La Guerrière des Sept montagnes ou la Laitière des bords du Rhin

La Guerrière des Sept montagnes ou la Laitière des bords du Rhin, mélodrame en 3 actes à grand spectacle, de Hapdé, musique de Foignet fils, 28 prairial an 13 [17 juin 1805].

Théâtre de la rue de Bondy [Théâtre des Jeunes Artistes].

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1805 :

La Guerrière des Sept montagnes ou la Laitière des bords du Rhin, mélodrame entrois actes, A grand spectacle, Orné de Chœurs, Marches, Combats, Evolutions militaires, Pantomime, Siége, Incendie et Démolition de la Forteresse du Wolkenberg. Paroles et mise en scène par M. J.-B. Hapdé; Musique de M. Foignet fils ; Décorations nouvelles de M. Moënk, Peintre-Décorateur de S. M. I. ; Costumes nouveaux de M. Lamant. Représenté pour la première fois, à Paris sur le Théâtre de la rue de Bondy, en Prairial an 13 (Juin 1805).

Courrier des spectacles, n° 3046 du 30 prairial an 13 [19 juin 1805], p. 2-3 :

[Derrière ce titre attirant, un mélodrame, mais pour une fois, pas un mélodrame fantastique : les événements découlent « du fonds même du sujet »; avec beaucoup de faits parfois invraisemblables, mais le mélodrame permet l'invraisemblance. Après ces précautions initiales, le critique résume l'intrigue, qui comporte effectivement tout ce qu'on attend de ce genre de pièces : une héroïne en butte à la vengeance de sa rivale, des amis qui tentent de la délivrer, mais qui ne font que provoquer son emprisonnement avec ses enfants, nouvelle tentative de libération au cours d'un combat qui provoquent l'effondrement de la forteresse, et bien sûr, le triomphe du bien et la mort de la cruelle rivale. Ce sujet n'est pas du tout le même du « roman des Chevaliers des Sept Montagnes » : il appartient en propre à l'auteur. Style « assez soigné », ce n'est pas si fréquent, bonne interprétation (le critique cite les deux personnages féminins les plus importants), décors, costumes, ballets irréprochables. La nouvelle pièce paraît à ses yeux du même niveau que les meilleurs mélodrames. Et la musique est aussi digne d'éloges.]

Théâtre des Jeunes Artistes.

La Guerrière des sept montagnes.

Le titre de cette pièce suffisoit seul pour piquer la curiosité. La Guerrière des sept montagnes ! voilà un titre qui promet ; mais l'auteur ne s’en est pas tenu à de vaines promesses, il les a réalisées avec beaucoup d’habileté et de succès. Ce n’est pas qu’on trouve dans ce mélodrame ces tours de force, ces changement à vue, ces coups de baguette qui, depuis quelque tems, ont transformé ce théâtre en un petit palais magique. On n’y voit rien de surnaturel ; l’auteur a préféré à ces ressources ordinaires des moyens tirés du fonds même du sujet ; l’action est rapide et féconde en événemens ; les situations s’y multiplient et ne sont point sans intérêt. Si l’on y remarque quelques invraisemblances, il faut se rappeler que c’est un des privilèges du mélodrame.

Henry, comte de Neusbourg, a épousé, il y a quelques années, Vernance, fille d’un simple cultivateur, qu’il a préférée à la Duchesse souveraine du pays des Sept Montagnes. L’orgueilleuse Princesse dévorée par le dépit et la jalousie, saisit l’occasion de se venger. La Comtesse de Neusbourg étant près d’elle, elle forme le projet de la faire périr avec ses enfans ; mais Charlotte, sœur de Vernance, parvient à s’introduire dans la forteresse ; elle en facilite l’entrée au Comte Henry, qui y pénètre sous le costume d’un Bohémien, avec cinq fidèles serviteurs déguisés comme lui. Déjà ils ont enlevé la mère et les deux enfans, lorsque les gardes les arrêtent. Le Comte est jeté dans une prison près du cachot où Vernance est enfermée avec ses deux enfans. Charlotte, toujours pleine de courage et de persévérance, vient encore à leur secours, et brise leurs fers, à l’aide des limes, qu’elle s’est procurées. Mais au moment où ils se croient sûrs de leur triomphe, la Duchesse survient ; et avant d’employer de nouveau la force, elle emploie près de Henry les prières, les menaces, pour l’engager à renoncer à Vernance.

Tandis qu’elle se livre aux moyens oratoires, Charlotte et Vernance se glissent doucement dans la prison, et s’emparent de leur ennemie. Les partisans de Henry escaladent le château ; les guerriers fidèles à la Duchesse, accourent pour la délivrer. Alors s’engage une mêlée générale, au milieu de laquelle les murs de la forteresse s’écroulent. La Duchesse, secondée par les siens, se défend en désespérée. Enfin accablée par le nombre, elle reçoit le châtiment dû ses crimes.

On voit par cette analyse que ce sujet n’a aucun rapport avec le roman des Chevaliers des Sept Montagnes. L’auteur l’a tiré entièremens [sic] de son propre fonds. Le style en est assez soigné, mérite assez rare dans les mélodrames. L’on a vu avec plaisir reparoître, dans le rôle de la Comtesse, Mlle. Julie Diancourt, qui a joué avec noblesse et sensibilité. Mlle. Amélie a réuni tous les suffrages par l’art avec lequel elle a représenté le double personnage de Charlotte et d’Anna.

En général , cet ouvrage ne laisse' rien à désirer de tout ce qui peut contribuer au succès d'un mélodrame : costumes brillans, ballets, décorations pittoresques, sur-tout aux premier et troisième actes. Enfin , l’ouvrage ne déparera point la nombreuse famille des mélodrames, tels qu'Elisabeth du Tyrol, Arlequin dans un œuf, etc., dont M. Hapdé a enrichi ce théâtre, La musique qui offre plusieurs morceaux pleins d’effet, et sur-tout une ouverture très-agréable, est de M. Foignet fils.

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