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La Mort d'Abel (Legouvé)

La Mort d'Abel, tragédie en trois actes, en vers, par Legouvé, 6 mars 1792.

Théâtre de la Nation

Sous ce titre, il arrive qu'on désigne l'opéra comique d'Hoffman, musique de Kreutzer, Abel.

Titre :

Mort d’Abel (la)

Genre

tragédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

en vers

Musique :

non

Date de création :

6 mars 1792

Théâtre :

Théâtre de la Nation

Auteur(s) des paroles :

M. Legouvé

Almanach des Muses 1794.

Essai dramatique, dans un genre qui ne sembloit pas fait pour la scène moderne.

Heureux contraste des deux principaux caractères. Celui du frère aîné, farouche, plein d'énergie, peut-être même trop intéressant. Caïn est prêt à se reconcilier avec Abel ; tous deux présentent leurs offrandes dans le même instant : ses dons sont rejetés. On le plaint, parce qu'on le voit coupable à-peu-près malgré lui ; on n'est même pas convaincu de la justice de cette proscription : au lieu de suivre le crime, elle le précède et l'occasionne, ainsi que le songe qui trouble le sommeil du malheureux Caïn.

Grande simplicité dans l'action ; beaucoup d'intérêt dans les développemens ; des imitations de Gesner, de Milton, etc. Vers bien tourné, à quelques négligences près.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez J. G. Mérigot, 1793 :

La Mort d'Abel, tragédie, en trois actes et en vers, Par le Citoyen le Gouvé. Représentée pour la première fois, au Théâtre de la Nation, le 6 Mars 1792.

Primi parentes, prima mors , primus luctus.

Le texte de la pièce est précédé d'une dédicace de la tragédie à la mère de l'auteur, puis d'une longue rpéface (p. iii-xxiv) :

[Legouvé y développe largement sa conception de la tragédie (à la fois nouvelle, au moins par le choix du sujet, et classique, par l'importance accordée au développement des caractères : il critique les formes nouvelles des tragédies pleines de combats et de rebondissements ; il discute aussi du choix du langage qui lui a imposé le choix de personnages d'une époque aussi reculée. La dernière partie de la préface répond ensuite à deux reproches que lui ont faits les critiques : celui d'avoir montré sur scène le meurtre d'Abel, et celui du choix même du sujet, jugé par certains sans possibilité de faire naître l'intérêt, sans lequel il n'y a pas de tragédie possible.]

A MA MÈRE.

O vous, de qui ma vie est le moindre bienfait,
Recevez cet essai d'un talent foible encore,
            Qu'aux fêtes du théâtre honore
L'indulgente faveur du public satisfait.
Cette carrière illustre où j'obtiens son suffrage,
            Votre main jadis me l'ouvrit ;
Oui, quand mourut un père aussi tendre que sage,
Remplaçant cet ami perdu pour mon jeune âge,
Des maîtres par vos soins formèrent mon esprit,
            Et vous dédier cet écrit
            C'est vous présenter votre ouvrage.
      Un autre titre encor me le prescrit.
            Ma muse, peut-être hardie,
Sur la scène, où des rois et du peuple Romain
Brilloit la majesté, par les arts aggrandie,
            Mit le berceau du genre-humain :
            Pour tracer ces mœurs primitives,
            Pour faire passer dans mes vers
Le charme pastoral et les graces naïves
            De l'enfance de l'univers,
J'imitai de vos mœurs la candeur douce et pure,
Je pris dans vos discours le ton de la nature ;
Et si, sous les couleurs dont je l'ai revêtu,
D'Abel tendre et chéri le portrait est fidèle,
            Vous m'avez servi de modèle,
Et c'est vous que j'ai peinte en peignant la vertu.
Mais ne suffit-il pas que vous soyez ma mère
            Pour voir ma palme à vos genoux ?
Une mère !... ah! quels droits son amour prend sur nous
Du moment où nos yeux s'ouvrent à la lumière !
Attentive, elle veille à nos premiers besoins,
            Et sèche nos premières larmes ;
      Elle nous fait, par les plus tendres soins,
Du bonheur d'exister sentir les premiers charmes ;
            Elle aide en ses premiers essais
            Notre raison, notre langage ;
            Elle doit recevoir l'hommage
De nos premiers travaux, de nos premiers succès.
Le mortel fortuné qu'un triomphe couronne
Dans les jeux d'Apollon, ou dans ceux de Bellone,
            Vient déposer à son retour
Aux pieds de la beauté les dons de la victoire ;
La Nature à mes yeux est bien plus que l'amour
            Digne de sourire à la gloire ;
Et le nom, qui s'avance au temple de mémoire
            Du nom d'une mère escorté,
A des droits plus touchans sur la postérité.

PREFACE.

