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La Malade par amour

La Malade par amour, opéra en un acte, parole de M.... [Hoffmann], musique de M. Solié, 26 germinal an 12 [16 avril 1804].

Théâtre de l'Opéra Comique.

Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 307, rendent compte de cette pièce sous le titre de Louise, ou la Malade par amour. Ils lui attribuent 7 représentations. Le livret est inspiré, disent-ils également, de celui de Stratonice, du même Hoffmann.

Titre :

Malade par amour (la)

Genre

opéra

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

26 germinal an XII (16 avril 1804)

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra Comique

Auteur(s) des paroles :

Hoffmann

Compositeur(s) :

Solié

Almanach des Muses 1805

Imitation très faible de Stratonice et de Nina. Point de succès.

Courrier des spectacles, n° 2607 du 27 germinal an 12 [17 avril 1804], p. 2 ;

[Le premier paragraphe du compte rendu est destiné à mettre le lecteur en garde : la pièce n’est pas tombée, mais il s’en est fallu de peu. L’invraisemblable histoire d’une « malade par amour » a ennuyé des spectateurs qui ne sont restés que par respect pour les interprètes (que l’article ne nommera pas) et le compositeur, auteur de « morceaux bien écrits et aussi bien exécutés ». L’intrigue raconte la curieuse aventure d’une jeune femme qui, prête à se marier, accepte de céder son fiancé à sa sœur, après avoir découvert qu’elle était « malade d’amour » pour lui. Le critique se montre ensuite sévère : « une copie froide et sans couleur de » Stratonice, « un drame larmoyant », sans « aucun trait comique » (et il en faut au Théâtre Feydeau). Sifflée, la pièce aurait pu se relever à la deuxième représentation. Ici, la chute est jugée sans remède. Le rôle principal est « une mauvaise imitation de celui de Nina », prononçant des paroles « ridicules et puériles », et les autres personnages sont tout autant dénués d’originalité.]

Théâtre Feydeau.

Première représentation de la Malade par Amour.

On ne voit guères que dans les romans ou au théâtre des malades par amour. Le public est le médecin que l’on consulte eu pareil cas, et sa décision tantôt opère la guérison, tantôt accélère les progrès du mal. Hier, après avoir bien examiné la maladie, peu s’en fallut que l’ennui ne lui fît quitter la place, et qu’il ne laissât la Malade, ou mourir paisiblement d’amour, ou se guérir comme elle le pourroit, sans secours et sans témoins. Cependant par égard pour les acteurs qui jouoient les différens personnages, par égard pour l’auteur de la musique, qui offre divers morceaux bien écrits et aussi bien exécutés, entr’autres un duo et un rondeau, il a adouci la rigueur de son arrêt, et même il a porté la complaisance jusqu’à desirer connaître les noms des auteurs. Celui de la musique est M. Solié, celui des paroles a desiré garder l’anonyme.

Adèle, fille de M. Dorimon, est sur le point d’épouser Solange (du moins nous croyons que c’est le nom du jeune homme), mais les deux amans se marient sans inclination, et ce mariage est plutôt une affaire qu’une passion. Louise, sœur d’Adèle, enfermée dans sa chambre, est en proie à une langueur qui la consume insensiblement, sans qu’elle ait fait part à qui que ce fût du sujet de sa mélancolie. Adèle a cru s’appercevoir que la vue de Solange faisoit sur la malade une impression qu’elle déguisoit avec peine,et sur le champ elle a formé le dessein de la rendre au bonheur et à la gaîté.

Elle cherche à pénétrer le secret de Louise, mais ne pouvant vaincre son obstination, elle confie le soin de la faire parler à son prétendu, qui déjà n’a pu voir Louise sans émotion et sans avoir quelque désir de connoître plus particulièrement une femme qui lui paraît avoir beaucoup de caractère et de sensibilité. Solange arrache l’aveu fatal, après lequel Louise échappe à ses regards. Adèle qui s’apperçoit de l’effet de sa ruse, a fait venir le notaire, et lorsque tout est prêt pour dresser son contrat, elle déclare qu’elle ne veut signer que comme témoin, et cède généreusement sou amant à sa sœur.

Cette pièce qui n’est, ainsi qu’on peut le voir par l’analyse ci dessus, qu’une copie froide et sans couleur du joli opéra de Stratonice, est bien loin de son modèle ; c’est un drame larmoyant, bien larmoyant, dont aucun trait comique ne rachète la tristesse. Il vaudroit peut être mieux qu’il eût été sifflé ; on peut au moins se relever à une seconde représentation, mais lorsque l’on n’est parvenu qu’à faire bâiller le spectateur, la chûte est sans remède. Le rôle de Louise est une mauvaise imitation de celui de Nina. L’auteur lui fait dire et chanter des choses ridicules et puériles. Les autres rôles sont des copies, comme [on] en voit partout , des divers personnages qui figurent dans les divers opéra-comiques.

F. J. B. P. G.

Le Nouvel Esprit des journaux français et étrangers, tome neuvième, prairial an 12, mai 1804, p. 252-255 :

[Le critique n’apprécie pas qu’on mette sur la scène des personnages de fous, et plus généralement de handicapés : « Une jolie malade intéresse, mais une folle attriste », et le théâtre n’a pas vocation à attrister le spectateur. C’est un drame qu’on nous présente, et il débute bien par le spectacle d’un amour paisible, avant qu’apparaisse la sœur de la fiancée, folle d’amour pour celui qui devait devenir son beau-frère. Le dénouement rétablit l’ordre des choses : le jeune homme épouse celle qui le désire tant, et tout finit « suivant l’usage ». La pièce, qui ressemble à l’histoire d’Antiochus et Stratonice (un père cédant son amante à son fils), et dont la « fable […] a paru mesquine », a peu réussi, malgré des interprètes féminines remarquées. Une pièce qui n’a « pas assez d'art et de conduite », avec toutefois « des couplets gracieux et des vers bien faits ». L’auteur du livret est resté prudemment anonyme, celui de la musique a été nommé.]

