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La Leçon, ou la Tasse de glaces

La Leçon, ou la Tasse de glaces, comédie en un acte et en prose, mêlée d’ariettes, de Marsollier; musique de Daleyrac, 5 prairial an 5 [24 mai 1797].

Théâtre Feydeau.

Titre :

Leçon (la), ou la Tasse de glaces

Genre

comédie en un acte et en prose, mêlée d’ariettes

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

ariettes

Date de création :

5 prairial an 5 (24 mai 1797)

Théâtre :

Théâtre Feydeau

Auteur(s) des paroles :

M. Marsollier

Compositeur(s) :

M. Daleyrac

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Huet, an V (1797, vieux style) :

La Leçon, ou la Tasse de glaces, comédie en un acte et en prose, mêlée d’ariettes, Représentée sur le théâtre de la rue Feydeau, le 5 prairial, an 5.eme (24 mai 1797, v. s.). Paroles de M. Marsollier, Musique de M. Dalayrac.

Un avertissement précède la pièce :

Avertissement de l’auteur.

Cette comédie, imitée d'un des jolis proverbes de M. Carmontelle, est la première que j'aie donnée sur le théâtre Italien, sous le nom de la Fausse Peur. L'ouvrage réussit, et obtint même l'honneur d'une reprise, quoiqu'il eût bien des défauts, et que la musique légère, agréable, mais foible, ne fût l'ouvrage que d'un enfant de quatorze ans, (le jeune Darcis) qui annonçoit, il est vrai, les plus heureuses dispositions, et que la mort a enlevé à la fleur de l'âge. Il étoit l'élève du célèbre Grétry ; c'est dire tout ce qu'il auroit pu devenir sous un pareil maître, qui, au génie que la nature lui a accordé, a su joindre encore les fruits de l’expérience, vingt-cinq ans de succès, et les observations les plus délicates et les plus profondes sur son art. Ses essais sur la musique prouvent à quel point un grand homme peut unir la théorie à la pratique. Voulant faire reparoître ce petit ouvrage et le rendre agréable au public, j'ai cru ne pouvoir mieux faire, que de l'embellir des charmes de la musique de M. d'Alayrac, qui déjà tant de fois m'a prêté si utilement le secours de ses aimables accens et de son talent toujours charmant et toujours varié ; il a bien voulu se charger de la Leçon, déjà représentée sur un autre théâtre : en travaillant pour l'amitié, il a travaillé pour sa gloire ; car c'est une de ses productions les plus brillantes et les plus goûtées ! Aussi son succès a-t-il ajouté encore au plaisir que j'ai ressenti de l'indulgence des spectateurs pour un poëme qui auroit été bien peu de chose sans la musique délicieuse de ce compositeur si fécond, si ingénieux, et qui sait allier à la connoissance parfaite de son art et de la scène, une constante aménité de mœurs, une loyauté à toute épreuve, une sensibilité rare, enfin tout ce qui peut faire aimer, estimer, rechercher un artiste. C'est un hommage que depuis long-tems mon cœur avoit besoin de lui rendre.

Je ne puis terminer cet article, sans parler de ma reconnoissance pour le zèle et les talens distingués des artistes du théâtre Feydeau. Les voix pures, mélodieuses de Mad. Scio, de Mlle. Rolando, leur intelligence ! leur grâces ! le jeu naturel, piquant de M. et Mad. Lesage, de MM .Juliette, Jousserand, feroient valoir le plus foible ouvrage, et ont assuré le succès du mien.

La Fausse Peur, auquel l'avertissement se réfère, est une comédie en prose avec des ariettes. Œuvre de Marsollier pour le texte et de François-Joseph Darcis (1759-1783) pour la musique, elle a été créée le 18 juillet 1774. La base César donne quelques dates de représentations en 1776, en 1791. Mais c’est en 1798 qu’elle connaît le succès : 31 représentations du 11 juillet au 30 octobre 1798.

Courrier des spectacles, n° 139 du 6 prairial an 5 (25 mai 1797), p. 2-3 :

[Un court paragraphe donne les informations essentielles : succès, auteurs. Puis le critique nous narre par le menu l’intrigue, une histoire de jeune homme qui ne sait pas se tenir, et révèle les secrets de toutes les femmes, qu’il les ait séduites ou pas. L’une de ses victimes se venge de lui, en lui faisant croire qu’elle les a empoisonnés tous les deux. Panique du jeune homme, jusqu’à ce qu’on lui fasse voir qu’il a été trompé : il se repent, tandis que la jeune femme épouse celui qu’elle aime. La pièce a réussi : elle est bien écrite, malgré les habituelles longueurs et un rôle peu exploité. La musique est charmante et les interprètes excellents.

Théâtre Feydeau.

L’opéra de la Leçon, qui fut donné hier à ce théâtre, a eu beaucoup de succès. Les auteurs sont MM. Marsollier pour les paroles, et Dalayrac pour la musique.

