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Le Mariage patriotique

Le Mariage patriotique, opéra en deux actes, en prose, de Rouhier-Deschamps, musique de Deshayes, ballet de Beaupré, 29 frimaire an 2 (19 décembre 1793).

Théâtre de la Cité-Variétés.

Titre :

Mariage patriotique (le)

Genre

opéra

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

29 brumaire an 2 (19 décembre 1793)

Théâtre :

Théâtre de la Cité-Variétés

Auteur(s) des paroles :

Rouhier-Deschamps

Compositeur(s) :

Deshayes

Chorégraphe :

Beaupré

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 11 (novembre 1794), p. 260-261 :

[On peut difficilement être plus dans l’air du temps : les jeunes gens d’un village qui veulent partir sauver la patrie, bien que n’ayant pas été réquisitionnés. Le héros, qui doit justement se marier, n’hésite pas, et convainc sa bien aimée de l’épouser juste avant son départ. Toute la pièce respire le patriotisme, et le compte rendu en fait autant. Après le résumé de l’intrigue, il énumère les multiples qualités de la pièce : des « traits touchans de vertu & de patriotisme ; un caractere de bavarde, très-plaisant, & des tableaux piquans », tout montre combien l’auteur a de goût et de connaissance de la scène et des effets dramatiques. Le musicien n’est pas en reste : « Il est difficile d'écrire mieux & avec plus de mélodie. Deux airs niais, un quatuor, un duo & un chœur ont sur-tout excité le plus juste enthousiasme. » Et le ballet final met en scène « des grouppes & des tableaux charmans ». Tout le monde a été demandé, tout le monde n’a pas paru.]

Le Mariage patriotique, opéra en deux actes, en prose.

Le fonds de cette piece est très léger : mais les détails en sont charmans. Le pere Durand, laboureur très-riche, va marier sa fille Justine à Pantin, pauvre villageois, fils du pere Michaut, vieillard respectable. Tout est arrangé pour leur union : mais tous les jeunes gens du village volent à la défense de la patrie, sans être même appellés par une réquisition. Paulin ne peut voir partir ses camarades & rester ; il faut qu'il les accompagne le lendemain de son mariage. On a caché cette nouvelle à Justine : mais bientôt le départ prochain de son amant l'afflige ; il faut toute la fermeté de Paulin, & les avis patriotiques du pere Durand, pour dissiper ses inquiétudes ; enfin, elle se détermine à lui donner la main.... Toute la municipalité vient de se ranger sur la place ; les jeunes gens, qui brûlent de partir, jurent de revenir vainqueurs; & c'est sur l'autel de la -patrie, au pied de la statue de la liberté, que le maire unit Justine & Paulin. Un niais, qui égaie cette piece, voudroit bien épouser de même Nicole ; mais Nicole l'engage à partir avec la jeunesse, & lui promet sa main à son retour.

Des traits touchans de vertu & de patriotisme ; un caractere de bavarde, très-plaisant, & des tableaux piquans, tout a contribué au succès de cet ouvrage, qui prouve, dans son auteur, du goût & beaucoup de connoissance de la scene & des effets. On en sera convaincus, quand on saura que c'est le cit. Rouhier-Deschamps, auteur du Petit Orphée & de plusieurs autres pieces de théatre. La musique, qui est du cit. Deshayes, auteur de Zélia, &c. &c. offre toute la grace, toute l'originalité dont le sujet étoit susceptible. Il est difficile d'écrire mieux & avec plus de mélodie. Deux airs niais, un quatuor, un duo & un chœur ont sur-tout excité le plus juste enthousiasme. Le mariage patriotique est terminé par un ballet du cit. Beaupré, où cet artiste a fait entrer des grouppes & des tableaux charmans : il est à désirer que le cit. Beaupré ait un ballet plus important à faire, pour ajouter, non à sa réputation, mais aux plaisirs du public. On a demandé les auteurs : les cit. Deschamps & Beaupré se sont seuls présentés : l’auteur de la musique étoit déjà sorti.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1795, volume 4 (juillet-août 1795), p. 249-252 :

[Second article sur la pièce. Après le résumé de l’intrigue, c’est la légèreté de l’intrigue qui est soulignée, et le moyen par lequel elle est compensée, à savoir une série de personnages épisodiques qui lui donnent un peu d’épaisseur. La fin du compte rendu est consacrée aux « accessoires » : le vaudeville, très bien accueilli par le public (un des couplets concerne la prise de Toulon : succès garanti !), le ballet, réussi, même s’il n’est pas « d’une grande importance », et la musique, qui a « une facture agréable & un faire rempli de goût ».]