Il est peu de personnes qui ne connoissent le poëme de la Mort d'Abel par Gesner. Cet ouvrage, un des chef-d’œuvres de la littérature Allemande, et qui, à quelques longueurs près, seroit digne de figurer avec honneur dans la nôtre par la sagesse du plan et l'éloquente simplicité de la diction, cet ouvrage, dis-je, ne peut pas être lu sans faire répandre ces larmes délicieuses, le bienfait des arts imitateurs de la nature. Averti par les pleurs que j'ai toujours versés à sa lecture, j'ai pensé que ce poëme, mis en action, produiroit encore un plus grand effet. La réflexion m'a confirmé dans l'opinion qu'il possédoit les qualités dramatiques autant que les qualités épiques, et qu'il pouvoit fournir une tragédie à-la-fois neuve et pathétique. J'ai osé la tenter et cette mine féconde, à mesure que je l'ai fouillée, m'a découvert de nouveaux trésors, et m'a fait sentir tout ce qu'en auroit pu tirer une main plus habile que la mienne.

Cette entreprise a paru plus que hardie : les mœurs du tems, les noms des personnages qu'on s'est plu à rendre ridicules, les traditions qui environnent le sujet et sur lesquelles on a souvent plaisanté, tout faisoit regarder la mort d'Abel comme impossible à être mise sur la scène. Sans doute ce sujet présentoit au théâtre des obstacles difficiles à vaincre, et les causes, qui paroissoient devoir l'en exclure, étoient des dangers réels, que l'adresse de l'art et la magie de la poésie, qui sait tout embellir, pouvoient seules surmonter ; mais d'un autre côté, que de ressources ! quels avantages faits pour aider le talent le plus foible ! quelle matière riche en sentimens, en images, en situations ! En effet, ce sujet n'offroit-il pas dans le personnage de Caïn un des rôles les plus énergiques et les plus brillans à tracer, et dans son opposition complette avec celui d'Abel un contraste vraiment théâtral, et dont peu de sujets sont susceptibles ? N'offroit-il pas dans la douceur et dans la tendresse de l'un, dans la haine et la férocité de l'autre, des caractères, des passions qui sont l'âme de la tragédie, un nœud dans les efforts d'Adam pour réconcilier ses deux fils, et dans la mort d'Abel une catastrophe très-pathétique, autant par l'intérêt qu'inspire un frère tué de la main de son frère, que par celui qui résulte de l'idée si douloureuse et si imposante du premier meurtre ? N'apperçoit-on pas dans des données aussi heureuses les deux grands ressorts de la tragédie, la terreur et la pitié ?

A ces deux mérites, ce sujet réunissoit des avantages qui lui sont particuliers ; je veux dire, des mœurs neuves sur notre théâtre, la peinture de la touchante simplicité de la nature primitive et des objets qui entouroient l'enfance de l'univers, ces tableaux si frappans du néant de l'homme placé auprès de la puissance du créateur, et du deuil des premiers humains pleurant sur la première victime de la mort, enfin cette illusion antique où la poésie aime à s'égarer, où, remontant le cours des âges, elle paroît enveloppée de leur auguste obscurité comme d'un nuage religieux , d'où sa voix semble sortir plus éloquente et plus majestueuse.

Ces accessoires, faits pour rendre l'action encore plus attachante, et donner de l'onction au style, ont contribué à me déterminer. J'ai pensé que les spectateurs, jusqu'aujourd'hui transportés par la tragédie dans le séjour des vainqueurs du monde ou dans la cour des souverains, me suivroient avec plaisir dans une sphère nouvelle, et se verroient avec plus d'intérêt auprès du berceau du genre-humain ; j'ai pensé que, dans ce moment sur-tout où la liberté doit détourner les esprits du luxe et de la corruption pour les ramener vers la simplicité et la vérité, ils préféreroient à l'appareil de la grandeur romaine et de la puissance royale, le spectacle des détails agrestes de la vie de nos premiers parens, à l'urbanité, à l'élégance des mœurs polies, la franchise des mœurs pastorales, et au langage brillant de l'héroïsme, aux élans fastueux d'une nature de convention, les mouvemens plus vrais de la nature première, ces affections originelles du cœur humain, ces sentimens nés avec nous qui ont précédé toutes les institutions, et qui reprennent toujours leurs droits sur les hommes rassemblés. J'ai pensé enfin qu'un grand crime, placé à l'époque où les siècles et les crimes ont commencé, frapperoit davantage, en faisant mesurer à l'imagination, qui aime à s'étendre, un plus vaste espace.

J'ai suivi la marche du poëme de Gesner, qui m'a soutenu dans le sentier glissant où j'entrois pour la première fois ; je l'ai même imité dans un grand nombre de passages. Mais j'ai fait des augmentations considérables, soit pour le développement des caractères qu'il a moins prononcés, soit pour le dialogue, dont un poëme ne peut offrir qu'un modèle imparfait, et qu'il m'a fallu créer presque tout entier. Pour adapter ces additions aux imitations, pour faire valoir toute l'originalité du sujet, et saisir toutes les beautés que j'ai pu emprunter à Gesner, j'ai embrassé un système d'exécution que j'ai peut-être très-foiblement rempli, mais dont je crois devoir rendre compte.

