La Journée difficile ou les Femmes rusées

La Journée difficile, ou les Femme rusées, comédie en 3 actes et en prose, de. Dumaniant, 17 novembre 1792.

Théâtre des Enfants Comiques.

Pigault-Lebrun est sans doute coauteur.

La date de création est un peu incertaine : la base César la situe au 17 novembre 1791, à l'éphémère Théâtre des Enfants Comiques (César n'enregistre que 15 représentations pour ce théâtre, du 17 au 23 novembre 1791, cinq soirées, trois pièces par soirée) ; André Tissier, les Spectacles à Paris pendant la Révolution, tome 1, p. 132, donne la date du 19 novembre 1792 et connaît 24 représentations, 11 en 1792, 12 en 1793 et une en 1794.

L’Almanach des Muses 1797 donne comme date de création le 21 fructidor an 4 [7 septembre 1796], sur le Théâtre de la République. Une reprise, dont la base César n'a pas entendu parler ?

Sur la page de titre de la brochure, Paris, Cailleau, 1792 :

La Journée difficile, ou les femmes rusées, comédie en trois actes et en prose ; par A. J. Dumaniant. Représentée pour la première fois, sur le Théâtre des Variétés du Palais, le 19 Novembre 1792.

L.-Henry Lecomte, Histoire des théâtres de Paris, le Théâtre de la Cité, 1792-1807, p. 15, donne Pigault-Lebrun comme co-auteur. La date de création est pour lui le 19 novembre 1792 : il paraît ignorer la création

P. 16, il résume une intrigue très compliquée (il a de la chance de ne trouver obscur que le dernier acte) et porte un jugement plutôt positif (« adroitement intriguée » : il faut en effet être habile pour mener une telle intrigue).

Mme Bernard, veuve opulente, a pour secrétaire le jeune Frédéric dont elle s'est amourachée, mais Frédéric n'a d'attention que pour Laure, filleule de sa patronne, qui le paie de retour. Cette passion est assez secrète pour être ignorée de Frontin, valet du jeune homme, mais ce dernier la doit avouer à M. Durand, son ami, par suite d'un événement bizarre. M. de Morat, vieux garçon, est mort en léguant à Mme Bernard et à Durand une terre qui vaut deux cent mille écus, à la condition qu'un mariage unira ses deux héritiers. Durand, que la chose n'effraie pas, imagine de se présenter à la veuve sous le nom de Dumont, homme d'affaires. Il n'est pas mal reçu, mais juge bon, pour ses intérêts, de conclure un traité d'alliance avec Frédéric. Ce traité vient à point, car Gervais, oncle de Laure, veut marier sa nièce au villageois Léonard. Que faire, sinon enlever la belle ? Durand prête les mains à cette équipée ; mais Frontin, vexé de n'être pas mis dans la confidence, espionne son maître, surprend le complot et le dénonce à Mme Bernard. Celle-ci, très rusée, veut profiter des circonstances pour obliger Laure à épouser Léonard. C'est Léonard que la jeune fille trouvera au rendez-vous et à qui on la donnera par contrat tandis que Gervais, prévenu, retiendra Frédéric dans sa chambre. Durand sauve la situation en prenant la place de l'amoureux qui, par Mme Durand elle-même, est uni à Laure. La veuve, qu'éclaire enfin la raison, épousera Durand qui dotera le jeune couple.

Adroitement intriguée, cette pièce, bien que son dernier acte fût obscur et pour ainsi dire inutile, fut généralement applaudie.

La date de la brochure ne correspond pas à celle de l'Almanach des Muses, pas plus que le théâtre où est annoncée la première.

La base César connaît 11 représentations :

  • une le 17 novembre 1791, au Théâtre des Enfants Comiques ;

  • neuf au Palais des Variétés, d'abord le 19 novembre 1791 (faut-il lire 1792, comme sur la brochure?), puis du 20 mars 1793 au 3 mars 1794 ;

  • une au Théâtre de Caen le 1er août 1796.

Mais elle ignore la reprise parisienne de cette même année 1796, au Théâtre de la République, qui ne semble pas avoir bien réussi.

On peut trouver une explication de ce parcours original dans Le Tribunal d'Apollon, ou jugement en dernier ressort de tous les auteurs vivans, tome premier (an 7), p. 123 :

Oh ! la soirée difficile pour le citoyen Dumaniant, que certaine soirée où l'on essaya de représenter sa Journée difficile ou la Veuve rusée, sur le théâtre de la République, dans la persuasion que le parterre de cette salle ne serait pas aussi difficile que celui de la Cité qui l'avait impitoyablement sifflée et enterrée. Sans doute, cette fois-là, le citoyen Dumaniant, qui harangua vainement le public indocile, n'avait pas copié le théâtre espagnol. Il se vengea de cette indocilité en donnant dans le roman, et force nous fut de lire les Aventures d'un Émigré. Un homme à caractère ne doit jamais avoir le démenti.

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