Ninon, Molière et Tartuffe

Ninon, Molière et Tartufe, vaudeville en un acte, par M. Henri Simon, 26 avril 1815.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Ninon, Molière et Tartuffe

Genre

comédie vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

26 avril 1815

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Henri Simon

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1815 :

Ninon, Molière et Tartuffe, comédie vaudeville en un acte, Par M. Henri Simon ; Représentée pour la première fois, sur le Théâtre du Vaudeville, le 26 avril 1815.

Journal de l’Empire, 27 avril 1815, p. 1-2 :

[Encore un vaudeville qui met sur la petite scène de ce théâtre des personnages fameux, et le critique en profite pour contester le choix de tels sujets. Il en profite d’ailleurs pour tracer un portrait bien ambigu de Ninon de Lenclos, qui avait voulu « se faire homme » (on mettra ce qu’on veut derrière ce que le critique prête au personnage), et qui est finalement assez à sa place sur un théâtre, elle qui « est un excellent personnage de comédie ». Il regrette seulement que les auteurs de vaudevilles la réduisent à trois clichés. C’est aussi ce que fait le nouveau vaudeville, en étant d’ailleurs d’une exactitude historique approximative – mais qui s’en soucie ? Il suffit que la pièce réussisse. L’auteur a droit à une belle accusation de plagiat, au détriment d’un auteur vivant de surcroît. On finit par la revue des interprètes. L’une n’a pas une voix agréable, la seconde ne parle pas assez fort, le troisième seul « saisit bien le caractère du Tartufe ». Et le quatrième a un bien beau costume et pas d’autre qualité. Signe de succès, l’auteur a été nommé.

La pièce de Creuzé que Simon aurait plagié, c’est Ninon de Lenclos, ou l’Epicuréisme, joué au Théâtre des Troubadours le 16 fructidor an VII (2 septembre 1799).]

THEATRE DU VAUDEVILLE.

Première représentation de Molière, Tartufe et Ninon.

Il y a long-temps que pour la première fois on a remarqué l'inconvenance de traduire à la barre du Vaudeville les personnages fameux des temps anciens et modernes et de les assujettir à chanter de petits couplets bien ou mal aiguisés par la pointe. Ces reproches n’ont point découragé les auteurs : ils n'en persistent pas moins dans le dessein de compléter leur collection : il n’y a point d'exception, et tous les hommes qui ont eu un genre quelconque d'illustration sont forcés de baisser la tête bien bas, et de passer sous les fourches caudines En voici trois tout d'un coup : je dis trois car on sait que cette Ninon qui avoit toutes les grâces et tous !es charmes de son sexe, avoit jugé à propos de se faire homme. Elle trouvoit cet état plus commode, et en effet c'est un grand avantage que d'avoir tout à la fois les priviléges des deux sexes : elle étoit dans l'ordre moral ce que Tirésias étoit dans l'ordre physique.

Si l'on blâme avec raison cette manie de faire figurer des grands hommes sur une si petite scène, il faut avouer cependant que l'irrévérence n'est point grande vis-à-vis de Ninon : Ninon est un excellent personnage de comédie ; elle n'est pas déplacée au Vaudeville où elle a déjà figuré plus d'une fois. Je voudrais cependant qu’on ne lui fît pas toujours jouer le même rôle, et qu'on ne nous la montrât pas toujours sous la même forme, elle qui en changeoit si souvent : je voudrois qu'on ne nous parlât pas éternellement de son billet à la Châtre, de épicurisme et de sa restitution à Gourville. Voilà pourtant les trois points sur lesquels roule encore la pièce nouvelle : si l’on vouloit la juger sévèrement, on y trouveroit bien des infidélités historiques. Mais qui est-ce qui se soucie de ces graves recherches à propos d'un vaudeville ? Le point capital étoit qu'il réussit : c'est ce que demandait l’auteur ; il doit être satisfait.

Toutefois il sait très bien que son succès ne lui appartient pas tout entier ; il sait très bien que M. Creuzé a fait un Vaudeville sur Ninon ; il sait très bien qu'il lui a pris sans façon plusieurs scènes. Je savois qu'on pouvoit voler les morts sans scrupule ; mais je ne croyois pas qu'il fût permis de depouiller les vivans. C'est un nouvel article à ajouter .au code du plagiat.

Mlle Rivière est chargée du personnage de Ninon. Ninon avoit, dit son historien, un son de voix doux et agréable ; ce n’est point assurément de ce côté que Mlle Rivière lui ressemble ; Mlle Betzi fait le rôle de la servante : je voudrois qu'elle s'accoutumât à prononcer, et qu’elle ne parlât pas pour elle seule. Edouard saisit bien le caractère du Tartufe. Quant à Henry, il a un très bel habit; c'est tout ce que j’en puis dire. L'auteur a été demandé et nommé : c'est M. Henry Simon.

Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l’an 1816, Xe année, p. 119-120 :

Ninon, Molière et Tartuffe, vaudeville en un acte, par M. Henri Simon. (26 avril)

Le marquis de la Châtre est l’amant préféré de Ninon ; forcé de partir pour commander un régiment, il exige de sa belle maîtresse un billet par lequel elle s’engage à l’aimer toujours ; cette scène amène un joli duo chanté par Mlle Rivière et Isambert avec plus d’ensemble que souvent on n’en trouve à Feydeau ; le mot Ah ! le bon billet qu’a la Châtre n’y est pas oublié. Gourville, ancien mamant de Ninon, revient de l’armée ; à son départ, il avait confié un portefeuille à Ninon, et une somme de vingt-cinq mille livres à M. Tartuffe, précepteur des enfans du marquis de Villarceaux ; Tartuffe nie le dépôt, et Ninon s'empresse de rendre le porte-feuille ; et, pour forcer Tartuffe à la restitution, elle feint d'être exilée, et confie au saint homme, qu'au moment d'entreprendre un grand voyage, elle se trouve fort embarrassée d'une somme de soixante mille livres en or ; elle le prie de la lui garder en dépôt jusqu'à son retour. Ninon sort pour aller chercher la somme ; Gourville parait alors : Tartuffe, qui sent qu'un mot peut le priver du précieux dépôt, s'empresse de lui faire un billet de la somme qu'il avait niée. Tout s'explique alors; Molière sort de dessous une table où, comme Orgon, il avait été témoin de tout, et Tartuffe se retire avec le double regret d'avoir restitué vingt-cinq mille livres, et fourni le sujet d'une comédie.

Ce vaudeville a complettement réussi, le dialogue en est vif, spirituel et les couplets, fort bien tournés.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 20e année, 1815, tome II, p. 417

Ninon, Molière et Tartufe, vaudeville en un acte, joué le 26 Avril 1815.

Encore une pièce refaite, si l'on appelle refaire, la peine de prendre un sujet déja traité, et d'en imiter les principales scènes. Le vaudeville intitulé Ninon ou les Epicuriens, joué avec grand succès au Théâtre des Troubadours, est l'original de ce- [lacune] die du Dépositaire de Voltaire.
Un succès ainsi prouvé d'avance ne pouvoit guères se contester : on a nommé comme auteur de la pièce nouvelle, M. Henri-Simon.

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