La Peau de l'ours

La Peau de l'ours, folie en un acte et en vaudevilles, de Guilbert de Pixerécourt et L. T. Lambert, créé sur le Théâtre Montansier-Variétés le 10 ventôse an 10 [1er mars 1802].

Dans la liste de ses œuvres, Pixerécourt décrit la Peau de l'ours comme «une « mascarade en un acte et en vaudevilles » (le mot « mascarade » est repris par le Courrier des spectacles lorsqu'il annonce la première représentation). Il lui attribue 73 représentations à Paris et 31 en province.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an 10 (1802) :

La peau de l'ours, folie en un acte et en vaudevilles ; Par R. C. Guilbert-Pixerécourt et L. T. Lambert. Représentée sur le théâtre Montansier-Variétés, le 10 ventose, an X.

Courrier des spectacles, n° 1827 du 11 ventose an 10 [2 mars 1802], p. 2 :

[La pièce nouvelle entre dans la longue série des comédies situées dans le sérail d'un pacha et qui montrent l'habileté d'un Français à faire sortir de la prison dorée où elle végète l'élue de son cœur. Cette fois, il s'agit d'un « jeune peintre français » qui est tombé amoureux d'une odalisque et qui se déguise en ours pour aller voir sa belle. Son déguisement lui permet même d'effrayer l'eunuque qui en a la garde, et de quitter Smyrne avec la belle Zobéïde, mais aussi l'eunuque, qui craint d'être puni pour avoir laissé échapper celle qu'il devait surveiller. Le bilan dressé ensuite est mitigé : «  quelques scènes agréables, des couplets assez bien tournés, et aussi quelque ressemblance avec le Joueur d’échecs », soit deux points presque positifs et un reproche (le manque d'originalité). L'acteur caché dans la peau de l'ours a bien joué son rôle. Et l'article s'achève par un des couplets redemandés et le nom des auteurs.]

Théâtre Montansier.

Une anecdote rapportée il y a quelque tems dans les journaux, a fourni l’idée d’une Mascarade intitulée la Peau de l’Ours, représentée hier avec succès sur ce théâtre.

Valrose, jeune peintre français accompagné d’un musicien de ses amis, a été invité par le Pacha de Smyrne à faire le portrait de Zobéïde, jeune Odalisque, qu’il garde dans son sérail. Valrose n'a pu la voir sans l’aimer, et pour arriver jusqu’à elle, il gagne un des eunuques, qui l’introduit dans les jardins du palais. Là il est surpris avec son ami par Nihilo, chef des eunuques, qui les renvoie après lui avoir appris néanmoins que Zobéïde attend l’arrivée de l'Ours qu’Hussan fait voir dans la ville, et qu’il a ' mandé pour complaire à l'Odalisque et pour suivre les ordres du Pacha. A cette nouvelle Valrose part avec son ami ; il sait que l'ours vient de mourir ; il va trouver Hussan, se fait remettre la lettre au Sérail, et y revient couvert de la peau de l’ours et conduit par son ami, qui le tient enchaîné. Après quelques galanteries et quelques tours d’adresse, Nihilo, charmé de l’acquisition d’un animal si rare et si bien instruit, propose de l’acheter pour en faire présent au Pacha, et le paie cinq cens sequins ; puis il ordonne qu’on le conduise à la Ménagerie, où se trouvent déjà un tigre et un lion. Cet ordre dérange entièrement le plan de nos jeunes gens. L’ours devient furieux, tout le monde s’enfuit, Nihilo se jette à genoux, et promet à l’ours prêt à 1e dévorer, de consentir à tout ce qu’on exigera de lui. Le faux conducteur demande qu’on mette à sa disposition une des odalisques ; le chef des eunuques n'ose le refuser, et bientôt Valrose reparoit emmenant Zobeïde.

Nihilo lié par son serment, les laisse sortir, et lui-même, dans la crainte d'être puni par le Pacha, s’échape [sic] du Sérail pour fuir avec nos amans sur un vaisseau qui est près de mettre à la voile.

Tel est le fonds de cette bluette dans laquelle on a remarqué quelques scènes agréables, des couplets assez bien tournés, et aussi quelque ressemblance avec le Joueur d’échecs. Faire paroître l’animal étoit difficile ; l’acteur qui a endossé la peau de l’ours s’en est fort bien tiré.

Parmi les couplets, on a redemandé celui-ci que nous avons retenu :

Zobeïde au Public.

Air du Vaudeville des Visitandines.

Sur une mer bien orageuse
Je vais m’éloigner du Sérail.
Rendez la traversée heureuse
En vous chargeant du gouvernail.
Battu par les vents, par l'orage,
Si le vaisseau touche un écueil,
Votre main peut en un clin-d'œil
Ici le sauver du naufrage.

Les auteurs sont les cit. Guilbert-Pixérécourt et Lambert.

 

Porte-feuille français pour l'an XI (1803), p. 198 :

La Peau de l'Ours, vaudeville, par Guilbert-Pixerécourt et Lambert, représenté le 10 ventôse.

Quelques scènes agréables, un peu de ressemblance avec le Joueur d'Echecs. L'acteur-ours s'est fort bien acquitté de son rôle, et a paru aimable sous le masque ; il écrit, donne la patte fait la culbute : il ne lui manque plus que la parole pour tenir, comme les auteurs, une place dans la société. Pièce de répertoire.

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