Languille de Melun

Languille de Melun, vaudeville grivois en un acte, de Georges Duval, créé sur le Théâtre Montansier le 8 messidor an 12 [27 juin 1804].

 

Almanach des Muses 1805

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mad. Cavanagh ; an xii (1804) :

L'Anguille de Melun, vaudeville-poissard en un acte ; Par M. Georges Duval ; Représenté, pour les premières fois, à Paris, sur le Théâtre Montansier, les 5, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20 et 21 messidor an 12.

Depuis Rabelais au moins, l'anguille de Melun a la réputation – étonnante pour un poisson – de crier avant qu'on ne l'écorche. L'expression a fait l'objet d'une étude très fine de Danielle Sallenave sur le site de l'Académie Française (https://www.academie-francaise.fr/languille-de-melun).

Courrier des spectacles, n° 2679 du 9 messidor an 12 [28 juin 1804], p. 2 :

[Il faut d'abord dissiper un possible malentendu : la pièce n'est pas une illustration de la fameuse expression concernant cet animal qui crie avant qu'on l'écorche. Il s'agit ici simplement d'une farce fondée sur des calembours, que le critique croit devoir imiter pour mieux se faire comprendre (si on veut...). Des personnages grotesques rivalisent pour épouser la fille de Lépinard, promise à Languille, mais que Laplanche réussit par la ruse à épouser. L'essentiel ,de la pièce n'est pas son intrigue, mais ce fameux langage poissard dont l'auteur est un virtuose et dont ses pièces antérieures sont riches. Tout le monde a ri, et le seul nom de Brunet sur l'affiche suffisait à mettre tout le monde de belle humeur.]

Théâtre Montansier.

Première représentation de l'Anguille de Melun.

Ce vaudeville n’a aucun rapport avec l’anecdote qui a donné lieu au proverbe de l’Anguille de Melun. qui crie avant qu'on ne l'écorche. L’auteur a voulu servir au public un autre plat, et en égayant ses convives, il a sçu leur faire avaler l’anguille. Veut-on connoitre les grands personnages de cette production importante ? on y voit M. et Mad. de Lépinard, gargoltiers à la Râpée, M. Laplanche, professeur à l’Ecole de Natation, et pour finir le tableau, l'Anguille de Melun. On l’attend de son endroit. M. Lépinard lui destine sa fille, mais elle aime bien mieux Laplanche qui, en sa qualité d’excellent nageur, viendra toujours sur l’eau, tandis que l’Anguille restera toujours au fond. Comme le père ne connoît ni l’un ni l’autre, Laplanche imagine le moyen de parvenir à son but en prenant un habit de Niais de théâtre. Lépinard, qui en est instruit, surprend Languille près de sa fille au moment où ce pauvre diable, trompé par le déguisement de Laplanche, venoit de le prendre pour le père, et de recevoir de lui l’accueil le moins divertissant.

Il n’a pas à se louer davantage du Gargottier, qui lui soutient qu’il est un imposteur, et qui lui ordonne de sortir de chez lui ; alors Laplanche reparoît, suivi d’un notaire; il déclare être Languille, et arriver tout frais de Melun. On l’embrasse, on le caresse, on le marie, et Languille véritable rentre dans le coche qui l’a amené.

L’auteur, M. Georges Duval, avoit déjà bien forgé des mots poissards ; il en avoit farci a à loisir et Fagotin, et Parchemin, etc. ; mais hier il s’est surpassé par le choix des expressions les plus baroques, les plus burlesques qu’il soit possible d’entendre, même dans les cabarets du Port-au-Bled. On en a tant ri, qu’il a été impossible de siffler Tous ceux même qui lisoient l’affiche ne pouvoient s’empêcher d’éclater en lisant ces mots écrits en gros caractère : M. Brunet fera l'Anguille.

 

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