Idala, ou la Sultane

Idala, ou la Sultane, opéra en trois actes, d'Hoffman, musique de Nicolo Isouard, 30 juillet 1806.

Théâtre de l'Opéra-comique.

La première a eu lieu à l’Académie Impériale de Musique, au cour d’une représentation « au bénéfice de M. Philippe, acteur secrétaire de l’Opéra-Comique, retiré après 25 ans de service » (Courrier des spectacles n ° 3461 du 30 juillet 1806). Il a été ensuite repris, sans succès, à l'Opéra Comique

Titre

Idala ou la Sultane

Genre

opéra comique

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

30 juillet 1806

Théâtre :

Académie Impériale de Musique

Auteur(s) des paroles :

Hoffman

Compositeur(s) :

Nicolo Isouard

Almanach des Muses 1807.

Piece dans la composition de laquelle le poëte et le musicien se sont également mépris.

Idala a été donnée au cours d'une « représentation au bénéfice de Philippe », signalée ainsi dans le Courrier des spectacles, n° 3461 du 30 juillet 1806 :

Academie Impériale de Musique.

Aujourd., au bénéfice de M. Philippe, acteur sociétaire de l'Opéra-Comique, retiré après 25 ans de service,

Les Artistes de la Danse de l'Académie Impériale de Musique, les Comédiens ordinaires de l’Empereur, sociétaires du Théâtre Français, les Comédiens ordinaires de l'Empereur, sociétaires de 1Opéra-Comique réunis, donneront sur le Théâtre de l’Académie Impériale de Musique, la 1ère. représ, de la Capricieuse, com, en 1 acte et en vers, la 1ère. représ. de Idala, ou la Sultane, opéra en 5 actes, et la 1ère. représ de la reprise de la Rosière, ballet en 1 acte, de M. Gardel, exécuté par les premiers sujets de la Danse.

Le compte rendu que donne le Journal de Paris n° 212 du Jeudi 31 juillet 1806, p. 1565, de l'accueil réservé à Idala n'est pas élogieux :

Idala, ou la Sultane n'a pas été aussi heureuse [que la Capricieuse, jouée avant elle]. Paroles et musique, tout a paru fastidieux dans cet opéra, dont le sujet étoit encore un mystère pour le public à la moitié du second acte. On a écouté les premières scènes avec curiosité ; les suivantes ont donné de l'impatience ; mais une fois que l'impossibilité d'y entendre quelque chose a été généralement reconnue dans le parterre, on s'est mis à rire aux éclats, & la pièce n'a pas été achevée.

Courrier des spectacles n ° 3462 du 31 juillet 1806, p. 2-3 :

[Article tout-à-fait intéressant sur ce qu’est une représentation au service d’un acteur méritant. La soirée a été plutôt chahutée : les deux créations ont été mal accueillies, et si la Capricieuse a été à son terme sans que l’auteur soit nommé, Idala ou la Sultane a été interrompue par le désordre, que le critique lie assez gentiment au désir de la jeunesse de voir le ballet. Il dit pourtant beaucoup de mal de la pièce, au sujet peu intéressant et aux scènes aussi mal coupées que celles d’un opéra-buffa, comparaison particulièrement défavorable.]

Académie Impériale de Musique.

Représentation au bénéfice de M. Philippe.

M. Philippe a été beaucoup plus heureux que Mad. St.-Aubin. Malgré le désavantage de 1a saison, son auditoire a été plus nombreux et plus empressé. Voulez-vous faire contribuer le public à vos intérêts, spéculez sur sa curiosité, c’est le sentiment le plus vif et le plus constant. Ne lui présentez pas froidement le tableau de vos services Ce n’est pas assez de l’avoir amusé long-tems, de s’être acquis de droits à son estime ou à sa reconnoissance. Ces sentimens sont froids quand ils ne sont point intéressés ; il ne faut pas attendre des hommes tant de générosité.

