L'Heureux choix, ou les Époux dotés

L'Heureux choix, ou les Époux dotés, vaudeville en un acte, de Fontenille et Boutard, 7 thermidor an 10 [26 juillet 1802].

Théâtre du Vaudeville.

Le nom de Fontenille connaît plusieurs orthographes : Fontenil, Fonteny.

Titre :

L'Heureux choix, ou les Époux dotés

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

7 thermidor an 10 [26 juillet 1802]

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Fontenille et Boutard

Almanach des Muses 1803

Courrier des spectacles, n° 1969 du 8 thermidor an 10 [27 juillet 1802], p. 2 :

[On a beaucoup mis sur la scène, en cet été 1802, le magnifique événement de ce mariage simultané dans chacun des arrondissements de Paris d’un couple sélectionné, à qui le gouvernement accorde une dot. Les théâtres ne peuvent éviter de faire leur cour au pouvoir, et cela donne des pièces d’une qualité incertaine. Celle du Vaudeville a obtenu « le succès […] le moins contesté », ce qui ne signifie pas le triomphe. L’intrigue est un peu obscure, telle que la raconte le critique. Il faut comprendre que Duvivier et Raymond sont la même personne, Duvivier ayant cru bon de changer d’identité pour échapper à la rancune du père de Rose, sa bien aimée. On va désigner Duvivier comme lauréat de la compétition et lui remettre la dot, quand un vieux domestique vient dire combien Raymond a été généreux envers lui, ce qui explique qu’il ait « quelques dettes » : ce sera à Raymond qu’iront la dot et la main de Rose. Pièce sans plan, entrées non motivées, il ne reste plus que « quelques scènes soignées » pour sauver la pièce, avec l’aide efficace de couplets « bien faits » et d’interprètes jouant leur rôle avec intelligence.]

Théâtre du Vaudeville.

Première représentation de l’Heureux Choix, ou les Epoux dotés.

Parmi les pièces de circonstance, c’est une de celles dont le succès a été le moins contesté. Nous avons rendu compte, dans le Numéro du 27 messidor, du vaudeville donné au théâtre Montansier, à l’occasion des mariages qui ont eu lieu le 14 juillet dans les douze arrondissemens de Paris ; c’est le même sujet qui a été traité par les cit. Fonteny et Boutard , de la manière suivante :

Duvivier, sous le nom de Raymond, aime Rose, fille d’un ancien employé, que la perte d’un procès contre son père ne peut qu’aigrir contre lui et prévenir contre son mariage avec sa fille.

C’est le 14 juillet : déjà le maire, M. Delval, a recueilli les différens traits qui doivent faire décerner la récompense promise. Il penche pour Raymond ; son substitut Lariviere penche pour Duvivier, et cela donne lieu à une scène entre ce dernier et Raymond lui-même, à qui il dit que son concurrent, comme militaire, a bien des titres à la récompense promise. Raymond lui répond :

Supporter avec courage
La faim, le froid et le chaud,
Passer un fleuve à la nage,
Prendre une ville d’assaut,
Si pour ces traits de vaillance
On dotoit tous les soldats,
Apprenez que de la France
Tout l’or ne suffiroit pas.

M. Delval, cependant, a sçu de Larivière que Raymond avoit quelques dettes, et il en a tiré l’aveu de ce jeune homme, qui cependant lui en a caché la cause. Il veut la pénétrer, lorsqu’un nouveau concurrent se présente : c’est Croquignac, second prote de M. Millefeuille, imprimeur. Il prend le nom d’artiste.

M. BELVAL.

Du beau nom d’artiste à présent
Chacun sans pudeur se décore,
Pâtissier, doreur, artisan,
Cordonnier et bien pis encore.
Envain de nombreux étendards
Semblent défendre leur empire,
Il faut pleurer sur les beaux-arts
Lorsque tant d’artistes font rire.

Le conseil-municipal s’assemble, et tous les membres s’accordent à donner le prix à Duvivier. Le Maire le déclare à regret à Raymond ; lorsqu’un vieux Domestique de M. Delval accourt et s’écrie que les bienfaits qu’il a reçus depuis la mort de son fils viennent de Raymond, dont le commissionnaire chargé de lui remettre l’argent, lui a déclaré le nom véritable. Le Maire voit la cause de la dette qu’a contractée le jeune homme, il l’embrasse et lui donne en même-tems la ré compense civique et la main de Rose. Il y a sans doute dans cette petite pièce défaut de plan, des entrées multipliées et sans motif, mais on y remarque quelques scènes soignées. En général, les couplets sont bien faits ; et les acteurs, et sur-tout le cit. Seveste, chargé du rôle de Raymond, ont fait valoir l’ouvrage par leur jeu et leur intelligence.

F. J. B. P. G * * *.

Magasin encyclopédique ou journal des sciences, des lettres et des arts, VIIIe année, tome deuxième, p. 255-256 :

[La circonstance, c’est la décision du gouvernement de doter de 1000 ou 2000 francs, somme variable selon les sources, douze couples (un par arrondissement parisien). Ce qui semble expliquer son succès. Le critique n’est pas enthousiaste, l’ouvrage lui semble « bien froid, bien traînant », et les couplets ne valent pas mieux : « les idées des couplets sont loin d'être neuves ». Le résumé de l’intrigue en montre l’arbitraire (« on ne sait trop ni comment, ni pourquoi « ). La conclusion est une anecdote, celle d’un public qui semble dénigrer la pièce qu’il a applaudie pourtant.]

Grâce à la circonstance, ce petit ouvrage a été applaudi le 7 thermidor. Il est bien froid, bien traînant ; les idées des couplets sont loin d'être neuves ; cependant il a été jusqu'à la fin ; et on a nommé, comme auteurs, les CC. Fonteny et Boutard, qui ont fait au Vaudeville leur entrée par Pannard, clerc de procureur.

Raymond aime Rose, et desire l'épouser. Il se met sur les rangs pour obtenir les 1000 francs de dot que le gouvernement accorde à celui qui est choisi par le maire, pour figurer à la tête des mariages. Son rival est un gascon très-fat et très-ennuyeux. Après beaucoup de scènes fort peu utiles, et qui ne sont rien moins que gaies, on nomme celui qui a été choisi ; c'est Duvivier. Mais Raymond est ce Duvivier ; il a caché son véritable nom pour faire du bien plus à son aise, et pour être inconnu du père de Rose, qui a des motifs de haine contre sa famille.

Cependant il est choisi ; on ne sait trop ni comment, ni pourquoi ; et la pièce finit par des couplets sur un air très-baroque, et dont le refrain est alternativement : Ah la triste fête ! Ah la bonne féte ! mais le public n'en avoit retenu qu'un seul ; et chacun sortoit en répétant : Ah la triste féte !

Porte-feuille français pour l'an XI (1803), p. 193 :

L'Heureux Choix, ou Les Epoux dotés ; vaudeville en un acte, par Fontenil et Boutard, représenté le 6 thermidor.

Pièce de circonstance, faite à l'occasion des douze mariages célébrés, par ordre du gouvernement, le 14 juillet. – C'est beau !...

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