La Saint-Pierre, ou les Deux Corneille

La Saint-Pierre, ou les Deux Corneille, comédie en un acte, en prose, de Picard, 17 thermidor an 8 [5 août 1800].

Théâtre Feydeau.

La pièce du Théâtre Feydeau est en fait celle qui a été créée à Rouen le 10 messidor an 8 [29 juin 1800] sur le Théâtre des Arts sous le titre de La Fête de Corneille ou Pierre et Thomas Corneille à Rouen.

Titre :

Saint-Pierre (la), ou les deux Corneille

Genre

comédie

Nombre d'actes :

 

Vers / prose

prose

Musique :

non

Date de création :

17 thermidor an 8 [5 août 1800]

Théâtre :

Théâtre Feydeau

Auteur(s) des paroles :

M. Picard

Dans le numéro du 17 thermidor du Courrier des spectacles, la pièce est annoncée sous le titre de la Saint-Pierre ou Corneille à Rouen.

n° 1250 du 18 thermidor an 8 [6 août 1800], p. 2 :

[Bien des mystères dans le premier paragraphe. La foule s’est pressée au théâtre Feydeau, malgré l'attractivité de ce qui se jouait au Théâtre de la République (la reprise du Mariage de Figaro). Et ces spectateurs, que la pièce nouvelle n’a pas enthousiasmé, ont conclu à sa chute, ce que le critique conteste : on ne peut juger ce qui n’est « qu’un simple bouquet » «  avec la sévérité que l’on devroit apporter à une comédie ». Le résumé de l’intrigue la réduit à une simple affaire de famille : toute une famille qui veut fêter le grand homme, et deux jeunes gens se présentant pour épouser sa fille, l’un qui manque sérieusement d’humilité et se comportant de façon peu civile, l’autre « dont l’ame est plus noble » et qui est le préféré de Mlle Corneille : c’est lui qui épouse, naturellement. Un ultime événement met la maison en émoi : l’arrivée de gardes signifie-t-elle que Corneille a offensé le gouvernement ? Non, bien sûr, au contraire, on vient pour l’honorer. Il reste au critique à parler des interprètes : l’un « joue d’une manière satisfaisante le rôle de Pierre Corneille », l’autre « saisit parfaitement le ton d’une paysanne Normande » y a-t-il une hiérarchie entre les deux compliments ?). Et l’auteur a bien su peindre la famille Corneille. Une anecdote curieuse est rappelée pour souligner sa connaissance de cette intimité familiale. Enfin, retour au début de l’article  le critique répète qu’il faut être indulgent envers « un ouvrage du genre de celui-ci », auquel on pourrait, « sans cela », « reprocher peu, même point d’intrigue, des longueurs , etc. ». C’est à se demander si la pièce est si bonne qu’on l’avait pensé. A aucun moment, il n’a été question de nommer l’auteur.]

Théâtre Feydeau.

L’affluence qui s’étoit portée hier au théâtre de la République n’a pas autrement nui au théâtre Feydeau, où les acteurs de l’Odéon ont reparu par le Collatéral, suivi de la première représentation de la Saint Pierre, ou Corneille à Rouen. Tant de mauvais ouvrages, depuis plusieurs années, ont été vivement applaudis et ont procuré à leurs auteurs l’honneur d'être demandés, qu’il n’est pas étonnant que quelques personnes ayent regardé comme tombée la comédie d’hier, par la seule raison qu'elle n’a pas excité le noble enthousiasme dont nous venons de parler. Nous sommes loin de partager leur opinion, et nous leur observerons que la pièce dont il s’agit n’étant qu’un simple bouquet, ne doit pas être jugée avec la sévérité que l’on devroit apporter à une comédie.

La famille de Pierre Corneille, composée de sa femme, de sa fille, de Thomas et du jeune Fontenelle, se dispose à le fêter ; des couplets sont préparés. Dans le même jour se présentent deux prétendans à la main de Mlle Corneille : l’un est Desmarie, jeune avocat sans fortune, et l’autre M. Debaudines, riche procureur, qui est en marché pour acheter une charge de conseiller au Parlement, ce qui prévient assez Mad. Corneille en sa faveur.

M. Debaudines qui ne connoît Pierre Corneille que par Cinna, les Horaces, le Menteur et ses autres tragédies, le prend à sa tournure pour l’Intendant de la maison, que Marie, la suivante, lui a dit se nommer Pierre. C’est dans cette supposition qu’il se permet avec lui certains discours peu propres à gagner son estime, dont il se rend encore moins digne, hn- qu’après avoir reconnu cette erreur, il s’informe, avant d’entrer dans la famille, si les partages des successions ont été faits, et conseille à Pierre d’y faire procéder comme devant, à titre d’aîné, avoir les deux tiers du bien. Desmarre, dont l’ame est plus noble, et qui d’ailleurs a sçu plaire à Mlle Corneille, obtient la préférence. Mais on vient effrayer toute la famille : des gardes sont entrés dans la maison accompagnés d’un homme de robe : Pierre Corneille auroit-il offensé le gouvernement dans ses ouvrages ? Non, c’est une couronne, ce sont des lauriers que la ville lui décerne ; Molière lui-même lui écrit pour le féliciter, et la famille célèbre en paix la fête de son chef.

Tel est l’appercu de ce petit ouvrage dans lequel le citoyen Dorsan joue d’une manière satisfaisante le rôle de Pierre Corneille, et Mlle Molière saisit parfaitement le ton d’une paysanne Normande.

L’auteur s’est attaché à faire connoître l’intimité qui régnoit dans cette famille célèbre, et il a scu bien amener ce trait connu de Pierre Corneille qui, lorsqu’il étoit embarrassé pour une rime, appeloit son frère qui occupoit l’appartement voisin , et sans se déranger lui indiquoit plusieurs rimes, parmi lesquelles Pierre choisissoit celle qu’il lui falloit.

Nous répéterons que nous ne pensons pas qu’un ouvrage du genre de celui-ci doive être traité avec sévérité, sans cela on pourroit lui reprocher peu, même point d’intrigue, des longueurs , etc.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 6e année, 1800, tome II, p. 423 :

[Si la pièce a déjà été jouée à Rouen, et avec succès, c'est sans doute qu'il s'agit de la Fête de Corneille au titre variable : parfois La Fête de Corneille ou Pierre et Thomas Corneille à Rouen, parfois simplement Pierre et Thomas Corneille) créée sur le Théâtre des Arts de Rouen le 10 messidor an 8 [29 juin 1800].]

La Saint-Pierre, ou les deux Corneille.

Le C. Picard et sa troupe, revenus à Paris, ont joué au théâtre Feydeau le 17 thermidor. La pièce nouvelle n'est qu'un bouquet en l'honneur des deux Corneille, jouée avec le plus grand succès à Rouen, patrie de ces deux grands auteurs ; elle a été ici accueillie très-froidement. Cette pièce offre des particularités sur la vie des deux frères, sur leur amitié, sur leur manière de travailler ensemble ; elle ne peut que faire honneur au C. Picard qui en est l'auteur. Le C. Dorsan y joue le rôle de Pierre Corneille avec aplomb et vérité, et M.lle Molière s'est fait applaudir dans le rôle d'une Normande, qu'elle a très-plaisamment joué.

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