En donnant deux pièces nouvelles et un ballet interrompu pendant long-tems, les Comédiens Français, ceux de l'Opéra Comique et de l’Académie Impériale de Musique, ont servi admirablement l’acteur estimable au profit duquel ils ont joué. On a voulu connoitre la Capricieuse, la Sultane Idala et la Rosière.

[Le critique commence par traiter de la Capricieuse, assez mal accueillie.]

L’Auteur n’a point- été nommé ; si c’est un malheur, c’est le moindre qu’il ait éprouvé ; car la Sultane qui est, dit on, de la même main, n’a pas été, pour le parterre , la Sultane favorite. Elle n’a pu se soutenir au second acte, les décharges de sifflets sont devenues si nombreuses, que le Grand Seigneur avec toute sa cour n’a pu soutenir le feu roulant, et la toile a couvert le reste de 1’ouvrage. Ce n’est pas que cet opéra fût plus mauvais que bien d’autres qu’on a reçus avec beaucoup de bienveillance, mais le sujet présentoit peu d’intérêt ; les scènes n’étoient gueres mieux coupées que celles d un opéra buffa. La jeunesse impatiente qui occupoit le parterre a profité de ces désavantages pour accélérer ses jouissances.

Un ballet devoit succéder à l’Opéra. Un ballet est aujourd’hui le genre de spectacle le plus recherche; on siffleroit Corneille pour le plaisir de voir un ballet. On a donc demandé impérieusement le ballet. Huet et Mlle. Pingenet ont défendu leur poste pendant long-tems avec beaucoup de dévouement ; mais il a fallu céder, ni la belle voix de Martin, ni la beauté de la Sultane favorite n’ont pu conjurer l’orage. Orphée lui-même y eût perdu ses chansons.

[Le critique donne ensuite le compte rendu de la reprise du ballet de la Rosière, de Gardel, le seul élément du spectacle qui ait réussi.]

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 11e année, 1806, tome IV, p. 450 :

[Les représentations données au bénéfice d’un ancien acteur ne sont pas des parties de plaisir pour les auteurs comme pour les acteurs. Les pièce d’Hoffman en ont fait les frais, et la pauvre Idala tout particulièrement.]

THÉATRE DE L'OPÉRA.

La brillante représentation donnée au bénéfice de Philippe, ancien acteur de l'Opéra-comique, n'a pas été fort heureuse pour l'auteur qui en a fait les frais. Idala et la Capricieuse étoient de M. Hoffman. Soit que le public fut mal disposé, soit que la salle fut trop vaste pour ce genre d'ouvrage, ni l'Opéra-comique, ni la petite comédie n'ont obtenu de succès. On les a rejoués depuis, et la Capricieuse seule paroît devoir rester au Théâtre français..

La Revue, philosophique, littéraire et politique, an 1806, IIIe trimestre (juillet, août, septembre), n° 23 (11 août 1806), p. 310-312 :

[Le compte rendu de la Revue philosophique est moins négatif, mais il pointe pourtant un défaut jugé rédhibitoire, l'absence d'intérêt : aucun personnage ne suscite chez les spectateurs ce fameux intérêt, nécessaire au théâtre (la pièce est plus romanesque que dramatique).]

Théâtre de l'Opéra-Comique, rue Faydeau.

ldala, ou la Sultane, en trois actes , en prose.