La Malade par amour , en un acte.

 La Malade par amour est un diminutif de Nina, ou la Folle par amour. C'est dommage que la cadette ne puisse pas prendre la place de l'aînée, et la faire oublier ; car il faut convenir que c'est une bizarrerie peu amusante que de mettre sur la scène des folles, des fous, des sourds, des muets, des somnambules, des aveugles, et de transporter au théâtre les Quinze-Vingts, Charenton et les Incurables. Une jolie malade intéresse, mais une folle attriste. C'est assez que l'amour tourne les têtes, il ne faut pas qu'il les renverse tout-à-fait.

Le drame nouveau (car c'est un vrai drame) s'annonce d'abord très-bien. Adèle est au moment d'épouser Linval. Ils n'ont, l'un pour l'autre, qu'une tranquille amitié, fondée sur une estime réciproque, en sorte qu'ils voient approcher le jour de leur mariage sans impatience comme sans répugnance ; ce qui prépare au dénouement avec assez d'adresse. Adèle a une soubrette qui doit se marier le même jour qu'elle, et qui n'a pas la même froideur ; la diversité de leurs sentimens donne lieu à un duo fort agréable.

Linval, quoiqu'il aime, lui, à son aise, aurait voulu, dit-il, rencontrer une femme passionnée, une héroïne de roman. Il est plus heureux qu'il ne croit ; car la sœur de sa future, Louise, meurt, à la lettre, d'amour pour lui. Adèle s'apperçoit qu'elle est émue, par la présence de Linval, et en soupçonne le motif. Le père des deux jeunes personnes obtient avec peine que Louise veuille déjeuner en famille, et encore plus difficilement qu'elle leur chante quelques couplets. Enfin, la malade fait entendre une romance touchante et analogue à sa position. Son secret cesse d'en être un pour sa sœur. Adèle, restée seule avec elle, en obtient à moitié l'aveu de sa bouche ; Louise, en convenant de sa défaite, n'a pas nommé son vainqueur. Linval survient ; sa future le prie de tâcher de découvrir l'auteur du mal qui consume Adèle, et s'en va. Linval presse, conjure, supplie, se jette aux genoux de la belle malade pour qu'elle lui ouvre son cœur : elle confesse que c'est l'amour qui la tue ; se fait longtemps prier pour nommer celui qui l'inspire, fînit par dire à Linval c'est toi, et s'enfuit en courant, honteuse et comme épouvantée du mot qui lui est échappé. Adèle cède avec joie à sa sœur, un homme qui ne lui inspirait qu'un médiocre intérêt ; et Linval est flatté de se trouver le héros d'un roman, et de le terminer suivant l'usage.

Cette fable, qui rappelle l'anecdote des amours d'Antiochus pour Stratonice, qui lui fut cédée par son père, a paru mesquine. La pièce a peu réussi, malgré le talent qu'y a déployé Mme. Scio, également admirable, soit qu'elle chante, parle ou se taise ; qui remplit la scène dès l'instant où elle s'y montre, et trouve le moyen de causer les plus vives émotions dans des pièces fort médiocres. Elle a été très-bien secondée par l'intelligence, l'aplomb de Mlle. Pingenet l'aînée, l'aisance et la gaieté de Mme. Gavaudan. On a demandé les auteu:s ; celui des paroles n'a pas voulu se faire connaître. C'est une louable modestie ; car quoiqu'il n'y ait pas assez d'art et de conduite dans sa pièce , il s'y trouve des couplets gracieux et des vers bien faits. L'auteur de la musique (qu'on a trouvée facile et appropriée aux paroles), n'a pas cru devoir taire son nom; c'est M. Solié.

L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1807, tome VIII (août 1807), p. 289-290 :

[La pièce a été reprise en 1807 à Bruxelles, sans succès apparemment:]

Théâtre de Bruxelles.

La Malade par Amour [...].

La triste Julie, malade par amour, n'a pas trouvé un médecin bénévole dans le public ; il n'a pas voulu se charger de sa guérison, et l'a laissée mourir tout doucement. Reposes [sic] en paix, fille des larmes et de la douleur, et n'accuse que ton père de ta mort. Après l'aveu que tu avais fait à ton amant, tu devais tomber et mourir. La honte produit ce cruel effet quelquefois. Rends graces encore au public qui n'a pas troublé, par un bruit indiscret, tes derniers momens. Ton souffle de mort avait glacé tous les spectateurs, et ils ont vu ton agonie, sans cris et sans convulsions. Comment est-il possible de placer sur la scène un pareil personnage, et comment M. Hoffmann qui, plus d'une fois, a fait preuve de goût et de discernement, a-t-il pu mettre à l'Opéra-Comique une Vertherie aussi triste et aussi insignifiante ? Pas une situation dans toute la pièce qui intéresse un moment ; le père qui, tout en parlant de la maladie de sa fille, par une transition qu'on ne sait comment qualifier, s'occupe beaucoup de son déjeûner ; la soeur , prête à se marier, sans amour, le jeune homme absolument dans le même cas, Julie sans confiance dans son père et la sœur qu'elle chérit, tous ces personnages sont également ridicules ; mais faisons comme le public, laissons mourir tout doucement Julie. Mlle. Desbordes n'a pu la faire vivre, et l'on voit bien, d'après cela, qu'elle était sans ressources.

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