J'ai semé dans ma tragédie des détails religieux ; on en conçoit aisément le motif. Le premier homme, environné des merveilles de la création, et ne pouvant jetter les yeux autour de lui, sans rencontrer un objet qui flattât ses sens ou son âme, dut rendre sans cesse des actions de grâces au créateur ; et, à chaque surprise, à chaque jouissance, à chaque sensation de plaisir ou d'admiration, ses mains devoient s'élever d'elles-mêmes vers son auteur, qui sembloit s'être plu à lui prodiguer ses bienfaits. Les détails religieux étoient donc indispensables dans la mort d'Abel ; mais, comme ils sont ordinairement peu goûtés, j'ai cru leur donner quelqu'intérêt en les fondant dans l'action, en les présentant comme l'effet du commerce immédiat qui pouvait exister alors entre Dieu et sa créature, et en les revêtissant [sic] d'un appareil analogue à l'enfance du monde.

J'ai, en second lieu, développé beaucoup les caractères, et donné de l'extension aux scènes, pour animer la simplicité de l'action ; et en cela j'ai obéi aux règles de l'art dramatique. Mais, depuis qu'au lieu des tragédies simples et touchantes de nos maîtres et de leurs élèves, on fait des canevas où toutes les scènes sont étranglées, tous les caractères ébauchés, où la marche se précipite, où les combats, les échanges de poignards, les évènemens multipliés, les machines, sont prodigués à la place du jeu des passions et de la peinture du cœur humain, les développemens passent pour des longueurs, et il faut, lorsqu'on les emploie, en démontrer la nécessité et les avantages. J'entends toujours dire, lorsqu'il y a des développemens dans une pièce, qu'ils rallentissent l'action : comment ne sent-on pas, au contraire, qu'eux seuls, s'ils sont traités avec éloquence et vérité, la soutiennent et la vivifient, en formant, en graduant, en portant à son comble l'intérêt ? Ces coups de théâtre, qu'amène une intrigue compliquée, et dont les plus ingénieux valent moins et coûtent moins d'efforts, que dix vers de sentiment ou un mot tragique, ces coups de théâtre, dis-je, excitent un moment la curiosité et jamais la sensibilité, les yeux sont frappés, l'esprit quelquefois est satisfait, et l'effet n'en survit point au spectacle. Mais les caractères dessinés dans tous leurs traits, les passions suivies dans leurs détails les plus délicats, le cœur présenté dans ses affections les plus secrettes, les nuances adroitement ménagées, le rapport exact des situations avec les personnages, la chaleur et le naturel du dialogue, la succession progressive des mouvemens et des scènes, conduisant par degrés le spectateur aux derniers termes de la terreur et de la pitié, l'attachent, le pressent, l'entraînent, font passer dans son âme toutes les sensations, tous les orages qui agitent celle des personnages, et y laissent ces impressions profondes, ces longues émotions, le véritable but et le triomphe de l'art dramatique.

En troisième lieu, j'ai jetté quelques expressions familières dans la mort d'Abel. On juge que les pensées des premiers humains étoient très-ingénues, et leur langage excessivement simple. J'ai donc dû, pour les faire parler conformément à leurs mœurs, rapprocher, autant que me l'ont permis la dignité et le scrupule de la versification françoise, ma diction du langage ordinaire, et lui donner une autre teinte que celle de nos tragédies, puisqu'aucune n'a présenté des personnages tels que les miens, et placés à une époque aussi reculée. Ainsi j'ai eu soin de n'employer ni les métaphores prises des sciences, ni les images relatives aux arts, ni les mots qu'ont créés la civilisation, les institutions sociales, les changemens arrivés dans les mœurs, les progrès de l'esprit humain, rien enfin de cette langue brillante et nombreuse dont s'est composé le coloris du style des grands maîtres, et qui dans la bouche de nos premiers parens leur auroit supposé des idées qu'ils n'ont pu avoir : je me suis resserré dans la seule expression des images et des sentimens primitifs ; et l'on conçoit que cette obligation de peindre l'homme dans sa nudité morale, m'a conduit nécessairement à quelque naïveté dans les termes et les pensées ; et si l'on veut réfléchir au cercle étroit dans lequel j'étois circonscrit pour associer cette naïveté à la noblesse et à la chaleur qu’exige la tragédie, on sentira ce que la mort d’Abel a dû coûter à écrire.

