Créer un site internet

Le Mari intrigué (1806)

Le Mari intrigué, comédie en trois actes et en vers, par Marc-Antoine Désaugiers, 11 novembre 1806.

Théâtre de l’Impératrice.

Titre :

Mari intrigué (le)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

vers

Musique :

non

Date de création :

11 novembre 1806

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

 Marc-Antoine  Désaugiers

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mad. Masson, 1806 :

Le Mari intrigué, comédie en trois actes et en vers, Par M. Désaugiers, Représentée pour la première fois, à Paris sur le Théâtre de l'Impératrice, le 11 novembre 1806.

Pièce à ne pas confondre avec le vaudeville que le même Désaugiers a fait jouer avec le même titre en 1803.

Courrier des spectacles, n° 3564 du 12 novembre 1806, p. 2 :

[Le critique commence par l’auteur, un jeune homme prometteur, dont les premiers essais sur des théâtres du second ordre (et ce n’est plus le cas du Théâtre de l’Impératrice) ont permis de voir l’esprit. C’est bien ce qu’on retrouve ici : « les détails en sont agréables ; un grand nombre de vers très heureux ont été vivement applaudis ». Mais on peut reprendre l’intrigue, le style, la longueur aussi : trois actes pour un mari corrigé, c’est beaucoup. L’intrigue est en effet un grand classique : une femme qui veut s’assurer la fidélité de son mari, le rend jaloux, puis lui révèle qu’elle voulait seulement l’attacher à elle. Et le mari finit aux pieds de sa femme, comme de juste. On ne peut bien sûr pas être certain de la solidité de la conversion du mari, mais il faut bien finir une pièce... et l’auteur a su le faire avec talent. Il a été nommé. Les interprètes sont eux aussi loués pour leur ensemble et leur talent, avec mention spéciale des acteurs des rôles de soubrette et de valet.]

Théâtre de l'Impératrice.

Le Mari intrigué.

Cette pièce est l'ouvrage d'un jeune poëte qui a fait preuve d'esprit et de talent dans plusieurs occasions. Sa muse gaie, légere et maligne embellit souvent les pages du Chansonnier du Vaudeville et du Journal des Gourmands. Plusieurs jolies petites pièces l'ont déjà fait connoître avantageusement sur les théâtres du second ordre. On doit donc s'attendre à trouver dans tous ses ouvrages des mots piquants, des traits assaisonnés par l'esprit et la gaieté. C'est aussi ce que l'on a remarqué dans le Mari intrigué : les détails en sont agréables ; un grand nombre de vers très heureux ont été vivement applaudis ; mais on auroit desiré une intrigue plus neuve, des situations mieux motivées, et sur-tout plus de mesure dans les moyens, quelquefois même plus de retenue dans le style. Le Mari intrigué rentre encore dans la classe des maris corrigés ; et comme dans ces sortes d'épreuves tout est prévu d'avance, il est difficile de tenir l'attention du public bien éveillée pendant trois actes.

Derval, jeune homme à la mode, épouse une jeune personne jolie et spirituelle, mais sur-tout éprise de l'amour le plus tendre : celui-ci est fort loin des mêmes dispositions ; la constance, les longues amours, et sur-tout la fidélité, sont pour lui des vertus qui lui donnent des nausées. Sa femme découvre une lettre qui lui révèle ce mystère : dès ce moment, elle forme le dessein d'affecter la plus grande indifférence pour Derval, de lui donner de la jalousie, et de le tourmenter par mille inquiétudes ; mais tout cela dans l'intention de se l'attacher davantage. Sa soubrette la seconde parfaitement dans ce dessein. Madame va au bal avec Saint-Remy, jeune homme d'une tournure propre à inspirer la jalousie au mari le plus confiant ; elle accepte des présents, semble se mettre au-dessus de toutes les bienséances, et pousse même la plaisanterie jusqu'à menacer d'un divorce.

