Joseph Barra

Joseph Barra, fait historique en un acte, mêlé d'ariettes, de Levrier-Champrion, musique de Grétry. 17 Prairial an 2 [5 juin 1794].

Opéra comique national de la rue Favart

Almanach des Muses 1795.

La Décade philosophique, littéraire et politique, première année (an 2), tome premier, n° 7 (10 messidor), p. 420-421 :

[La pièce prétend restituer la figure d'un héros de la Révolution, très populaire dans les années 1793-1794. Après avoir rappelé ce qu'a été l'acte d'héroïsme de Barra, il entend montrer qu'en fait l'auteur déforme la réalité : « c'est son héros qu'il nous présente, et non plus celui de la République ». La première partie, montrant « la générosité de Barra envers sa famille » est qualifiée de « pure fiction », la deuxième, au lieu de montrer« la mort de ce jeune héros », « la cache derrière les décorations ». Trop peu « d'entente de la scène », seule une anecdote montrant la réaction un peu naïve d'une actrice (si j'interprète bien son cri du cœur) paraît trouver grâce aux yeux du critique. Quant à la musique de Grétry, réduite à « un chœur neuf et agréable », elle est jugée peu digne de son grand talent.]

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Joseph Barra.

Il est des traits héroïques qu'il faut renoncer à mettre sur la scène ; la place qui est réservée dans l'histoire à leurs héros, les dédommagera avec usure des couronnes que les François auroient aimé leur offrir au théâtre. Le jeune Barra, gardant les chevaux qui lui étoient confiés, entouré de brigands, sommé par eux de crier vive le roi, et leur répondant par : vive la république ! honorera les premiers tems de notre liberté, mais il ne sauroit fournir le sujet d'une action dramatique ; à moins que l'auteur ne bâtisse une fable pour encadrer un seul trait ; et c'est alors les fruits de son imagination qu'il offre à nos regards, et dont il fait l'objet de nos hommages ; c'est son héros qu'il nous présente, et non plus celui de la République.

Le but de l'auteur dont nous annonçons l'ouvrage, semble avoir été, dans la première partie de sa pièce, de montrer la générosité de Barra envers sa famille, et ce qu'il nous donne là est une pure fiction ; dans la seconde partie, de nous offrir la mort de ce jeune héros ; et il la cache derrière les décorations. Nous aurions voulu louer dans l'auteur plus d'entente de la scène, et n'avoir pas à lui reprocher bien des puérilités, habillées d'un style puérile. I1 est cependant dans sa pièce un mot digne du génie républicain, et c'est une raison pour que nous le rapportions. Un soldat qui arrive du lieu du combat, décrit avec enthousiasme l'intrépidité du jeune Barra qui se bat comme un lion ; sa mère, du milieu d'un groupe de paysans, s'écrie : C'est mon fils !

Grétry s'est oublié.Un chœur neuf et agréable, voilà tout ; c'est trop peu pour Grétry !

L'article suivant est consacré à la critique de l'Apothéose du jeune Barra, joué au Théâtre de la rue Feydeau.

Dans la base César, la pièce est simplement qualifiée d'« historique », et seul l'auteur des paroles, Guillaume-D.-T. Lévrier de Champ-Rion est cité : plus de compositeur...

Elle a été jouée 9 fois, du 5 juin au 4 novembre 1794, au Théâtre Italien (salle Favart).

Ajouter un commentaire

Anti-spam