Lavater

Lavater, vaudeville en un acte, par Maurice [Séguier], joué le 17 octobre 1809.

Théâtre du Vaudeville.

D'après le Mémorial dramatique cité ci-dessous, Maurice, c'est Maurice S. (Maurice Séguier).

On trouve aussi l'orthographe Lawater, comme dans le Magasin encyclopédique cité plus bas.

Titre :

Lavater

Genre :

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

17 octobre 1809

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Maurice Séguier

Point d’histoire essentiel, à éclaircir : a-t-on nommé l’auteur ou pas ? Les critiques ne sont pas d’accord !

Johann Kaspar Lavater (1741-1801, est un théologien et écrivain suisse de langue allemande, connu surtout pour son grand livre sur la physiognomonie, art de reconnaître les caractère par la physionomie, L’Art de connaître les hommes par la physionomie (1775-1778).

 

Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l’an 1810, p. 133 :

LAVATER , vaudeville en un acte, par Maurice S *** (17 octobre.)

(Chez Fages, libraire.)

Un ancien militaire croit se connaitre en physionnomie, parce qu'il est ami de Lavater. Il se propose de donner pour époux à sa nièce un jeune homme qu'il juge, d'après sa physionnomie. être doué de toutes les qualités. Il l'amène néanmoins chez Lavater, pour être plus certain de ses propres observations, d'après celles qu'y ajoutera son ami . Lavater, bien différent du vieux militaire, juge que le jeune homme est un séducteur ; mais il ne se doute pas que ce séducteur a enlevé une jeune orpheline, à laquelle Lavater servait de père. Cette jeune fille abandonnée, est revenue la veille chez Lavater, qui ne la reconnaît pas. Le séducteur se repent ; l'orpheline pardonne ; et les deux jeunes gens se marient. Tel est le fonds de cette pièce, qui n'a point eu de succès.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, année 1809, tome V, p. 378 :

Lawater ; vaudeville en un acte, joué le 17 octobre.

Rien n'est moins gai que ce vaudeville. Le Physionomiste Lawater y est représenté accueillant une jeune fille séduite, qu'il reconnoît à la fin pour sa pupille. Le séducteur converti épouse, et voilà toute la pièce, où il n'y a ni scènes, ni couplets saillans. Sa longueur a nui beaucoup au succès. Elle a pourtant été rejouée, et on a nommé l'auteur, M. Maurice.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome XII, décembre 1809, p. 290-292 :

[Compte rendu sévère d’un vaudeville à qui le critique a plusieurs reproches à faire : d’abord de prendre pour sujet une histoire qui n’a rien de plaisant, celle d’une jeune fille séduite, comme si on pouvait rire d’un tel malheur ; ensuite de prendre comme personnage Lavater le physionomiste en personne, et non un de ses admirateurs, qu’il eût été facile de ridiculiser sans ridiculiser Lavater lui-même ; ensuite de montrer un physionomiste capable de reconnaître qu’une jeune fille a été séduite, sans, dans le même temps, ne pas la reconnaître alors qu’il la connaît, et de découvrir qui est le séducteur, sur sa seule physionomie. Mais il faut bien un moyen pour trouver le dénouement qui s’impose, le mariage de la jeune fille séduite et de son séducteur. Jugement final : « pathétique vaudeville qu'on a écouté sans rien dire, qu'on a sifflé à la fin, et dont on ne s'est pas soucié de connaître l'auteur ».]

Théâtre du Vaudeville.

Le Lavater.

Je voudrais savoir ce que l'on trouve de plaisant dans la position d'une jeune fille séduite et abandonnée par son séducteur au moment où elle ne peut plus cacher sa faiblesse. C'est de toutes les situations douloureuses de la vie celle qu'on a jugée la plus appropriée aux vaudevilles, opéra comiques, etc., et qu'on nous reproduit de temps en temps avec le plus de plaisir. On juge apparemment que par-tout où se trouve l'amour, il doit y avoir le petit mot pour rire ; et comme Figaro a dit que, de toutes les choses sérieuses, le mariage est la plus bouffonne, de tous les malheurs, ceux qui résultent d'une séduction sont les plus divertissans ; ou plutôt nos auteurs de petits spectacles ont pensé qu'ils devaient se réserver cette branche de tragédie bourgeoise ; car encore faut-il bien au Vaudeville avoir quelquefois pour se divertir de la douleur, des remords, du désespoir ; tout ce qui suit nécessairement les événemens de cette nature s'exprime très-agréablement en couplets. C'était bien de la tragédie, ou du moins du drame qu'on avait voulu nous donner dans le vaudeville de Lavater, car on avait évité soigneusement tout ce qu'on pouvait tirer de gai d'un système comme le sien, et c'est pour cela qu'on avait choisi Lavater, dont le caractère grave, la vie pleine de vertus .et la mort funeste na peuvent conduire qu'à des idées sérieuses. Si l'on avait eu l'intention de nous faire rire, on aurait, au lieu de cela , mis en scène le système seulement et non pas l'inventeur, un homme fou de la science de Lavater, qui n'eût jamais voulu traiter avec personne sans avoir pris d'abord la mesure de son nez et examiné la forme de son front, et qu'on eût sans cesse attrapé au moyen de ses précautions. Mais c'est Lavater lui même qu'on nous présente sérieusement et très-sérieusement reconnaissant à l'inspection, des traits d'une jeune fille qu'elle a été séduite, ce qui fait apparemment une partie nécessaire de son caractère ; car pour qu'on le reconnaisse d'après les principes de Lavater, il faut qu'en la formant, la nature lui ait donné le visage d'une personne qui doit être séduite ; elle en forme quelques-unes comme cela. Mais le bon Lavater, en découvrant sur le visage de Clara l'histoire de ses aventures, ne va pas jusqu'à y reconnaître que cette Clara est une orpheline qu'il a fait élever à Glaris, et qu'à la vérité il n'a pas vue depuis son enfance. Il me semble cependant que la science des physionomies devrait au moins apprendre à reconnaître les gens qu'on a déjà vus. Au lieu de cela, Lavater reconnaît à la physionomie qu'un certain Valmont qui est prêt à se marier, et qu'on lui amène pour savoir si ce sera un bon mari, a été, a dû être nécessairement le séducteur de Clara. Les reconnaissances s'en suivent, les réconciliations et le mariage terminent ce pathétique vaudeville qu'on a écouté sans rien dire, qu'on a siffle à la fin, et dont on ne s'est pas soucié de connaître l'auteur.                     P.

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