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Kaled, ou les Parens de circonstance

Kaled, ou les Parens de circonstance, vaudeville en un acte, de Rougemont, 17 octobre 1813.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Kaled, ou les Parens de circonstance

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

17 octobre 1813

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

M. de Rougemont

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1813 :

Les Parens de circonstance, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, Par M. de Rougemont ; Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville le 18 octobre 1813.

Journal des arts, des sciences, et de littérature n° 544 (quatrième année) du 20 octobre 1813, p. 89-90 :

[Le compte rendu de Kaleb (petite inexactitude : il faudrait écrire Kaled) suit presque immédiatement celui du Forgeron de Bassora, joué le 14 octobre à l’Opéra-Comique. Les ressemblances sont très fortes, et les différences que relève le critique sont bien minces. Cette parenté dispense de faire l’analyse de Kaleb. La pièce de Rougemont a une originalité : le couplet d’annonce est précédé d’une scène entre Colombine et Arlequin, qui n’a que le défaut d’être interminable, et il a fallu que l’acteur chargé du couplet d’annonce (il y en avait un quand même) l’interrompe. Les couplets sont dans l’ensemble « gais, faciles et spirituels », mais le critique les croit plus dignes du Théâtre des Variétés que de celui du Vaudeville : il y a une hiérrachie des théâtres. Il y voit le signe d’une sorte de décadence. Plus généralement la pièce n’est pas d’un goût parfait, « les manières des personnages sont beaucoup plus turques que parisiennes », mais sans empêcher qu’elle ne puisse être vue par tous les publics (autre trait important : la morale doit toujours être sauve). L’article s’achève par un couplet redemande.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Première représentation de Kaleb, ou les Parens de circonstance,
vaudeville en un acte , par M. Rougemont.

La pièce nouvelle de l'Opéra-Comique et celle du Vaudeville ont été faites sur le même plan, et la ressemblance entr'elles est si grande, que l'analyse de l'une suffit pour rendre compte de l'autre. Seulement, au lieu d'un forgeron, M. Rougemont a mis en scène un cordonnier ; le héros se nomme Kaleb et non pas Kadib, comme celui de l'opéra ; sa maîtresse s'appelle Agédie, au lieu de Corinne ; mais, à ces petites différences prés, On doit convenir que si l'un et l'autre ne sont pas frères, ils sont au moins bien proches parens.

L'auteur, persuadé que les couplets d'annonce commencent à passer de mode, a voulu paraitre original dans le sien : il l'a fait preceder d'une scène entre Colombine et Arlequin ; mais ce petit épisode, qui avait un peu diverti le parterre, à cause de sa nouveauté, est devenu si long, que de bruyans murmures en ont précipité la fin. Heureusement Laporte est arrivé au couplet d'annonce, et la pièce a commencé sous de plus heureux auspices.

Presque tous les couplets sont gais, faciles et spirituels. Le dialogue est semé d'équivoques, de pointes et de jeux de mots qui figureraient mieux aux Variétés qu'au Vaudeville ; mais il est décidé maintenant que les Français s'en amusent partout, et il ne faudrait pas trop désespérer d'en entendre un jour à l'Opéra.

La pièce n'est pas non plus un modèle de goût ; les manières des personnages sont beaucoup plus turques que parisiennes. Mais il y règne tout juste assez de décence pour qu'on puisse la jouer devant des jeunes gens ou des femmes à la mode.

Deux couplets ont été redemandés ; on a surtout applaudi celui que nous allons citer :

GIAFFAR KALEB.

AIR: Vaudeville de Partie carrée.

Imite en tout la conduite du maitre,
Ris aux éclats quand il paraîtra gai :
Sois affligé quand il paraîtra l'être,
Plains-toi quand il est fatigué.
Fais le bourru quand il sera maussade,
Approuve quand il applaudit.

KALEB.

Bon, je comprends ; quand il sera malade,
        J'irai me mettre au lit. [bis].

D.          

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, 1813, tome V, p. 442 :

Kaled, ou les Parens de circonstance, vaudeville en un acte, joué le i7 octobre.

Le sujet de ce petit ouvrage étant tiré, comme celui du Forgeron de Bassora, du conte de M. Sarrazin, il est inutile de répéter l'analyse que nous en avons donnée. Peut-être convenoit-il mieux au Vaudeville de ne faire qu'un acte de ce sujet, assez peu neuf par lui-même, et qui ne pouvoit briller que par les détails. Les couplets de la petite pièce nouvelle sont gais et piquans, c'est l'avantage du vaudeville sur l'opéra-comique. Le Forgeron brille par une charmante musique, c'est l'avantage de l'opéra-comique sur le vaudeville. Les deux ouvrages peuvent donc être vus avec plaisir, sans que le succès de l'un nuise à celui de l'autre.

