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La Famille des Gilles, ou Gilles tracassier

La famille des Gilles, ou Gilles tracassier, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, 5 frimaire an 10 [26 novembre 1801].

Théâtre du Vaudeville

Titre :

Famille des Gilles, ou Gilles tracassier

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

5 frimaire an X (26 novembre 1801

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

 

Almanach des Muses 1803

Courrier des spectacles, n° 1732 du 6 frimaire an 10 [27 novembre 1801], p. 2 :

[Le critique commence par citer le couplet d’annonce, pour dire qu’il anticipait sur la réaction du public, d’abord attentif, plus manifestement hostile au point de troubler la pièce en répondant aux allusions que la pièce permettait, puis en demandant qu’on répète un couplet, ce que les acteurs refusent, craignant qu’il ne s’agisse de se moquer. Le résumé de l’intrigue est un peu moqueur (« on ne sait pourquoi ») et décrit le dénouement de façon rapide, sans le justifier. Le jugement est sans appel : aucune des qualités qui font un bon vaudeville, action, couplets saillants, originalité, correction de l’expression) : la chute était inévitable. L’article s’achève sur une comparaison avec un vaudeville plus ancien, le Prix, ou l’Embarras du choix, de Radet, « une des plus jolies pièces du répertoire du Vaudeville ».]

Théâtre du Vaudeville.

La Famille des Gilles, ou Gilles tracassier, et la reprise du Prix, ou l’Embarras du choix.

Arlequin a voit dit dans le couplet d’annonce de la Famille des Gilles :

Je ne viens pas d’un air calin
Pour réclamer votre indulgence ;
Des Gilles sans un Arlequin !
Ce trait et me pique et m’offense.
Je ne connois pas les auteurs
De ce chef-d'œuvre d’imbéciles ;
Mais je crains bien que les acteurs
      Ne soient pas les plus Gilles.

Le public a partagé cette crainte durant quelque tems,et enfin il l’a justifiée. Les sifflets se sont fait entendre de toutes parts, et si l’on a applaudi, c’est aux fréquentes allusions contre la pièce elle-même que le malin parterre saisissoit au point de faire presque la conversation avec les acteurs. Après bien du bruit, l’ouvrage est arrivé à la fin, et mademoiselle Arséne a chanté au publie un couplet du vaudeville qui devoit sûrement désarmer la critique et les sifflets. Ces couplets au public sont ordinairement une espèce d’amende honorable que l’on fait devant son juge pour ranimer ou entretenir ses bonnes disposition. .Celui-ci finissoit par cette idée : Peut-on espérer de trouver de l’esprit dans la famille des Gilles ? C’est le seul qui ait été redemandé mais les acteurs sentant la dérision, ne voulurent pas laisser cette victoire à la malignité, et se retirerent sans répéter le couplet.

La famille des Gilles croit et multiplie, monsieur et madame Gilles vont marier leur fils à leur filleulle. Un monsieur Gilles, leur cousin, arrive de Paris, brouille, on ne sait pourquoi, le mari avec la femme, l’amant avec sa maîtresse, donne des dragées amères à sa petite cousine, et veut séduire la fiancée. Il doit le soir arriver dans sa chambre en s’élevant dans un sceau [sic] qui est près du puits. Le pere Gilles et son fils le savent, attendent le galant et le font tomber dans le puits en lâchant la corde du sceau, Notre tracassier sort de là en laissant une dot pour la fiancée, et il est chassé par toute la famille.

Point d’action, point de couplets saillans, point de dialogue, la principale scène imitée d’Hyppocate amoureux, des expressions souvent équivoques ; en voila plus qu’il n’en faut pour déterminer la chûte d’une pièce.

En annonçant celle de la Famille des Gilles, nous avons d’un autre côté le plaisir d’annoncer le succès brillant et mérité d’un vaudeville remis avant-hier à ce théâtre ; c’est le Prix , ou l’Embarras du choix, qui est une des plus jolies pièces du répertoire du Vaudeville, et qui, il y a dix ans, attiroit la foule. Les deux rôles de Pauline et de Justine étoieut remplis alors par mesdemoiselles Blosseville et Laporte, actuellement ils le sont par mesdames Desmares et Henry, qui luttent de grace, de finesse, de talent, et dont les jolies figures justifient parfaitement l’Embarras du choix. Le cit. Henri joua avec beaucoup d’intelligence le rôle du jeune officier qu’il a autrefois créé avec le plus grand succès.

