La Petite ruse, opéra vaudeville en un acte, de Joseph Patrat, 8 frimaire an 6 [28 novembre 1797].
Théâtre Montansier.
Courrier des spectacles, n° 282 du 10 frimaire an 6 [30 novembre 1797], p. 2-3 :
[La pièce est sur la paix (en 1797, il s'agit de la paix de Campo Formio entre la France et l'Autriche). Elle est un succès, et son auteur est nommé, avant que le critique résume l'intrigue, qui montre la manière habile qu'une jeune fille utilise pour obtenir de celui qui lui tient lieu de tuteur qu'il la marie à son fils, et qu'il marie son frère à sa fille. Comme son tuteur ne veut donner son aval qu'à un seul mariage et qu'il se fie au hasard, elle force le hasard. Et de toute façon, le père revient de la guerre (puisque c'est la paix) et accepte les mariages de ses enfants avec ceux de son ami. La pièce vaut par ses couplets, et celui qui est cité est bien sûr à la gloire de Buonaparte, dont le courage impressionne la mort elle même.]
Théâtre Montansier.
Le petit vaudeville donné avant-hier à ce théâtre, sous le titre de la petite Ruse, est relatif à la paix, et a eu beaucoup de succès. L’auteur est le cit. Patrat.
Bernard, militaire, en partant pour l'armée, a laissé Victor et Rose ses enfans à un de ses amis qui leur tient lieu de père. Depuis trois ans Bernard n’a pas donné de ses nouvelles à son ami. Celui-ci est vivement pressé par Susette et Julien, ses propres enfans, de consentir à leur union avec Victor et Rose ; mais ne pouvant disposer que de l'un ou de l’autre, il est fort embarrassé. Nicaise, son domestique, vient annoncer que la paix est faite, sans pouvoir dire si c’est avec l'Angleterre ou avec l’Autriche. Le père de Susette imagine alors d'écrire sur deux billets les noms des deux puissances ; et met les billets dans un chapeau, les fait tirer par Susette et Rose, et leur promet que celle qui aura le nom de la puissance avec laquelle la paix est faite, sera mariée sur le champ. Susette use d’un petit stratagème pour forcer son père à faire les deux mariages. Nicaise ayant été envoyé à la poste voisine pour savoir la puissance avec laquelle la paix est faite, Suzette l’engage à dire que la paix est générale. Nicaise annonce celle bonne nouvelle ; le père se voit obligé de signer les deux contrats.
Une lettre adressée au notaire du lieu lui découvre bientôt le petit mensonge de sa fille ; il veut la punir, en refusant de la marier avec son amant, mais le retour de son ami Bernard l’adoucit, et les quatre amans sont unis.
Celle petite bluette a de jolis couplets : en voici un que le public a fait répéter ; Bernard parle ainsi de Buonaparte :
Air du Petit Matelot.
Dans le combat fier et terrible,
Bravant les grêles des boulets,
Toujours calme, toujours paisible,
Il exécute ses projets. (bis)
On dit que la mort pâle et blême,
A l’aspect de Buonaparte,
En voyant son courage extrême,
L’admire , m et passe de côté. (bis)
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