Un sultan, comme on n'en voit pas, un Orosmane en miniature, a quitté Lémaïs, la fille d'un aga, dont il était tendrement aimé, et s'est épris d'une de ses esclaves, nommée ldala, jusqu'au point d'oublier pour elle tons les usages du serrail. Celle-ci, coquette et légère, n'a pas dédaigné, pour son amusement et pour son crédit, les hommages du sultan, et répond à sou amour assez tendrement pour lui faire croire qu'il est aimé : cependant elle brûle et soupire en secret pour un jeune Tartare qui lui a sauvé la vie. L'aga, dont la répudiation de sa fille désespère l'ambition, déteste la favorite et veut la perdre. Il découvre qu'ldala doit introduire son jeune amant dans le harem, et surprend le billet de rendez-vous qu'elle doit lui faire parvenir ; il a l'imprudence d'en faire tirer copie par Lémaïs, et laisse remettre l'original, afin que le jeune téméraire surpris serve de conviction, et que sa coupable amante soit punie par le jaloux sultan ; mais ldala qui prévoit tout, a su que le sultan s'est déguisé pour l'épier, et prend en conséquence le moyen le plus sûr pour déjouer sa ruse. Quant au billet qu'on veut lui montrer pour preuve de sa perfidie, elle dit au sultan de l'examiner ; et comme il est de la main de Lémaïs et en termes ambigus, il ne lui est pas difficile de faire croire que c'est un tour de l'aga pour la perdre. En vain montre-t-il l'original du billet, en avouant qu'il en a fait tirer copie ; cet original même n'est point de la main d'Idala, qui, trop fine pour se compromettre, l'a, fait tracer par une main étrangère. Ainsi I'aga désespéré reste convaincu aux yeux du sultan d'une ruse abominable, et Idala triomphante reçoit du sultan les excuses et les réparations les plus honorables. Cependant l'imprudent amoureux a pénétré dans les jardins ; le faire sauver n'est pas facile ; on l'essaie, mais il est pris ; tout se découvre alors. L'aga triomphe à son tour ; mais il est bien étonné, et le public aussi., de voir que brusquement le sultan rend à la complaisante Limaïs son rang et son cœur , et qu'il ne punit Idala qu'en l'unissant à l'objet de sa flamme.

L'analyse suffit pour démontrer le vice radical de cette conception, plus romanesque encore que dramatique ; c'est le défaut absolu d'intérêt. A qui l'auteur a-t-il voulu qu'on en prît ? Ce n'est pas à cette pauvre Limaïs, insignifiante et sans caractère ; ce n'est pas à la coquette Idala, ce n'est point au sultan. Le seul qui pourrait en inspirer, c'est le jeune amant que les lois du serrail condamnaient à la mort ; mais son rôle est si nul, et le moment du danger si près de ce dénouement bizarre qui le rend heureux, qu'on n'a pas le tems de s'occuper de lui. Si vous joignez à ce défaut majeur une foule d'inconvenances locales que tout le talent de l'auteur n'a pu déguiser, vous verres que la pièce mérite bien un peu la défaveur qu'elle éprouve, quoiqu'on trouve au second acte une péripétie dramatique assez adroitement amenée.

La musique a quelques morceaux vraiment dignes d'éloges, et en général si le sujet était plus heureux, je crois qu'elle serait plus goûtée. On y trouve de la couleur, de l'originalité quelquefois, et de l'expression dans les morceaux d'ensemble. Mais quel rôle on a donné â Martin ? Il a la prétention d'être gai, et on ne s'en doute pas; il est de plus presqu'entièreniem inutile, si ce n'est pour venir admirablement broder un grand morceau dont assurément la musique ne laisse pas soupçonner le sens des paroles, et peut-être le musicien l'a-t-il fait exprès. Les voici. C'est un chef des eunuques qui dit :

Au divin Alcoran lorsque je suis rebelle ;
Ne vous offensez point, ô célestes houris !
Aux lois du Musulman quand je serais fidèle,
Que feriez-vous de moi dans votre paradis ?

La pièce a cependant obtenu quelques applaudissemens ; il était difficile qu'on ne trouvât rien du tout dans un ouvrage dont les paroles sont de M. Hoffmann et la musique de M. Nicolo Isoard.                             L. C.

Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 279, datent la première représentation au 1er août 1806 au Théâtre de l’Opéra-Comique (le lendemain de la représentation de l’Opéra). La carrière d’Idala a été brève : 2 représentations seulement.

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