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La Fête de Corneille ou Pierre et Thomas Corneille à Rouen

La Fête de Corneille ou Pierre et Thomas Corneille à Rouen, comédie en un acte et en prose, de Picard, 10 messidor an 8 [29 juin 1800].

Rouen, Théâtre des Arts.

La pièce a été reprise sans succès à Paris sur le Théâtre Feydeau le 17 thermidor an 8 [5 août 1800], sous le titre de La Saint-Pierre, ou les Deux Corneille.

Le Journal de Rouen annonce une deuxième représentation le 13 messidor an 8 [2 juillet 1800] (information fournie par le site Dezède). Le même 13 messidor, le journal publiait un compte rendu de la représentation du 10 messidor :

Le Journal de Rouen annonce une deuxième représentation le 2 juillet 1800 (information fournie par le site Dezède). Le même 2 juillet, le journal publiait un compte rendu de la représentation du 29 juin :

ROUEN.

Chaque jour, depuis la rédemption du 18 brumaire, est signalé par un pas de plus vers l’ancienne urbanité. D’un bout de la France à l’autre les cœurs s’étendent, les esprits s’accordent pour offrir des tableaux où se reproduit le caractère français avec tous ses charmes. Jadis la ville de Rouen rendait un hommage au grand Corneille, le jour de sa fête, le 27 juin (vieux style). Cette année, cet usage a reparu. Le théâtre des Arts a été illuminé, et la société d’artistes qui l’occupe, a joué le Menteur, et donné la première représentation d’une pièce intitulée Pierre et Thomas Corneille, production pleine de grace, et où l’on retrouve des détails vrais et touchans sur la vie privée du grand homme. À la suite de cette pièce le buste de Corneille a été apporté sur le théâtre et y a été couronné de lauriers. La municipalité en costume et des membres des autres autorités constituées qui assistaient au spectacle, ont salué le buste du grand Corneille, rappelant ainsi l’hommage que le public rendait au père des Horaces et de Cinna, lorsqu’il paraissait chargé de gloire et d’années à la comédie française. Quel est donc ce peuple qui, en présence de grands exploits peut encore rappeler de grands souvenirs, célébrer tour-à-tour l’auteur du Cid et le vainqueur de la Maringo [sic], et unir le présent au passé pour commencer une ère de gloire et de puissance ?

Journal de Rouen, n° 181, du 29 juin 1812, p. 4 :

Théâtre des Arts.

Aujourd’hui (fête de Saint-Pierre), en mémoire du Grand-Corneille, spectacle brillant, la salle sera illuminée à l’instar du bal, la première représentation de la Mort de Pompée, tragédie en 5 actes, de Pierre Corneille, qui n’a jamais été représentée sur ce théâtre, précédée de Pierre et Thomas Corneille, comédie anecdotique en un acte et en prose, de M. Picard. Par indisposition de plusieurs acteurs de l’opéra, au lieu du Calife de Bagdad, le spectacle sera terminé par le Menteur, comédie en cinq actes et en vers, de Pierre Corneille. On commencera par l’Hommage à Corneille, cantate de la composition de M. Campenaut, acteur de ce théâtre, dans laquelle paraîtront tous les artistes de la comédie et de l’opéra.

Vu la longueur du spectacle, on commencera à cinq heures un quart très-précises.

Emile Picot, Bibliographie cornélienne (Paris, 1876), p. 511 :

1537. LA FÊTE DE CORNEILLE, comédie en un acte, en prose, par Picard, représentée à Rouen le 29 juin 1800.

Le Journal de Rouen du 13 messidor an VIII nous apprend que cette pièce, jouée le 10 messidor sur le Théâtre des Arts, portait alors le titre de Pierre et Thomas Corneille. C'est sous ce même titre qu'elle fut reprise sur le même théâtre le 29 juin 1812. Le Journal de Rouen, qui avait tu le nom de l'auteur en 1800, nomme Picard dans son numéro du 30 juin 1812.