Derval, qui dans l'ame est fort amoureux de sa femme, ne peut rien concevoir à cette conduite ; et loin de prendre la chose gaiement, il se met en tête d'éprouver si elle est vraiment aussi indifférente qu'elle le paroît. D'abord elle semble donner dans tous les pieges qu'il lui tend, mais elle est secrètement avertie de tout par Marton sa soubrette, et Frontin, valet de Derval. Enfin quand elle voit la douleur de son mari poussée à l'extrême, qu'elle le croit converti, elle révèle tous ses secrets, produit la lettre où Derval s'étoit lui-même représenté comme l'ennemi mortel de l'amour et de la fidélité; et après l'avoir convaincu que tout ce qu'elle a fait n'étoit qu'un jeu, elle le réduit à lui confesser à genoux qu'il sera éternellement son amant comme son époux.

Cette conversion est un vrai miracle, et l'on n'exige pas que l'on croie à sa durée ; mais dans toute pièce il faut un dénouement, et ce n'est point la partie la plus aisée de l'ouvrage : celui-ci n'est point sans mérite ; il annonce un auteur capable de faire très bien ; et pour un début c'est se montrer fort heureusement. L'auteur a été souvent très applaudi, et sur-tout vivement demandé après la représentation ; on a nommé M. Désaugiers.

Les rôles sont joués avec beaucoup d'ensemble et de talent par tous les acteurs ; on a remarqué sur-tout celui de Mlle Molière, l'une des plus aimables et des plus spirituelles soubrettes de nos théâtres, et celui de Picard jeune, excellent valet.

La Décade philosophique, littéraire et politique, an 1806, quatrième trimestre, n° 35, 11 décembre 1806, p. 500-501 :

[Le compte rendu paraît écrit par quelqu’un qui se croit plagié... Mais les reproches sont fondés sur l’observation des « bons principes » : respect de la vraisemblance des mœurs et des caractères, respect des convenances. Ce qui n’est pas si simple quand on joue autour de l’infidélité conjugale, supposée ou réelle.]

Le Mari intrigué, en trois actes et en vers.

Une femme piquée d'avoir surpris dans une lettre de son mari la phrase inconsidérée dans laquelle il déclare que sa fidélité l’ennuie, veut le punir et l'intriguer ; et pour y parvenir, feint d'abord avec lui l'indifférence, et ensuite excite sa jalousie en lui donnant lieu de croire qu'elle en aime un autre. Le mari, de son côté, imagine quelques épreuves pour s'assurer de l'indifférence de sa femme et de son infidélité ; mais toutes ses ruses sont à l'instant dépistées par une soubrette adroite et fournissent par conséquent des moyens de l'intriguer davantage. Il en est cependant à la fin quitte pour la peur, et tout se raccommode.

Le malheur de ce sujet est de n'être pas neuf. L'auteur de cet article pourrait à bon droit en revendiquer encore le fond ; car c'est peut-être la vingtième copie des Maris corrigés. Mais le reproche le plus grave sans ajoute à faire à l'ouvrage, c'est que les moyens d'épreuve du mari sont tous mal-adroits, et ceux de la femme inconvenans. Qu'est-ce donc qu'un mari qui, pour savoir si sa femme en aime un autre, s'avise de lui envoyer un écrit sous le nom de son prétendu rival ? Quelle idée peut-il avoir conçue d'elle ? Qu'est-ce qu'une femme qui d'abord feint d'être assez indifférente pour conseiller froidement à son mari de se. battre sans en paraître émue, et qui ensuite se compromet au point de laisser croire à un jeune homme qu'elle en .est éprise ? Tout cela est d'une nature fausse et mal combinée; aussi le comique en devient-il froid et guindé. Ces observations paraîtront peut-être sévères ; mais M. Désaugiers, l'auteur de cette comédie, doit pardonner cette sévérité : si sa pièce n'avait pas obtenu beaucoup de succès, si son ouvrage ne portait pas en lui-même un caractère d'importance et par la manière dont il est conçu et par le style dont il est revêtu, je ne me permettrais pas un examen si rigoureux : mais il annonce assez de talent pour mériter qu'on l'éclaire, tandis qu'il en est tems encore, sur la nécessité de mûrir ses plans et son style. Une foule de jolis vers, une manière d'écrire élégante et facile, ont fait le succès de sa pièce aux yeux du public ; mais il faut qu'il s'attache désormais à mériter aussi le suffrage des vrais amis de l'art, et pour les contenter tout à fait, il faut que les mœurs et les caractères soient au moins vraisemblables, que les convenances soient toujours observées, que le style des valets ne soit pas précieux et affecté comme celui des maîtres ; enfin il faut étudier davantage les hommes et son art , se défier de cette facilité de faire, sur-tout du désir de paraître trop tôt et trop souvent : aspirer au nombre des demi-succès plutôt qu'à l'honneur d'une réussite honorable et complète, c'est mettre sa réputation en viager, c'est même risquer de lui survivre, et nous en avons plus d'un exemple.                       L. C.

