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Nous verrons

Nous verrons, prologue mêlé de vaudevilles, de Léger, 15 floréal an 7 (4 mai 1799)

Théâtre des Troubadours.

Titre :

Nous verrons

Genre

prologue avec vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

15 floréal an 7 (4 mai 1799)

Théâtre :

Théâtre des Troubadours

Auteur(s) des paroles :

Léger

Courrier des spectacles, n° 803 du 16 floréal an 7 [5 mai 1799], p. 2-3 :

[L’article présente à la fois le prologue, de façon positive, et le Billet de logement, moins convaincant aux yeux du critique. Et il accorde une large place aux couplets du seul prologue.]

Théâtre des Troubadours, rue Martin.

L’ouverture du théâtre des Troubadours s’est faite hier sous d’assez heureux auspices par un prologue intitulé : Nous Verrons, du cit. Léger, et par un vaudeville en un acte sous le titre du Billet de Logement.

Le prologue a été couvert d’applaudissemcns. C’est un cadre très-foible, mais orné de plusieurs couplets fort jolis qui ont été redemandés pour la plupart. Voici le fonds : Une jeune personne près d’épouser son amant, est invitée par lui à voir le théâtre des Troubadours, pour lequel son jardinier et sa servante ont un billet. Après bien des difficultés qui donnent lieu à des couplets très-adroitement amenés, elle consent à aller voir ce théâtre. Le vaudeville du Billet de Logement n’a pas eu un succès aussi brillant ; il offre moins de passages saillans, moins de couplets malins que le prologue.

Dhéricourt revient de l’armée et descend avec un billet de logement chez sa tante, qui ne le connoissant pas, se fâche de ce qu’on lui envoie tous les jours des militaires à loger. Envain Angelina, sa niece, la prie d’avoir des égards pour son nouvel hôte, qui servant dans le même corps que son cousin, à qui sa main est destinée, lui en a donné des nouvelles certaines. La tante furieuse veut faire changer la destination du militaire, mais ses démarches sont inutiles. Un hussard de la compagnie de Dhéricourt lui apporte un autre billet de logement. La tante est au comble de la joie. Mais d'Héricourt se découvre et reste avec sa jolie cousine qu’il épouse.

Voici quelques couplets du prologue, lesquels ont été redemandés.

Dercour, en parlant du quartier Martin, quartier de commerce où, dit on, on rit peu, répond :

Air Du Vaudeville des deux Journalistes.

Occupé d'un commerce utile,
Chacun l’exerce avec honneur,
Et quand on a le cœur tranquille,
On est toujours de belle humeur.
Aussi chacun dit par la ville
Que la bonne et franche gaîté
Fait bien de choisir pour asyle
Le centre de la probité.

Gros René, en parlant du costume des paysannes du théâtre :

Air Du Vaudeville des Visitandines.

Nos villageoises pour parure
N’ont que la serge et le coton,
Gros souliers et jupon de bure,
Fichus fermés jusqu’au menton:

Mais au théâtre c'est bien autre chose :

Galans atours, taille mignonne ;
Rubans, bijoux, du haut en bas,
Souliers fins et puis des appas
Qui n’ont de secret pour personne.

Et plus bas, en parlant du contentement du public lorsqu’une pièce est bonne, il ajoute :

Air : Si Pauline est dans l’indigence.

Mais c'est sur-tout au sexe aimable,
Qui chaque jour s’y réunit,
Que la salle la plus agréable
Doit tout l’éclat qui l’embellit.
Moi qui chérit beaucoup les dames,
Je m’en rapporte aux connoisseurs,
Et j’dis qu’un spectacle sans fammes
Est pour l’œil un jardin sans fleurs.

Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 235 (25 floréal an 7), p. 956 :

[L’article est consacré à présenter le nouveau théâtre qui prend le nom de Théâtre des Troubadours et se positionne comme rival du Théâtre du Vaudeville. Il le situe géographiquement, donne le nom de son directeur, connu comme auteur plus que comme acteur, et celui de plusieurs acteurs connus : l’un vient de l’opéra-comique, et le critique en profite pour distinguer les deux genres, opéra-comique et vaudeville (dans l’un le chant prime sur les paroles, mais l’autre veut qu’on rende très clairement les paroles, spirituelles ou voulues telles, et qu’il est impératif de comprendre. Après avoir mis en garde cet acteur contre un chant trop orné, il donne à un autre le conseil inverse : il doit « rendre son chant plus supportable, et il faut pour cela qu’il corrige un certain nombre de défauts (faire attention « à modérer sa voix, à se défier des tons un peu élevés ». Il faut aussi qu’il perde certaines attitudes acceptables sur les tréteaux de la Foire, mais pas sur un théâtre qui s’est mis sous l’invocation du « galant cortège des Troubadours ». Sinon, très vite, l’article signale le succès du prologue grâce « à des couplets fort bien tournés, à des allusions heureusement saisies », et l’échec de la pièce qu’il accompagnait, le Billet de logement ».]

L'importance et l’étendue des matieres politiques, nous ont prouvé qu'il était souvent difficile de réunir l’agréable à l'utile : nous avons été forcés d’ajourner l'annonce de quelques nouveautés théâtrales. Nous avons à rendre compte aujourd'hui du succès d'un établissement nouveau, consacré au Vaudeville, et qui a pris pour titre celui-ci : Théâtre des Troubadours. Il devait être placé rue de Louvois ; mais un arrêté du directoire ayant fermé la salle qui se trouve dans cette rue, à cause de sa proximité de l’Opéra, et de la bibliotheque nationale, les Troubadours ont été provisoirement s'établir au théatre de la rue Martin. Leurs représentations ont lieu tous les jours impairs de la décade.

