Oro non compra l’amore

Oro non compra l’amore (l’amour ne s’achète pas avec de l’or, opéra en deux actes, musique de Portogallo, 23 janvier 1815.

Théâtre de l’Odéon.

La date de création de cet opéra bouffon, le dernier créé par les comédiens italiens à l’Odéon avant qu’ils ne migrent vers la salle Favart, se trouve dans le livre de Paul Porel et Georges Monval, L’Odéon, histoire administrative, anecdotique et littéraire... (Paris, 1876), p. 316.

Titre :

Oro non compra l’amore (l’amour ne s’achète pas avec de l’or

Genre

opéra bouffon

Nombre d'actes :

2

Vers ou prose ,

 

Musique :

oui

Date de création :

23 janvier 1815

Théâtre :

Théâtre de l’Odéon (Opera Buffa)

Auteur(s) des paroles :

 

Compositeur(s) :

Portogallo

Le Nain jaune, n° 347 (cinquième année), 5 février 1815, p. 153-154 :

[Les comédiens italiens de l’Opéra Buffa, abrité par le théâtre de l’Odéon, ont voulu célébrer leur retour à Paris par une nouveauté, mais le critique pense que leur choix n’est pas « heureux », ce qui revient à condamner la pièce. La musique a paru agréable, mais le drame « est aussi mauvais que beaucoup d'autres sur lesquels de grands maîtres ont fait des chefs-d'œuvres ». Le sujet est plus que conventionnel, les amours d’une jeune paysanne entre son seigneur et son amant de cœur. Son utilisation dans de nombreux opéras bouffons permet de prendre dans d’autres opéras des morceaux d’orchestre ou de chant, ce qui est le cas dans cet opéra. Au moins deux airs y ont été « importés », et ils ne déparent pas la pièce, loin de là. Les chanteurs cités sont jugés positivement, même si l’une d’entre eux doit chanter plus juste « dans ses premières intonations ».]

Opéra Buffa. — Les comédiens de ce théâtre, qui avaient eu pendant quelque temps de justes inquiétudes, ont pensé qu'ils ne pouvaient mieux célébrer la victoire qu'ils ont remportée qu'en donnant une nouveauté. Leur choix est tombé sur l'Oro non compra l'Amore ; il aurait pu être plus heureux ; néanmoins le public a goûté la musique de Portogallo. Quant au drame, il est aussi mauvais que beaucoup d'autres sur lesquels de grands maîtres ont fait des chefs-d'œuvres. Le sujet est un de ceux qui sont traités le plus fréquemment en Italie. Un grand seigneur, amoureux d'une vilanella, sa vassale ; qu'il enlève et à qui il n'inspire point d'amour ; un garçon contadino, qui est l'amant préféré, et qui chante la basse-taille, quelques autres personnages accessoires et insignifians ; tel est le canevas d'une demi-douzaine d'opéras bouffons que je pourrais citer ; mais les maîtres d'orchestre et les chanteurs tirent parti de cette uniformité. Ils peuvent transporter d'un opéra dans l'autre, les airs et morceaux qui leur conviennent, et les intercaler de manière à ce qu'ils ne s'y trouvent pas déplacés. C'est ce qu'on a fait assez heureusement dans l'Oro non compra l'Amore. Un trio de Mozart n'a rien gâté, non plus que le grand air Mi perdo, du fameux Paësiello, qui est chanté par Crivelli avec toute l'énergie et toute l'expression-qu'il exige. L'entrée de madame Morandi et de Porto, par un duetto, est pleine de fraîcheur ; leur duo du second acte est d'une facture supérieure. Madame Morandi a chanté son grand air d'une manière satisfaisante ; mais on désirerait plus de justesse dans ses premières intonations.

Mercure de France, volume 62 (janvier-février 1815), n° DCLXIX (4 février 1815), p. 177 :

[Les opéras italiens ont la fâcheuse réputation d’avoir des livrets d’une immense indigence, et le critique pense que celui qu’il présente aujourd’hui n’échappe pas à la règle : il ne brille pas par sa cohérence, puisque son premier acte est en parfaite contradiction avec son titre, et qu’au second acte le retournement qui justifie le titre est bien rapide, et peu motivé. C’est de toute façon sans importance, la majorité des spectateurs se souciant peu de « la morale d’un opéra italien » et ne venant que pour la musique. Celle de cet opéra ne vaut pas celle de la Villanella rapita, ce qui doit vouloir dire qu’elle n’est pas très bonne. Parmi les chanteurs,deux sont mis en avant, l’un avec des nuances, l’autre sans réserves. Autre élément positif : la qualité de l’orchestre.]

THÉÂTRE DE L'ODÉON. — Oro non compra amore, (l'amour ne s'achète pas avec de l'or).

Voici un poëte italien qui se déclare le chevalier du beau sexe, probablement en expiation de ce que tant d'illustres écrivains de son pays se sont permis d'outrageant contre l'honneur des dames. Pour mieux faire ressortir leur délicatesse et leur incorruptibilité, il a placé son héroïne au village et dans un état voisin de l'indigence. Mais soit que la lutte du besoin et de la faiblesse contre l'éclat des richesses et des grandeurs se soit trouvée d'abord au-dessus des forces de la jeune paysanne, soit que l'auteur ait oublié son titre pendant tout le premier acte, il est certain que le séducteur riche et puissant l'emporte, sans beaucoup de difficulté, sur l'amant obscur et pauvre. Courtisée très-vivement par son seigneur, Lisette va au-devant de ses désirs, en se feignant plus misérablc encore qu'elle ne l'est réellement. Elle lui demande véritablement la caristad ; et après cette démarche humiliante pour elle et dégoûtante pour le spectateur, il n'est plus surprenant qu'elle se laisse enlever. Georges, son prétendu, se déguise en baron grotesque pour s'introduire auprès d'elle. Il la trouve mise en dame de la ville, et paraissant fort satisfaite de sa nouvelle fortune. Il ne lui faut cependant que peu de minutes pour la décider à revenir aux champs avec lui. Pourquoi ? parce que l'auteur s'est rappelé tout à coup l'engagement qu'il avait pris sur l'intitulé de sa pièce.

Peu importe, au reste, pour la plus grande partie du public. La morale d'un opéra italien est d'un intérêt prodigieusement inférieur au mérite de la musique. Celle que Porlogallo a composée pour cette pièce ne fera pas oublier la Vilanella rapita de Bianchi, que les situations rappellent à chaque instant. Porto a chanté avec un goût parfait ; Crivelli a mérité aussi des éloges auxquels il est accoutumé, si ce n'est dans le fameux air de Paësiello : mi perdo, si mi perdo qui demande beaucoup plus de nerf et de chaleur. Madame Morandi est sans doute persuadée que la justesse et la pureté du son est le premier mérite de toute cantatrice : par quelle fatalité, quand elle est en scène, semble-t-elle négliger ce soin indispensable ? On attribue à Madame Morandi l'ouverture du nouvel opéra. Elle est gracieuse et légère : mais quel morceau de musique ne produirait quelqu'effet, exécute par l'incomparable orchestre de ce théâtre ?

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