L'Epoux généreux, ou le Pouvoir des procédé

L'Époux généreux, ou le Pouvoir des procédés, comédie en 1 acte, en prose, par Jean-Élie Dejaure, 15 février 1790. Cailleau, in-8°.

[Dans la notice de Louise et Volsan, indication du nom de l'auteur, M. de Jaure. En raison de la date, il ne peut s'agir que de Dejaure père, Jean-Élie.]

Théâtre Italien

Titre :

Epoux généreux (l’), ou le Pouvoir des procédés

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose

Musique :

non (oui à partir de 1804)

Date de création :

15 février 1790

Théâtre :

Théâtre Italien

Auteur(s) des paroles :

Jean-Élie Dejaure

Compositeur(s) :

(Solié en 1804)

Almanach des Muses 1792

Sujet fort connu, puisé dans un roman qui a paru il y a quelques années.

Un époux ramène sa femme à son devoir, et la guérit de sa passion pour le jeu, tant par ses procédés généreux, qu'en réveillant l'amour maternel dans son cœur.

L’Almanach des Muses se trompe de titre : il appelle la pièce les Epoux généreux.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Cailleau et fils, 1790 :

L'Epoux généreux, ou le pouvoir des procédés, comédie en un acte et en prose ; Représentée pour la première fois, à Paris, par les Comédiens-Italiens Ordinaires du Roi, le 15 Février 1790.

Le nom de l'auteur, absent de la première édition, apparaîtra dans des éditions postérieures, par exemple celle de 1804 chez Madame Masson.

Elle a été publiée à nouveau en 1804 (an XII) chez Madame Masson, à l’occasion de sa reprise le 17 pluviôse an 12 (7 février 1804).

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1790, tome IV (avril 1790), p. 332-333 :

[Article repris du Mercure de France, tome CXXXVIII, n° 9 du samedi 27 février 1790, p. 153-154.

Le compte rendu commence par le rapprochement avec une pièce récente, la Joueuse, les deux pièces ayant une source commune dans un roman du temps, l’Histoire de la baronne d'Alvigny de Mad. D. M. S. J. N. A. J. F. d'O. Anne-Jeanne-Félicité d’Ormay, dame Mérard de Saint-Just, publié chez Maradan (Londres, Paris), 1788. L’essentiel de l’article consiste dans l’analyse d’une intrigue émouvante, puisqu’il s’agit d’une femme dévoyée, devenue joueuse au mépris de son mari, de sa famille, de son honneur, et que le mari réussit à guérir de sa passion funeste par sa générosité et en utilisant ses enfants. Même auteur, semble-t-il, que les Epoux réunis (où le moyen de réconcilier des époux prêts à se séparer, c’est leur enfant qui refuse de choisir entre son père et sa mère), Dejaure. Mais la pièce nouvelle ne vaut pas celle qui l’a précédée, bien que le sujet soit plein d’intérêt et qu’y soient développés des « sentiments honnêtes et délicats. La pièce a connu le succès.].

L’Epoux généreux, ou le Pouvoir des procédés, comédie nouvelle en un acte & en prose, qu'on a donné le 15 février, offre le même sujet que la Joueuse, qui a paru avec succès sur le théatre du palais royal. Les deux auteurs l'ont puisé dans un roman, que nous croyons avoir été publié sous le titre de la Baronne d'Alvigny.

Une jeune personne, dominée par l'amour du jeu, & entretenue dans cette passion par les perfides conseils d'une marquise qu'elle croit son amie, se dérange au point de perdre 100 000 écus dans une nuit. Elle est épouse & mere, & sa passion malheureuse va jusqu'au danger de compromettre son honneur, d'oublier ses devoirs d'épouse, car elle a fait des emprunts au frere de la marquise, qui est amoureux d'elle, & qui a fondé sur ses services l'espoir d'un succès criminel.

Le mari, instruit des égaremens de sa femme, n'emploie que les procédés & la voix de la nature pour la ramener à son devoir. Il sacrifie, pour le payement de ses dettes, le contrat d'une terre, & le lui fait présenter par les mains de ses enfans. Ce spectacle attendrit la jeune épouse, autant que la générosité de son mari ; & elle se promet bien de renoncer au jeu, & de chercher son bonheur dans le sein de sa famille.

Cette piece est attribuée à l'auteur des Epoux réunis ; elle nous a paru inférieure à ce premier ouvrage ; mais le sujet a de l'intérêt, & les sentimens honnêtes & délicats qui y sont développés, ont concouru à son succès. La piece a assez intéressé pour ne pas faire regretter à l'auteur le travail qu'elle a dû lui coûter.

Courrier des Spectacles, n° 2538, mercredi 18 Pluviöse an XII, 8 février 1804, p. 2 :

[En 1804, la pièce de Dejaure se voit enrichie d’une musique de Jean-Pierre Solié.]

Théâtre Feydeau.

Première représentation de l’Epoux généreux, mis en musique.