Il ne faut cependant pas conclure que j’ai dû présenter les premiers humains avec l’ignorance complette où peut-être ils étoient, il n’y auroit pas eu moyen alors que je leur fisse dire une parole. J’ai dû les proportionner au cadre où je les plaçois. Au théâtre, la nature est absolument de choix, et le langage de convention. D’après ce principe, j’ai eu le droit, sans blesser les convenances du sujet, de leur prêter des sentimens et des idées qu’ils ont pu ne pas avoir, mais que la vraisemblance dra-matique, la seule admissible sur la scène, m’a permis de leur supposer ; de même que j’ai eu le droit de les faire parler en vers, quoiqu’assurément ni eux, ni aucun des personnages tragiques ne se soient jamais exprimé ainsi. Je crois n’avoir pas besoin d’en dire davantage pour réfuter ceux qui m’ont accusé de ne m’être pas assez renfermé dans la sévérité de mon sujet, et d’avoir employé des expressions et des images déplacées.

J’ai enfin hazardé quelques tableaux qu’on n’a point encore offerts sur le théâtre, pour que le spectacle de cet ouvrage fût aussi neuf que ses mœurs et ses personnages. Quoique ces tableaux tiennent au sujet, qu’ils aggrandissent, et soient destinés à faire ressortir les caractères, ils auroient peut-être, il y a quelques années, paru une innovation trop audacieuse ; mais ils devoient aujourd’hui être vus d’un œil favorable. La révolution, ayant appris à tous les citoyens leurs droits et leur grandeur, et les ayant rendus témoins et acteurs de l’évènement le plus inattendu, leur a inspiré le goût des choses extraordinaires, et le besoin des émotions fortes. Il faut donc donner plus d’effet et d’énergie à la tragédie, souvent timide et efféminée ; mais, pour y parvenir, il faut aussi lui donner plus de liberté ; non cette liberté dangereuse, qui amèneroit sur la scène des monstruosités, et la replongeroit dans sa première barbarie ; mais cette liberté sage, qui tend à rejetter les règles de convention, d’où il ne résulte aucune beauté, pour aggrandir l'art d'après celles de la raison, de la nature et du génie, à rendre sa représentation plus majestueuse, son caractère plus vrai et plus élevé, en un mot à remplir le précepte qu'a laissé Voltaire, ce grand modèle de l'intérêt théâtral, de relever l'action par la pompe du spectacle, et de parler aux yeux pour agir plus puissamment sur l'âme.

Je remercie MM. les Journalistes des éloges encourageans que leur bienveillance m'a donnés, et même de leur censure. Deux critiques cependant ne m'ont pas paru fondées : comme elles me semblent attaquer l'art plutôt que mon ouvrage, je crois devoir les combattre; je ne propose ma réponse que comme un doute que je soumets aux juges éclairés.

La première critique a pour objet le meurtre d'Abel, qui, mis sous les yeux du public, paroît un spectacle plus révoltant qu'attendrissant ; on voudroit qu'il s'exécutât dans la coulisse. Il me semble qu'il en résulteroit un défaut beaucoup plus grand. Caïn, en poursuivant son frère pour le frapper, mériteroit le reproche d'avoir eu le tems de la réflexion, et se rendrait encore plus odieux qu'en le tuant dans un premier mouvement. De plus, l'effet serait tellement atténué, qu'il n'y auroit plus de terreur, et par conséquent plus de tragédie: Cela est trop fort, dit-on : eh ! ce sont précisément ces situations violentes qui constituent la tragédie : plus l'âme du spectateur se serre et ressent d'impressions fortes et déchirantes, plus le but de l'art est rempli. Orosmane poignarde Zaïre sur le théâtre : cette scène ne passe-t-elle pas pour le comble du pathétique ? Cependant ce meurtre n'est pas plus horrible que celui d'Abel; et assurément un frère qui tue son frère n'est pas plus révoltant qu'un amant qui poignarde sa maîtresse. J'ai toujours pensé que le moment où Horace tue sa sœur, produirait un plus grand effet, s'il la frappoit sur la scène. Il ne faut pas se le dissimuler : c'est cette crainte de déployer trop de terreur, c'est ce soin pusillanime de ménager la sensibilité de nos petits maîtres et de nos femmelettes, qui a affoibli la tragédie Françoise, et donné aux théâtres étrangers, d'ailleurs si inférieurs au nôtre, l'avantage, par la force des situations, et l'énergie des tableaux.

La seconde critique porte sur le choix du sujet, qu'on prétend être sans intérêt ; voici comme on la soutient.

Le meurtre d'Abel ne sauroit se justifier ; mais on ne peut disconvenir que la jalousie de Caïn est bien motivée par les tendresses de ses parens, trop inégalement partagées. La partialité de Dieu, au moment du sacrifice, qui est le sceau du raccommodement des deux frères, est si évidemment injuste, qu'égarer l'esprit de Caïn par un songe qui lui fait voir dans l'avenir l'avilissement de sa race, c'est le pousser au crime pour l'en punir ; et que faire ainsi périr le juste Abel par les mains d'un frère furieux, est une action aussi cruellement ridicule que de damner le genre-humain pour une pomme ; il est donc impossible que l'âme s'attache à une chose que la raison rejette, que l'esprit ne sauroit croire, et avant d'être touché, il faut être persuadé.

Il me semble difficile d'assembler plus d'erreurs pour défendre une mauvaise critique ; je crois pouvoir le démontrer.