Florville, jeune présomptueux, aussi prompt à se vanter par-tout des faveurs qu’il reçoit, que peu délicat à débiter celles qu’on ne lui accorde pas, a sacrifié la réputation d’Emilie, jeune veuve, en remettant à Orphise, sa rivale, des lettres fort innocentes qu’Emilie lui avoit écrites. Orphise les a fait tenir à Emilie qui, pour se venger de l’infâme procédé de Florville, imagine de lui donner une forte leçon ; elle le prie de venir la voir. Florville se rend chez Emilie, qui lui reproche son indifférence et ses longues absences ; il s’excuse sur les différens plaisirs inséparables de son âge et de son goût. Emilie l’invite à prendre une glace avec elle : Florville accepte. Les glaces prises, Emilie lui fait de très-vifs re proches sur sa conduite ; et, pour lui prouver, elle lui montre les lettres qu’elle tient d’Orphise. Florville veut se défendre ; Emilie lui avoue qu’au désespoir d’avoir été ainsi trahie par lui, elle vient de s’empoisonner ; mais que ne voulant pas mourir sans venger son amour outragé, elle l’a empoisonné lui-même. D'abord Florville n’ajoute point foi à ce que lui dit Emilie ; puis il finit par la croire très-fortement. La jeune veuve quitte Florville pour aller achever sa ruse. Le jeune fat est déconcerté ; il se désespère, appelle du secours. Laure, soubrette, et Picard, domestique d’Emilie, feignent d’abord de consoler Florville, mais ils finissent par le laisser à ses tristes réflexions. Arrive un médecin qui lui exagère encore son mal. Picard vient annoncer à Florville qu’Emilie touche à sa dernière heure, et qu’elle veut, avant de le quitter, lui dicter ses dernières volontés. Il va pour sortir ; la décoration change, et l’on voit, dans un beau salon, Roselle, amant aimé d’Emilie, aux genoux de sa belle. Florville reconnait qu’Emilie l’a joué ; son inquiétude cesse, et il promet d’être à l’avenir plus circonspect, et plus discret sur ses bonnes fortunes : Roselle épouse Emilie.

Cet opéra a fait beaucoup de plaisir ; il y a de la gaité et des détails agréables. La pièce est bien écrite ; mais il y a des longueurs, un dénouement amené trop promptement, et le rôle de M. Raille, espèce de frondeur, sembloit promettre plus aux premières scènes, qu’il n’a tenu dans les dernières. La musique est charmante ; on a principalement distingué un air d’Emilie, et un duo d’Emilie et Florville. La pièce a été fort bien jouée par madame Scio, qui a rempli le rôle d’Emilie. Madame Rolandeau, chargée du personnage de Florville, madame Lesage , et MM. Lesage, Juliet et Jousserand, mesdames Scio et Rolandeau est fort bien chanté l’air et le duo ci-dessus nommés.

D. S.          

Courrier des spectacles, n° 145 du 12 prairial an 5 [31 mai 1797], p. 3 :

[Les journaux ont peu rendu compte de la Leçon, et la moisson est maigre pour le Courrier des spectacles.]

Théâtre Feydeau.

Les journaux qui avoient coutume de parler des nouveautés des grands théâtres, n’ayant point .encore porté leur jugement sur l’opéra de la Leçon, nous allons rapporter ceux qui nous sont parvenus.

Journal de Paris , 7 prairial.

Le cadre de la Leçon amène des situations très-plaisantes, qui, si elles n’appartiennent pas entièrement à l’auteur des paroles, sont présentées avec beaucoup d’avantages pour le musicien qui a su en tirer un grand parti. Le spectateur s’y livre sans distraction à la plus franche gaité, sans aucune application qui lui rappelle des souvenirs amers. L’auteur eut pu répandre plus de sel dans les scènes où le jeune fat se croit empoisonné. Si le médecin qui arrive et qui, dans la pièce, est un rival confident, qui croit agir pour son compte, prenoit le parti, comme il le fait dans le proverbe, de croire son malade enragé, nous croyons que cette scène seroit moins languissante, et exciteroit davantage le rire.

Le Déjeûner, du 7 prairial.

Cet ouvrage est peut-être peu de chose, sous le rapport dramatique ; aucun effet neuf ou saillant, mais une gaîté douce, aimable, caractérise principalement cette jolie bluette.

Gazette universelle, du 9 prairial.

Cette pièce a complètement réussi ; elle est écrite avec beaucoup de grâces, de délicatesse et de légèreté.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 3e année, 1797, tome I, p. 421 :

On a donné, au théâtre Feydeau, un opéra des citoyens Marsollier et Daleyrac, qui a complètement réussi. Il est intitulé la Leçon. Le sujet est connu. Une jeune femme voulant punir un fat, lui fait accroire qu'elle vient de l'empoisonner avec elle dans une tasse de chocolat, et ne le désabuse qu'après avoir joui de sa frayeur.

La pièce a été jouée par les sujets les plus distingués de ce théâtre.

D’après la base César, le titre complet de la pièce est la Leçon, ou la Tasse de glaces (la méthode d’empoisonnement n’est apparemment pas celle qu’a cru reconnaître l’auteur du compte rendu du Magasin encyclopédique). Elle a été jouée 10 fois au Théâtre Feydeau, du 24 mai 1797 au 26 septembre 1799.

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