Le Mari valet de sa femme, comédie en un acte, en vers, de MM. Aude neveu et Decour, 14 novembre 1808.
Théâtre de l’Odéon (de l’Impératrice).
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Titre :
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Mari valet de sa femme (le)
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers ou prose ?
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en vers
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Musique :
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non
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Date de création :
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14 novembre 1808
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Théâtre :
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Théâtre de l’Impératrice
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Auteur(s) des paroles :
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Aude neveu et Decour
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L’Esprit des journaux français et étrangers, tome I, janvier 1809, p. 275-277 :
[Le critique n’apprécie guère la pièce dont il doit rendre compte, et il choisit de le montrer : son article fourmille de questions que la pièce lui pose sans qu’il ait eu une réponse. On peut facilement connaître le sujet à partir du seul titre, et l’essentiel du compte rendu consiste à aligner des détails reliés entre eux par des « et puis » qui montrent l’arbitraire de l’enchaînement des détails. Malgré l’incohérence de l’intrigue, le parterre a applaudi unanimement, à l’exception d’un courageux qui a tenu à montrer son opposition. Les auteurs ont voulu être nommés, tant pis pour eux, le critique nous donne leur nom.]
Le Mari, Valet de sa Femme
La vertu d'une Femme est un miroir magique ;
En la considérant notre œil t'en éblouit ;
Elle égare le cœur en séduisant l'esprit ;
Mais l'amour .aussi-tôt vient, et par son prodige,
En brisant le miroir, dissipe le prestige.
Voilà les vers de la pièce nouvelle ; quant au sujet, je tâcherais d'en rendra compte, si je savais dans cette pièce pourquoi l’on entre et pourquoi l'on sort ; pourquoi un personnage dit une chose plutôt qu'un autre ; pourquoi ces personnages sont venus là ; à quoi tendent leurs actions et leurs discours ; enfin , si la pièce était autre chose qu'une suite de scènes cousues, comme il plaît à Dieu, les unes aux autres, et composées d'hémistiches qu'on ne s'est pas même donné la peine de coudre. Au reste, on se doute bien que le Mari Valet de sa Femme est un mari déguisé en valet pour éprouver et connaître sa femme et on devine que, pour rendre le déguisement possible, il a fallu qu'ils fussent mariés l'une à douze ans, l'autre à seize, séparés ensuite, et qu'ils ne se soient pas revus depuis. Il paraît même qu'ils ne se sont pas informés l'un de 1’autre. Cependant ils s'aiment beaucoup ; le mari qui, pour savoir à quoi s'en tenir positivement sur le compte de sa femme, est entré dans la maison depuis huit jours, fait d'abord sa cour à la suivante, et comme elle s'étonne de ce qu'il la tutoie, il lui dit qu'entre laquait il ne faut pas se gêner,
Et que le tutoiement est l'ame des valets;
et puis il lui dit des impertinences sans qu'on sache pourquoi ; et puis il écrit à sa femme une lettre d'amour anonyme sans indication d'adresse, et à laquelle elle envoie une réponse, et il est transporté de ce que cette réponse est un refus ; et puis la suivante qui découvre qui il est, lui dit, pour le tourmenter, qu'on va faire un voyage en Provence et qu'on ne l'emmènera pas ; et puis on feint de vouloir le marier à cette suivante ; et puis Mme. d'Alaincourt, c'est le nom de la jeune femme, l'interroge sur le compte de son mari, qu'il dit avoir servi. Il lui dit que ce mari est très-volage, et puis lui dit qu'il est épris dans le moment d'un amour très-constant. Il prétend ne pas savoir que d'Alaincourt est son mari, et puis il lui dit qu'il n'aime qu'elle. La dame lui apprend qu'elle va en Provence prendre un amant, et qu'en effet son mari pourrait bien en aimer une autre qu'elle parce que
Un amour ambulant du voyageur s'empare ;
et puis au moment où on veut forcer d'Alaincourt d'épouser la suivante et où il dit que son cœur est déchiré, on lui amène une femme voilée pour qu'il l'épouse, apparemment sans sortir de place, et comme disent les Vénitiens su do piedi (sur les deux pieds). Elle se dévoile, c'est sa femme ; il est transporté, et cela se conçoit ; il lui était si difficile de la ravoir, et la pièce finit au milieu des applaudissemens unanimes. Un seul honnête homme a voulu siffler ; on a pensé le mettre à la, porte ; il n'en a pas moins pris acte de son opinion par sa constance à la soutenir, et je lui en fais mon compliment. Cela n'a pas empêché que les auteurs n'aient été demandés avec transport par un parterre très-nombreux, applaudis de même. Je les nommerai puisqu'ils le veulent. Ce sont MM. Aude, neveu, et Decour.
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