Il étoit nécessaire, dans un sujet comme la mort d'Abel, où l'homme est si voisin de la Divinité, que la Divinité dominât entièrement la pièce, et que l'homme, accablé de sa toute-puissance, ne parût que l'instrument de ses desseins éternels. Il devoit même en résulter un grand intérêt. Rien n'attache plus au théâtre que cette influence céleste et cette suite d'évènemens surnaturels qui conduisent un être, malgré tous ses efforts, au malheur ou au crime, où son sort l'a condamné. Nous aimons à voir jouer ces ressorts irrésistibles de la fatalité, et se déployer sous nos yeux le spectacle d'une de ses victimes luttant toujours avec sa destinée et toujours subjuguée par elle. Œdipe, Oreste en sont des preuves incontestables. Nous croyons nous retrouver dans ces personnages qui nous rappellent ces mouvemens secrets, dont l'ascendant impérieux nous entraîne vers ce que notre raison nous ordonne d'éviter.

A l'égard de la partialité et de l'injustice dont on accuse Dieu envers Caïn, cette objection est sans fondement. Le refus du sacrifice de Caïn est motivé par son absence à la prière, et sur-tout par l'aveu qu'il fait lui-même après le sacrifice, qu'il n'a jamais aimé son frère.

Moi! va, si dans ce lieu j'ai dit que je t'aimois,
Traître , je t'ai trompé
, je ne t'aimai jamais.

n'est-ce pas assez pour justifier Dieu ?

Mais je dirai plus : que cette rigueur de Dieu soit juste ou non, c'est un fait écrit et connu, et cela suffit pour que j'aie pu le mettre au théâtre, puisque le résultat est dramatique. Eh ! pourquoi serions-nous choqués d'un pareil ressort ? Pourquoi ne nous prêterions-nous pas sur la scène aux données que nous fournit la bible, quand nous y admettons sans effort les chimères de la mythologie et les dogmes extravagans de la religion payenne. Dieu, dans la mort d'Abel, blesse-t-il plus la raison et l'équité, que les Dieux du paganisme, qui entraînent sans motif le vertueux Œdipe à l'inceste et au parricide, et qui conduisent le bras d'Oreste dans le flanc maternel ; sur-tout que Diane qui, dans Iphigénie, ordonne à Agamemnon d'immoler sa fille, parce qu'il a tué par hazard une biche qui lui étoit consacrée. Ces fables, toutes absurdes, toutes révoltantes qu'elles sont, n'empêchent cependant pas qu'on ne voye avec le plus vif intérêt les pièces qui en sont tirées. De tels exemples prouvent combien ce principe du critique, avant d'être touché il faut être -persuadé, est opposé à l'expérience et à la connoissance du cœur humain : il est de fait, au contraire, que dès que l'âme est émue, elle ne permet pas à l'esprit la réflexion. Non, on ne vient pas au spectacle pour croire, on y vient pour sentir, et on s'y contente d'une vraisemblance idéale. La tragédie, soumise aux effets de l'illusion, aux impressions da l'imagination, aux vues de la poésie, admet tous les faits connus qui leur sont favorables, et, quoiqu'en dise le critique, les évènemcns de la Bible sont du nombre de ceux qu'elle doit sur-tout rechercher, en ce que le commerce immédiat et continuel qu'ils établissent entre l'homme et la Divinité parle à l'âme du spectateur, et ajoute une véritable magie au prestige des vers et de la représentation. C'étoit donc seulement sous le rapport poétique qu'il falloit envisager ce qu'il y a de religieux dans le sujet de la mort d'Abel. Mais il paroît que le critique a une aversion décidée pour tout ce qui est saint : elle s'étend jusque sur Polieucte et Athalie qu'il regarde comme des ouvrages sans charmes et dont l'effet est manqué, parce qu'ils sont propres, dit-il, à entretenir un esprit de superstition et d'erreurs. Le critique ne donneroit-il pas lieu de croire qu'il voit dans Corneille et Racine des casuistes, et dans leurs vers des articles de foi ?

Je ne citerai pas le succès que mon ouvrage a obtenu comme une preuve de tout ce que j'ai avancé ; je ne me dissimule pas que je le dois à l'indulgence que le public témoigne toujours pour un premier ouvrage, et au jeu sublime des acteurs. Je ne me permets même d'en parler que pour leur en faire hommage. Depuis long-tems une tragédie n'a été jouée avec autant de supériorité et d'ensemble. M. St-Prix a déployé dans le rôle de Caïn une vérité, une chaleur, une énergie, une profondeur, qui sont au-dessus de tous les éloges. M. Dupont a répandu dans le rôle d'Abel tout ce charme, ce naturel aimable, cette sensibilité vraie et pénétrante qui caractérisent son talent, et qui lui donnent dans chaque spectateur moins un admirateur qu'un ami. M. Vanhove a marqué celui d'Adam du caractère le plus touchant et le plus vénérable. Mlle. Thénard et Mlle Fleury ont joué les rôles de Thirza et de Mehala aussi bien qu'ils pouvoient l'être. Mais il n'y a pas d'expression pour rendre la bienveillance avec laquelle Mlle Raucour, sentant que sa présence seule seroit utile à l'ouvrage, a accepté le rôle d'Eve, son adresse à relever le peu d'importance de ce rôle par le plus beau développement de ses avantages extérieurs, et une pantomime très-pittoresque, enfin le zèle empressé qu'elle a mis à défendre constamment mes intérêts, avant et depuis la représentation. Ses talens m'avoient appris à l'admirer, ses procédés m'apprennent à la chérir.