Les Maris corrigés sont une pièce d’Auguste-Étienne-Xavier Poisson de la Chabeaussière, jouée en 1781

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 11e année, 1806, tome VI, p. 439-440 :

Théâtre de l'Impératrice.

Le Mari intrigué ; comédie et trois actes et en vers.

Cette fois, les détails ont sauvé le fonds. Si de l'esprit et de la gaîté ne font pas une comédie, ils peuvent la faire réussir. Le Mari intrigué en est une preuve.

Une jeune femme épouse un de ces hommes qui, après avoir joui de tous les plaisirs, sont tellement blasés, que, chez eux, ni le cœur ni les sens ne prouvent plus rien de neuf. Ils sont obligés de rafiner sur tout, et celui-ci s'est mis dans la tête qu'il cesserait d'aimer sa femme du moment où elle s'attacheroit à lui. La dame, heureusement prévenue de cette bizarrerie, feint pour son époux la plus parfaite indifférence. Il ne s'attendoit pas à cela. Aucune femme ne lui avoit résisté ; il redouble d'abord de soins et d,e prévenances, sa femme ne s'en émeut point. Il devient jaloux, porte ses soupçons sur un de ses amis assez libre dans la maison ; bientôt il veut éprouver cette femme qui le charme d'autant plus qu'elle paroît moins l'aimer. Il faut convenir que ses épreuves ne sont ni délicates ni très-adroites. Il feint un duel, et en laisse raconter la cause à son valet qui s'en tire d'une façon comique, mais peu vraisemblable. Cette épreuve ne réussit point. Il feint d'avoir été volé ; sa femme parle alors de séparation. Il lui envoie des diamans au nom de son ami ; elle les accepte, et revient toute parée près de son époux au désespoir. On conviendra qu'il y a de quoi le désoler; et que si les épreuves du mari sont ridicules, les contre-épreuves de la femme passent la plaisanterie. Tout s'explique, les époux conviennent qu'ils s'aiment : mais, gare le dénouement; je ne crois pas le mari bien corrigé de sa manie, et la perspective de la femme n'est pas fort heureuse.

Il y a beaucoup d'esprit dans les détails de cette pièce, et il en falloit pour faire passer un sujet aussi vicieux. L'auteur est M. Désaugiers.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome XII, décembre 1806, p. 280-284 :