L'auteur du vaudeville est M. de Rougemont.

L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1813, tome XI (novembre 1813), p. 291-293 :

[Une critique intéressante : le manque de couleur locale, Bagdad n’étant pas Constantinople... Les spectateurs étaient-ils sensibles à de telles incohérences ?]

Kaled, ou les Parens de circonstance.

Le maréchal de Noailles était en procès avec un de ses fermiers ; l'affaire devait être jugée au parlement de Paris, et déjà sept ou huit conseillers s'étaient récusés comme parens plus ou moins éloignés des Noailles. Un des juges impatienté de cette vanité ridicule, se leva en disant : Je me récuse aussi, mais comme parent du fermier. En général, il est fort rare de trouver des parens quand on est pauvre et sans crédit ; mais beaucoup de gens ressemblent à ce courtisan qui déclarait à l'avance que quelque fut le premier ministre qu'on nommât, il était son parent ou du moins son allié, et, de plus, son très-humble serviteur. Cette faiblesse est de tous les temps et de tous les lieux, et le calife Aaroun al Raschied ne risquait pas beaucoup lorsqu'il promettait au cordonnier Kaled, transformé momentanément en visir, qu'avant la fin du jour, il aurait plus de parens qu'il n'en voudrait.

Kaled a le besoin le plus urgent d'une famille. Il veut avoir un père, puisque tout le monde en a, et surtout parce que celui de la belle Agelie ne veut point donner sa fille à un homme sans aveu. Toutefois le calife ne promet au nouveau visir que des cousins. En effet, à peine l'élévation de Kaled est-elle connue, qu'il lui arrive des parens de tout côté ; chacun veut lui appartenir, ne fût-ce que par les femmes. Pour mieux constater la parenté, deux de ses cousins consentent à lui remettre une portion d'héritage qui, selon eux, doit lui appartenir. Bien entendu qu'ils espèrent profiter de la faveur du ministre. Le calife se prête à tout cela de la meilleure grace du monde ; il engage même Kaled à ne point oublier sa famille dans la dispensation des graces. Comme le nouveau visir a de l'esprit et de la gaîté, il persiffle fort agréablement ses prétendus parens. Malgré quelques jolis couplets et plusieurs traits heureux, on commençait à s'impatienter de ne point voir de femme dans la nouvelle pièce, lorsqu'heureusement il prend fantaisie à Kaled d'étaler ses richesses aux yeux du père d'Agelie. Celui-ci arrive avec sa fille pour essayer des babouches au visir. Sa surprise est extrême de lui trouver les traits et la voix de Kaled. Mais le rêve du visir-cordonnier touchait à sa fin ; sa faveur ne devait durer qu'un jour. Une nouvelle proclamation du calife annonce que de même qu'il lui a plu de disgracier Giafar le matin, il lui plaît de lui rendre ses dignités le soir. De tant de grandeurs, il ne reste à Kaled que les sequins qu'il a reçus de ses parens ; mais ces sequins suffisent pour obtenir la main de sa maîtresse. Il n'est presque pas besoin de dire que les cousins furieux se hâtent de désavouer un parent qui ne peut plus leur être utile.

On voit que le sujet de cette petite pièce est exactement le même que celui du Forgeron de Bassora ; mais comme on est moins exigeant au Vaudeville qu'à l'Opéra-Comique, le cordonnier a mieux été accueilli que le forgeron. Il est fâcheux que M. Rougemont, l'auteur de la pièce, n'ait pas rajeuni un fond si usé par un plus grand nombre de détails qui lui appartinssent. Il eût peut-être mieux valu aussi observer un peu plus exactement le costume, et ne pas mettre à Bagdad un muphti, un bostangi et des janissaires qu'il faut laisser à Constantinople. A ces petites erreurs près, la pièce est agréable. Hippolyte joue à merveille le rôle de Kaled. Mlle. Rivière n'a presque rien à dire ; elle ne paraît qu'un moment, quoiqu'elle soit très-bonne à voir. Les airs qu'on lui a donnés à chanter sont peu favorables à sa voix. La pièce a eu du succès, et ce succès se soutient.

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