Mercure Français, n° 14 du 7 avril 1792, p. 30-33 :

[Le sujet de la pièce nouvelle est l’illustration qu’on peut écrire une tragédie qui ne se soutient pas par « les événemens », et le critique en donne des exemples illustres. La prévention que certains avaient envers un tel sujet a paradoxalement aidé à son succès. Le résumé de l’intrigue montre son caractère moral et émouvant. Le jugement porté ensuite insiste sur la qualité de l’écriture de la pièce, à laquelle on ne peut reprocher que quelques imperfections faciles à corriger. Elle est aussi servie par une bonne interprétation et l’article cite les deux protagonistes, remarquables. Conclusion : l’auteur, débutant, a devant lui un bel avenir au théâtre.]

THÉATRE DE LA NATION.

Il s’était élevé contre le sujet de la Mort d’Abel une prévention assez générale ; on paraissait croire qu’il était trop simple, trop peu susceptible d’événemens & de péripétie pour produire l’effet qu’on attend d’une pièce de Théâtre, & la maniere dont il a été traité jusqu’ici par quelques Auteurs, achevait de confirmer cette opinion. On ne pensait pas assez que plus un sujet est simple, & plus il offre au contraire, aux hommes d’un talent réel, de moyens de déveoppement. Est-ce par les événemens que se soutiennent & la Bérénice de Racine, & le Philoctète de M. de la Harpe, & la plupart des Tragédies Grecques, où l’on admire sur-tout cette extrême simplicité ?

Quoi qu’il en soit, cette prévention défavorable a servi au succès de la Tragédie de M. Légouvé, donnée le Mardi 6 Mars dernier. Moins le Public avait attendu de cet Ouvrage, & plus il a su gré à l’Auteur de l’avoir agréablement trompé dans son attente. La Piece a eu un grand succès.

Le jeune & tendre Abel déplore la perte de l’amitié de son frere Caïn, dont tous ses soins, toutes ses prévenances ne peuvent vaincre la haine. Celui-ci, dévoré de jalousie, accuse ses parens, & jusqu’à Dieu même, d’une injuste partialité. Il ne s’est pas rendu à l’heure & au lieu où toute sa famille rassemblée rend chaque jour son hommage à l’Eternel. Adam s’en inquiette, & court chercher ce fils ingrat dans l’espoir de le ramener. Le farouche Caïn reste inflexible ; le seul nom de son frere l’aigrit : il s’emporte jusqu’à reprocher à son pere sa désobéissance, qui ne condamne lui & sa postérité à la nécessité de travailler. Ce reproche, malheureusement mérité; déchire le coeur d’Adam, & Caïn lui-même, qui en fera bientôt toute l’horreur, e repent d’avoir si profondément affligé son pere. Ce mouvement de sensibilité semble avoir fléchi son ame atroce ; pour réparer sa faute, il offre de se réconcilier avec Abel ; & Adam, transporté de joie, bénit l’égarement de son fils, puisqu’il a pu produire en lui ce changement heureux. Cette scène a paru infiniment intéressante. Adam ordonne un sacrifice pour célébrer cette réconciliation. Abel & Caïn présentent chacun leur offrande. Le feu du Cield évore celle du premier, l’autre demeure intacte. Caïn, plus jaloux que jamais, reprend toute sa fureur, & s’échappe dans le désert. Abel l’y suit ; mais son frere, cruel, insensible à ses larmes, à ses prieres, l’assomme d’un coup de beche, & le fait tomber sanglant à ses pieds. Toute sa famille voit avec étonnement & douleur cette image nouvelle ; c’est le prima mors, primi laetus. Caïne se livre aux plus affreux remords; & l’Eternel, comme dans l’Ecriture, vient lui annoncer sa punition.

Ce sont les Gens de Lettres sur-tout qui ont déterminé le succès de cette Piece. Plus sensibles que d’autres aux besoins de détail, ils ont éclairé & fait admirer au reste du Public les richesses poétiques, répandues avec profusion dans le style, & dont l’Auteur a puisé une grande partie dans Gessner & dans Milton. Une versification en général fort bien tournée, & une foule de vers de sentiment ont excité un enthousiasme que n’ont point refroidi quelques incorrections léferes, faciles à faire disparaître à l’impression.

