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La Journée des dupes (1790)

La Journée des dupes, pièce tragi-politi-comique, représentée sur le théâtre national par les grands comédiens de la patrie.

Publié en 1790.

A ne pas confondre avec la Journée des dupes, ou l'Envie de parvenir d'Armand Charlemagne (1815).

Pièce attribuée à Antoine-Hyacinthe-Anne de Chastenet de Puységur (1752-1809) par le Catalogue général des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, mais aussi à Amand-Marc-Jacques de Chastenet de Puységur (souvent appelé Armand...), en collaboration avec Nicolas Bergasse. Des deux frères Puységur, Antoine est le comte de Puységur, et Amand (ou Armand) le marquis.

On ne trouve pas trace d’une représentation (César ne parle que de la publicaiton d’une brochure, sans nom d’auteur, ni d’éditeur, ni de lieu ou de date de publication.

Friedrich Melchior baron von Grimm, Correspondance littéraire, philosophique et critique, (Garnier Frères, 1881), tome 15, p. 567-567 (décembre 1789) :

La Journée des dupes, pièce tragi-politi-comique, représentée sur le théâtre national par les grands comédiens de la patrie. Brochure in-8° de 86 pages.

Ce n'est qu'une caricature, une ébauche au premier trait, mais dont l'idée est comique et l'exécution facile et gaie. L'auteur fait revenir M. de La Peyrouse en France dans les premiers jours d'octobre avec un jeune Indien, prévenu le plus favorablement du monde sur les délices de ce beau pays. « Tu vas surtout admirer, lui dit ce brave marin, l'urbanité, la douceur de ce peuple aimable, son idolâtrie pour son roi, cet esprit piquant et ingénieux qui fait de la capitale le temple des arts, des spectacles enchanteurs, une police plus étonnante encore, les plaisirs et la sûreté attirant de toutes parts des voyageurs curieux. Tu seras touché surtout de l'accueil flatteur dont ce peuple généreux va récompenser mes travaux et mes dangers... » Un homme du peuple qui a saisi quelques mots de cette conversation ne manque pas de le prendre pour un aristocrate et court vite chercher du monde pour l'arrêter. Le peuple s'attroupe autour du voyageur et lui crie : A bas la cocarde blanche ! on la lui arrache, on lui arrache ses boucles, sa montre, on dépouille de même le jeune Indien en lui disant : Il faut que tu fasses un don patriotique. La patrouille survient, c'est M. Garde-Rue qui la commande. « Ah ! monsieur, lui dit M. de La Peyrouse, que vous venez à propos pour me tirer des mains de ces brigands ! – Modérez-vous, monsieur, répond l'officier de la garde nationale, ces brigands sont des hommes. Les droits de l'homme sont en vigueur, je n'ai que la voie de la représentation, jusqu'à ce que la loi martiale ait été publiée. » Le peuple cependant ne cesse de crier : C'est un aristocrate, à la lanterne ! --Patience, messieurs, dit M. Garde-Rue, je ne viens pas ici m'opposer à la volonté souveraine de la nation, mais vous ne refuserez pas sans doute d'entendre cet homme. Il l'interroge. Qui êtes-vous, monsieur? – Monsieur, je suis un voyageur. – Vous avez donc un passeport de votre district ? — Que voulez-vous dire, monsieur ? – Vous savez bien que, depuis que nous sommes libres, l'on ne voyage pas sans permission de sa paroisse ? » Les réponses de M. de La Peyrouse ne paraissent nullement satisfaisantes, M. Garde-Rue dit à la troupe : Messieurs les soldats, attention, je vous prie, au commandement : Faites-moi l'honneur d'envelopper cet homme... Un grenadier traduit le commandement en style plus clair ; et pour consoler M. de La Peyrouse, fort étonné de se voir emmené comme un criminel : « Que voulez-vous, dit M. Garde-Rue, vous êtes venu dans un mauvais moment, et vous voilà justement entre les droits de l'homme et la loi martiale. – Expliquez-moi ces énigmes. – Voici ce dont il s'agit. Nous avons obtenu les droits de l'homme ; dès ce moment tout ce que vous appelez en votre langage aristocratique brigands, canaille, règne et fait tout ce qui lui plaît ; quand cela devient trop fort, on publie la loi martiale : c'est une finesse des aristocrates, parce qu'alors on tue tout le monde, ce qui établit l’équilibre et fait une compensation, etc. »

Cette scène suffira pour donner l'idée de l'esprit dans lequel tout l'ouvrage est fait. Les personnages sont Bimeaura, Mirabeau, Peichelar, Chapelier, conjurés du grand collège ; Catepane, Castellane ; Montmici, Montmorency ; Mola, Malo de Lameth ; Almenandre, son frère Alexandre, conjurés du petit collège ; Mounier, citoyen vertueux ; Laibil, Bailly, on ne sait pas bien ce que c'est encore ; Yetiafet, La Fayette ; La Peyrouse ; 0 Paria, indien ; Mme du Club, maîtresse d'auberge ; M. Garde-Rue, sergent de la garde bourgeoise ; troupe de brigands soi-disant nation.

Cette facétie a été faite, dit-on, dans une soirée à Petit-Bourg, chez Mme la duchesse de Bourbon, par MM. de Puységur et Bergasse ; on croit y reconnaître en effet le même ton de plaisanterie que dans la comédie de la Cour plénière, attribuée également à M. Bergasse.

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