amour qu'éprouvent l'un pour l'autre Betzi et Victor, le Docteur brave les reproches, et n'en poursuit pas moins son entreprise. Marincourt supposoit que Victor n'épousoit Betzi que par intérêt ; il acquiert la preuve, au contraire, du désintéressement de Victor et de la générosité de Florimond. Dès-lors il consent à marier et à doter sa fille.

L'auteur de cette pièce a été unanimement demandé. Perroud, qui venoit de jouer le rôle de l'entremetteur de mariages, est venu dire que cette comédie avoit été envoyée sous enveloppe, et qu'elle étoit de M. Depuntis, de Montauban.

L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1811, tome VIII (août 1811), p. 289-292 :

[Le critique commence par l’anecdotique : le provincial qui a envoyé sa pièce à Paris, et qu’il veut rassurer sur le sort de son enfant. Puis la question du titre, plutôt trompeur : non, ce n’est pas une comédie à l’intrigue embrouillée, pleine d’incidents, mais une intrigue simple, et même nulle (comprendre : inexistante), conforme pour les situations et les caractères à ce qu’on voit dans les familles : « le poëte de Montauban n'a pas dû se tourmenter beaucoup l'esprit pour inventer sa fable et disposer les ressorts qui font mouvoir sa machine ». Le critique ironise sur cet entremetteur comme il n’y en a pas à Paris, et qu’on ne voit peut-être qu’en province (« la fermentation des têtes méridionales ». Cela n’empêche pas la pièce d’avoir des qualités : esprit du personnage principal, qui fait tout pour arriver à ce mariage (ce qui conduit malheureusement à des scènes trop « juridiques », qui ennuient et détruisent l’intérêt). Mais la pièce est bien écrite, et on a applaudi des « vers bien tournés et des détails agréablement exprimés sur les mariages de convenance ». Elle « a été jouée […] avec ensemble et talent », avec mention particulière pour l'acteur principal, très applaudi quand il est venu nommer l’auteur.]

L'Entremetteur de Mariages.

Cet ouvrage offre l'exemple assez rare d'une pièce envoyée à Paris, reçue, apprise, représentée et vivement applaudie sans l'intervention de son auteur, lequel est resté à Montauban, sa patrie, attendant sans doute avec anxiété l'arrêt prononcé au milieu de la capitale sur cet enfant ainsi lancé dans le monde loin des yeux de son père. Il serait cruel de le faire languir trop long-temps, et je regarde comme un devoir de le tirer d'inquiétude.

Le titre de l'ouvrage semblait annoncer une de ces comédies surchargées d'incidens où les fils se croisent, s'embrouillent de scène en scène jusqu'à ce qu'un hasard, prévu souvent long temps d'avance, vienne les démêler ou les rompre. Il n'y a pourtant rien de tout cela dans la pièce nouvelle. L'intrigue est fort simple, ou plutôt elle est nulle. Les situations ressemblent à celles qui se rencontrent très-communément dans les familles au moment où l'on règle le sort des enfans que l'on marie ; et les caractères se ressentent singulièrement de la situation bannale dans laquelle sont placés les différens personnages. Cependant si l'on ne peut se dispenser de reconnaître que le poëte de Montauban n'a pas dû se tourmenter beaucoup l'esprit pour inventer sa fable et disposer les ressorts qui font mouvoir sa machine, il faut convenir qu'il y a quelqu'adresse dans la manière dont le principal personnage est mis en œuvre. A la vérité cet Entremetteur de Mariages est presqu'une caricature, et l'on ne rencontre, au moins à Paris, personne de ce modèle ; mais peut-être l'oisiveté d'une petite ville, la fermentation des têtes méridionales ou quelqu'autre raison que j'ignore, ont-elles fourni à l'auteur le type du tableau qu'il vient de nous présenter. Quoi qu'il en soit, son homme à mariages est fort amusant. Il a de l'esprit, l'envie de bien faire, il est à chaque instant au moment d'échouer dans son projet, et s'il réussit, c'est en obtenant, à force de persévérance et d'acharnement, ce qu'il est sans cesse près de perdre par son étourderie. Il y a dans tout cela beaucoup de gaieté. Quelques scènes remplies de détails de fortune, d'avantages et de droits matrimoniaux, auraient été fort convenablement placées chez un notaire, mais sont d'un très-mauvais effet au théâtre. Elles ralentissent l'action et détruisent le faible intérêt de curiosité que le spectateur éprouve au commencement de la pièce. D'ailleurs le style en est simple, naturel, exempt de mauvais goût, plutôt prolixe qu'abondant, et l'on y remarque plus de facilité que d'élégance. Quelques vers bien tournés et des détails agréablement exprimés sur les mariages de convenance, ont été justement applaudis. L'auteur qui nous donne ce premier ouvrage, est à coup sûr un homme d'esprit, et ce premier succès ne peut que l'encourager à en mériter de plus solides. La pièce a d'ailleurs été jouée avec ensemble et talent, sur-tout par Perroud, qui met, dans l'Entremetteur de Mariages, un comique et une verve qui lui font beaucoup d'honneur. Il a recueilli les plus vifs témoignages de satisfaction lorsqu'il est venu annoncer que la pièce était de M. Despoutis.                    T.

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