La Piece est aussi très-bien jouée. M. St-Prix, qu’on a demandé à la fin, y a montré beaucoup de chaleur, & a mérité de grands applaudissemens ; M. Dupont, dans le rôle d’Abel, a augmenté encore l’intérêt qu’inspire la sensibilité du personnage, par la maniere dont il l’a rendu.

C’est le premier Ouvrage de M. Légouvé, fils d’un Avocat célebre, & très-jeune encore : un début si heureux donne l'espérance que dans un autre genre il méritera une égale célébrité.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 5 (mai 1792), p. 306-308 :

[Le compte rendu insiste beaucoup sur la surprise que représente la réussite de cette pièce sur un sujet jugé impossible au théâtre (alors même que la pièce de Klopstck était lue et admirée) : «  on a vu un sujet simple se développer de la maniere la plus vraie, la mieux sentie, la plus touchante, & présenter, sous le charme d'un style pur, facile & nerveux, un intérêt croissant de scene en scene », et l'interprétation est elle aussi digne d’éloges : l’ouvrage «  est très-bien mis, fort bien joué ». L’auteur, un débutant, donne de grands espoirs.]

THÉATRE DE LA NATION.

Le mardi 6 mars, on a donné la premiere représentation de la mort d'Abel, tragédie en trois actes, par M. Legouvé.

Nous sommes, sans contredit, le peuple le plus frivole, le plus orgueilleux & le plus opiniâtre qu'il y ait dans toute l'étendue de ce pauvre globe terrestre où nous paroissons un instant pour souffrir & pour mourir. Cette frivolité, cet orgueil & cette opiniâtreté influent, non seulement sur nos idées politiques, mais encore sur nos plaisirs ; quand nous nous sommes mis en tête qu'un objet, que nous envisageons mal, ne sauroit nous être agréable, nous nous refusons à toute évidence, & notre entêtement vaniteux va jusqu'à étouffer en nous les sentimens que nous éprouvons. Depuis trente ans, nous étions forcés d'admirer à la lecture, la mort d'Adam, tragédie, traduite de l'allemand, de M. Klopstock ; mais, tout en admirant, nous nous obstinions à croire & à dire qu'un sujet tiré des premieres années de l'existence du monde, ne réussiroit pas sur nos théatres. C'étoit en même tems nous rendre justice & nous calomnier. C'étoit nous rendre justice, parce que nous sommes en effet bien loin de la nature & des mœurs patriarchales ; c'étoit nous calomnier, parce que, tout dépravés que nous sommes, tous les sentimens ne sont pas encore éteints dans nos cœurs. Où les sentimens vivent encore, il y a de la ressource pour la vérité. Nous venons d'en avoir une preuve dans le succès qu'a obtenu la mort d'Abel, tragédie, par M. Legouvé, fils d'un des plus célebres & des plus respectables avocats de ce siecle. Une heure avant la représentation, tout le monde croyoit être venu au spectacle, pour assister à une chûte. On a été étrangement surpris quand on a vu un sujet simple se développer de la maniere la plus vraie, la mieux sentie, la plus touchante, & présenter, sous le charme d'un style pur, facile & nerveux, un intérêt croissant de scene en scene. Nous ne donnerons point l'analyse de cette tragédie, dans laquelle M. Legouvé a pris pour guide le poëme de Gessner en écartant tout ce qui auroit gêné sa marche. L'ouvrage a eu le plus grand succès ; il est très-bien mis, fort bien joué ; mais M. Dupont, dans le rôle d'Abel, & M. Saint-Prix, sur-tout, dans le rôle de Caïn, ont mérité, des éloges particuliers.

Ce sujet a été traité par M. l'abbé Aubert, en 1765, aussi en imitation de Gessner ; mais l'ouvrage de M. Legouvé est bien au-dessus de celui de M. Aubert. L'énergie du caractere de Caïn se manifeste particuliérement dans le second acte : dans le troisieme, on a eu peine à supporter le meurtre d'Abel fait sur le théatre, & son cadavre long-tems exposé aux yeux des spectateurs. La plupart auroient désiré que le crime se commît derriere la scene. On a demandé l'auteur, qui est jeune, & dont le début ne peut que donner les plus flatteuses espérance.

Annales dramatiques, ou dictionnaire général des théâtres, tome 6, M, Paris, 1810, p. 387 :

[Une critique favorable...]

MORT D'ABEL (la), tragédie en trois actes, en vers, par M. Legouvé, avec cette épigraphe: Primi parentes, prima mors , primus luctus.

Ce sujet, imité de Gesner, comme on vient de le voir, fut traité par l'abbé Aubert en 1765, mais l'ouvrage de M. Legouvé est bien au - dessus du sien. Son sujet se développe de la manière la plus vraie, la mieux sentie, la plus touchante, et présente un intérêt toujours croissant de scène en scène.