[La pièce de Désaugiers pose un problème de classification au critique : « plutôt une comédie anecdotique qu'une comédie de caractère », deux formes théâtrales qui n’occupent pas la même place dans la hiérarchie des genres. C’est que la pièce n’étudie pas un caractère pour en montrer les travers et en guérir les spectateurs en même temps que le personnage. A la fin du compte rendu, il reviendra sur cette question, pour distinguer soigneusement la comédie du vaudeville, dont le travail de Désaugiers est proche (mais le critique oublie de dire que Désaugiers avait fait jouer un vaudeville portant le même titre et développant la même intrigue). Le résumé de l’intrigue est riche d’enseignement sur les relations conjugales au début de l’Empire, et sur la soumission de l’épouse aux caprices de son mari, qu’elle ne peut faire disparaître qu’en rusant et en simulant ce que son mari pratique sans gêne. L’un peut sans scrupule se dire las de sa femme et du mariage, il garde le droit de la surveiller et de voir « si elle a du moins quelque honneur et quelque délicatesse », qualités dont il ne donne guère d signe lui-même. La pièce finit par la réconciliation des époux. La pièce a aux yeux du critique un « défaut général », celui de montrer une réconciliation que rien ne permet de penser durable : le mari aura la tentation de revenir à ses errements, et il faudrait que la femme continue sans cesse à « le tenir en haleine », ce que la comédie ne permet pas (ne serait-ce que parce qu’elle ne peut durer assez longtemps). Elle a aussi des défauts de détail, que le compte rendu énumère : lenteur de l’action, incidents peu motivés (un mari ne laisse pas sa femme aller au bal avec un jeune homme,d’après le critique), langage inadapté prêté à des personnages (un valet citant un proverbe latin), fautes de langue, plaisanteries « hasardées » (à chacun de donner une définition à c emot !). Cela n’enlève pas toute qualité à la pièce (« de l'esprit, de la gaieté, de l'originalité ; le style, en général, est facile et brillant : le dialogue est vif, animé, semé de traits piquans, et plusieurs scènes sont filées avec art » : tout cela n’est pas si mal !). Désaugiers est un auteur plein d’avenir, à condition qu’il sache mieux respecter les lois du genre : la comédie n’est pas le vaudeville : à l’un le feu d’artifice de l’esprit, à l’autre le respect scrupuleux de la nature : le personnage de comédie ne peut dire et faire que ce que son caractère rend possible. Il faut « qu'on croie voir la nature comme dans un miroir, sans songer à l'œuvre d'un homme d'esprit ». Inutile de dire que la décadence du temps présent rend cette conception de la comédie fort rare. Les acteurs sont cités, avec une simple mention de la qualité de leur jeu.]

THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE.

Le Mari intrigué, comédie en trois actes et en vers, par M. Desaugiers.

Cet ouvrage serait plutôt une comédie anecdotique qu'une comédie de caractère. Un homme que beaucoup de bonnes fortunes ont réduit à cet état d'apathie, où les sentimens les plus tendres et les plus passionnés de l'objet aimé ne font qu'accroître sa froide indifférence, sera-t-il guéri par quelques feints caprices de sa femme ? Non sans doute, car son mal tient à l'épuisement de son cœur. Ces caprices peuvent lui donner une irritation momentanée, qui ressemble à la vie, mais qui n'en est que l'apparence.

Tel est Derval, le mari qui nous est présenté dans cette nouvelle pièce. Avant qu'il contractât le lien qui l'engage, cent femmes ont été victimes de ses séductions, et les graces et les vertus de sa jeune épouse ne peuvent le fixer. Il en a fait confidence à un de ses oncles ; il lui a écrit que la constance et la fidélité le fatiguent et l'ennuient. Cette lettre est tombée entre les mains de Laurence, et elle suppose qu'en allarmant Derval sur sa tendresse, elle le corrigera : c'était avoir peu réfléchi. Quand Derval sera rassuré sur sa femme, il est à craindre qu'il ne retombe dans ces langueurs et cette indifférence qu'elle veut prévenir. Elle n'aurait qu'un parti à prendre ; ce serait de toujours le tenir en haleine par de nouveaux caprices ; mais la pièce serait un peu longue. Le but moral de cette comédie n'est donc pas bien évident. Cependant on peut s'amuser de ces secousses momentanées, données à l'apathie d'un mari blâsé, sur-tout quand l'opérateur est un homme d'esprit. C'est le parti qu'a pris le public, et l'ouvrage a obtenu beaucoup de succès.

