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Les Illustres infortunés ou la Souveraine vindicative

Les Illustres infortunés ou la Souveraine vindicative, opéra en trois actes; de Maxime de Redon et Defrénoy, musique de Bianchi, 8 janvier 1807.

Théâtre des Jeunes Élèves.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Madame Cavanagh, 1807 :

Les Illustres infortunés, ou la Souveraine vindicative. Opéra en Trois Actes en prose, Paroles de MM. Maxime de Redon et Defrénoy, Musique D'il Signor Bianchy. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Jeunes Elèves, rue de Thionville, le Jeudi 8 Janvier 1807. Pour la représentation au bénéfice de M. Angot.

Courrier des spectacles, n° 3622 du 11 janvier 1807, p. 2-3 :

[Pour une soirée au bénéfice d'un acteur du théâtre, la direction a choisi de montrer deux pièces nouvelles, un opéra mélodramatique en trois actes, et une comédie-vaudeville bien moins ambitieuse. L'opéra, les Illustres infortunés, s'inscrit dans la vogue des pièces ayant « illustre » dans leur titre, dont le critique donne quelques exemples. Un mot censé attirer le public. La suite de l'article est essentiellement consacrée à donner « une esquisse abrégée » des malheurs qui accablent les personnages. L'ironie de l'expression est justifiée par l'extrême complexité d'une intrigue à rebondissements multiples, conformes à ce qu'on voit dans les bons mélodrames : des enfants substitués, une belle-mère cruelle, un geôlier qui se range aux côtés de ses prisonniers, des combats, dont un combat contre une femme (qu'elle surprise quand elle lève sa visière !), etc, jusqu'à la fin où le bien triomphe, naturellement. La fin de l'article revient sur quelques points : la musique, jugée positivement ; le contenu des deuxième et troisième actes, riches en rebondissements, coups de théâtres combats. Il n'y a plus qu'à nommer les auteurs, avant de consacrer quelques lignes à l'autre nouveauté du jour, Treize à table.]

Théâtre des Elèves.

Rue de Thionville.

Les Illustres Infortunés.

Jamais le titre d'Illustre n’a joui d’une vogue plus brillante. Ce ne sont partout que des Illustres, les affiches de théâtre, les annonces ne sont chargées que du grand mot d’Illustre, écrit en lettres d’un mètre de longueur.. Ici l'illustre Aveugle, 1à les illustres Fugitifs, plus loin, les Illustres Voyageurs, les Illustres Infortunés ; il nous manquoit les Illustres Victimes, mais elles sont promises pour une époque très prochaine. Deux pièces décorées du titre d'Illustre se disputoient le même jour la palme de la gloire sur deux de nos théâtres, les Illustres Fugitifs à la Porte St. Martin, et les Illustres infortunés à la rue de Thionville. Les Illustres Fugitifs ont entrainé tous les cœurs sur leurs pas ; les Illustres Infortunés ont aussi trouvé des spectateurs sensibles qui leur ont témoigné beaucoup d’intérêt. Voici une esquisse abrégée de leurs malheurs :

Un Duc qui se nomme Roland épouse une belle Princesse qui lui donne un fils qu’on appelle Enguerrand. La Princesse meurt, et Ie Duc qui ne veut point supporter les calamités du veuvage, prend une seconde femme qu’on nomme Alfrégonde. Cette Alfrégonde conçoit bientôt et met au monde un enfant qui meurt presque aussi-tôt ; mais son royal époux lui cache ce malheur. Il avoit à la cour une maîtresse qui venoit de concevoir et de mettre au monde un enfant que l’on substitue au petit Duc, sous le nom d’Edmond. Les deux enfans croissent, Roland meurt, et Alfregonde, profitant de l’absence des deux Princes,qui voyagent, se voit maîtresse du sort de l’état. On juge bien qu’elle songe aussi-tôt à mettre sur le trône son fils Edmond à la place d’Enguerrand. Elle attend le retour de ce dernier, lui dresse des-embûches, le prend et l’enferme dans une tour bien noire, et défendue par de bons barreaux. Le jeune Prince étoit là sous la surveillance d’un gardien rébarbatif sommé Olban ; lorsque Clotilde, sa jeune épouse, arrive à la chaumière d'Olban, l’intéresse à son sort, et en fait le Cerbère le plus aimable du inonde. Comme elle étoit auprès de la f'orteresse, arrive un jeune homme pâle, échevelé, qui s’étoit sauvé avec peine des mains des brigands. Ou devine déjà que ce jeune inforuné est Edmond ; c’est en effet lui ; il prend part aux malheurs de Clotilde et d'Enguerrand, et forme la résolution de délivrer son frère. C’est assurément, pour un Prince, un acte de justice fort exemplaire. Il part d’abord pour fléchir Alfregonde, et la ramener à des sentimens plus humains et plus justes ; efforts inutiles : la méchante Duchesse s’obstine dans ses fureurs. Edmond prend son parti, rassemble quelques amis, se procure une clef de la tour, et brise les fers de son frere Enguerrand. La joie étoit extrême, quand un guerrier arrive armé de pied en cap, et se dispose à enlever le Prisonnier. Edmond le combat et le désarme ; le vaincu lève la visière de son casque, et l’on reconnoît que l'illustre paladin n’est autre chose qu’Alfregonde elle-même. La Princesse furieuse, appelle ses gardes ; ils arrivent ; mais ici Olban s’interpose entre les combattans ; son éloquence désarme les guerriers ; et la Princesse se voit trahie par ses propres gardes. Dans son désespoir, elle s’efforce de tourner contre son fils et contre elle-meme le poignard qui lui reste. Olban la désarme, et lui révèle le secret de la naissance d'Edmond. La furieuse Alfregondc ne veut rien écouter, quoique sans force et sans armes, elle menace encore. Enfin Enguerraud prend sa revanche et la fait entraîner.

Ou a souvent applaudi, dans le cours de cette représentation, divers morceaux de musique, qui font honneur au compositeur. Le quatuor finale du premier acte est d’un style fort agréabc. La romance de Clotilde sera retenue ; elle est d’une simplicité noble et touchante.

Le second acte offre quelques situations qui prouvent que l'auteur connoît les effets du théâtre. Le troisième se distingue par des coups de théâtre, et par un combat à quatre, qui a été fort bien exécuté.

Les auteurs de cet opéra sont, pour les paroles,. MM. Maxime de Rédon et Dufrenoy, et celui de la musique, M. Bianchi.

Cette pièce étoit précédée de Treize à table, vaudeville en treize couplets, et composé par treize auteurs. C'est une bluette , dans laquelle on tourne en ridicule le préjugé populaire qui consiste à craindre les suites funestes d’une réunion de treize. Il y a deux ou trois jolies scènes ; les couplets n’en sont pas de la première force ; mais ils sont tournés avec facilité. La meilleure objection que les auteurs pouvoient faire valoir contre le préjugé, c’est qu’ils étoient treize , et qu’ils ont réussi.

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