On ne trouve point dans cette tragédie, l'appareil de grandeur qu'on est accoutumé à rencontrer dans ces sortes d'ouvrages. Point de luxe, point de soldats ; tout y est simple comme les premiers hommes, et toutefois ce sujet est traité d'une manière éminemment tragique. La vérité des tableaux et l'harmonie de la versification, répandent sur toute cette pièce un charme inconnu jusqu'alors à la scène française. Nous ne dirons pas que la Mort d'Abel est le meilleur ouvrage de M. Legouvé ;mais c'est assurément le plus original qui soit sorti de sa plume, et le plus parfait qu'il ait produit sous le rapport du style. Nous pourrions citer une foule de vers dignes des plus grands maîtres ; mais les bornes de cet ouvrage nous permettent rarement ces sortes de citations ; nous devons nous attacher à l'ensemble plus qu'aux détails, et nous y sommes forcés par le peu d'étendue qu'ont ordinairement nos articles.

Ce n'est point la terreur qui fait l'âme de cette pièce, mais c'est la pitié la plus douce et la plus touchante à la fois ; l'intérêt ne sort pas de la multiplicité des situations, et de la variété des révolutions, elle naît de la vérité des caractères, et de celle des couleurs, sous lesquelles l'auteur a su présenter ses personnages. Il est inutile sans doute d'analyser un ouvrage, dont le sujet est connu dans toutes les écoles, et qui tient autant à l'histoire qu'à la religion. Cette publicité qui a dû diminuer les difficultés qu'offre ordinairement l'invention , a dû augmenter celle de l'exécution, et le grand talent de l'auteur est de les avoir vaincues.

Le caractère d'Abel est d'un intérêt touchant, qui rend sa mort plus cruelle aux yeux des spectateurs, et Caïn plus odieux, sans que, toutefois, son caractère inspire une horreur profonde, parce qu'on sait qu'il est entraîné à l'assassinat de sou frère par une fatalité irrésistible, et par une haine fondée sur la préférence que lui accordent ses parens, et surtout l'éternel qui rejète ses offrandes, pour agréer celles de son frère. En adoucissant ainsi l'horreur que devaient inspirer et le crime et le caractère de Caïn, M. Legouvé s'est conduit en grand maître ; car, de toute autre manière, le dénouement de la pièce eut été révoltant et pénible. Ces considérations, dont personne ne contestera la justesse, prouvent évidemment que M. Legouvé a tiré de son sujet tout le parti possible, et que, dès son début dans la carrière dramatique , il a fait preuve d'un talent supérieur.

La pièce de Legouvé a fait l'objet d'une publication récente :

Gabriel-Marie Legouvé
        La Mort d'Abel

Édition présentée, établie et annotée par
            
Paola Perazzolo

Modern Humanities Research Association (2016) (volume 61 de la collection de Critical Texts), Cambridge (Royaume Uni).

Sommaire :

Introduction (p. 1-54)

Note sur l'édition (p. 55-58)

Texte de la pièce (p. 59-120)

Annexe I : la réception de la pièce (p. 121-162)

Annexe II : dossier iconographique de la pièce (p. 163-166)

Bibliographie sélective (p. 167-171)

La base César évoque deux premières représentations dans des collèges de l'Oratoire, à Troyes en 1776 et à Niort en 1786. La première aurait eu lien quand Legouvé avait douze ans (il est né en 1764) : il ne s'agit certainement pas de la pièce de Legouvé.

La création a eu lieu le 6 mars 1792 au Théâtre de la Nation. La pièce y est jouée 35 fois jusqu'au 14 août 1793. En mars et avril 1792, elle est jouée également 5 fois au Théâtre de Montansier.

A partir du 4 juillet jusqu'au 10 septembre 1795, elle est reprise au Théâtre Feydeau (7 représentations). Le même théâtre la joue à nouveau du 23 mai au 13 août 1796.

La pièce est également jouée sur le Théâtre du Marais, 4 fois du 22 octobre au 13 décembre 1795 et 1 fois le 13 mars 1796. Dans le même temps, César indique trois représentations à Paris, sans donner de lieu précis de représentations. Enfin, le 6 novembre 1796, elle est jouée une fois au Théâtre des Jeunes Elèves.

Du 2 janvier au 28 août 1797, 10 représentations au Théâtre de la Nation .

En 1798, 8 représentations au Théâtre de l'Odéon (du 15 février au 25 décembre et 1 représentation au Théâtre du Marais (le 26 juillet).

En 1799 enfin, 2 représentations au Théâtre des Amis de la Patrie, 1 au Théâtre du Marais et 4 au Théâtre des Victoires.

En bref :

  • 40 représentations en 1792 et 1793 ;

  • 12 en 1795 ;

  • 9 en 1796 ;

  • 10 en 1797 ;

  • 9 en 1798 ;

  • 7 fois en 1799.

Soit 87 représentations avant 1800.

La base Lagrange de la Comédie Française connaît 59 représentations de la pièce à l'Odéon-Théâtre Français de1792 à 1817.

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