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Le Père rival

Le Père rival, comédie en trois actes et en vers, par M. Dupaty ; 9 avril 1806.

Théâtre de l'Impératrice.

Titre :

Père rival (le), ou l’Amant par vanité

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers ou prose ,

en vers

Musique :

non

Date de création :

9 avril 1806

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Emmanuel Dupaty

Almanach des Muses 1807.

M. Surville, homme vain et très contrariant de son naturel, se propose d'épouser Eugénie, fille de madame de Sénange. Linval, qui a les mêmes prétentions que son père, et qui connaît son humeur, feint d'être épris de madame de Sénange, et de la préférer à sa fille. M. de Surville, afin de contrarier son fils, et dans l'espoir de l'emporter sur lui, renonce aussitôt à Eugénie, et adresse ses vœux à madame de Sénange. Tout le monde est d'intelligence pour le tromper. Il consent à l'union de Linal avec Eugénie, et épouse lui-même madame de Sénange. Ce n'est que lorsque tout est conclu qu'il s'apperçoit qu'on l'a joué ; mais il n'est plus temps. Il prend son parti de bonne grace, en convenant qu'il a fini par où il aurait dû commencer.

Peu d'action ; quelque invraisemblance ; de l'esprit, mais trop souvent l'abus de l'esprit.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mad. Masson, 1806 :

L'Amant par vanité, ou le père rival, comédie en trois actes et en vers, par M. Emmanuel Dupaty ; Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Impératrice, le 9 Avril 1806.

On note l’inversion du titre et du sous-titre.

Courrier des spectacles, n° 3352 du 10 avril 1806, p. 2 :

[La pièce était très attendue, en raison de la réputation de son auteur. Si le début a été bien accueilli, « insensiblement la faveur a diminué », si bien que « le succès de cet ouvrage n’a point été sans mélange ». Le reproche principal porte sur « le principal caractère », peu vraisemblable. Il s’agit d’un père rival de son fils par vanité. Les deux hommes veulent éposuer, l’un la mère, l’autre la fille,e t toute l’intrigue roule sur la manière dont le fils réussit à faire croire à son père que c’est l mère qu’il convoite, pour que son père veuille l’épouser et lui laisse le champ libre pour épouser la fille, ce qui finit par arriver. La pièce n’est pas sans défauts : peu d’action, des « détails un peu superflus », un style parfois prétentieux, un dénouement facile à prévoir. Mais « elle est riche en traits ingénieux, et en vers très-agréable » », et elle a été souvent applaudie. L’auteur a été nommé (mais on savait d’avance qui c’était... : il ne s’agissait que de sanctionner le succès de la pièce).]

Théâtre de l’Impératrice.

Le Père rival, ou l'Amant par vanité.

Cette pièce est d’un auteur connu par son esprit et des succès nombreux ; elle étoit annoncée comme une production féconde en traits ingénieux, et écrite avec beaucoup de soin. Les premières scènes n’ont point démenti cette bonne opinion, mais insensiblement la faveur a diminué, et le succès de cet ouvrage n’a point été sans mélange. Le principal caractère manque de vraisemblance. Il arrive tous les jours qu’un père soit rival de son fils ; mais il est rare qu’il ne le soit que par vanité ; ce n’est guères à quarante-cinq ou cinquante-ans qu'on est susceptible de cette coquetterie. D’ailleurs l’auteur a fait de son principal personnage, plutôt un homme sans résolution et sans caractère qu’un homme à prétentions et d’une coquetterie ridicule.

Cet homme se nomme Surville, et se propose d’épouser Eugénie, fille de Mad. de Senanges, et âgée seulement de seize ans ;mais Mad. de Senanges est elle-même très-jolie. Epousera-t-il la mère ou la fille ? voilà ce qu’il ne sait pas lui-même. Il épousera la fille ; car il apprend que son fils Linval est amoureux d’Eugénie ; et sa vanité ne lui permet pas de souffrir un rival ; mais Linval est plus adroit que lui, il s’apperçoit du travers de son père, et aussi-tôt il feint d’être amoureux de la mère. Nouvelle irritation de l’amour-propre de Surville. Pour contrarier son fils, il veut alors épouser la mère. Mad. de Senanges, un peu jalouse de sa fille, se prête volontiers à ce dessein. Eugénie et Linval profitent de la circonstance; les valets se liguent avec eux. Surville est complettement mystifié, et s’apperçoit enfin, mais trop tard, que tout le monde s’est mocqué de lui. Il prend son parti en brave, donne sa main à Mad. de Senanges, et demande celle d’Eugénie pour Linval.