La pièce figure dans les Œuvres de Picard (Paris, Barba, 1821), t. VIII, pp. 167-216. « Ce n'est point une comédie, dit l'auteur, mais les habitants de Rouen me surent gré de leur offrir leur grand poëte dans l'intérieur de sa famille. Ils aimèrent à se rappeler que Corneille fut bon père, bon mari, bon frère. J'avais rassemblé toutes les anecdotes imprimées ou racontées sur Corneille, et ils me surent gré d'avoir cherché à tourner ces anecdotes à la gloire de mon héros. Est-il vrai que Pierre Corneille demandait des rimes à son frère ? je n'en sais rien ; mais cette anecdote, vraie ou fausse, me fournit l'occasion de rappeler les quatre fameux vers de la première scène d'Othon. L'introduction du procureur de Domfront me fournit l'occasion de rappeler une particularité bien touchante dans la vie de Corneille. Les deux frères avaient épousé les deux sœurs, et les deux familles n'en faisaient qu'une, tous les biens étaient en commun, et il n'y eut d'inventaire et de partage qu'à la mort de Pierre Corneille. »

La pièce, essayée à Paris, n'eut pas le succès qu'elle avait obtenue à Rouen.

L'essai de la pièce à Paris a eu lieu au Théâtre Feydeau, le 17 thermidor an 8 [5 août 1800]. Titre choisi : La Saint-Pierre, ou les Deux Corneille.

Ce dernier paragraphe reprend une part substantielle de la courte préface que Picard écrivit pour publier sa pièce dans ses Œuvres complètes (Paris, 1821), tome 8, p. 169-170 :

PRÉFACE.

J'étais à Rouen ; j'appris qu'il existait déja depuis longtemps un usage honorable pour les habitants et le théâtre de cette ville. Tous les ans, le 29 juin, jour de SaintPierre, patron du grand Corneille, les comédiens jouent un des chefs-d'œuvre de ce créateur de l'art dramatique. La salle est illuminée. Le public se porte en foule au théâtre. La ville entière semble se glorifier d'avoir donné Corneille à la France. Je saisis, avec empressement cette occasion d'exprimer mon admiration pour Corneille, et je fis cette petite pièce.

Ce n'est point une comédie; mais les habitants de Rouen me surent gré de leur offrir leur grand poète dans l'intérieur de sa famille. Ils aimèrent à se rappeler que Corneille fut bon père, bon mari, bon frère. J'avais rassemblé toutes les anecdotes imprimées ou racontées sur Corneille, et ils me surent gré d'avoir cherché à tourner ces anecdotes à la gloire de mon héros. Est-il vrai que Pierre Corneille demandait des rimes à son frère? je n'en sais rien; mais cette anecdote, vraie ou fausse, me fournit l'occasion de rappeler les quatre fameux vers de la première scène d'Othon. L'introduction du procureur de Domfront me fournit l'occasion de rappeler une particularité bien touchante, dans la vie de Corneille. Les deux frères avaient épousé les deux sœurs, les deux familles n'en faisaient qu'une, tous les biens étaient en commun, et il n'y eut d'inventaire et de partage qu'à la mort de Pierre Corneille.

J'essayai la pièce à París : la circonstance n'existait plus ; la pièce n'eut point de succès. Malgré sa faiblesse, je crois pouvoir la placer dans mon recueil: je me félicite d'avoir payé ce tribut à la mémoire de l'auteur du Cid et du Menteur , et j'ose me flatter que le lecteur l'accueillera avec indulgence.

Un journal me reprocha d'avoir ignoré les convenances en faisant arriver chez Corneille, pour lui rendre hommage, le premier président du parlement de Rouen. Les habitants de Rouen n'ont point pensé comme le journaliste. Ils ont pensé que j'honorais leurs anciens magistrats en leur prêtant cette démarche. Le monde est destiné à des révolutions, à des bouleversements qui feront oublier bien des hommes et bien des choses. Corneille et quelques autres survivront comme Homère, à travers les âges et les révolutions.

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