Si ces observations sont vraies, les sentimens tendres, délicats et passionnés que Derval, usé par tant de bonnes fortunes, montre pour sa femme dans la nouvelle pièce, ne seraient pas très-naturels ; mais M. Desaugiers a probablement senti qu'un jaloux sans amour, comme le prouve la pièce d’Imbert, est un personnage essentiellement froid à la scène, et il a mieux aimé tomber dans une petite inconséquence, afin de donner à sa pièce plus de mouvement et de vivacité. Résolue ainsi à corriger son mari, Mme. Derval prend tous les moyens propres à allarmer sa tendresse. Un beau jeune homme, ami de la maison, lui propose de la conduire au bal, et elle y consent avec joie. Derval, furieux, veut l'éprouver à son tour, et il feint d'avoir été provoqué pour un duel. Instruite de la ruse, elle lui déclare qu'il n'a qu'un parti à prendre, d'aller se battre. Tant d'indifîérence le révolte ; et, pour la pousser à bout, il déclare qu'on vient de lui voler toute sa fortune. Elle n'en est aucunement affectée, et parle de se séparer de lui. Il veut voir enfin si elle a du moins quelque honneur et quelque délicatesse, et il lui fait offrir, sous un nom supposé un écrin de diamans ; elle l'accepte volontiers. Sa fureur est désormais au comble ; c'est alors qu'elle se détermine à le calmer ; elle lui montre la lettre qu'il a écrite à son oncle, et lui avoue la résolution qu'elle a prise de s'en venger. Il demeure confus, implore son pardon, et lui promet amour et confiance.

J'ai parlé du défaut général de la pièce, défaut qui n'est guères que de spéculation, et qui serait peu sensible à la représentation ; mais il est quelques fautes de détail, dont les spectateurs ont pu être plus frappés. L'action a paru lente ; et devrait être resserrée ; quelques incidens ont paru peu motivés. Par exemple, on ne voit pas assez par quelle raison Derval laisse aller sa femme seule au bal avec un jeune homme, et ne prétend pas au moins l’accompagner. Les personnages n'ont pas toujours le langage qui convient à leur situation et à leur caractère. Ainsi l'auteur fait dire à un valet ce fragment de vers latin : Rebus in adversis noscuntur amici. Un valet sans doute peut, avec quelque vraisemblance, citer un proverbe latin quand il est bien trivial, mais il n'en est pas de même de cet axiome. Quelquefois aussi l'auteur se sert d'expressions impropres ; il dit, si je ne me trompe : De ses fureurs exhaler le volcan. Un volcan exhale des flammes, des pierres ou de la cendre, mais il n'est pas exhalé. On lui a enfin justement reproché quelques plaisanteries hasardées.

Malgré ces défauts, cet ouvrage a mérité. son succès ; il doit donner beaucoup d'espérances pour le talent de l'auteur. On y trouve de l'esprit, de la gaieté, de l'originalité ; le style, en général, est facile et brillant : le dialogue est vif, animé, semé de traits piquans, et plusieurs scènes sont filées avec art. On sent que si M. Desaugiers cultive ses dispositions, il s'élèvera beaucoup au-dessus de cet ouvrage : mais il faut qu'il se persuade bien qu'une comédie ne se fait pas par les mêmes procédés qu'un vaudeville. Ici l'auteur se montre toujours ; il peut donner son esprit à tous ses personnages, et on ne lui en saura pas mauvais gré s'il a beaucoup d'esprit. Dans la comédie, au contraire, il doit chercher constamment à se faire oublier, se demander sans cesse si les personnages, avec le caractère qu'il leur donne et la situation où il les place, parleraient ainsi ; il faut qu'il sacrifie sans regret toutes les finesses, tous les traits d'esprit que ce caractère ou cette situation ne comporteraient pas, et s'identifie tellement avec les personnages, qu'on croie voir la nature comme dans un miroir, sans songer à l'œuvre d'un homme d'esprit. Mais aujourd'hui, qui s'occupe de ce soin ? Vel nemo, vel duo. Sans cela pourtant, il n'y a pas de comédie.

La pièce a été fort bien jouée par Barbier, Picard jeune, Clozel, et Mmes. Delille et Molière.

Ajouter un commentaire

Anti-spam