Il y a peu d’action dans cette pièce. Le dialogue est surchargé de détails un peu superflus ; le style n’est pas toujours exempt de prétentions et de coquetterie. Le dénouement est apperçu trop tôt ; mais elle est riche en traits ingénieux, et en vers très-agréables ; elle a été souvent et vivement applaudie. L’auteur, qu’on-a demandé, est M. Dupaty.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1806, tome III p. 201 :

[La grande question, celle de la vraisemblance, mise en avant, avant de poser celle de la variété : il faut qu'il y ait de belles choses, mais variées.]

Le Père rival, ou l'Amant par vanité, comédie en trois actes et en vers par M. Dupaty.

Il est assez invraisemblable qu'un père se montre par vanité le rival de son fils, et qu'après avoir voulu lui enlever sa maîtresse, il retourne à une autre parce que son fils a fait semblant de l'aimer. Tel est pourtant le fond de l'Amant par Vanité ; fond très-léger sans doute, mais que de jolis détails ont su rendre agréable. On y a trouvé trop de fleurs ; encore si elles étoient variées ! mais ce sont toujours des roses; et un parterre qui n'offre que des roses a beau être joli, sa monotonie fatigue bientôt. Si l'on est sévère pour M. Dupaty, c'est qu'on sait qu'il peut mieux faire. On ne demande qu'aux riches, et M. Dupaty qui l'est beaucoup, en fait d'esprit, pourroit en faire meilleur usage. Il ne suffit pas de faire une grande dépense, il faut encore dépenser à propos. L'Amant par vanité offre quelques scènes d'un comique agréable ; celle de la fin, où le fils marie son père, est une nouveauté piquante. Quoiqu'en général la pièce soit trop du même ton, elle n'en est pas moins très-agréablement versifiée.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome VI, juin 1806, p. 276-279 :

[Le compte rendu s’ouvre sur l’analyse du sujet, une histoire de rivalité entre père et fils pour la conquête d’une jeune fille, qui s’achève bien sûr par la victoire du fils, qui épouse. Le sujet est jugé « assez bizarre », qui pourrait pourtant peindre « un caractère assez plaisant »; « un ridicule très-justiciable de la scène », s’il était traité avec de meilleurs moyens : le choix d’un fils comme mystificateur de son propre père est jugé inconvenant. Les caractères de la pièce sont de ce fait « à peu près sans couleur ». Le style, comme c’est la règle chez Dupaty, est affecté et précieux. Trop d’antithèses brillantes, trop de langage fleuri, jusque dans la bouche des valets. Le compte rendu s’achève par une invitation lancée à Dupaty de moins écrire, de se lancer enfin dans « le bon et véritable genre », dont ses productions hâtives ne sont pas si loin.

THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE.

Le Père rival, ou l'Amant par vanité, comédie en trois actes, en vers.

M. de Surville, âgé de quarante ans passés, est encore entiché d'une manie assez commune chez les riches oisifs, c'est celle d'ambitionner des conquêtes et de promener ses galans hommages. Placé entre une jeune personne de seize ans et sa charmante mère qui n'en a que trente, il ne sait pas trop bien lui-même quel est à cet égard l'état réel de son cœur, et cependant sa vanité toujours plus forte en lui que tout autre sentiment, lui fait désirer de plaire à toutes les deux. La jeune personne, qui mesure mieux les distances, préfère comme de raison le fils de ce M. de Surville : mais les prétentions du père, que ranime sa vanité blessée, deviennent un obstacle à l'union assortie des deux jeunes amans. Que faire pour le détourner ou le vaincre ? Deux valets ingénieux suggèrent au jeune homme l'idée de feindre de l'amour pour la mère, bien sûrs que l'amour-propre de Surville l'engagera sur-le-champ à reporter ses vues de ce côté. Cette navette pourrait bien ne pas finir de sitôt si M. de Surville, éclairé par la mystification, ne s'avisait enfin de faire un retour sur lui-même et ne se décidait à rester père et beau-père plutôt que d'être le rival ou le gendre de son fils.

