Le Mariage de Benoît, ou la Suite du Beverley d’Angoulême

Le Mariage de Benoît, ou la Suite du Beverley d’Angoulême, comédie en un acte, en prose, du chevalier Aude, 1er avril 1815.

Théâtre des Variétés.

Titre :

Mariage de Benoît (le), ou la Suite du Beverley d’Angoulême

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose

Musique :

non

Date de création :

1er avril 1815

Théâtre :

Théâtre des Variétés

Auteur(s) des paroles :

Aude

Journal de l’Empire, 3 avril 1815, p. 3-4 :

[Plutôt qu’un compte rendu, c’est la description d’une chute mémorable que nous donne le critique : il n’avait jamais vu un si bel échec, au point de ne pas savoir s’il a été possible d’achever la pièce. Le rôle des amis de l’auteur (si ce sont bien ses amis !) est bien montré, dans son aveuglement comme dans son effet pervers. Encore une soirée où l’ambiance a été chaude !]

THEATRE DES VARIÉTÉS.

Première représentation du Mariage de Benoît, ou la Suite du Béverley d’Angoulême.

J'ai assisté à bien des premières représentations, j'ai été par conséquent témoin de bien des chutes ; j’ai calculé jusqu’où pouvoit aller la médiocrité de certains auteurs, et jusqu’à quel point on abusoit quelquefois de la patience du public : toutefois, je l’avouerai, je n’ai encore rien vu de semblable à la pièce donnée hier à ce théâtre, sous le titre du Mariage de Benoît. Il est difficile de concevoir qu’il se soit rencontré un comité pour recevoir de pareilles inepties, et des acteurs pour en charger leur mémoire. L'orage s'est annonce dès les premières scènes : les amis ont, suivant l’usage, essayé de le conjurer ; ils ont pense que des salves d'applaudissemens bien nourries dissiperoient les funestes nuages qui s’amassoient à l’horizon : leur zèle a été inutile il eût même été nuisible à une meilleure cause ; mais dans cette affaire, l’auteur n’avoit pas de plus grand ennemi que lui même. Je n’oserois affirmer que la pièce ait été achevée : ce , c’est qu’elle a été jouée au milieu des plus épouvantables détonations de sifflets qui jamais aient ébranlé les voûtes d’un théâtre.

Le Nain jaune, n° 359 (cinquième année), du 5 avril 1815, p. 525-526 :

[La pièce est tombée, et elle le méritait, tant elle est mauvaise (encore pire que le Beverley d’Angoulême dont elle est censée être la suite). Et le critique ne craint pas de dénoncer le coupable, l’acteur Brunet, qui est le responsable des choix de pièces aux Variétés. Le public a tenu à abréger les souffrances de l’auteur en interrompant la représentation, et en ne demandant pas à connaître l’auteur. Mais son nom circulait dans l’orchestre, et certains prenaient un vif plaisir à le nommer...]

Théâtre des Variétés. Le Mariage de Benoît ! Ah ! pour le coup, M. Brunet, c'est trop fort.

Des bêtises chez vous, nous le voulons bien ; mais
Celle-ci passe un peu les bornes que j'y mets.

Je conçois, qu'enhardi par le succès scandaleux d'une foule de chefs-d'œuvres, tels que Je fais mes farces, vous comptiez un peu sur la, bonhomie des habitués de votre théâtre ; mais il ne faut pas en abuser à ce point-là. Les niaiseries, dont se compose en grande partie votre répertoire, sont délicieuses, si on les compare au Mariage de Benoît. Le public vous a sévèrement puni, en vous enveloppant lundi dernier dans la proscription qui éloigne à jamais cette nouvelle ineptie d'un spectacle déjà si riche en ce genre; mais avouez que, si la vérité de votre jeu était faite pour désarmer la rigueur de vos juges, vous méritiez bien une petite leçon, pour avoir reçu un pareil ouvrage. Car on assure, et cela doit être, que vous avez une grande influence, dans votre comité de lecture.

Tous les connaisseurs conviennent que, dans le Béverley d'Angouléme, les pommes cuites que Benoît fait rouler dans la cendre, sont d'un merveilleux goût ; nous nous garderons bien d'être d'un avis différent. Mais on ne trouve pas même dans le Mariage de Benoît des gentillesses semblables. L'auteur peut se vanter d'avoir atteint le sublime de la platitude ; le public, dont la sévérité n'était que de la justice, ne l'a pas condamné à être nommé publiquement. Il a même poussé la générosité jusqu'à abréger le supplice du coupable, en faisant baisser la toile aux deux tiers de l'ouvrage. Mais, comme nous n'avons rien de caché pour nos abonnés, nous leur dirons que des habitués de l'orchestre (qui pourraient bien être des auteurs, car ils paraissaient enchantés de cette nouvelle chute) se sont hâtés de nous apprendre qu'on attribuait cette malheureuse nouveauté à M. Aude.

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