Le directeur de cette entreprise est le citoyen Léger, peu remarqué au théâtre du Vaudeville, comme acteur, mais dont les ouvrages nombreux et très-fréquemment joués, ont eu presque tous du succès. Sa maniere, comme comédien, a de la monotonie : son geste est défectueux ; il a contracté quelques habitudes mauvaises à la scène ; il peut cependant être utile, en bornant lui-même son emploi.

D’anciens sujets du Vaudeville ont suivi Léger à son nouveau théâtre ; mais leurs noms peu connus ne suffiraient pas pour assurer du succès à l’établissement. C’est à leurs efforts actuels et futurs, plus qu’à leur réputation, que les succès doivent être attachés.

Ils se sont associés un acteur connu par des succès dans l’opéra comique, d'un physique agréable, d une physionomie franche et gaie, possédant une belle voix, et parfaitement placé dans les rôles de paysans. Son nom est Saint-Leger. Ce sera lui rendre un service important que de lui rappeler, que bien différent de l'opéra comique qui exige presque toujours que les paroles soient sacrifiées aux agrémens du chant, le Vaudeville commande de sacrifier les agrémens du chant aux paroles. A l’Opéra on se contente d'écouter des accens mélodieux ; au Vaudeville on veut entendre des paroles spirituelles. Le Vaudeville est moins enfant de la lyre que de l'esprit, il faut moins le chanter que le dire. Que Saint-Leger mette donc plus de simplicité dans son chant ; qu’il apporte plus de soin à sa prononciation, et il pourra être regardé comme un sujet précieux dans le nouveau genre qu'il embrasse.

Tiercelin, acteur déjà connu à Paris par des rôles créés sur plusieurs de nos petits théâtres, d’une maniere très-originale, remarquable par une grande vérité dans le dessin de ses caricatures, mais ayant à se tenir en garde contre les excès de la charge et quelques habitudes triviales, fait aussi partie de cet établissement : il doit y être utile, s’il reçoit et met à profit un avis tout opposé à celui que nous venons de donner à Saint-Leger. Si Saint-Leger chante avec trop de soin, Tiercelin ne saurait réunir trop d’efforts pour rendre son chant plus supportable ; il a à modérer sa voix, à se défier des tons un peu élevés qu'il ne peut atteindre : il les peut éviter par des moyens très-permis, au vaudeville. Quant à ses habitudes à la scene, le titre seul du théatre qui se l’est attaché suffira, sans doute, pour lui rappeler que quelques écarts applaudis sur des tréteaux, ne figureraient pas heureusement dans le nouveau cadre qu’il a choisi, et que les grotesques qu’il y produira doivent être habillés de maniere à ne pas déparer le galant cortege des Troubadours.

Le prologue d'ouverture était intitulé : Nous verrons. Il a généralement fait plaisir. Il promettait du zele, et demandait de l’indulgence ; il a reçu de vifs applaudissemens, dus en effet à des couplets fort bien tournés, à des allusions heureusement saisies, et qui seraient plus piquantes, si le cadre plus resserré permettait de les voir rapprochées davantage.

Une autre nouveauté, intitulée : le Billet de logement , n'a point réussi. Le public n'a pas désiré en connaître l’auteur.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome I, p. 264 :

Théâtre des Troubadours.

Ce nouveau théâtre, rival du Vaudeville, a fait son ouverture le 15 floréal, par un prologue intitulé Nous verrons, suivi du Billet de logement, vaudeville en un acte. Nous ne nous amuserons pas à détailler la foible intrigue de ce prologue, nous dirons seulement que tous les couplets avoient pour but, d'excuser la hardiesse de l'entrepreneur, et de se concilier l'indulgence du public. L'auteur a parfaitement saisi, dans les couplets, tout ce qui pouvoit séduire les spectateurs : éloges flatteurs prodigués aux dames, complimens aux habitans du quartier, rien n'a été épargné ; et l'on a vu avec plaisir qu'il n'a lancé aucun trait malin contre un théâtre qu'il rivalise, et qu'il peut regarder comme un émule redoutable. La plupart des couplets étoient saillans et bien tournés, on a reconnu la touche du C. Léger qui a été demandé ; il a paru, et on l'a applaudi. Ce prologue a été fort bien joué par la C.ne Hélene, qui jouoit ci-devant au Vaudeville, par la C.ne Laporte, par le C. Belfort, et enfin par le C. Léger lui-même.

Nicolas Brazier, Histoire des petits théâtres de Paris, depuis leur origine, tome second (Paris, 1838),p. 54-55 :

[Piis s’est fâché avec Barré, avec qui il avait fondé le Théâtre du Vaudeville, et a créé un nouveau théâtre, que Nous verrons (titre dubitatif ?) a inauguré.]

Un comédien du Vaudeville qui était auteur, Léger, se rangea du côté de Piis, et tous deux ouvrirent un nouveau spectacle chantant, qu'ils appelèrent théâtre des Troubadours. La salle Molière ayant été choisie, des acteurs furent engagés, des pièces mises à l'étude, et le 15 floréal an vii l’ouverture de la salle eut lieu par un prologue de Léger intitulé : Nous verrons, et le Billet de logement, du même auteur.

La base César, qui ne connaît pas le nom de l’auteur, connaît 9 représentations de la pièce, du 4 mai au 16 juin 1799, toutes au théâtre Molière (mais à cette date le théâtre Molière était occupé par le théâtre des Troubadours), sauf la dernière au théâtre des Troubadours : donc, toutes au théâtre des Troubadours.

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