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Magot, ou les Quatre mendians

Magot, ou les Quatre mendians, imitation burlesque de Dago, ou les Mendians, ambigu en trois petits services, orné de ballets, etc., de Simonnin et Brazier, 19 juin 1806.

Paris, Théâtre des Troubadours.

Dago ou les Mendians d'Espagne est un mélodrame de Cuvelier, musique de Moranges, créé le 12 juin 1806 sur le Théâtre de l'Ambigu Comique.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Maldan, 1806 :

Magot, ou les Quatre mendians, imitation burlesque de Dago, ou les Mendians, ambigu en trois petits services, orné de balais [sic], etc., Par MM. Simonnin et Brazier fils. Représenté, pour la première fois, à Paris, le Jeudi 19 Juin 1806.

La brochure ne précise pas sur quel théâtre la pièce a été créée.

Courrier des spectacles, n° 3422 du 21 juin 1806, p. 2 :

[Un mélodrame à succès, deux parodies, toutes deux créée le 19 juin, l’une sur le Théâtre de la Gaîté, Magot, ou les Mendians de Montmartre, l’autre sur le Théâtre des Troubadours. c’est l’occasion pour le critique de proposer quelques réflexions sur la parodie, agréable au public, utile aux auteurs de la pièce parodiée (un antidote à « l’ivresse du succès ») comme à ceux qui la parodient (une consolation de leur médiocrité). Ici, il était trop tentant de transformer Dago en Magot, et les deux parodies ont de fortes ressemblances, au-delà du nom du personnage. L’article analyse d’abord la pièce du théâtre de la Gaîté, qui suit scrupuleusement le canevas du mélodrame parodié. Il analyse plus rapidement celle des Troubadours avant de comparer les deux pièces : « le même enchaînement de scènes, la même élévation d’idée [la formule pourrait bien être ironique], et presque les mêmes moyens ». Bien que le travail des auteurs sente la précipitation, le public a apprécié, et le critique est convaincu qu’on verra d’autres Magots sur le Boulevard.]

THEATRES.

Il est souvent utile d’opposer un frein à l’orgueil des grandes fortunes. La prospérité corrompt le cœur, et inspire des sentimcns qu’il convient de réprimer. Les parodistes ressemblent à ces soldats que l’on plaçoit autrefois auprès du char des vainqueurs pour troubler leurs triomphes et mêler des injures aux applaudissemens. La parodie amuse le public parce qu’elle humilie les auteurs ; elle est utile aux auteurs parce qu’elle tempère l’ivresse du succès ; elle satisfait celui qui la compose, parce qu’elle sert son envie, et le console de sa médiocrité. La fortune de Dago est devenue si brillante qu’il étoit impossible que ses voisins n’en fussent pas éblouis ; aussi deux théâtres se sont-ils empressés de tempérer les rayons de sa gloire en jettant sur ce personnage un vernis de ridicule. Son nom seul étoit déjà une excellente fortune ; car Dago se présente si bien pour former Magot ! les deux parodistes n’ont point manqué l’a-propos, et ce qui est plus frappant, c’est que les deux parodies ont beaucoup de ressemblance.

Au Théâtre de la Gaîté, Magot est un marchand de vin que l’on soupçonne d’avoir sophistiqué ses boissons. La Communauté des marchands de vin, qui n’entend point raison sur l’honneur, le poursuit sévèrement, et l’honnête M. Mélange est réduit à aller se cacher à Montmartre. Il y trouve son neveu, garçon de cœur, qui le reçoit a merveille, l’introduit dans la société des mendians du lieu ; se déguise lui-même en gueux, et tombe à coups de bâton sur quelques vauriens qui viennent pour arrêter son cher oncle. Après diverses scènes du même genre et d'une égale majesté, le syndic des marchands de vin arrive, apporte à Magot un acte de réhabilitation, et l’engage à reprendre ses fonctions et son véritable nom. Magot, pénétré de reconnoissance pour ce qui vieut de se passer, retourne à ses tonneaux, reprend le nom de Vineo, et marie sa fille avec son neveu.

Au Théâtre des Troubadours, M. Magot est d’une condition un peu moins élevée. L’auteur l’a cherché dans l’humble confrairie des cordonniers. Magot devient aussi mendiant, mais un mendiant du bon genre, un mendiant décoré, puisqu’il est chef de la confrairie des baladeurs. Du reste , les deux pièces se ressemblent beaucoup ; c’est le même enchaînement de scènes, la même élévation d’idée, et presque les mêmes moyens. Les auteurs se sont pressés de satisfaire l’impatience de leurs auditeurs ; leur travail sent la précipitation, mais la faveur publique n’en a pas été moins vive ; et ces deux Magots ont été accueillis comme ils le méritoient ; leur succès paroit devoir être durable , et d’ici à quelque tems, les Magots ne sauroient manquer aux Boulevards.

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