THEATRE DE LA CITÉ-VARIÉTÉS.

Le mariage patriotique, comédie en deux acte & en prose, mêlée d'ariettes; paroles de Rouhiers-Deschamps; musique de Deshayes.

Justine & Paulin vont être mariés ; Durand & Michaut, leurs peres, consentent à cette union. Cependant la patrie appelle à son secours les jeunes gens du village, & ils sont tous sur le point de partir. Paulin, malgré qu'il ait vingt-six ans, pense qu'il ne sauroit rester sans lâcheté, tandis que tous ses amis vont se mettre en route, & son patriotisme lui impose le devoir de les suivre. Mais comment annoncer cette nouvelle à Justine ? Doit-il la lui apprendre avant ou après le mariage ? Le pere Durand, toujours franc, toujours honnête, prend le parti de l’en instruire, & en même-tems d'assurer par le contrat l'existence du vieillard Michaut, pere de Paulin.

Si quelque chose peut consoler d'un malheur, c'est sans doute un trait de bienfaisance, & celui-ci est bien fait pour toucher le cœur de Justine comme il touche celui de tous les villageois. Elle éprouve toutefois tant de chagrin au départ de Paulin, qu'on ne parviendroit que très-difficilement à la consoler, si l'amour de la patrie ne balançoit en elle celui qu'elle a pour Paulin. Durand demande alors à la fille, si elle aime mieux que l'ennemi soit battu par son amant, ou par son époux ; elle préfere que ce soit par le dernier, & l'on dispose tout pour le mariage.

On éleve la statue de la liberté au milieu de la place ; tout le village s'y rend ; la municipalité entoure l'autel de la patrie, & Paulin & Justine sont mariés, à la grande satisfaction de tout le monde. Mais alors le pere Michaut, ne pouvant plus contenir l'explosion de sa reconnoissance, éleve la voix, pour apprendre à tous les concitoyens que, non-seulement Durand a voulu donner sa fille à Paulin, quoique celui-ci n'eût rien, mais encore qu'il l'a mis, lui Michaut, à l'abri des besoins, pour le reste de ses jours, en achetant pour lui la maison qu'il occupe dans le village.

On se demande peut-étre, comment une si légere intrigue a pu fournir à deux actes ; le voici : l’auteur a assez adroitement fait intervenir dans sa piece plusieurs personnages épisodiques. Tamôt ce font les babillardes impitoyables Marcelle & Vincent, qui viennent parler, parler, parler, & ne rien dire à propos d« leurs maris défunts & du bonnet de la mariée. Tantôt c'est le niais Thêmas, jardinier, qu'une madame de Fierville a chassé de chez elle, parce que les couplets civiques qu'il ne cessoit de chanter lui donnoient des vapeurs. Mais, ce qu'il y a de singulier, c'est que cette femme aristocrate assure à Thomas, qu'il fera mieux d’aller battre l’ennemi que de battre le pavé ; ce que, par parenthese le brave Thomas feroit bien volontiers, s'il étoit sûr de ne pas être tué. Mais la mort qui l’effraie & l'amour qu'il a pour Nicole, le retiennent dans le village. Il part toutefois avec Paulin & toute la réquisition, lorsque Nicole lui a protesté qu'elle ne l'épousera qu'à son retour.

Cette piece est terminée par un vaudeville, dont ordinairement on fait répéter les couplets suivants ; le second a été ajouté depuis la prise de Toulon.

Auteurs du genre dramatique,
Qui ne soupiriez que l'amour,
Mettez tout à l’ordre du jour,
Les vertus & la République.
Mons Pitt s'étoit mis danis la tête,
Q'pour vaincre il n'falloit que vouloir ;
Mais à Toulon j'li avons fait voir
Q'son cheval te lui n'étiont qu'un'bête.

Le mariage patriotique est accompagné d'un ballet, de la composition de Beaupré ; des tableaux charmans, des oppositions agréables, des grouppes bien jettés & bien dessinés, voilà ce qui caractérise presque toutes les compositions de ce maître de ballet, & particulierement celle-cí, quoiqu'elle ne soit pas d'une grande importance.

La musique de cet opéra n'est pas indigne de l'auteur de Zilia, Deshayes. Le quatuor, le duo des. bavardes, le chœur du serment, & plusieurs autres morceaux, font véritablement bien faits, & à quelques réminiscences près, cet ouvrage présente, d'un bout à l'autre, une facture agréable & un faire rempli de goût.

La base César ne connaît aucun des auteurs de la pièce. Elle a été jouée 22 fois au Palais des Variétés, du 19 décembre 1793 au 4 septembre 1794.

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