Magasin encyclopédique ou journal des sciences, des lettres et des arts, VIIe année (an IX – 1801), tome IV, p. 271-272 :

[Après avoir cité le couplet d’annonce, annonce de l’échec de la pièce en termes très négatifs : « impossible de voir un ouvrage plus insignifiant : toutes les scènes froides et languissantes, point d'action, un dénouement prévu dès le commencement, et par-dessus tout cela, pas un seul couplet passable ». Le résumé de l’intrigue est là pour confirmer le diagnostic. Le couplet final comportait une phrase qui pouvait passer pour une bonne description de la nullité de la pièce, et « le rideau s'est baissé au milieu des huées et des sifflets ». Celle-ci a de nouveau été représentée le lendemain, ce qui a fort déplu au public, qui s’amusait à répondre à l’acteur principal dès qu’une des phrases de son rôle pouvait s’appliquer à la situation présente. Le contraste était très fort avec la pièce jouée la veille, «  monté avec soin, et joué avec beaucoup d'ensemble ». Conclusion : « les bons ouvrages, quoiqu'anciens, font toujours plaisir ».]

Théâtre du Vaudeville.

La Famille des Gilles.

Cette famille a paru sur le théâtre du Vaudeville le 5 frimaire. Elle avoit été annoncée par le couplet suivant, chanté par Arlequin :

AIR : Vaudeville d'Arlequin afficheur.

Je ne viens point d'un air calin
Pour réclamer votre indulgence,
Des Gilles, sans un Arlequin !....
Ce trait et me pique et m'offense.
Je ne connois point les auteurs
De ce chef-d'œuvre d'imbécilles ;
Mais je crains bien que les acteurs
Ne soient pas les plus Gilles,

La crainte s'est complétement réalisée. Il étoit impossible de voir un ouvrage plus insignifiant : toutes les scènes froides et languissantes, point d'action, un dénouement prévu dès le commencement, et par-dessus tout cela, pas un seul couplet passable. M. Gilles, cousin des Gilles, arrive de Paris pour la noce de sa cousine ; il brouille tout le monde, sans motif, devient tout d'un coup amoureux de Gillette qu'il veut souffler à son mari ; elle lui donne rendez-vous ; le mari vient à sa place ; Gilles se place dans le sceau du puits pour être monté jusqu'à la chambre de la petite ; au lieu de cela, on le descend dans le puits, où M. Gilles le père lui dit que la vérité l'appelle. Il n'en sort qu'en promettant une dote qu'il donne, et que Gilles le fils trouve un peu humide. Le couplet du vaudeville final disoit à peu près, Si vous n'êtes pas contens, songez, messieurs, qu'on ne vient pas pour chercher de l'esprit dans la Famille des Gilles. On a voulu le faire répéter, tant il étoit ingénu et applicable à la pièce ; mais le rideau s'est baissé au milieu des huées et des sifflets. On a pourtant osé représenter, le lendemain, cette pitoyable parade, qu'on ne peut pas comparer même à la plus mauvaise farce du Boulevart, où il y a au moins, de temps en temps, le mot pour rire. Mais le public en a fait justice, et a fait sentir aux directeurs-auteurs, que leur entêtement étoit très-déplacé. En effet, par amour-propre, ils auroient bien dû jeter au feu leur chef-d'œuvre d'imbécilles, selon leurs propres expressions. C'est chasser le public de leur théâtre que de donner de pareils ouvrages. Le C. Carpentier, en scène pendant presque toute la pièce, étoit pour ainsi dire en conversation avec le public qui répondoit oui et non à chaque phrase qui faisoit application.

Que cette famille est ennuyeuse, disoit-il ! et on lui répondoit, oui, sans doute. Je m'ennuie ici, et nous aussi. J'ai envie de partir, adieu.

On a été d'autant plus sévère, que, la veille, on avoit donné la reprise de la jolie pièce du Prix, ou l'Embarras du choix, un des plus jolis ouvrages du C. RADET. Ce vaudeville est monté avec soin, et joué avec beaucoup d'ensemble. Les applaudissemens ont prouvé que les bons ouvrages, quoiqu'anciens, font toujours plaisir.                    T. D.

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