Le Libelliste ou le Danger de la calomnie

Le Libelliste ou le Danger de la calomnie, comédie en trois actes et en prose, de Desprez-Valmont, 29 floréal an 5 [18 mai 1797].

Théâtre des Arts de Rouen.

Courrier des spectacles, n° 136 du 3 prairial an 5 [22 mai 1797], p. 2-3 :

[La pièce du Théâtre de Rouen est la copie conforme des Abus de la presse ou les Effets de la calomnie, à moins que ce soit elle, sous un nouveau titre.]

Extrait des petites Affiches de Rouen,
du premier prairial.

Le Libelliste ou le Danger de la Calomnie, comédie en trois actes et en prose, du cit. Despres-Valmont, donnée le 29 floréal au théâtre des Arts, a eu un succès d'autant plus flatteur, qu’il est justement mérité. L’auteur attaque, avec autant de force que de vérité, ces libellistes éhontés, ces vils calomniateurs, qui, attaquant sans fondement et sans ménagement l'honneur et la probité de leurs concitoyens, portent le désespoir dans les âmes honnêtes, et le trouble dans les familles les plus respectables.

Le sujet de cette pièce est une anecdote connue. Faussard est amoureux de Pauline, fille de Durville, qui, de son côté, est amoureuse de Dorval. Ce Faussard est un vil libelliste, ami du père, trompé sur son compte. Une lettre adressée à Durville, par un inconnu que Faussard assure être un très-galant homme, instruit le père que sa fille mène une conduite infâme. Durville fait à sa fille les reproches les plus sanglans ; en vain cette jeune personne cherche à détromper son père, il ne veut rien entendre. Faussard qui a fait parvenir à Dorval une lettre semblable à celle envoyée à Durville, ne se contente pas de cette horreur ; il est l’auteur de cette liste infâme dans laquelle on trouve le nom et la demeure de ces filles qui ont bu toute honte, et qu’on rencontre le soir dans les rues de Paris. Pour éloigner plus sûrement Dorval de sa maîtresse, et la lui faire refuser, il inscrit la jeune Durville parmi ces malheureuses, et fait apporter cet almanach dans la maison de Durville ; il tombe dans les mains du père, qui, furieux, montre à sa fille l’article qui la concerne, et lui annonce que l’absence de Dorval ne peut avoir d’autres motifs que la publicité de son inconduite. Cette jeune personne ne peut survivre à tant de coups : elle forme le dessein de s’empoisonner. Cependant Dorval a agi : persuadé de la vertu de sa maîtresse, il est à la recherche du calomniateur, qu’il soupçonne être Faussard ; il est assez heureux pour réunir les preuves qui lui sont nécessaires avant que Pauline se soit donné la mort ; le traître est découvert ; le commissaire de police, qui, d’après la demande de Dorval, s’est transporté dans la maison de Durville, force le scélérat à avouer son crime : il est arrêté. Dorval et Pauline sont unis ensemble.

Cette pièce marche bien ; les scènes en sont bien filées et bien écrites ; les situations bien ménagées, les rôles de Dorval et de la jeune Durville sont attendrissant les autres rôles contrastent fort bien avec ceux-ci. La scène du Colporteur n’est pas assez adroitement amenée, celle du Commissaire est bien faite et savamment ménagée.

La cit. Baroyer a joué le rôle de Pauline avec décence, bon ton, chaleur et sensibilité. Le cit. Granger, chargé de celui de Dorval, mérite les mêmes éloges. Le cit. Perceval, chargé de celui de Valet, l’a rempli avec originalité : en général, la pièce a été montée avec beaucoup d'ensemble.

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