Les exemples de générosité sont plus communs au théâtre et dans la gazette que dans la société. Il faut, peut-être en accuser notre éducation ou notre frivolité plutôt que la perversité réelle de nos mœurs ; car il est telle vertu, tel trait d'héroïsme qui nous semble au-dessus de nos forces, mais nous aimons assez à les voir retracer en action sous nos yeux, et c'est là une preuve à opposer à ceux qui prétendent ne voir partout que vices et corruption. Cette remarque a pu se faire naturellement en voyant accueillir avec une espèce d'enthousiasme la reprise de l’Epoux généreux, comédie de feu Dejaure. On voit peu de maris aussi indulgents, aussi magnanimes, mais on a aimé à applaudir au tableau d'un ménage réuni par les procédés aussi nobles que tendres d'un époux qui rend une femme égarée à ses devoirs, à ses enfans, à lui-même.

Lorsque Dejaure fit cet ouvrage, le théâtre italien jouoit des comédies en vers ou en prose seulement ; à peine les ariettes y étoient-elles admises. Aujourd'hui l'opéra y domine seul, et les anciennes pièces se trouvent toutes rayées du répertoire, à moins qu'une de celles qui ont autrefois fait plaisir ne soit présentée, rajeunie par la musique. C'est ce qu'on vient de faire pour l'Epoux généreux, que M. Solié a embelli d'une musique à-la-fois gracieuse et savante. Elle a la couleur du sujet, et telle que Dejaure l'eût désirée ; si l'usage de ce temps eût exigé qu'il fit de sa pièce un opéra.

Elleviou et mad. Scio ont joué cette pièce avec un talent, supérieur. Rézicourt s'y étoit chargé d'un petit rôle de valet qu'il a rendu arec le talent d'un acteur consommé, et Dozainville a été très-plaisant dans celui de l'Usurier.

F. J. B. P. G***.

Courrier des spectacles, n° 2538 du 18 pluviôse an 12 [8 février 1804], p. 2 :

[La reprise de la pièce de Dejaure père appelle deux commentaires. D'abord il s'agit de sinterroger sur sa portée morale. On y voit un mari qui ramène son épouse dans le droit chemin. Cette générosité n'est pas si fréquente dans la réalité, et le critique insiste sur le palisir qu'il y a à voir au théâtre ce que la société montre peu. Ensuite, le critique aborde la question de l'ajout d 'une musique. Il la justifie par la prépondérance de l'opéra-comique, alors qu'en 1790 la musique n'était qu'à peine tolérée au théâtre italien. L amusique de Solié est « à-la-fois gracieuse et savante », « telle que Dejaure l’eût desirée ». Dernier point : l'interprétation, jugée excellente (faut-il voir un dégradé subtil dans les trois appréciations portées, du « talent supérieur » des uns au jeu « très plaisant » d'un autre ?).]

Théâtre Feydeau.

Première représentation de l'Epoux généreux,
mis en musique.

Les exemples de générosité sont plus communs au théâtre et dans la gazette que dans la société. Il faut peut-être en accuser notre éducation ou notre frivolité plutôt que la perversité réelle de nos mœurs ; car il est telle vertu, tel trait d’héroïsme qui nous semble au-dessus de nos forces, mais nous aimons assez à les voir retracer en action sous nos yeux, et c’est là une preuve à opposer à ceux qui prétendent ne voir partout que vices et corruption. Cette remarque a pu se faire naturellement en voyant accueillir avec une espèce d’enthousiasme la reprise de l'Epoux généreux, comédie de feu Dejaure. On voit peu de maris aussi indulgents, aussi magnanimes, mais on a aimé à applaudir au tableau d’un ménage réuni par les procédés aussi nobles que tendres d’un époux qui rend une femme égarée à ses devoirs, à ses enfans, à lui-même.

Lorsque Dejaure fit cet ouvrage, le théâtre italien jouoit des comédies en vers ou en prose seulement ; à peine les ariettes y étoient-elles admises. Aujourd’hui l’opéra y domine seul, et les anciennes pièces se trouvent toutes rayées du répertoire, à moins qu’une de celles qui ont autrefois fait plaisir ne soit présentée, rajeunie par la musique. C’est ce qu’on vient de faire pour l'Epoux généreux, que M. Solié a embelli d’une musique. Elle a la couleur du sujet, et telle que Dejaure l’eût desirée ; si l’usage de ce temps eût exigé qu’il fit de sa pièce un opéra.

Elleviou et mad. Scio ont joué cette pièce avec un talent supérieur. Rézicourt s’y étoit chargé d’un petit rôle de valet qu’il a rendu avec le talent d’un acteur consommé, et Dozainville a été très-plaisant dans celui de l’Usurier.

F. J. B. P. G***.          

D’après la base César, la pièce, créée le 15 février 1790, a été jouée 18 fois au Théâtre Italien jusqu’au 19 mars 1792. Elle a été reprise au Théâtre de l’Ambigu Comique pour 16 représentations, du 22 janvier 1792 au 13 septembre 1796. Et le Théâtre Italien l’a ensuite jouée 3 fois du 12 mars au 11 avril 1798. La présence d’une musique de Solié lors de la création de 1790 (et des représentations qui suivent) paraît une erreur (le compte rendu de l’Esprit des journaux français et étrangers n’en parle pas) : cette musique n’apparaît qu’en 1804 (voir Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 238).

 

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