Tel est le fond assez bizarre de cette bluette comique, dont la conception présentait au premier abord l'apperçu d'un caractère assez plaisant et d'un ridicule très-justiciable de la scène : mais par malheur les moyens de développemens me paraissent mal choisis et mal combinés. Un auteur qui se serait donné la peine de méditer un peu son plan, et qui se serait rappellé que la comédie doit se fonder sur les convenances, aurait repoussé l'idée de prendre un fils pour en faire le mystificateur de son père aux yeux de toute une famille, et l'auteur est d'autant moins excusable, qu'il paraît avoir senti lui-même le reproche qu'on était en droit de lui faire, puisqu'au dénouement il met dans la bouche de M. de Surville une petite leçon qui fait la critique de son ouvrage. Le caractère principal, qui serait plaisant dans toute autre situation que la rivalité d'un fils, devient d'un ridicule beaucoup moins risible. En général les caractères sont à peu près sans couleur : celui de la mère est indéterminé ; celui de l’ingénue n'a pas assez de vraisemblance : c'est une ingénuité de convention dont le modèle ne saurait exister dans le monde avec une éducation cultivée.

Quant au style, c'est bien avec quelque raison qu'on lui reproche de rappeller la manière affectée et précieuse de Dorat et de ses imitateurs. Ce cliquetis antithétique de mots plus brillans que fins, de pensées plus spécieuses que vraies, est entièrement hors du naturel et de la convenance du dialogue. Tout, jusques aux valets, parle le langage fleuri de l'auteur : c'est un assaut général d'esprit et de madrigaux, parmi lesquels on trouve des traits ingénieux, quelques plaisanteries saillantes, quelques vers agréables et bien tournés.

Si M. Dupati tenait un peu moins au nombre des productions qu'à leur valeur réelle, s'il se donnait le temps de laisser mûrir ses ouvrages avant de les lancer au théâtre, il n'est pas douteux qu'avec cette prodigieuse fécondité de verve que lui a donnée la nature, avec cette facilité surabondante qui caractérise toutes ses pièces, il ne puisse parvenir à s'asseoir au nombre des auteurs comiques distingués. Il a déjà essayé, et toujours avec quelque sorte de succès, l'imbroglio, la comédie, le vaudeville, le marivaudage. Que n'essaie-t-il enfin le bon et véritable genre ? Peut être ne lui manque-t-il qu'un peu d'étude et de méditation pour l'atteindre, et ses succès moins fréquens seraient plus durables Il est, je crois, plus aisé de se corriger des défauts que je lui reproche que de les avoir et de les acquérir. Quand il ne s'agit que d'émonder un arbre pour en améliorer les fruits, est-il sage de s'y refuser ?

Les quatre Saisons du Parnasse, seconde année, été 1806, p. 337-338 :

[Un jugement sévère : la pièce n'est même pas digne d'un théâtre secondaire. On lui reproche « l'abus dustyle fleuri ».]

LE PERE RIVAL, on L'AMANT PAR VANITÉ, comédie en trois actes, en vers, par M. Dupaty.

M. Dupaty avoit un capital d'esprit qu'il auroit pu augmenter par l'étude réfléchie des bons modèles, et qu'il diminue sans cesse en ne suivant que les mauvais conseils de ses prôneurs. Pessimum inimicorum genus, laudantes , dit Tacite.

M. Dupaty, dans cette pièce, l'emporte sur Dorat par l'abus du style fleuri, l'affectation de l'antithèse, le vague ou le vuide des idées, et la mauvaise métaphysique de la galanterie. Il rappelle ces quatre vers de La Chaussée, qui méritent d'être souvent cités :

Pour moi, mon avis est, dût-il paroitre étrange,
Que ces petits messieurs , qui sont si florissants,
Feraient un marché d'or s'ils donnoient en échange
Tout ce qu'ils ont d'esprit pour un peu de bon sens.

Dès la première scène du Pere rival on connoit l'intrigue et on prévoit le dénouement.

Linval pere, homme vieilli dans les bonnes fortunes, est amoureux d'une veuve aimable, et par vanité veut épouser la fille de cette veuve, jeune personne aimée de Linval fils, qu'elle préfere. Celui-ci feint d'aimer la mere de sa maîtresse, le pere se pique de jalousie, et chacun d'eux finit par épouser la femme qui confient à son âge.

Cette piece étoit, dit-on, destinée au théâtre français; mais elle n'est pas même digne de la Petite-Maison de Thalie.

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