Le Loup-garou

Le Loup-garou, comédie en un acte et en prose, mêlée de couplets, de Francis et Ourry, créée sur le Théâtre des Variétés le 25 juillet 1807.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1807 :

Le Loup-garou, comédie en un acte et en prose, mêlée de couplets ; de MM. Francis et Ourry. Représentée sur le théâtre des Variétés, le samedi 25 juillet 1807.

Journal de l'Empire du 6 août 1807, p. 3-4 :

[Avant de parler de la pièce du jour, le critique s'attache à montrer combien le Théâtre des Variétés, qui a récemment déménagé dans « un quartier agréable » a changé sur tous les plans, dans la salle comme dans le répertoire, désormais d'une décence sans faille. Le Loup-Garou dont il est ensuite question « n'est qu'une bouffonnerie assez gaie », reposant sur la ruse d'un amant qui se déguise en loup pour venir voir secrètement sa maîtresse. Il est aux prises avec un garde-champêtre particulièrement inefficace, qu'il ridiculise sans peine. Et quand le garde-champêtre tente de jouer au loup, il n'arrive à rien, montrant la supériorité du jeune homme dans la séduction des jeunes filles. C'est peut-être la morale de la pièce, mais le critique doute de l'existence d'une morale dans ce genre de pièce. La pièce est jugée de façon positive : elle « a du mouvement et de la gaieté », et l'interprétation est de qualité, marquée par l'investissement des acteurs dans leur jeu. L'auteur est nommé.

Mais l'actualité du jour, c'est la toute nouvelle alliance franco-russe, et le dernier paragraphe annonce la future pièce à la gloire des deux Empereurs, célébrée dans des termes dithyrambiques : les Bateliers du Niemen.]

THÉATRE DES VARIÉTÉS.

Le Loup-Garou.

Un quartier agréable où la promenade est de plain-pied avec le théâtre, une salle élégante et commode, des pièces sans prétention où l'on rit sans conséquence ; tout attire le public à ce spectacle : on y remarque sur-tout un foyer décoré avec goût, et qui n'est plus fréquenté que par une société honnête ; aucun objet ne blesse plus la décence à ce théâtre, à qui l'on reprochoit avec raison d'être si mal meublé dans son ancien domestique. Si son déménagement lui a causé quelque perte, il a beaucoup gagné d'un autre côté, en se débarrassant de la mauvaise compagnie qui nuisoit à sa réputation. Les Variétés sont, dans toute l'exactitude du terme, un théâtre régénéré.

Le Loup-Garou n'est qu'une bouffonnerie assez gaie ; on y voit un stratagême amoureux des plus extraordinaires et des plus périlleux. Un amant, déguisé en loup qui court le village, entre dans les maisons, répand par tout la terreur, et se procure, par ce moyen, des tête-à-tête avec sa maîtresse : heureusement pour le prétendu loup, le garde-champêtre est vieux et poltron, sans quoi une balle auroit pu guérir le galant de son amour, et mettre en deuil sa maîtresse. Le coup eût été d'autant meilleur, que l'amant déguisé en loup est le rival du garde-champêtre, mais le nigaud ne tire que sur la peau du loup, que l'amant avoit laissée en s'enfuyant dans la maison de sa maîtresse. Les frayeurs de ce malheureux garde-champêtre, les lazzis de l'amant enfermé dans une huche, et sur-tout le jeu de la queue du loup, font beaucoup rire. Quand c'est le vieux garde champêtre qui joue le loup, il ne peut, comme de raison, enlever aucune brebis ; mais quand c'est le jeune amant, il les enlève toute, et fait voir qu'un joli garçon dans une maison où il y a de jeunes et jolies filles, est souvent un loup dans la bergerie  : c'est, je crois, la morale de la pièce, si tant est que dans cette pièce il y ait une morale. Les ouvrages de ce genre apprennent aux jeunes personnes à se livrer au loup beaucoup mieux qu'à le fuir ; car le loup y paroît toujours fort aimable, et ne montre ni dents ni griffes. Cette bagatelle, dont l'auteur est M. Francis, a du mouvement et de la gaieté ; elle est jouée vivement et chaudement, comme presque tous les ouvrages de ce théâtre, où les acteurs sont bien ensemble, jouent de bon cœur et avec plaisir, et mettent dans leur action une ardeur, une émulation qu'on regrette de ne pas trouver ailleurs.

On prépare aux Variétés une pièce analogue aux glorieuses circonstances où nous nous trouvons ; elle est intitulée les Bateliers du Niemen. La décoration sera infiniment curieuse et intéressante ; car elle offre la peinture la plus fidelle du lieu à jamais mémorable où les deux plus grands Empereurs de l'univers se sont réunis pour le bonheur du genre humain. Le dessin en a été fourni par M. Vernet. L'ouvrage pourra être représenté le 12 ou le 13 d'août.

Ajouter un commentaire

Anti-spam