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Noir et Blanc

Noir et Blanc, arlequinade en un acte, de P.-A. Vieillard et *** [Dumersan], 24 mai 1806.

Théâtre du Vaudeville.

Almanach des Muses 1807.

Courrier des spectacles, n° 3397 du 25 mai 1806, p. 2 :

[Le compte rendu commence mal pour la nouvelle pièce : le critique s’attache à nier qu’elle soit neuve, et lui trouve bien des antécédents. Elle se réduit au défilé de trois personnages qui viennent chercher un mariage (Gilles et Arlequin déguisé en Gilles veulent se marier avec Colombine, la dame, travestie en Gilles, veut épouser Gilles qui le lui a promis. Cassandre est bien aidé dans son choix : seul Arlequin est un mari possible, et il épouse...) Le jugement porté est lui aussi sévère : pièce froide, remplie de jeux de mots peu drôles. Seuls les couplets ont sauvé la mise de la pièce, ainsi que le talent de l’Arlequin du théâtre, Laporte. Les auteurs ont été demandés, mais ils ont préféré rester anonymes. Le critique pourrait en rester là, mais il profite de l’occasion pour régler quelques comptes avec le Théâtre du Vaudeville. Si celui-ci a peu de succès, c’est parce qu’il a habitué le public à des pièces plus développées, en trois actes au lieu d’un, des « vaudevilles-drames », et que les spectateurs attendent désormais ce genre de pièce, avec l’histoire d’un personnage célèbre qui remplit trois actes : on y vient en foule, on s’y ennuie, mais la recette est bonne pour quelques représentations. Le critique met en garde le Vaudeville : il doit revenir à son genre naturel, « des ouvrages de bon goût » en un acte, le succès des grandes pièces étant éphémère et aléatoire, outre que leur mise sur la scène est source de frais importants.

La pièce que le critique donne comme « source » de Noir et blanc, c’est les Trois prétendus de Théodore Pein, dont il existe deux versions, avec la musique de Bieysse (1801) et avec la musique de Louis Jadin (1805). L’article évoqué concerne la version avec la musique de Louis Jadin.]

Théâtre du Vaudeville.

Arlequin noir et blanc.

Le sujet de ce vaudeville n’est pas neuf ; il a été déjà traité deux fois au Théâtre Montansier avec un médiocre succès , quoique deux compositeurs aient cherche à l’etayer tour à tour des charmes de la musique. Il n’y a pas encore un an que nous en avons rendu compte dans cette feuille, sous le titre des Trois Prétendus ; ici, ce sont trois Gilles qui se présentent successivement pour obtenir la main de Colombine, fille de Cassandre ; l’un d’eux est le véritable Gilles ; le second est une dame Bergamasque, à qui le premier a fait avant son départ une promesse de mariage, et le troisième est l’amant préféré dans ces sortes d’ouvrages, Arlequin. Le bonhomme Cassandre est embarrassé; il ne voit guères, ainsi qu’il le dit lui-même. comment il pourra débrouiller ce cahos [sic] ; mais la Dame Bergamasque vient à son secours ; elle lui fait tenir la promesse que Gilles lui a faite, et par-là décide le père à donner à Arlequin la main de Colombine.

Ce vaudeville est froid, et a été froidement accueilli. Les jeux-de-mots n’y sont point épargnés, et dans le nombre, il s’en est trouvé peu qui aient fait fortune ; cependant quelques couplets ont obtenu la faveur du parterre, et ont prolongé l’existence de la pièce. Les auteurs doivent aussi beaucoup au jeu toujours fin, toujours spirituel de l’Arlequin Laporte. Quelques voix ont demande les noms de ceux à qui on devoit cette production nouvelle, ils ont désiré garder l'anonyme.

Le parterre et les loges étoient peu garnies ; ce n’est pas la faute de la pièce, c’est la faute des vaudevilles-drames auxquels on habitue le public depuis quelque tems. Toutes les fois qu’il ne croit voir dans le titre d’un ouvrage qu’une intrigue légère, toutes les fois qu’il se permet de deviner qu’un petit acte annoncé sur l’affiche ne lui offrira qu’une foible esquisse des ridicules de la société, il montre peu d’empressement ; mais si l’on met en scene un personnage célèbre, si on lui fait parcourir n’importe comment, une carrière de trois actes, alors toutes les tètes sont en l’air, toutes les loges retenues ; on arrive en foule, on bâille de compagnie ; mais la recette n’en a pas moins été lucrative, et le ton veut que, pendant quelques jours, les suivantes ne soient pas inférieures à la première. Ces succès ne doivent point en imposer aux directeurs du Vaudeville ; ce sont les ouvrages en un acte, mais des ouvrages de bon goût qui ont assuré leur établissement ; c’est aux ouvrages en un acte qu’ils seront forcés de revenir. Les grandes pièces qu’ils ont montées leur ont souvent occasionné des frais, et plusieurs n’ont eu qu’un succès d’un moment ; on ne rencontre pas tons les jours une Fanchon.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1806, tome III p. 434 :

Le genre des arlequinades est un peu passé de mode. Le travestissement d'Arlequin en Gilles a pourtant fait rire, et quelques couplets écrits avec facilité ont été applaudis.

Les auteurs sont MM. Vieillard et ***.

*** : Dumersan.

L'Opinion du parterre de 1806, p. 220, règle le cas de la pièce en un mot : « Chute ».

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