Gabrielles d'Estrée ou les Amours de Henri IV, opéra-comique en trois actes, paroles de M. Saint-Just, musique de M. Méhul. 25 juin 1806.
Théâtre de l'Opéra-comique.
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Titre :
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Gabrielle d'Estrées ou les Amours de Henri IV
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Genre
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opéra comique
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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25 juin 1806
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Théâtre :
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Théâtre de l’Opéra Comique
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Auteur(s) des paroles :
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Saint-Just
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Compositeur(s) :
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Méhul
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Almanach des Muses 1807.
Des déguisemens, des méprises, des reconnaissances, au milieu desquelles on cherche toujours Henri IV sans pouvoir jamais le reconnaître.
Musique agréable. Demi-succès.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 11e année, 1806, tome IV, p. 181 :
[Les pièces avec Henri IV attirent les foules, même si elles sont médiocres, comme cette pièce nouvelle, au plan « mesquin », aux « détails peu soignés », et qui ne vaut que par le chant d’Elleviou et la musique de Mehul. la déception vient du livret de Saint-Just.]
Gabriel [sic] d'Estrées, opéra en trois actes.
Voilà la meilleure preuve que le nom d'Henri IV est d'une recommandation bien puissante auprès du public. Ses amours avec Gabrielle d'Estrées font le sujet de la pièce nouvelle ; mais l'auteur n'en a pas tiré grand parti. L'ouvrage roule presque entièrement sur un travestissement du roi en paysan, d'où résultent des quiproquo. Eloi, simple soldat qui l'accompagnoit, est pris pour lui par des ligueurs qui guettoient Henri. Il ne se découvre que quand le roi est en sûreté. En général le plan a paru mesquin, et les détails peu soignés. Elleviou a très-bien joué Henri IV. Il a chanté avec la plus grande expression la romance, charmante Gabrielle, sur laquelle Mehul a fait des accompagnemens délicieux : c'est le morceau le plus marquant de l'ouvrage. On pouvoit attendre mieux de M. de Saint-Just.
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome VIII, août 1806, p. 277-279 :
[Une pièce avec Henri IV a de bonnes chances de réussir, et la cohabitation de deux pièces avec le même héros n’est pas nouvelle. Mais le critique invite ses lecteurs à ne pas comparer la pièce du jour et la Mort d’Henri IV, la mise en scène des amours d’Henri IV telle qu’elle est faite ici n’étant pas à la gloire du roi, deux des trois actes étant très faibles : un seul acte propose « des scènes assez divertissantes » et reprend des mots d’Henri IV que tous apprécient. Même l’interprétation du roi par Elleviou est critiquée. La musique de Méhul ne semble pas du goût du critique. Les auteurs ont été nommés et ont paru : « l’ouvrage a réussi ».
La Partie de chasse de Henri IV est une comédie en prose, en deux actes, de Charles Collé, datant de 1762 et restée populaire tout au long de le Révolution.]
THÉATRE DE L'OPÉRA – COMIQUE.
Gabrielle d’Estrées, en trois actes.
Rien n'était plus piquant que de voir tout-à-coup et en même-temps sur les deux théâtres de la capitale, les amours et la mort de Henri IV. Déjà la même chose était arrivée : on vit en même-temps sur la scène française et sur la scène lyri-comique, il y a quelques années, la Partie de Chasse de Henri IV, et la Bataille d'Ivry. Le nom d'un monarque populaire et chéri,
Le seul roi dont le pauvre ait gardé la mémoire,
a toujours eu une influence sur le succès des ouvrages dont on l'a constitué le personnage principal ; et j'oserai dire qu'il faut bien que cela soit, car on sait combien la Bataille d’lvry était inférieure à la Partie de Chasse, et combien sans les mots connus que l'auteur (Durosoi) avait accumulés dans l'ouvrage, il eût été difficile de croire au succès de sa pièce.
Peut-être aurions-nous le droit d'en dire autant de Gabrielle d’Estrées ; car je n'aime pas trop que l'on prenne pour sujet d'une action comique, les faiblesses d'un grand homme. Henri IV se déguisant en paysan pour aller voir sa maîtresse, et risquant le salut de son royaume pour une intrigue de cette nature, ce n'est pas précisément là une aventure bien propre à faire son éloge. Le premier acte est presque insignifiant, et le troisième tout-à-fait nul. Le malheur de ces pièces où l'on choisit des maîtresses de roi pour héroïnes, est de n'avoir point de dénouement possible : mais on trouve dans le second acte des scènes assez divertissantes. On retrouve les mots connus qui ont excité notre admiration et notre enthousiasme pour Henri IV ; on y revoit le brave Crillon, le coloris du temps, .et l'on pardonne quelques longueurs, on pardonne le peu de rapport entre Elleviou et le personnage qu'il représente, on pardonne les frédons du gosier de Henri, travesti en chanteur moderne; mais il faut bien se garder d'aller voir Gabrielle d'Estrées le lendemain du jour où l'on a vu la Mort d'Henri IV, de peur d'être trop sévère.
La musique est de Méhul : c'est dire assez qu'on ne doit, qu'avec circonspection, la juger et en dire son avis : j'avoue que j'ai quelquefois eu besoin de me rappeller qu'elle était de lui : j'avoue que j'ai trouvé l'arrangement de l'air Charmante Gabrielle plus bizarre que gracieux ; mais je sortais de la tragédie, et peut-être le rapprochement a-t-il influé sur mes sensations. Au total, l'ouvrage a réussi, et les auteurs, MM, St.-Just et Méhul, ont été nommés.
L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1807, tome I (janvier 1807), p. 296-297 :
[A l’occasion d'une représentation à Bruxelles, compte rendu assassin, dès les premiers mots. Rien ne trouve grâce aux yeux du critique, ni le livret, ni la musique (même Méhul n’est pas bon !), ni l’interprète principal : il n’a pas appris son rôle, tant il est « indigné de remplir un personnage si peu ressemblant au grand Henri ». Seuls deux actrices et un acteur sont distingués, dans des rôles secondaires (même Gabrielle d’Estrée a un rôle insignifiant).
Gabrielle d'Estrée ou les Amours de Henri IV, est un bien mauvais ouvrage. La musique n'est pas digne de M. Méhul : si son nom n'était sur l'affiche, on ne le reconnaîtrait nulle part, pas même dans un joli duo que Henri et la soubrette chantent au deuxième acte, On peut dire que, dans cet ouvrage, Henri IV est travesti sous tous les rapports. J'ai rougi pour l'auteur qui lui a mis une hotte sur le dos. M. Desfossés, indigné de remplir un personnage si peu ressemblant au grand Henri, n'a pas jugé à propos de l'apprendre, ce qui n'a pas rendu la pièce meilleure.
Le rôle de Gabrielle est insignifiant ; Mlle. Bayer le fait valoir ; elle y a un costume exact et frais, et elle joue avec infiniment d'intelligence.
Mme. Berteau est fort gentille dans Estelle, le seul rôle agréable de la pièce. M. Hurteau joue le soldat compagnon de Henri ; il s'y montre comédien intelligent. Les autres rôles sont accessoires ; ils sont tous soignés, et c'est aux acteurs que la pièce doit son succès.
Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris: répertoire 1762-1972, p. 265, donnent le nom des auteurs : Claude Godard d’Aucour de Saint-Just pour le livret, Etienne-Nicolas Méhul pour la musique. La pièce a connu 6 représentations.
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